Caritas Ile Maurice a abattu un énorme travail de distribution de denrées alimentaires depuis le début du confinement. Patricia Adèle Félicité, secrétaire générale de Caritas Maurice, raconte la solidarité qui a prévalu entre les ONGs pour venir en aide aux plus démunis au moment du confinement. Elle le dit simplement : « c’était les familles en détresse notre priorité ». Elle entrevoit déjà l’après-confinement et les défis qu’il faudra relever : « il nous faut revoir nos mécanismes d’aide et notre approche, être plus à l’écoute car le moral de tous va prendre un grand coup ». Patricia Adèle Félicité exhorte les Mauriciens à être « fraternels, solidaires et inventifs ».
En temps normal, Caritas travaille sur le long terme avec les plus démunis. Avec la pandémie du Coronavirus, elle a dû agir dans l’urgence. Est-ce que ça a été facile ?
Je voudrai juste rappeller que Caritas est le bras social de l’église et aussi la deuxième organisation humanitaire mondiale. Ce qui veux dire que répondre à l’urgence humanitaire suite à des catastrophes ou maladie fait partie de notre mandat et de notre formation. A Maurice, c’est vrai qu’organiser une reponse d’urgence pendant une crise sanitaire est nouveau pour nous, mais nous bénéficions de l’expérience de nos collègues en Afrique et dans le monde. Par contre, nous avons connu la gestion des conséquences du Flash Flood en 2013. Pour le COVID19, nous étions en train de nous préparer pendant la semaine du 16 mars quand nous avons été pris au dépouvu par ce confiment soudain. La premiere semaine a été très difficile car nos équipes, personnel et surtout notre réseau de bénévoles sur qui nous comptons beaucoup pour les interventions hésitaient à descendre sur le terrain pour des raisons de sécurité, toutes les informations sur les familles que nous accompagnons étaient fermées dans les bureaux de permanence, nous n’avions pas d’équipement de protection, ni de laissez-passer ; et quand les familles ont commencé à manquer de nourriture, il été très difficile d’avoir les produits et les acheminer. Ce qui été fustrant c’est que nous avions déjà reçu les moyens de répondre à la détresse des familles grâce à la grande générosité des Mauriciens, spécialement nos partenaires et amis de Cartias, mais les conditions étaient très difficiles pour organiser l’aide.
Cette situation d’urgence dans l’aide aux plus faibles a donné lieu à une collaboration avec les autres ONG, l’Etat et d’autres partenaires. Comment avez-vous vécu cette solidarité avec les autres ?
Fort heureusement, les choses se sont ameliorées vers la fin du mois lorsque plusieurs personnes se sont mis ensemble et que Caritas a eu le support de l’Association des Manufacturiers de Maurice (AMM) à travers Catherine Gris et Lawrence Wong. Personnellement je pense que nous avons beaucoup appris après le Flash Flood de 2013 sur Port Louis, lorsque les fondations privése et Caritas avaient travaillé de concert et mis en commun leurs moyens – ressources humaines, logistiques et financieres – pour répondre d’une manière coordonnée à la réhabilitation de plusieurs centaines de familles. Et voyant le total lockdown, plusieurs ONGs ont commencé a se mettre au travail, surtout celles qui avaient eu un « laissez -passer » ; nous nous sommes entraidés sans problème car c’etait les familles en détresse qui étaient notre priorité. Et nos partenaires du privé voulaient aussi savoir ce qui se faisait et comment aider. L’apport de Business Mauritius a été capital ; l’impact économique de la crise sur les familles vulnérables a été leur première préocupation. Il faut aussi dire que depuis l’année dernière il y a un comité de Sustainable Growth qui a été mis en place avec le concourt de plusieurs ONGs de différents secteurs qui travaillent comme un sous comité de BM. Cette proximité nous a permis de travailler assez vite , 3 à 4 video conférences par semaine pour faire avancer les choses. Dans un premier temps, Caritas avait mis à disposition plus de 70 volontaires pour accompagner les officiers de l’état dans la distribution des colis aux familles qui sont sur le registre de la Securité Sociale. Nous travaillons aussi avec le National Social Inclusion Foundation et le program manager de cette instance est venu rejoindre cette platforme de la société civile pour comprendre notre démarche, nos actions et ce que la société civile veut contribuer à la gestion de cette crise sans précédent. Personnellement j’accueille tout ce travail collectif très positivement car je reprends souvent ce proverbe africain qui dit : « Seul tu vas plus vite, ensemble nous allons plus loin ».
Comment travailler à rendre les personnes autonomes dans une situation d’urgence? Quel suivi possible après le déconfinement?
L’autonomie des familles est capitale, car la situation sanitaire et économique ne va pas se rétablir de sitôt. Il est primordial que notre réponse à cette situation soit holistique à court, moyen et long termes. Caritas compte beaucoup sur l’apport des autres secteurs et acteurs de notre société pour soutenir de manière digne les familles, surtout celles qui se retrouvent dans une extrême précarité du jour au lendemain. Il nous faut revoir nos mécanismes d’aide, notre approche, être plus à l’écoute car le moral de tous va prendre un grand coup. Nous nous devons d’être fraternels, solidaires et inventifs. Caritas a l’expérience de quelques projets de développement et d’accompagnement psychosocial comme les boutiques solidaires, le jardin communautaire, l’aide alimentaire et éducatif aux écoliers, l’encadrement des tout-petits, la promotion de l’entreprenariat sociale et surtout la formation au développement personnel (Life Skills Management ) pour développer la résilience.
Bondie bénis zot dan tou travail ki zot p fr.. Mais 2pi pu confinment mone envoi zot mo demande mo p bizn aide svp
Remarquable, Patricia, quel bel élan de solidarité pour toutes nos familles défavorisées, et en particulier celles, trop nombreuses, qui ne sont pas inscrites sur les registres de la sécurité sociale. Un grand merci d’avoir généreusement répondu aux appels de Mahébourg Espoir pour notre région du sud-est. Nous avons humblement tenté de gérer l’urgence, mais nous savons qu’il nous faudra cohabiter avec cette maladie durant de longs mois et sortir de l’asphyxie économique et sociale dans laquelle notre pays nous a plongés pour sauver des vies. L’épreuve sera rude à relever et tous les talents et bonnes volontés seront à bon escient sollicités.