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Les délégués des Comores, des Seychelles, La Réunion, Maurice et Rodrigues analysent le synode

L’ARBRE SYNODAL DE LA CEDOI

SYNTHESE DE L’AVANT-CEDOI 27-30 juin 2022

Depuis 2020, la conférence des évêques d’océan Indien (CEDOI) n’a pas pu se tenir physiquement à cause de la pandémie Covid 19. Pour donner suite à la phase diocésaine des consultations du synode sur la Synodalité vécue dans nos différentes îles, du lundi 27 au jeudi 30 juin 2022, à l’ancien séminaire Notre Dame de la Trinité à Beau Bassin, île Maurice, s’est tenue l’Avant-Cedoi avec les délégués (prêtres, religieux, religieuses, laïques et laïcs) de l’archipel des Comores, des Seychelles, La Réunion, Maurice et Rodrigues.

Cette Avant-Cedoi correspondait à une rencontre pré-synodale afin de préparer la synthèse de la conférence qui sera envoyée avant le 15 août 2022 au secrétariat du Synode à Rome ayant pour thème : communion, participation et mission.

Cette synthèse est structurée en trois parties avec l’image de l’arbre synodal :

1 – Un tronc et des branches secoués 

2 - Les fruits doux et amers

3 – Les rêves inspirant les petits pas

1 – Un tronc et des branches secoués

Les peuples de nos îles évoquent le tronc d’un banian (Ficus benghalensis) aux racines et aux branches culturelles multiples qui ont été fortement secouées par le cyclone de la Covid, révélant la fragilité de nos acquis et déstabilisant nos rythmes de vie supposément stables. Cette pandémie a créé un sentiment d’inquiétude qui n’a pas favorisé le lancement de la démarche synodale en raison des mesures sanitaires strictes, d’une peur d’être bousculé dans ses habitudes et sécurités. Chaque île a aussi relevé des bouleversements au niveau social (la vie chère), politique (élections), ecclésial (le rapport de la Ciase sur les agressions sexuelles en France).

De ce contexte difficile où se mélangeaient des sentiments de découragement et de résistance ont progressivement émergé des initiatives multiples, innovantes et dynamiques de consultations, de conversations spirituelles qui ont mis davantage l’accent sur les expériences vécues de marcher ensemble.  

Tous ceux qui ont participé à ces conversations ont exprimé leur joie et leur bonheur de pouvoir s’exprimer sans être jugés. Ces personnes se sont senties écoutées avec sincérité et respect. Elles proviennent de différents horizons : paroisses, mouvements, monde du travail, congrégations religieuses, personnes individuelles, écoles, prison, hôpital, enfants et jeunes, autres confessions religieuses qui ont apporté un regard éclairant sur l’Eglise.

Cependant, d’autres personnes ont manifesté scepticisme et résistance face à la démarche proposée : A quoi bon ?  Cela ne va rien changer.

De manière paradoxale et providentielle, ces événements ont favorisé un questionnement sur la façon synodale de mener la vie et la mission de l’Eglise. Les fragilités actuelles peuvent être porteuses de bienfaits.


 

2 - Les fruits doux et amers

            Tous les diocèses et vicariats avaient déjà fait une expérience de marcher ensemble de différentes manières : pour les uns synode diocésain, réflexions sur l’application du principe de subsidiarité dans la société civile et dans l’Eglise ; pour d’autres projet catéchétique diocésain, enquête sur l’histoire du diocèse. A partir de la relecture de ces expériences vécues et des conversations spirituelles apparaissent des fruits doux et amers.

2.1. Les Fruits doux (les signes de croissance)

  • La Joie puissante de croire, de s’engager: A travers les conversations spirituelles a transpiré la fierté de croire en Jésus, de vivre son identité chrétienne et son appartenance à l’Eglise. Joie de servir, d’évangéliser. Nous n’avons pas regretté de nous laisser être embarqués dans cette démarche.
  • La Parole de Dieu et L’Esprit Saint: Nous avons fortement senti que la Parole nous a nourris et que l’Esprit Saint nous a guidés, inspirés, redynamisés. Ce sont deux agents de transformation dans nos vies. Nous soulignons aussi l’importance de la liturgie où Dieu lui-même vient construire la communauté par les sacrements.
  • Les familles, les enfants et les jeunes: Ceux-ci ont également participé avec joie aux conversations avec sincérité et profondeur. En leur donnant la parole, nous accueillons mieux ce qui se vit dans leurs familles. Emerge alors la conviction que la Famille peut être une oasis de bonheur et une source d’enrichissement tant pour l’Eglise que la société. Ces jeunes avec leurs cris d’espérance et de souffrance (alcool, drogue, violence, prostitution) représentent un pôle majeur d’attention dans toutes nos îles.

