Dans la joie d’accueillir Yudesch et de l’ordonner prêtre, recueillons-nous un instant pour écouter attentivement la parole de Dieu qui vient d’être proclamée et qui nous donne le sens profond de cette ordination.
1. D’abord, le Prophète Ezéchiel et le Psaume 22 nous rappellent que c’est Dieu lui-même et Dieu d’abord qui est notre vrai berger, notre bon pasteur : « Je rassemblerai moi-même le reste de mes brebis » dit le Seigneur, « je les ramènerai dans leur enclos ». « Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien » dit le Psaume. C’est lui qui nous mène vers des eaux tranquilles et nous fait revivre. C’est lui encore qui reste avec chacun de nous quand nous traversons le ravin de la mort (les épreuves) ; c’est son bâton qui nous guide et nous rassure.
Avant d’ordonner Yudesch prêtre, rappelons-nous qu’il n’y a au fond qu’un seul vrai pasteur et que nous, évêque, prêtres, diacres, nous sommes tous des brebis, d’abord avant d’être des pasteurs des brebis fragiles que le Seigneur a choisis dans sa miséricorde. C’est lui qui nous a conduits par un juste chemin et qui nous a nourris, fortifiés, préparés pour nous envoyer comme pasteurs auprès de son peuple. Nous ne sommes que les humbles serviteurs du troupeau que le Seigneur rassemble lui-même, qu’il nourrit lui-même. Nous ne sommes seulement auprès des brebis que les humbles témoins de sa miséricorde.
C’est ainsi que le Seigneur, le bon berger, a été à la recherche de Yudesch et l’a conduit jusqu’au baptême, sans le forcer, en respectant sa liberté, sa culture, son rythme ; comme il l’a fait plus tard pour son frère, sa sœur et finalement son papa. Aujourd’hui ils sont tous réunis avec sa maman dans la même foi, dans le même enclos.
C’est encore le Seigneur, le bon berger, qui, par la suite, a appelé Yudesch à consacrer sa vie comme prêtre, et qui aujourd’hui l’envoie au service des brebis pour qui lui, Jésus, a donné sa vie.
Au moment où Yudesch va être ordonné prêtre et envoyé comme pasteur, n’oublions pas que nous, prêtres, sommes tous des brebis avant d’être des pasteurs, que nous avons besoin d’être guidés et soutenus nous aussi par le Bon Pasteur. Nous avons besoin de nous appuyer sur le Bon Pasteur, de toujours garder en vue son bâton qui nous guide et nous rassure au milieu des dangers, des écueils de la vie. Sans lui, nous ne pouvons rien faire. Nous ne pouvons pas être de vrais pasteurs sans le Bon Pasteur.
- La Parole de Dieu aujourd’hui souligne aussi une des attitudes fondamentales du Bon Pasteur, une attitude qu’il nous invite à partager avec lui.
- L’Evangile nous dit que Jésus voit la grande foule et qu’il est saisi de compassion envers eux parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Avant de faire quoi que ce soit pour les brebis, le Bon Pasteur observe ses brebis, il cherche à les connaître, il les contemple avec amour. Son regard est plein de tendresse. Nous, prêtres, sommes appelés nous aussi à contempler avec amour les personnes qui nous sont confiées, sans les juger mais en cherchant à comprendre ce qu’elles vivent, à sentir ce qu’elles ressentent, comment elles sont souvent vulnérables, exposées à toute sorte de mercenaires qui ne cherchent qu’à les exploiter, à percevoir comment un peu comme des brebis sans berger elles sont à la recherche d’un sens à leur vie, mais ne trouvent pas toujours quelqu’un pour leur indiquer un chemin de vie et les accompagner.
C’est d’abord ce regard, cette manière de contempler les brebis avec sympathie et miséricorde qui fait de nous un bon pasteur, un pasteur qui porte ses brebis dans son cœur.
- Cette contemplation nous dit l’Evangile pousse Jésus à enseigner la foule longuement : il ne se contente pas de regarder les gens de loin, mais il leur parle, il se fait proche, il entre en conversation avec eux, il est sensible à leur soif, et cherche à les rejoindre dans le brouillard où ils sont perdus pour les guider et éclairer leur chemin. Nous aussi prêtres sommes appelés à enseigner, enseigner non pas comme des maîtres mais comme des témoins, des témoins de la miséricorde du Seigneur qui nous réconforte et nous encourage sur notre chemin. L’annonce de la Parole est vide de sens si elle n’est pas portée par cette volonté de marcher avec les personnes qui nous sont confiées, de les écouter, de les rejoindre dans leur recherche. Témoigner humblement de la miséricorde du Seigneur permet aux gens de relever la tête et de repartir dans la vie avec confiance.
