Chers frères et sœurs,
Quand on parle d’accueil et d’intégration dans l’Eglise de couples divorcés et engagés dans une nouvelle union, ou de couples vivant en cohabitation sans mariage civil ou religieux, de quoi parle-t-on ? On ne parle pas d’accueil dans « un club de gens bien », ni dans un groupe de « justes » ou de « méritants » qui prétendent qu’ils n’ont pas grand-chose à se reprocher.
Non, nous parlons plutôt de l’accueil dans un peuple qui se reconnaît pécheurs et qui cherche à s’ouvrir avec confiance à la Miséricorde du Seigneur qui seule peut le guérir, le sauver.
C’est ce que nous répète St Paul dans toutes ses lettres. Il sait ce dont il parle, parce que, avant sa conversion, il se croyait un des Juifs les plus justes de Jérusalem, un des plus méritants ; et au nom de ce mérite, il méprisait royalement les petits qui avaient été touchés par la miséricorde de Jésus et se mettaient à croire en lui. Il était dur envers eux au nom de la loi et il les persécutait. Il voulait montrer ainsi comment il était fidèle à la loi juive.
Mais un jour, il a été touché lui-même par Jésus sur le chemin de Damas, ce Jésus qui avec une grande douceur lui a dit « Saul, Saul pourquoi me persécutes-tu ? », i.e., même si tu me persécutes aujourd’hui, je peux t’aimer, te pardonner. Il est bouleversé par le pardon que Jésus lui accorde sans aucun mérite de sa part et alors il se rend compte qu’il est lui-même un grand pécheur. Alors il se laisse accueillir par ce petit peuple qu’il avait persécuté. Il devient humble et il se met alors à accueillir lui-même dans l’Eglise les petits, les pauvres et les pécheurs qui se laissent toucher par Jésus et qui mettent en lui leur confiance.
Si l’Eglise est un peuple de pécheurs que la miséricorde du Seigneur ne cesse de relever, de pardonner et d’inviter à une vie nouvelle, alors tout le monde peut trouver une place dans ce peuple, car personne ne peut se passer de la miséricorde de Jésus.
C’est ce que Jésus nous montre :
quand il passe devant un bureau de collecteurs d’impôt et il appelle un des fonctionnaires, Matthieu. A cette époque, les Juifs qui travaillaient comme collecteurs d’impôt pour les Romains étaient tous des corrompus, des malhonnêtes et détestés par les Juifs qui les considéraient comme des collaborateurs de ceux qui les opprimaient.
Ce brave Matthieu est tellement touché par le geste de Jésus qui ne l’a pas jugé, mais qui, au contraire, a vu qu’il avait en lui un potentiel pour devenir un bon disciple, il est tellement heureux que, non seulement il quitte son travail sur le champ, mais il organise un grand repas chez lui où il invite ses anciens collègues et beaucoup d’autres personnes de réputation douteuse qu’il avait l’habitude de fréquenter.
Et voilà que Jésus s’attable avec eux et dit à ses disciples de venir eux aussi. A cette époque, aller manger chez une personne considérée comme pécheur public était considéré comme un grand scandale. Mais Jésus ne s’en fait pas, il accepte l’invitation de Matthieu. Les Pharisiens sont scandalisés et commencent à critiquer en murmurant. La réponse de Jésus jaillit comme un rayon de lumière « ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs ».
Finalement, c’est nous, l’Eglise, le peuple de Dieu, qui sommes appelés à nous remettre en question et faire notre « mea culpa », pour avoir donné l’impression quelque fois que nous étions un peuple de « purs » et avoir laissé entendre à certains qu’il n’y avait pas de place pour eux dans ce peuple. Ceci s’est produit malheureusement dans le passé, de manière terrible, mais il ne faut pas se boucher les yeux, cela se passe encore aujourd’hui de façon plus subtile. Nous devons sincèrement demander pardon à toutes ces personnes qui ont été blessées, et qui ont beaucoup souffert par notre faute.
Ce n’est pas parce que quelqu’un qui cheminait avec nous a trébuché, est tombé, a fait quelque chose qui objectivement est contre la loi du Christ et de l’Eglise, que nous devons le laisser tout seul sur le bord de la route à se débrouiller comme il peut. Jésus nous dit clairement que nous devons adopter une autre attitude – prendre l’initiative de le rencontrer, soigner ses blessures et l’aider à se relever pour continuer la route avec nous.
Mais que veut dire concrètement accueillir, soutenir nos frères et sœurs divorcés et engagés dans une nouvelle union avec ou sans mariage civil ?
Cela veut dire d’abord les accueillir comme ils sont, gratuitement sans condition, chacun avec son histoire, sa souffrance, ses faiblesses, ses chutes, sa recherche, sa soif. Chaque couple, chaque personne est unique, et l’accueil veut dire une prise en compte de ce caractère unique, un refus de la stigmatisation, une écoute fraternelle, simple, qui soutient et donne du courage pour se remettre en route.
Cela veut dire aussi s’abstenir de se poser en juge parce que nous, nous ne sommes pas au-dessus des autres, nous sommes faibles, nous aussi et nous pouvons nous retrouver nous-mêmes dans des situations analogues.
