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« Liberté religieuse et laïcité de l’État » par le P. Jean-Claude Alleaume

20/03
2018
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Depuis la chute du mur de Berlin en 1989, et la dissolution de l’URSS le 26 décembre 1991, on a pu penser que l’humanité avait définitivement retrouvé ses libertés. Ce n’est pas sûr. Car sans qu’on s’en aperçoive, d’autres formes d’assujettissement se mettent en place. Certaines, en effet, tendent à étouffer la conscience individuelle en lui refusant le droit, dès lors qu’elle s’ouvre à Dieu, de tenir sa place dans la société. On se trouve ainsi en présence d’une sorte d’intolérance sous le couvert de la démocratie. Aussi bien la question de la liberté religieuse est toujours d’actualité.

Je parle ici, principalement, de la liberté religieuse. Il existe cependant d’autres formes de liberté : la liberté d’opinion et d’expres­sion, la liberté de la presse, la liberté syndicale et ainsi de suite. En réalité, ce sont autant de domaines où s’exerce la li­berté des citoyens. Car la liberté est une et indivisible. De sorte que si dans l’un ou l’autre domaine la liberté est entravée, c’est la démocratie elle-même qui est en péril.

 Fondamentalisme et laïcisme

Le danger arrive de deux directions opposées. L’un prend, paradoxalement, la forme d’un courant religieux : c’est le fondamentalisme — improprement appelé « intégrisme » —, qui cherche à imposer à l’ensemble de la société civile une conception particulière de Dieu. Dans certains pays, il régit les consciences par des lois et des décrets. Ailleurs, il tente de le faire par l’intimidation. Le fondamentalisme menace la liberté religieuse non seulement parce qu’il fait violence à la conscience des citoyens, mais aussi parce que, sous le prétexte d’instaurer le gouvernement de la société par Dieu, les fondamentalistes cherchent en réalité à asseoir leur propre pouvoir. Pouvoir terriblement oppressif, comme on sait.

Le danger qui vient de l’autre direction est plus sournois. Ici, c’est au nom de la démocratie que l’on cherche à étouffer les consciences. Sous divers prétextes, on veut empêcher que la religion s’exprime effectivement en public. Plus précisément, on veut empêcher les croyants de concourir au bien commun et à la construction de la société en s’inspirant des principes qui sont chers à leur conscience. Sous le couvert de la vigilance pour maintenir la neutralité de l’État vis-à-vis des religions, c’est souvent le courant du laïcisme que l’on rencontre. Il est, lui aussi, menaçant pour la liberté religieuse. Mais attention : il ne faut pas confondre le laïcisme avec la laïcité de l’État, dont nous parlerons plus loin. Ce sont deux choses bien différentes. Le laïcisme s’emploie à donner mauvaise conscience aux croyants, à détruire en eux la fierté de leurs convictions.

Il y a aussi les formules toutes faites, les assertions massives que l’on répète à satiété. En voici deux qui demandent à être réfutées.

 Est-il vrai que la religion divise ?

Le slogan “la religion divise” s’est propagé sans qu’on se donne la peine de l’examiner. Or il est trompeur autant que malveillant. Ce qui est vrai, c’est qu’il existe des religions différentes, mais il ne s’ensuit pas qu’elles divisent les gens, qui, d’ailleurs, sont eux-mêmes différents les uns des autres. Dira-t-on qu’une famille soit divisée parce que le père aime les courses hippiqiues, la mère la collection de fougères, le fils aîné le badmington et la cadette la musique rock ? Ils ont des goûts différents, certes, mais ne sont pas pour autant divisés ! Il en va de même pour la religion. Puisqu’elle est la réponse que chacun fait à Dieu dans l’intimité de sa conscience, il ne faut pas s’étonner qu’il y ait, dans le monde, tant de religions différentes.

