• Médias
  • Archives
  • Sujet de socièté
  • APECA – Mgr Piat : « Malgré le constat accablant des scientifiques, nous notons la léthargie des décideurs politiques »

APECA – Mgr Piat : « Malgré le constat accablant des scientifiques, nous notons la léthargie des décideurs politiques »

L’ouverture officielle du 20e Congrès de l'Association Panafricaine des Exégètes catholiques a eu lieu ce lundi 5 septembre au Foyer de l’Unité à Souillac. Les invités d’honneur de cette cérémonie d’ouverture étaient Mgr Raymond Ahoua, Président de l’APECA, Son Em. le Cardinal Maurice E. Piat c.s.s.p. et l’Hon. Kavydass Ramano, Ministre de l'Environnement, de la Gestion des déchets solides & du changement climatique.

 

Le thème du Congrès 2022 est « Bible & Ecologie : Contribution des biblistes africains aux questions de l’environnement en Afrique ».

 

Ce congrès accueille 50 participants d’Afrique, de l’Europe, de l’Océan Indien et Ile Maurice. Au programme, une trentaine de conférences sur 5 jours et des rencontres dans les paroisses mauriciennes.

 

Dans son allocution, le Cardinal Piat s’est appesanti sur les divers blocages qui empêchent de résoudre la crise environnementale et a mis l’accent sur la figure de Noé. Lire son intervention ci-dessous :  

 

« Malgré le constat accablant des scientifiques, nous notons la léthargie déconcertante des décideurs politiques à travers le monde.

 

D’où vient ce blocage ? Il s’agit d’abord d’un blocage culturel car cela nous demande un changement dans notre mode de vie, par exemple prendre moins la voiture pour privilégier le transport public, réduire notre consommation de plastique, réduire notre surconsommation et adopter une vie sobre, sans gaspillage.

 

Ensuite, un blocage économique. Le modèle d’économie libérale, promu par l’occident, et qui s’impose de plus en plus dans le monde, repose sur l’idée que la croissance économique doit être toujours en hausse. Or, le moteur de cette croissance économique n’est autre qu’une consommation qui, elle aussi, doit toujours augmenter. Dans un monde aux ressources limitées, l’idée d’une croissance économique illimitée n’a pas de sens. On a calculé que si tous les humains vivaient comme un Nord-Américain moyen, il nous faudrait cinq planètes pour fournir les ressources nécessaires à leur mode de vie.

 

Enfin, vient le blocage politique. Pour relever le défi écologique de notre époque, les mesures que les dirigeants politiques doivent prendre ne portent des fruits que sur le long terme. Malheureusement, ces politiques bénéfiques pour leur population sur le long terme sont souvent impopulaires sur le court terme.

 

Quand on voit la léthargie des décideurs devant le rythme auquel nous continuons à épuiser les ressources naturelles, à polluer l’environnement, à détruire des écosystèmes délicats ou à faire disparaître à jamais des espèces vivantes, on peut se demander si ce qu’on appelle aujourd’hui la « crise écologique » n’est pas plutôt un recueil de symptômes d’un mal plus profond. En fait ce qu’on voit vraiment, c’est un dérèglement dans notre relation avec la création et avec nos frères humains, et plus profondément encore dans notre relation avec Dieu. C’est pourquoi je pense que la crise qui nous préoccupe n’est pas simplement une crise écologique mais davantage une crise morale.

 

Comment traverser cette crise en tant que croyant ? L’histoire de Noé m’a beaucoup touché car Noé a un message pour nous.

 

Dès le début du récit biblique, l’auteur insiste sur le lien entre la perversité de l’homme et la dégradation de la terre.  D’une part, il dit que « Dieu voit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre, et que son cœur ne formait que de mauvais desseins à longueur de journée » (Gen. 6, 5). 

 

D’autre part il affirme que « la terre se pervertit au regard de Dieu et elle se remplit de violence …la terre était pervertie car tout homme avait une conduite pervertie sur la terre» (Gen. 6, 12-13). Ainsi, c’est avant tout la corruption de l’homme qui se répand comme une inondation, qui envahit la terre et la remplit de violence.

 

A cause de cette corruption, Dieu va envoyer le déluge pour exterminer tout ce qui vit sur la terre. Il ne faut pas interpréter le déluge comme une punition de Dieu devant la corruption des hommes. Le déluge est plutôt le symbole des conséquences physiques du péché des hommes sur la création.

Dieu appelle Noé à prendre une initiative étrange : construire un bateau en pleine campagne et prendre avec lui tous les animaux. Noé subit les moqueries de ses voisins, et même de sa femme mais humblement, il brave les critiques et continue à faire confiance à Dieu et à adopter un style de vie très différent. Et c’est l’humble Noé qui est le porteur du Salut de Dieu.

 

Cette alliance de Dieu avec Noé est une invitation à devenir des disciples de Noé. Nous aussi, nous sommes appelés à être des Noé, à nous engager personnellement pour la sauvegarde de la Terre, notre maison commune ».

