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Portrait - Père Guy Simonet : 100 ans de vie et 72 ans de sacerdoce

Le vécu d’un prêtre centenaire

 

Le Père Louis Marcel Guy Simonet, de la Congrégation des Spiritains, fera ce mercredi 29 octobre son entrée dans le club des centenaires à l’île Maurice. Il sera le premier centenaire du clergé mauricien, un événement heureux qui mérite d’être souligné. Ce religieux a traversé un siècle en consacrant soixante-douze années à la vie sacerdotale. Le Père Simonet a été ordonné le 5 juillet 1953 au Séminaire des Missions de Chevilly-sur-Seine, en France, à l’âge de 28 ans. Devenu prêtre missionnaire ce jour-là, il fut envoyé à l’île de La Réunion par sa congrégation, où il est resté jusqu’à l’âge de 90 ans.

 

C’est sans doute en raison de cette longue période passée à l’étranger que le Père Simonet est peu connu des fidèles catholiques du diocèse de Port-Louis. Cependant, son nom de famille ne laisse pas indifférent : il est issu d’une famille curepipienne bien connue, engagée depuis des décennies dans le secteur pharmaceutique. Son père, Guy Simonet, était le propriétaire de la célèbre « Pharmacie Simonet », située au centre-ville de Curepipe. À sa mort, son frère cadet, Pierre, a  repris  la direction de l’entreprise familiale et s’est s’illustré  également dans les domaines politique et social.

 

Deuxième d’une fratrie de neuf enfants — six sœurs et trois frères — le Père Simonet a travaillé  lui aussi dans l’entreprise familiale avant de partir pour le séminaire en France. Il garde d’ailleurs un souvenir ému de ce contact direct avec les clients.

 

À la veille de ses 100 ans, nous l’avons rencontré à Bethesda, la maison des prêtres âgés du diocèse, située au Thabor, où il réside depuis quelques années. À cet âge avancé, il est physiquement affaibli et souffre d’une légère surdité, mais il conserve une mémoire vive et une santé étonnamment bonne. Il évoque son enfance au sein de cette grande fratrie : « J’ai eu une enfance normale et joyeuse. J’étais parfois maladroit avec mes plus jeunes frères et sœurs, mais on ne se fâchait jamais. Avec neuf enfants dans la maison, ce n’était pas toujours simple, mais il n’y a jamais eu de grandes disputes. Ma mère ne se fâchait jamais. ». Il sourit en se rappelant les repas familiaux : « Mon père était le chef cuisinier de la famille. Il y a eu parfois quelques drames à table, quand je refusais de manger certains plats ! »

 

Jeune, il aimait le sport, particulièrement le football, au point de fonder un club de foot dans sa région natale. Ses parents, eux, ont tenté  en vain de lui faire apprendre un instrument de musique.

 

Il  a vécu dans une famille engagée au service des autres. Le Père Simonet parle avec fierté de son père et de son frère Pierre : « Mon père était pharmacien et aussi maire de Curepipe. Il était reconnu pour tout le bien qu’il a fait à la population ». Son frère Pierre, quant à lui, reçut plusieurs distinctions civiles : « Il a été décoré de l’Ordre national du Mérite français et a reçu le titre de “Sir”. Il est même allé à Buckingham Palace pour recevoir cette distinction des mains de la reine Élisabeth. » Puis, avec philosophie, il ajoute : « Que reste-t-il de tout cela aujourd’hui ? Moi, je n’aime pas les titres.»

 

Il confie avoir été peiné d’apprendre la disparition de la tombe familiale au cimetière Saint-Jean. « Savez-vous ce qu’on a fait de la tombe de ma famille? Elle a été revendue… J’avais souhaité qu’on la respecte, qu’on garde quelques plaques discrètes. Il ne reste plus rien. Avec le temps, je me suis fait une raison ».

 

C’est à l’âge de 21 ans qu’il choisit la vie religieuse et en parle au prêtre de sa paroisse, qui l’aide à intégrer un séminaire en France. Il reconnaît avec humilité : « À l’époque, je ne connaissais que le “Notre Père” et le “Je vous salue Marie”. Je n’avais aucune notion de théologie». En 1946, il quitte le pays : « J’ai payé mon billet et je suis monté sur un bateau, sans vraiment savoir où j’allais. Le voyage a duré environ 46 jours, avec plusieurs escales avant d’arriver à Londres,  puis de là  je suis allé en France. »

 

À son arrivée au séminaire, on lui remet une soutane, un chapelet et une croix missionnaire. « Ces deux objets sont toujours avec moi. Ils m’accompagnent depuis 79 ans. ».

 

Le Père Simonet parle peu de ses années de mission, se contentant de dire : « Comme dans toute vie, il y a de bons et de mauvais moments. J’ai vécu des années merveilleuses, mais aussi des périodes difficiles. Je ne suis pas du genre à me plaindre. Je vis au jour le jour. ». À La Réunion, il a exercé son ministère dans la simplicité et la proximité : « Mon apostolat, c’était la visite des familles et  j’y tenais.  Je connaissais mon peuple. Je rencontrais  les arrière-grands-parents jusqu’aux plus jeunes enfants. Là-bas, personne ne pourrait dire “je ne connais pas le Père Simonet” ». De par ses visites pastorales, il  a tissée de belles amitiés en terre réunionnaise.

 

N’ayant pas vécu longtemps à Maurice, il compte peu d’amis de sa génération dans le clergé local, et admet s’être senti parfois seul, notamment à Pâques et à Noël. « Mais j’ai de bonnes relations avec ma congrégation », précise-t-il. Il a gardé aussi des liens  avec  des membres d’une  famille musulmane qu’il a connue durant son jeune âge et qui   lui rendent visite régulièrement dans la maison de repos au Thabor.

 

Il y a aussi le regard du prêtre centenaire sur son époque. « La vie en général a changé, la vie religieuse a beaucoup changé ». Et  il  observe aussi, non sans lucidité, la vie sacerdotale d’aujourd’hui : « Ici, les prêtres sont absorbés par des réunions sans fin… des réunions par-ci, des réunions par là ».

 

Ces jours-ci, autour de lui, c’est l’effervescence  avec la préparation de la célébration du  centenaire. Que ressent-il à l’idée d’atteindre cet âge ? « Je suis complètement groggy, comme disent les Anglais. Je ne prépare rien… Je laisse faire. ». Il mesure la chance qu’il a eue d’arriver à cette étape de la vie : « Je m’étonne d’être encore de ce monde. L’espérance de vie d’un homme est de 80 ans, à peine.»

 

À 100 ans, il garde en mémoire de nombreux souvenirs, mais peu d’objets matériels : « Je n’ai qu’une vieille boîte remplie de photos anciennes. Après mon départ, je ne sais pas ce qu’ils en feront. »

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