Nous sommes heureux d’accueillir aujourd’hui 4 diacres permanents qui nous sont donnes pour la première fois dans notre diocèse. Ce ne sont pas eux qui se sont proposés. C’est a travers l’Eglise qu’ils ont été appelés. Plusieurs personnes, prêtres, laïcs, religieuses, ont été consultes. Et puis ils ont été interpellés. « Toi, Désiré, toi, Cadress, toi, Josian, toi, Lindsay, nous voyons que tu pourrais être diacre, veux-tu réfléchir sérieusement à cet appel : ils ont consulté leurs épouses et leurs enfants. Ils ont pris le temps qu’il fallait pour réfléchir, prier, discerner (à peu près un an). Et puis, une fois décidés a répondre a l’appel, ils ont commencé leur formation qui a duré 3 ans. Et voilà qu’aujourd’hui je les appelle officiellement et vais les ordonner diacres.Je voudrais ici remercier chaleureusement les épouses et les enfants de nos 4 diacres. Après un premier temps d’étonnement et de tâtonnement, ils ont tous non seulement accepté que leurs époux et leur papa se préparent à être diacres, mais ils les ont aussi beaucoup soutenus, encouragés. Un grand merci donc aux familles des diacres.
Maintenant, je vous invite tous, chers frères et sœurs, à chercher ensemble comment nous pouvons accueillir au mieux nos frères qui vont être ordonnés diacres pour notre diocèse aujourd’hui.
Pour l’Evêque et les prêtres – accueillir les diacres comme une grâce
Je sens très fort que nous sommes appelés à accueillir nos frères diacres comme une grâce du Seigneur, un don de Dieu.
Car l’appel de Dieu qui résonne dans le cœur d’une personne, et la réponse que cette personne donne au Seigneur, cette rencontre entre la liberté de Dieu qui choisit et la liberté de l’homme qui se donne, est un mystère, C’est une grâce que nous sommes appelés à recevoir avec gratitude, une grâce qui nous interpelle et qui nous invite à aller voir comment nous-memes repondons a l’appel que le Christ fait a chacun.
Pour nous évêque et prêtres, les diacres sont une addition nouvelle au clergé du diocèse. Le clergé d’un diocèse c’est l’évêque, les prêtres et les diacres, i.e., tous ceux qui ont reçu un des degrés du Sacrement de l’ordre. Les diacres comme les prêtres sont ordonnés d’abord pour être les proches collaborateurs de l’Evêque pour le seconder dans l’exercice de la charge pastorale du diocèse. Le mot « diacre » comme vous savez, veut dire serviteur. En entrant dans le clergé, les diacres nous rappellent que la responsabilité que nous avons reçue nous, Evêque et prêtres, ce n’est pas d’être les patrons de l’Eglise, mais les serviteurs du peuple de Dieu, serviteurs à l’Evêché, serviteurs en paroisse, serviteurs dans les différents mouvements ou services qui peuvent nous être confiés.
Et ce service ce n’est pas seulement, ni d’abord, toutes les choses que nous devons faire pour l’Eglise, mais c’est avant tout « veiller sur l’Eglise » (le mot évêque veut dire – celui qui veille). L’Eglise comme vous savez n’est pas une ONG, ni un Gouvernement, c’est une famille. Or une famille n’est pas dirigée par un patron, elle a besoin d’un papa, d’une maman pour veiller sur elle. Veiller sur sa famille, c’est plus que simplement accomplir des tâches domestiques nécessaires comme faire la cuisine, entretenir la maison, faire les courses, envoyer les enfants à l’école et leur donner ce qu’il faut comme équipement, etc. Veiller sur sa famille, c’est porter ses enfants dans son cœur, veiller sur leur santé, être attentifs à leur progrès ou leurs difficultés à l’école, s’intéresser à leurs loisirs et leurs intérêts. C’est aussi chercher à maintenir une harmonie dans la famille, veiller sur le bon développement de chaque enfant, veiller sur la transmission de la foi aux enfants, etc. Un papa, une maman ne se contentent pas de donner à leurs enfants les équipements dont ils ont besoin ; ils pensent à leurs enfants, ils prient pour eux, ils restent attentifs, ils les portent dans leur cœur.
De la même manière, les prêtres et les diacres sont appelés à faire beaucoup de choses pour l’Eglise, comme la liturgie et les sacrements, la catéchèse, le caritatif, mais ils sont ordonnés d’abord pour collaborer avec l’évêque dans sa charge de veiller sur l’Eglise diocésaine. Veiller sur l’Eglise veut dire aimer le peuple de Dieu concret qui nous a été confié, c’est l’aimer comme il est et non pas comme je rêverai qu’il soit ; l’aimer comme il est avec toute sa diversité, toute sa complexité, avec ses faiblesses, ses fragilités mais aussi avec ses attentes, sa soif spirituelle, sa générosité ; veiller sur l’Eglise c’est l’aimer avec patience et fidélité, accepter de souffrir pour elle, l’aimer jusqu’à donner sa vie comme le Christ.
Je rends grâce au Seigneur aujourd’hui, car il nous donne à nous évêques et prêtres, membres du clergé, de nouveaux collaborateurs, des collaborateurs avec un autre type d’expérience que nous – des hommes mariés, des pères de famille, des hommes qui ont eu à assumer des responsabilités dans leur travail, des hommes qui ont déjà été engagés dans un secteur de la mission. Cette autre expérience peut beaucoup nous apporter, je suis sûr, pour nous aider à toujours mieux comprendre le peuple qui nous est confié, à mieux l’aimer et à mieux le servir.
