C’est dans un cadre pour le moins original qu’a été célébrée la messe pour les gens de la mer, ce dimanche 13 juillet. Mgr Jean-Michaël Durhône a en effet présidé la messe au débarcadère du village côtier de Tamarin, depuis un bateau installé à terre pour l’occasion. Il était entouré des pères Mariusz Totlinski et Arnaud Bonassies, respectivement curé et vicaire de la paroisse Saint-Augustin, ainsi que du père Jacques-Henri David, aumônier de l’Apostolat de la Mer.
Pour rappel, l’Église catholique invite chaque année, le deuxième dimanche de juillet, à prier pour les gens de la mer : marins, pêcheurs et tous ceux qui œuvrent dans le secteur maritime, ainsi que pour ceux qui prennent soin d’eux.
Dans son homélie, le père David a rappelé que « 90 % de ce que nous consommons arrive par la mer, grâce aux marins ». Il a souligné les conditions souvent difficiles auxquelles ces derniers sont confrontés : « Lors de leurs voyages, 12 à 15 marins vivent ensemble dans un espace restreint pendant six mois. Li pa fasil, bizin for », a-t-il déclaré, invitant l’assemblée à prier pour que les marins aient la force morale nécessaire pour affronter la solitude et le confinement.
Le père David a articulé son homélie autour de trois grands défis rencontrés par les gens de la mer :
- Le harcèlement moral, qui pousse certains marins à envisager de quitter ce métier. Il a dénoncé la pression subie lorsqu’un marin, malgré ses compétences, voit un autre lui passer devant. Le Bureau international du travail s’est d’ailleurs penché sur ce problème et a recommandé la mise en place de systèmes de prévention.
Il a aussi évoqué l’exploitation des marins pêcheurs, notamment ceux recrutés au Vietnam ou à Madagascar : « On les fait signer un contrat, et c’est seulement à bord qu’ils découvrent les manquements ». Le vieillissement des pêcheurs et le manque de relève constituent également une préoccupation.
- Les changements climatiques et la transformation des techniques de pêche, qui appellent à des formations adaptées. Le père David a plaidé pour la création de programmes spécifiques et encouragé les jeunes à poursuivre des études universitaires dans les métiers de la mer.
- La problématique de la drogue, qui affecte directement le milieu. « Les pêcheurs ont besoin de résistance, et il n’est pas rare qu’ils achètent une dose avant de partir en mer », a-t-il déploré.
Pour conclure, l’aumônier a exhorté les fidèles à faire preuve de compassion envers les marins, pêcheurs et gens de la mer, à l’exemple du Christ.
Lors de la célébration, l’assistance a été invitée à prier pour le jeune Tareq Narod, disparu en mer depuis le 8 juillet dernier. La célébration s’est achevée par la bénédiction des bateaux par Mgr Durhône.