 

  • Tous responsables: Les prêtres, les laïcs, les jeunes, les religieux et les religieuses ont exprimé leur joie de vivre la collaboration, la coresponsabilité et la délégation qui rendent la mission plus fructueuse.

L’accueil chaleureux et fraternel : Nous nous sommes réjouis de l’accueil et du partage fraternel des insulaires que nous sommes, surtout dans les petites communautés chrétiennes plus attentives à l’autre et aux nouveaux venus. Nous sommes habités par l’amour du Christ et par celui de nos peuples à l’image des premières communautés chrétiennes des Actes des Apôtres (Ac 2, 42).

  • La formation des laïcs: Bien des initiatives et des propositions sont prises pour soutenir les chrétiens dans l’exercice du sacerdoce commun des fidèles au service de l’Eglise et de la société. La formation permet de nourrir également cette culture de l’appel afin de préparer la relève.

De manière conjointe, les laïcs de l’Eglise se montrent tout autant capables de se mettre au service de la société civile et leurs initiatives encouragent l’Eglise à s’ouvrir aux réalités des sociétés où nous vivons.

Avec ces atouts, marcher ensemble est parfois difficile, ce qui est manifesté par les

ombres et les obstacles suivants.

2.2. Les fruits amers (les freins à la croissance)

 

  • Le mode de gouvernance: La mission de l’Eglise repose sur trois piliers : célébrer, annoncer et gouverner. L’organisationnel et la gouvernance hiérarchique prennent souvent le pas sur le relationnel. Des jeunes et des femmes ne sont pas assez appelés dans les instances de décision. Il existe la tentation de se concentrer tellement sur l’exigence de faire fonctionner les structures qu’on en arrive à négliger la valorisation de la personne et de ses charismes. Cette déformation de la gouvernance conduit à dériver vers le cléricalisme. Cette dérive touche l’ensemble de l’Eglise à des degrés divers en commençant par les évêques, les prêtres et les diacres dans le sens de l’abus de pouvoir et de leadership. Les agressions sexuelles sont un des symptômes les plus graves de cette dérive car on aboutit à une déformation du sacerdoce : asservir au lieu de servir.

Ce danger atteint aussi les laïcs en responsabilité qui s’accrochent à leur mission en bloquant la collaboration et en détournant la délégation.

La liturgie, lieu privilégié du vivre ensemble et de la collaboration, illustre malheureusement ces prises abusives de pouvoir de part et d’autre.

Ce mal produit de nombreuses blessures et empoisonne l’esprit missionnaire.

 

  • Le manque d’accueil et l’indifférence: Tout en soulignant que l’accueil fraternel constitue une des grandes joies de la vie chrétienne, le souci de s’ouvrir à l’autre en général ne va pas toujours de soi. C’est ainsi qu’on glisse facilement vers l’indifférence, et vers un jugement négatif concernant les divorcés-remariés, les orientations sexuelles autres et les marginaux. Comment les intégrer en paroisse ?
  • L’incohérence entre vie et foi, individualisme et matérialisme: Nous vivons aujourd'hui dans un monde global qui a amélioré la vie matérielle des personnes. La technologie et le virtuel, tout en nous rapprochant, ne suscitent pas automatiquement davantage de fraternité envers les plus faibles et les plus vulnérables. « C’est la globalisation de l’indifférence » (pape François) qui conduit malheureusement vers l’exercice de la loi du plus fort.

 Les fruits amers nous poussent à reconnaître les conversions à vivre pour une Eglise plus missionnaire où se développent davantage de communion et de participation.

2.3. Les conversions à vivre pour la croissance

 

  • Une Eglise en sortie: Nous nous sentons appelés à une écoute renforcée des frères et sœurs, à faire silence pour accueillir la personne et l’action de l’Esprit chez elle comme que nous propose l’expérience synodale.

L’Eglise est appelée aussi à reconnaître que son Seigneur a déjà travaillé des milieux radicalement différents des nôtres et a préparé un terrain propice pour faire germer les semences du Verbe. L’Eglise n’existe pas pour elle-même, mais pour le salut du monde. D’où l’importance de se laisser animer par sa veine prophétique afin d’établir des ponts avec les partenaires de la société civile et des autorités administratives et politiques.

  • Une Eglise plus inclusive et participative:

Tendre vers une Eglise plus coresponsable où chaque baptisé est valorisé dans sa vocation unique.  

Faire d’avantage confiance aux laïcs.

Impliquer mieux les jeunes, les femmes et les religieuses dans les prises de décision.