 

Pour sa part, Mgr Raymond Ahoua s’est félicité du choix de Maurice pour abriter le congrès : « La Providence a guidé même le choix du lieu de ce congrès, quand on sait que la belle Île qui nous accueille a connu en 2020 un tragique événement environnemental avec l’accident du cargo de la compagnie japonaise Mitsui OSK Lines qui a déversé 900 tonnes de pétrole dans les eaux territoriales de l’Île. Ce fut l’occasion de voir une société civile mobilisée et active pour combattre les effets négatifs de cet accident malheureux. D’un certain point de vue, nous venons parler d’écologie à l’Île Maurice, mais l’Île Maurice a aussi beaucoup de chose à nous apprendre en matière d’engagement pour la sauvegarde de notre « maison commune ».

 

Le ministre Ramano s’est appesanti sur la collaboration de toutes les parties prenantes : « Chaque organisme doit se préoccuper de l'environnement. Nous devrions tous mettre nos ressources ensemble pour la cause environnementale (..) En fait, la complexité de la crise écologique exige une approche intégrée et interdisciplinaire pour y faire face. C'est là que le partenariat est crucial.

 

Il est largement reconnu que la société civile a besoin d'une vision éthique inspirante et partagée des valeurs fondamentales qui peuvent guider la planification, l'élaboration des politiques et l'action. L'élaboration de politiques et la résolution de problèmes efficaces dans un monde interdépendant nécessitent des partenariats et une coopération dans tous les secteurs de la société, des gouvernements, des ONG et des organismes religieux (…) Je crois fermement que les églises chrétiennes de prédication ont une merveilleuse opportunité hebdomadaire d'instruire les gens sur une réponse appropriée au défi d'assurer une société durable. Je suis conscient que de nombreux groupes et individus chrétiens ont été impliqués directement et indirectement dans l'éducation environnementale dans les écoles et c'est très louable ».

 

Les travaux de ce 20 Congrès ont officiellement débuté avec le discours scientifique présenté par l’Abbé Moïse Adekambi, Secrétaire-Général de l’APECA. Il a souligné, entre autres, : « La problématique de la crise écologique est étroitement liée à celle de la vie sur terre, c’est-à-dire la vie de la terre elle-même, la vie de tous les êtres vivants qui y vivent, et notamment celle des êtres humains. De même, les solutions à la crise écologique, se trouveront dans un dialogue entre l’humain et Dieu, au sujet de la terre dans son état actuel de mort ou de mort programmée ».

 

Expérience d’écologie pratique pour les participants

Les organisateurs du Congrès ont prévu deux activités pour les participants afin qu’ils puissent découvrir certaines initiatives écologiques de l’Ile Maurice. Ainsi, les participants embarqueront, le mardi 6 septembre, sur le Folkloric Explorer, un « E-Boat », un bateau écologique alimenté par des batteries rechargées par des panneaux solaires. Le Folkloric Explorer a été conçu sur un modèle zéro pollution par Marcel Lindsay Noë, directeur honoraire bénévole de l'ONG SPES (société pour la promotion des entreprises spécialisées).

 

Le vendredi 9 septembre, les participants iront à la découverte de S.W. Bio Processors Ltd de Vincent Ah Chuen qui mène un projet de culture d’algues comestibles. Il se propose de cultiver, récolter et transformer ce produit de la mer qui sera destiné aux hôtels et restaurants haut de gamme ainsi qu’à la population dans son ensemble et également aux végétariens.

 

Visite de courtoisie au Premier ministre

 

L’invité d’honneur est du 20e Congrès de l’APECA est Son Em. le Cardinal John Onaiyekan du Nigéria, une personnalité éminemment respectée en Afrique. L’ancien Archevêque du diocèse d’Abuja et co-président du Conseil des leaders religieux en Afrique est connu pour œuvrer en faveur du dialogue interconfessionnel. Il a été co-nommé pour le prix Nobel de la paix 2012 avec le sultan de Sokoto. Il est le récipiendaire du Prix Pax Christi 2012 pour son œuvre de paix et de dialogue avec l’Islam. Le Cardinal John Onaiyekan a également participé au conclave de mars 2013, qui a élu le pape François. 

 

Le Premier ministre, l’Hon. Pravind Jugnauth a reçu le Cardinal John Onaiyekan, accompagné du Cardinal Maurice E. Piat, ainsi qu’une délégation de l’APECA le mardi 6 septembre à 11h00.  Le cardinal Onaiyekan a remis au Premier ministre une publication de l’APECA intitulée « Bible et pluralité religieuse ». 

 

La cérémonie de clôture du 20e Congrès de l'Association Panafricaine des Exégètes catholiques aura lieu le 10 septembre au Foyer de l’Unité à Souillac.

Event Date:

Media:

Inscrivez-vous à notre Newsletter

Évѐque de Port-Louis
  • Lundi à vendredi
    08h00 à 16h00

  • Tel: 208 30 68
  • Fax: 208 66 07
  • Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

  • 13 Rue Mgr-Gonin
    Port-Louis


Copyright 2022 | Le Diocèse de Port-Louis |  Terms and Conditions |  Privacy Policy

Brand online by Nova Interaction