De fait, dans une société donnée, il n’y a pas que les religions qui soient différentes. Il existe aussi des opinions, et ils sont proté­gés par le principe de la liberté d’expression. Il y a des syndicats et des partis politiques différents, et ils sont pareillement protégés par le principe de la liberté d’association. Pourtant, nul ne songera à dire que les opinions, les journaux, les syndicats et les partis politiques divisent la nation ! Il n’y a donc aucune raison de prétendre que la religion divise. C’est justement parce qu’il existe des courants religieux différents que l’État doit composer harmonieusement l’unité des différences et garantir la liberté religieuse de ses citoyens. Nous verrons que c’est la raison d’être du principe de la laïcité de l’État.

Observons enfin que ce qui conduit parfois les gens à s’affronter pour des motifs religieux, ce n’est pas la religion elle-même, mais plutôt des esprits plus ou moins sectaires qui veulent imposer aux autres leurs convictions et leurs modes de vie. C’est le sectarisme qui divise, non pas la religion.

 La religion n’est-elle qu’une affaire privée ?

On rencontre souvent la formule : “la religion est affaire privée et doit le rester”. Cette formule doit être bien comprise, pour ne pas prêter à confusion. Elle est vraie quand elle signifie que la réponse qu’une personne donne librement, au plus intime d’elle-même, à la vérité divine ne saurait être mise en discussion. Elle est vraie encore quand elle sous-entend que les pouvoirs publics doivent se garder de privilégier une religion particulière, en maintenant rigoureusement la neutralité de l’État et l’égalité des droits de tous les citoyens.

En revanche, la formule “la religion est affaire privée et doit le rester” est inaccep­table quand on l’interprète dans un sens qui dénie aux croyants le droit d’exprimer leurs convictions religieuses en public, ou de concourir, comme tels, au bien commun et à la construction de la cité. Dans ce cas, elle est assimilable au refus du droit à la liberté d’expression. De plus, comme elle vise une catégorie particulière de personnes, elle porte aussi atteinte au principe démocratique de l’égalité des citoyens.

Mais au fait, qui sont les citoyens ? Ce sont des personnes faisant partie d’une même nation et ayant cha­cune son identité propre. De plus, chaque citoyen a sa personna­lité. Depuis sa plus tendre enfance, elle s’est constituée au niveau de sa conscience, à partir de ses affections familiales, sa mémoire, ses dons et ses goûts divers, l’éducation qu’il a reçue et les études qu’il a faites, sa formation religieuse (ou son refus de toute religion), ses succès et ses échecs, etc. Tout cela forme un tout pour constituer la personnalité de chaque citoyen, et influe sur tout ce qu’il fait. Dès lors, peut-on demander à quelqu’un de morceler sa personnalité et sa conscience, comme certains le voudraient, sans lui porter un grave préjudice ?

La laïcité de l’État

Au sujet de la laïcité de l’État, on note une grande confusion que diverses polémiques ont malheureuse­ment contribué à alimenter. Pourtant, il n’y a pas lieu de se méfier du principe de la laïcité de l’État, pourvu qu’on comprenne ce qu’il signifie et qu’on mesure bien ce qui est en cause.

Examinons le mot, d’abord. Au sens premier, un laïc est une personne qui n’appartient pas à un clergé quelconque. Au niveau politique et social, la laïcité désigne alors ce qui est en dehors du domaine religieux. Le fait est qu’une nation se compose de citoyens appartenant à des religions différentes et d’autres qui refusent toute croyance religieuse. Par conséquent, pour garantir les libertés démocratiques, l’État doit se tenir hors du domaine religieux. Plus exactement, il ne doit s’attacher à aucune religion particu­lière, pour ne pas se mettre en situation de privilégier tels citoyens au détriment de tels autres. Autrement dit, l’État — c’est-à-dire : les institutions, le gouvernement et les services administratifs — doit être laïc. C’est donc le principe démocratique de l’égalité des droits de tous les citoyens qui postule la laïcité de l’État. Au sens strict, celle-ci ne s’oppose donc pas à la liberté religieuse ; c’est elle, au contraire, qui la garantit et qui permet aux citoyens de vivre en harmonie les uns avec les autres. On peut même dire que c’est ici l’appli­cation du précepte évangélique de rendre à Dieu et à César ce qui leur est respectivement dû.

