À l’occasion de l’Année jubilaire, le diocèse de Port-Louis a choisi de placer les plus pauvres au cœur de sa démarche pastorale. Une large démarche d’écoute a été menée tout au long de l’année auprès de personnes et de familles vivant diverses formes de précarité. Cette interview du P. Mongelard, vicaire épiscopal pour le domaine social, revient sur l’origine de cette initiative, les enseignements tirés de ces rencontres marquantes et les premières actions concrètes engagées en collaboration avec les acteurs de terrain et les autorités.
- Cette année a été jalonnée par des exercices d’écoute des pauvres. Pourquoi cette initiative ?
Tout a débuté au début de l’année lors d’une réunion des délégués épiscopaux. Alors que chaque délégué épiscopal parlait des réalisations et difficultés de son secteur, je me suis retrouvé quelque peu isolé. Je n’avais pas d’équipe pour mener des actions et j’ai eu le sentiment que la pauvreté était un peu le parent pauvre. J’en ai fait part à Mgr Durhône qui a proposé des Assises sur la Pauvreté. L’idée était bonne mais il fallait procéder autrement : avant tout, il fallait écouter les pauvres, partir de leurs réalités, surtout en cette Année Jubilaire. Par pauvreté, il faut comprendre la pauvreté physique, matérielle, morale, spirituelle.
Je me suis entouré d’une équipe de 6 personnes et nous avons commencé à écouter les pauvres à chaque jubilé. Cet exercice a débuté en mai à Rose-Hill, en présence de Mgr Durhône. Il s’est poursuivi tout le long de l’année, auprès des parents et des anciens détenus, auprès des pauvres à Tranquebar, sous la montagne dans des taudis, où nous avons rencontré des jeunes qui s’en sortent et qui, à leur tour, veulent aider leurs amis à sortir de la misère. Nous avons aussi écouté les jeunes à propos du bullying, les couples sur la violence, et tant d’autres. Nous avons entendu des témoignages forts et poignants au cours de cette année.
- Quels enseignements pouvons-nous en tirer ?
Les écoutes ont évidemment constitué un moment fort mais ce qui m’a le plus frappé c’est que, au fur et à mesure des rencontres, des ONG sont venues nous rejoindre. Elles nous ont apporté ce qu’elles vivent et j’ai appris beaucoup de choses. Nous avons commencé un travail d’équipe, très enrichissant.
La deuxième chose qui m’a touché, c’est que lorsque les personnes écoutent le cri des pauvres, elles veulent venir nous rejoindre et apporter leur pierre à l’édifice. Par exemple, Rebecca, une jeune Rodriguaise, a émis le souhait de nous aider pour préparer les Assises en 2026.
3. Quelles actions allons-nous faire après ces écoutes ?
A la mi-janvier 2026, nous allons faire un bilan de ce que nous avons vécu et rédiger un rapport.
Mais nous avons aussi entrepris des actions durant les écoutes. Par exemple, à Pointe-aux-Sables, Caritas, la police et les paroissiens ont mis ensemble un plan d'accompagnement pour des familles qui luttent pour sortir de la pauvreté. Le père Fabien avait aussi lancé un programme d’accompagnement pour les enfants, avec l’aide d’anciennes maîtresses d’école. C’est une approche holistique qui porte des fruits.
Au fur et à mesure qu’on avançait, des choses se sont mises en place.
Nous avons bénéficié de l'aide de la M.E.S pour pouvoir continuer le programme d'accompagnement des enfants de grade 1 à 3 à l'école Pointe-aux-Sables Government School. Le projet a été approuvé par le ministère de l'Education.
Concernant le logement, le comité Drwa enn lakaz a rencontré à plusieurs reprises le board de la N.H.D. C pour discuter des problèmes du logement et faire des propositions. Nous avons même rencontré le ministre du logement à deux reprises, ainsi que le député Eshan Juman. Je suis heureux de constater que le gouvernement collabore et apporte son soutien à ces projets qui bénéficient à tous les Mauriciens.