Refrain : « Donne moi ça privilege la pou servi toi… »
Pour le peuple de Dieu, accueillir lui aussi les diacres comme une grâce
Vous aussi, chers frères et sœurs, vous qui êtes l’Eglise, le peuple de Dieu à Maurice, vous aussi vous êtes appelés à accueillir les diacres comme une grâce. Car c’est à vous que ces diacres seront envoyés pour un service spécial que je confierai à chacun. Chaque diacre sera affecté à une paroisse ; il participera avec le curé et l’EAP de la paroisse à la réflexion, la prière et le discernement de l’équipe sur la meilleure façon d’annoncer au peuple la Bonne Nouvelle de l’Evangile, la meilleure façon d’accompagner les personnes dans leur manière de suivre le Christ, dans leur vie de famille, leur vie sociale, leur vie de travail.
Chaque diacre recevra aussi une mission spéciale dans un domaine particulier du service que l’Eglise est appelée à offrir au peuple. Par exemple, le service des pauvres, le service des couples qui se préparent au mariage, ou le service des toxicomanes et de la prévention contre la drogue.
Dans chacun de ces domaines où le diacre sera affecté, sa mission consistera non seulement à se mettre lui-même au service des pauvres, des couples ou des toxicomanes, mais aussi à entraîner d’autres fidèles avec lui pour assurer ce service, en leur proposant une formation, en les accompagnant et en les soutenant, afin que l’Eglise entière devienne de plus en plus servante.
Ainsi les diacres sont des serviteurs non pas simplement parce qu’ils accomplissent une tâche dans l’Eglise. Mais étant eux-mêmes des serviteurs joyeux et heureux, ils attireront d’autres à devenir serviteurs avec eux. Ainsi, par leur témoignage, ils contribueront à développer une culture du service dans l’Eglise. C’est comme cela que le Christ a fait : il a lavé les pieds de ses apôtres afin qu’eux-mêmes lavent les pieds de ceux qui leur seraient confiés, et pour que nous tous, nous nous lavions les pieds les uns les autres.
Le service n’est pas dégradant, ce n’est pas une punition ; au contraire, le service est quelque chose qui nous rend heureux. C’est ce que le Christ nous dit après le lavement des pieds « heureux serez vous si vous le faites ». En nous éduquant au service humble et désintéressé des frères, le Christ veut nous faire partager sa joie, la joie du Fils de Dieu lui-même, dont le cœur bat au même rythme que le cœur du Père miséricordieux, celui qui entend la misère de son peuple, qui connaît ses souffrances et qui descend pour le libérer.
Merci, cher frères diacres, d’être des serviteurs joyeux au milieu de nous, et de nous entraîner ainsi, évêque, prêtres, fidèles sur ce chemin du service humble et gratuit, un chemin qui nous fait sortir de nous-mêmes, nous fait rejoindre le Christ et partager sa joie.
Refrain : « Donne moi ça privilege la pou servi toi… »
Il est bon de célébrer cette première ordination de diacres permanents le jour de l’Ascension. Ce jour-là juste avant que le Christ ne soit enlevé au ciel, les apôtres étaient comme perdus ; ils posent une question au Christ : est-ce que c’est maintenant que tu vas restaurer le Royaume d’Israël ? Par la question qu’ils posent ils montrent qu’ils attendaient surtout le moment où le Christ allait mettre les Romains dehors et allait installer un roi en Israël, avec ses ministres et tous ses chefs. Ils ne sont pas du tout dans la perspective du service. Ils s’intéressent plutôt au pouvoir. Alors Jésus fait preuve d’une grande patience envers eux. Il ne les blâme pas de n’avoir toujours pas compris leur vraie vocation. Il leur dit simplement : allez attendre l’Esprit, il vous fera comprendre ce à quoi vous êtes vraiment appelés : devenir les témoins d’un serviteur souffrant et rejeté mais que Dieu a ressuscité pour nous montrer l’immense valeur de ce service humble qui nous comble de joie et nous guérit. Jésus confie à l’Esprit Saint ses apôtres qui n’ont pas encore compris la place centrale du service dans leur mission.
Nous ne sommes pas plus forts ou plus malins que les apôtres ; nous aussi nous sommes faibles comme eux et nous avons tous un immense besoin de l’Esprit Saint. Prions le pour qu’il nous éclaire et nous donne la force de devenir chacun à notre place des vrais serviteurs comme le Christ.
Au moment où ils vont être ordonnés, confiez vos frères diacres à l’Esprit de Pentecôte. Confiez vos prêtres et votre évêque aussi à l’Esprit de Pentecôte afin que nous soyons tous fidèles à notre vocation, afin que nous prenions tous avec joie le chemin du serviteur.
Moi aussi je confie chacun de vous à l’Esprit de Pentecôte. Qu’il vous éclaire, vous encourage et vous guide vous aussi sur le chemin du serviteur.
Les conditions climatiques de ces derniers temps ont embelli davantage les jardins du Thabor, une vraie oasis.
C’est dans cette atmosphère calme, paisible et sereine en ce dimanche 13 mai, que l’évêque et les prêtres ont accueilli Désiré, Josian,Lindsay et Kadress, premiers diacres permanents.
Une cérémonie dont la simplicité nous a révélé l’engagement discret et efficace tel que ces diacres exercent dans leur vie courante. Une assemblé priante qui se manifestait par des chants et des moments de silence intense. Le Cardinal Piat dans sa remarquable homélie, a souligné entre autres, combien le SERVICE est essentiel dans la vie de tous, spécialement ces diacres qui sont appelés à servir.