Il n’en va pas de même du laïcisme, dont nous avons parlé et qui est, lui, à la fois une attitude, un courant et une doctrine rationalistes. Pour cette raison, le laïcisme s’oppose aux institutions religieuses. A toutes les institutions religieuses, même si sa cible de prédilection est l’Église catholique. Pour cette raison, il vise à confiner les croyants dans un ghetto en leur déniant le droit d’exercer la moindre influence dans la société.

L’Église catholique et la laïcité

A cette raison politique et sociale s’en ajoute une autre, spécifiquement religieuse et spécifiquement chrétienne puisqu’elle touche à l’essence même de l’Évangile, qui est l’annonce du Royaume de Dieu. Nous en trouvons le principe dans l’encyclique Sollicitudo rei socialis du pape Jean-Paul II : « Aucune réalisation temporelle ne s’identifie avec le Royaume de Dieu » (no 48). Le 11 octobre 1988, devant l’assemblée européenne de Strasbourg, Jean-Paul II fut encore plus explicite : « La société, l’État, le pouvoir politique appartiennent au cadre changeant et toujours perfectible de ce monde. Nul projet de société ne pourra jamais établir le Royaume de Dieu, c’est-à-dire la perfection eschatologique, sur la terre ». Voilà qui marque une nette démarcation entre la sphère politique et la sphère religieuse, du moins pour ce qui est de l’Église catholique. Cependant, la vision de Jean-Paul II est plus positive que celle que l’on se fait généralement de la laïcité de l’État. A Prague, en avril 1990, il affirmait : « L’Église ne doit pas être confondue avec l’État. Dans une société libre et démocratique cependant, l’Église et l’État doivent promouvoir, dans le respect mutuel, une saine collaboration en vue du développement intégral de la personne humaine ». Pour Jean-Paul II donc, les rapports entre l’État et l’Église ne peuvent se réduire à une quelconque indifférence, mais doivent viser à concourir, chacun dans sa sphère, au bien commun de la nation. Vision plus large, plus libérale, mais aussi plus réaliste puisque, par delà les abstractions et les a priori plus ou moins idéologiques, elle tient compte des personnes — par conséquent des citoyens —, dans le quotidien de leur convivialité.

Laïcité et laïcisme : faire la différence

Il est donc très importantde bien faire la différence entre ce qui est l’expression de la laïcité proprement dite et ce qui relève du laïcisme. A vrai dire, ce n’est pas toujours facile. Il arrive fréquemment que tels auteurs, qui croient sincèrement promouvoir la laïcité de l’État, se laissent prendre au piège du laïcisme. Pour faire la différence, on retiendra les points suivants.

La laïcité est un principe de gouvernement dont la raison d’être est de garantir l’égalité des droits de tous les citoyens. Par elle-même, la laïcité de l’État n’exclut pas la transcendance de Dieu, laissant la liberté aux citoyens de la reconnaître ou de ne pas la reconnaître, chacun selon sa conscience. Essentiellement pragmatique, la laïcité ne refuse pas non plus aux croyants de prendre part à la construction de la cité. Simplement, elle exige de l’État qu’il maintienne une stricte neutralité vis-à-vis des religions. La laïcité n’est donc pas une menace à la liberté religieuse. Au contraire, dans une démo­cratie, elle en est une con­dition préalable et nécessaire.

Le laïcisme, lui, a pour base le rationalisme, une doctrine résolument hostile à la religion et aux institu­tions religieuses. C’est cette doctrine qu’il cherche à répandre en se présentant, abusivement, comme le champion de la démo­cratie. Contrairement à la laïcité, le laïcisme est dogmatique, intransigeant et agressif. Il est ainsi un obstacle à la liberté religieuse et, par conséquent, un danger réel pour la démocratie.

Jean-Claude Alleaume

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