Ecouter les enfants qui sont également des agents d’évangélisation auprès d’eux-mêmes et des adultes.

Reconnaître que nous avons besoin les uns des autres.

 

  • Tous responsables:

Intensifier une culture de l’appel attentive aux charismes des personnes.

Inviter constamment à l’apprentissage d’une responsabilité d’Eglise avant même que naisse un besoin pastoral.

Vivre la coresponsabilité, source de croissance humaine et spirituelle.

 

  • L’accueil chaleureux et fraternel: Se montrer plus accueillant envers les fidèles et les non-catholiques.

Prendre conscience de sa rigidité intérieure et se comporter avec plus de bienveillance.

Pour continuer à marcher ensemble, l’Esprit Saint souffle sur l’Eglise pour l’inviter à faire de nouveaux pas, si discrets soient-ils, pour vivre la mission en suscitant plus de communion et de participation de chaque baptisé.

 

3 – Les rêves inspirant les petits pas

Pour réaliser un rêve d’Eglise, quels petits pas sommes-nous appelés à faire ?

  • Se référer constamment à la Parole de Dieu: Car notre Seigneur dialogue en permanence avec son Eglise pour la guider. Chaque Eglise de la Cedoi s’engage à relire son parcours synodal et assurer le suivi sur le long terme. Cette relecture et ce suivi, réalisés à la lumière des Ecritures, nourrissent la vie et la prière du Peuple de Dieu.
  • Améliorer la gouvernance dans l’Eglise:

Pour contrer le danger du cléricalisme, mieux former les prêtres au gouvernement et à la délégation pastorale. La place du prêtre est centrale, la santé de la communauté et le dynamisme de la mission dépendent beaucoup de sa manière de vivre et de se situer.

Prendre les moyens pour accompagner la transition en cas de changement de responsabilité au niveau d’un service, d’une paroisse, d’un mouvement, d’une institution, de la manière la moins brusque. Pour cela, ne pas hésiter à se faire aider par un professionnel.

  • Améliorer la communication: Montrer plus de transparence sur l’utilisation des finances (paroissiales, diocésaines). Assurer des rencontres régulières entre le curé et les différents conseils, et les conseils eux-mêmes en vue d’une meilleure collaboration dans l’animation pastorale.

Développer l’usage des réseaux sociaux et des nouvelles plateformes.

  • Promouvoir la pastorale des enfants: Ceux-ci sont des personnes humaines à part entière et des membres de l’Eglise qui ont une contribution originale à apporter à sa vie comme à sa mission. Comme nous tous, ils ont besoin d’être écoutés et d’être accompagnés pour devenir à leur mesure des disciples missionnaires.
  • Promouvoir la pastorale des jeunes:

Promouvoir une pastorale d’écoute et d’accompagnement gratuit en vue de leur croissance spirituelle et de leur vocation personnelle.

Les appeler, les former, les impliquer en leur confiant progressivement des responsabilités de plus en plus importantes.

Et finalement encourager les rencontres intergénérationnelles pour que les jeunes et les aînés puissent mieux se connaître et mieux collaborer.

  • Former les adultes et les catéchètes: pour assurer une nouvelle évangélisation,

il s’agit d’appeler et de former chaque fidèle à répondre à sa vocation de disciple missionnaire selon ses charismes.

 

 

Conclusion : mobiliser et donner envie de faire synode

Nous avons hérité d’une Tradition de vertus théologales, cardinales et de valeurs chrétiennes solides. Et cependant, nous ressentons notre fragilité dans un contexte général en pleine mutation. L’Eglise n’a pas toutes les solutions, mais Elle peut créer des oasis de miséricorde et d’espérance dans les déserts que nous traversons. Le Synode arrive à point nommé :

« Ce Synode n’est pas de produire davantage de documents. Il vise plutôt à inciter les gens à rêver de l’Eglise que nous sommes appelés à être, à faire fleurir les espoirs des gens, à stimuler la confiance, à panser les blessures, à tisser des relations nouvelles et plus profondes, à apprendre les uns des autres, à construire des ponts, à éclairer les esprits, à réchauffer les cœurs et à redonner de la force à nos mains pour notre mission commune » (Document préparatoire 32).

Bien plus que la recherche d’un résultat rapide, c’est surtout le processus de discernement et de concertation qui importe afin d’avancer pas à pas dans une marche plus synodale sur les chemins de la mission. Nous croyons que c’est ce mode de vie synodale qui fera naître les fruits de demain.

Il appartient donc à chaque diocèse et vicariat de s’approprier cette synthèse pour réformer son mode de gouvernance et promouvoir davantage la mission d’une Eglise en sortie.

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