Messe du Tourisme - P. Georgy Kenny : " Marchons ensemble pour un tourisme à visage humain"

C'est dans le cadre de l'hotel Long Beach,  situé à Belle-Mare, qu'a eu lieu la traditionnelle messe du tourisme. Cet événement rassemble tous les ans les acteurs et opérateurs du secteur touristique, les autorités locales, afin de rendre hommage à l’importance du tourisme pour le développement économique, social et culturel de notre pays. Ci-dessous, l'homélie prononcée par le père Georgy Kenny, aumônier de la Commission Diocésaine du Tourisme.

 

C’est désormais une belle tradition que ce rendez-vous annuel avec tous ceux et celles qui sont dans le monde du tourisme ; depuis 1987, au mois de septembre nous nous retrouvons pour célébrer ensemble l’Eucharistie et rendre grâce au Seigneur.

 

Cette année c’est dans le cadre du Jubilé que nous nous retrouvons. Dans la Tradition de l’Eglise, une année jubilaire est un temps d’action de grâce pour les bienfaits du Seigneur. Cette année jubilaire est aussi celle de la célébration de l’espérance qui nous habite. C’est ensemble que nous sommes invités à marcher dans l’espérance.

 

Le tourisme continue à occuper une place importante dans notre société mauricienne. Un regard dans le rétroviseur nous fait voir le chemin parcouru depuis l’indépendance jusqu’à nos jours. Il a fallu de l’audace, du courage et de la créativité aux dirigeants et au secteur privé pour croire que le tourisme pouvait être un secteur porteur de notre économie mauricienne. L’Eglise aussi a apporté sa contribution en fondant en 1987 la Commission Diocésaine du Tourisme. Alors que le tourisme se développait, Mgr. Jean Margéot écrivait en 1991 une lettre Pastorale intitulé « Le Tourisme, une chance à ne pas perdre ».

 

L’histoire témoigne que le pari de l’indépendance, en assumant pleinement sa propre destinée, a été relevé avec succès, et que le tourisme a joué un rôle déterminant dans cette réussite. Nous savons tous que l’impact le tourisme a eu sur l’économie mauricienne. Il a permis de mettre Maurice sur la carte du monde. Il a permis la création d’emplois. Il a fait découvrir au monde nos richesses culturelles et religieuses qui font que la destination Ile Maurice est une destination où l’authenticité est le maître-mot.

 

Pouvons-nous dire, aujourd’hui en 2025, que le tourisme est encore une chance pour l’Ile Maurice ?

 

Nous avons tous encore en mémoire ce que nous avons vécu durant la COVID où nos frontières étaient fermées. Il a fallu faire preuve de résilience pour redémarrer les activités dans le secteur du tourisme. Aujourd’hui nous ne pouvons que nous réjouir de cette reprise.

 

Pour un tourisme à visage humain. Tel est le sujet de notre réflexion pour cette messe. Durant ces dernières années plusieurs secteurs de l’économie mauricienne ont fait appel aux travailleurs étrangers. J’en profite pour saluer le courage de ces personnes qui ont quitté leur pays, leur famille pour venir travailler dans notre pays pour contribuer à faire avancer notre économie.

 

Deux mille personnes viennent de l’étranger pour travailler dans le secteur du tourisme. L’apport des travailleurs étrangers nous rappelle que notre économie est fondée sur l’humain. Le travailleur étranger ne doit pas nous faire peur : sa présence est une richesse. À nous de l’accueillir avec respect, de l’intégrer pleinement et de valoriser la contribution précieuse de son travail.

 

L’Eglise, dans son enseignement social, nous rappelle que l’humain doit être au centre de toute activité. Le travail est appelé à être un lieu d’épanouissement. Marcher ensemble dans le monde du tourisme à Maurice c’est s’engager à ce que l’humain soit au centre de toutes nos initiatives. Le Pape Jean-Paul parlant de l’activité économique disait : « Plus que jamais aujourd’hui, travailler, c’est travailler avec les autres et travailler pour les autres : c’est faire quelque chose avec quelqu’un » (cf. Jean-Paul II, Lettre encyclique Centesimus annus, 42). Un tourisme à visage humain est celui qui promeut et respecte la dignité de la personne humaine crée à l’image et à la ressemblance de Dieu.