- Jésus ne se contente pas d’enseigner la foule, mais il veut aussi leur donner à manger « car ils pourraient défaillir en route » (Mt 15, 32). Pour leur donner à manger, il n’emploie pas de grands moyens, il ne fait pas un coup d’éclat. Il demande à ses disciples de partager simplement avec la foule le peu de pain dont ils disposent. Il les invite en fait à se faire petit, à être démunis comme les gens qui sont là, à prendre le risque de ne pas avoir assez de pain pour tout le monde mais accepter de rester là avec eux, de partager leur insécurité, d’être solidaire. Il les invite en fait à se donner eux-mêmes. La multiplication des pains s’est déroulée tout simplement sans aucune mise en scène ; c’est ainsi qu’elle évoque le mystère de l’Eucharistie qui s’est révélé dans la grande simplicité d’un repas pascal réunissant Jésus et ses disciples, un repas où Jésus s’est donné lui-même, où le pain rompu et partagé par Jésus n’est autre que son corps livré pour nous, sa vie donnée. C’est en donnant sa vie pour ses brebis que le Bon Berger leur donne la vie en abondance.
En nous confiant à nous prêtres la responsabilité de célébrer l’Eucharistie pour l’Eglise, Jésus nous appelle nous aussi à donner notre vie comme lui pour que les fidèles aient la vie et qu’ils l’aient en abondance.
- Enfin, l’Epître aux Ephésiens (2, 13-18) nous dit comment le Christ supprime la barrière qui à l’époque séparait les Juifs et les nations païennes. Il supprime cette barrière « en supprimant en sa chair la haine », en « tuant la haine en sa personnes » ; et par sa croix, il fait la paix, il les réconcilie avec Dieu tous deux en un seul corps.
Le bon berger sait que si les brebis se dispersent, elles courent de grands dangers : elles se perdent facilement et deviennent vulnérables ; des proies faciles pour les loups rapaces. Il sait que c’est en restant ensemble unies autour de leur berger qu’elles sont en sécurité et qu’elles peuvent se développer.
C’est pourquoi il se donne beaucoup de peines pour faire l’unité entre ses brebis. Il ne prend pas le parti des unes contre les autres. Il ne force pas un rassemblement. Il est patient envers elles. Il accepte de souffrir pour elles jusqu’à la mort et la mort sur la croix. C’est à ce prix qu’il réconcilie chacun avec Dieu et nous rassemble tous en un seul corps. Par sa croix, il fait la paix. Il est disposé à « mourir pour rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11, 52).
Nous aussi, prêtres, nous sommes appelés à exercer ce ministère de l’unité. C’est un service souvent crucifiant mais vital pour l’Eglise. Cela nous demande de renoncer à nos goûts personnels, à nos préférences, et à ouvrir notre cœur pour accueillir souvent des personnes et des groupes très différents les uns des autres. Nous sommes responsables de rassembler dans la même Eglise et de faire s’accueillir entre eux des groupes de différentes cultures, de différentes spiritualités, des groupes engagés dans différents types d’apostolat. Ce service de l’unité nous demande beaucoup de patience, parce qu’il nous dépasse – il demande beaucoup plus que de la simple diplomatie ; il exige surtout de faire confiance à cette volonté du Seigneur de « rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés », de faire confiance au travail de l’Esprit dans les cœurs, l’Esprit qui réconcilie chacun avec Dieu, l’Esprit qui nous fait appeler Dieu Papa pour que nous puissions nous accueillir les uns les autres comme des frères.
Or, ce travail de l’Esprit est lent et souterrain. Comme le grain de blé jeté en terre il prend du temps pour germer et porter du fruit ; mais il faut que ce grain de blé jeté en terre accepte de mourir pour qu’il porte du fruit.
C’est en mourant, en donnant sa vie, en devenant « Agneau de Dieu » que Jésus est devenu le berger qui rassemble. Prions le Seigneur de nous donner la grâce de devenir de bons Pasteurs qui acceptent de mourir à nous-même pour contribuer tant soit peu à rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés.
Au moment où Yudesch va recevoir l’ordination sacerdotale, prions Marie Mère de l’Eglise ; demandons-lui que, par son intercession, l’Eglise qui est à Maurice soit une Eglise unie, et que par le dynamisme même de cette unité, elle présente à nos frères d’autres religions les traits authentiques du visage du Christ. Que tous soient un afin que le monde croie.
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Retrouvez les images de la célébration sur la page Facebook du diocèse de Port-Louis.
Message pour Pere Yudesh
Suite à son ordination du 22 juillet dernier
Dans son ile natale l ile Maurice
Nous vous souhaitons tous nos bons voeux pour cette nouvelle et belle mission
Que Dieu et Vierge Marie
Vous benissent.
Famille benoit et carole beuchet