 

Un tourisme à visage humain tient compte des grands enjeux écologiques. Beaucoup de groupes hôteliers ont déjà compris que tourisme et développement durable vont de pair.

 

Il est encourageant de voir que de nombreux groupes hôteliers s’investissent activement dans le développement durable, en réduisant leur consommation d’énergie, en favorisant les produits locaux, en améliorant le traitement des déchets ou en adoptant des pratiques écoresponsables pour protéger l’environnement et soutenir les communautés locales.

 

L’équilibre écologique en prend un coup au niveau mondial et aussi au niveau local Nous pouvons aller plus loin à travers les choix à faire pour un développement durable. En 2011, Mgr. Maurice Piat, dans une lettre pastorale intitulée « Développer un nouvel art de vivre écologique », interpellait sur le seuil de tolérance à ne pas dépasser en ce qui concerne le respect de notre écologie. Il mettait en garde contre « la détérioration du patrimoine qui non seulement tient à cœur aux Mauriciens, mais est aussi à la base de l’industrie touristique ». Une telle interpellation est toujours d’actualité.

 

Le touriste ne vient pas à Maurice uniquement pour ses belles plages mais vient pour rencontrer une culture, une population qui dans la diversité des religions et des cultures font de Maurice une destination unique. Il ne faut pas tenir pour acquis que l’arc-en-ciel mauricien est un passeport pour faire que des personnes choisissent la destination ‘Ile Maurice ‘. Le tissu social et inter-religieux est fragile. L’authenticité se révèle dans le témoignage que nous offrons du ‘vivre-ensemble’ et dans le ‘marcher ensemble’. C’est le témoignage d’unité vraie, sincère et non d’une image ‘carte postale’ qui incite les visiteurs à choisir notre destination.

 

L’accueil est l’ADN du tourisme mauricien. Nous devons tous travailler à préserver cet ADN. La montée de la violence dans notre société mauricienne n’épargne pas le monde du tourisme. Le touriste n’est pas à l’abri de toute forme de violence qui peut ternir la réputation qui est la nôtre en matière d’accueil. Il y a une réelle réflexion à mener à tous les niveaux.

 

La qualité de l’accueil passe par la qualité de la formation et principalement celle de nos jeunes. Beaucoup déplorent l’exode de nos jeunes qui font le choix d’aller travailler sur des bateaux de croisières. Il ne faut pas leur jeter la pierre trop vite. Une formation qui permet à nos jeunes de développer leurs talents, de valoriser leurs charismes et de les mettre au service du tourisme mérite d’être pleinement encouragée.

 

Il faut continuer à soutenir et à donner tous les moyens à ceux qui forment nos jeunes. L’école Hôtelière doit rester cette pépinière où les talents s’épanouissent et qui permet aux jeunes talents de se déployer et acquérir des compétences professionnelles solides, tant dans l’accueil que dans la gestion, l’organisation et l’innovation du secteur touristique. Pour cela, tous, secteur public et secteur privé sont appelés à unir leurs forces pour former des jeunes capables de contribuer à un tourisme d’excellence et de perpétuer le savoir-faire et la réputation des Mauriciens.

 

Marcher ensemble dans l’espérance c’est aussi faire du tourisme un lieu d’intégration sociale. Le touriste vient pour la rencontre d’un peuple avec sa culture. Il faut louer l’initiative de la Commission Diocésaine avec le projet « Partaz Kiltir Moris » qui vise à faire du tourisme une force de développement durable et équitable. L’accompagnement des jeunes et des femmes dans les communautés locales dans la création de micro-entreprises touristiques, en favorisant la rencontre entre le touriste et l’habitant ne peut qu’être un bénéfice au tourisme qui se veut être un lieu d’intégration sociale.

 

Quel que soit le secteur d’activités qui est le nôtre, notre engagement dans le monde du tourisme est commun. Marchons ensemble pour un tourisme à visage humain, guidé par le respect, la solidarité et l’amour du prochain.

 

Que nos actions reflètent nos valeurs de solidarité et de bienveillance, que notre accueil témoigne de notre humanité, et que chaque rencontre avec le visiteur devienne une occasion de partager ce qui nous rend riches en tant que communauté. Ainsi, unis dans nos efforts, nous contribuerons à bâtir un tourisme qui honore Dieu et célèbre la beauté de Sa création.

 

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