Accueillir veut dire aussi se laisser interpeller mutuellement comme des frères, des sœurs. Chacun est pécheur à sa façon et chacun a son chemin à faire en se laissant guider par la Parole de Dieu. Souvent l’écoute de frères de de sœurs qui nous partagent ainsi leur histoire, leur situation, nous interpelle et nous renvoie à nos propres faiblesses, à nos propres péchés, et c’est ainsi qu’on peut se soutenir mutuellement sur notre chemin de conversion.
Personnellement j’avoue que je suis toujours touché par les personnes qui s’approchent de la Sainte Table en croisant les mains sur la poitrine. Ils me rappellent ma propre fragilité, le péché qui est en moi, et je me dis quelque fois, est-ce vraiment sincèrement que j’ai dit avant de communier « Seigneur, je ne suis pas digne » ?
Au fond « accueillir » veut dire se retrouver au coude à coude sur le chemin comme des pèlerins qui sont tous pécheurs et dont le seul espoir, la seule sécurité n’est pas son parcours de bonne conduite, mais la miséricorde du Seigneur qui s’est approchée de nous en Jésus et qui nous invite à nous relever et à faire route avec lui.
C’est pourquoi la première étape de l’accueil, c’est de vous inviter, chers frères et sœurs divorcés et dans une nouvelle union, à participer avec d’autres couples à un groupe de pèlerins disposée à faire un chemin ensemble : un chemin de partage simple de son expérience de vie, d’écoute de la Parole, un chemin aussi d’initiation progressive à laisser cette Parole éclairer ma vie, m’interpeller, me convertir ; un chemin où peu à peu, le Seigneur nous guérit, nous transforme et nous donne cette paix, cette joie tranquille dont lui seul a le secret.
La foi en Jésus n’est pas quelque chose de statique, quelque chose qu’on a ou qu’on n’a pas. La foi est toujours un chemin de croissance, vers toujours plus de confiance en lui. Sur ce chemin il y aura bien sûr des hauts et des bas, des moments difficiles, des combats, des renoncements, des décisions délicates à prendre. Mais sur ce chemin on découvre que, peu importe notre point de départ, peu importe le stade où nous sommes rendus, Jésus est toujours là avec une patience incroyable pour nous soutenir et nous accompagner.
Tous, nous sommes sur le même chemin, que nous soyons divorcés ou pas, en règle ou pas en règle ; personne n’est arrivé au but, et personne ne peut se vanter d’avoir un parcours sans faute. C’est pourquoi vous accueillir, chers frères et sœurs divorcés et engagés dans une nouvelle union, non seulement peut vous faire du bien, mais peut aussi faire beaucoup de bien à l’Eglise qui apprend ainsi à se comprendre et à se conduire comme un peuple de pèlerins humbles et fraternels.
Il arrivera sur ce chemin que se posera pour certains la question de savoir s’ils peuvent ou non, recevoir l’Eucharistie et le Sacrement de Réconciliation. A ce sujet, le Pape François nous dit très clairement qu’il ne faut pas s’attendre après le dernier Synode à ce qu’il y ait désormais un règlement nouveau applicable dans tous les cas qui donnerait certaines permissions. Il nous invite plutôt, toujours dans le respect pour chaque couple qui est unique, à nous engager, nous prêtres, accompagnateurs laïcs ou religieux, ainsi que les couples concernés, dans un discernement pastoral sérieux qui porterait uniquement sur le cas particulier de ce couple pour déterminer si dans « ces circonstances concrètes » cela pourrait se faire. Il y a des paramètres à tenir en ligne de compte dans ce discernement et le Pape les développe dans Amoris Laetitia. Mais ce serait trop long à exposer ici. Pour le diocèse, la manière de procéder dans ces cas-là sera la suivante : lorsqu’un couple et son accompagnateur/trice spirituel, après avoir longuement considéré les circonstances particulières de son cas, arrive à la conclusion que ce serait peut-être possible pour eux de recevoir les sacrements, le prêtre ou l’accompagnateur présentera le cas à l’Evêque qui l’examinera avec l’aide d’une petite commission composée de personnes d’expérience. Et nous verrons alors dans chaque cas s’il y a vraiment une possibilité ou non. Cela nous permettra de nous entraider dans l’exercice de ce discernement délicat et d’éviter à la fois une fermeture systématique et des accommodements faciles.
Le Pape recommande que ce discernement se fasse dans le cadre d’un cheminement de foi à l’écoute de la Parole de Dieu comme je l’ai expliqué plus haut. Car alors, il se fera dans la paix et dans une certaine sérénité indépendamment du résultat.
Merci à tous ceux et celles qui sont déjà en chemin.
Merci à ceux et celles qui décideront de se mettre en route
Merci à ceux et celles qui accompagnent déjà des frères et sœurs divorcés ou les accompagneront bientôt
Merci vraiment pour ce chemin que vous faites déjà ou que vous ferez. Vous apporterez beaucoup à l’Eglise, car vous lui permettrez de retrouver une certaine humilité, une fraternité simple et accueillante qui est le propre de notre condition de pèlerins appelés à devenir d’humbles témoin de la miséricorde du Seigneur.
Je suis contente qune telle decision a ete prise car avant nous etions presque rejeter
Mon Dieu … je rends grace a Dieu pour ces parole d’Evangile de notre Eveque qui m’ont fait pleurer..10 ans deja que je suis divorcée et m’etre eloigné de l’eglise mais non de notre DIEU.
Ce soir en lisant ses ce text je me sens revivre et pleins d’esperances .
Merci mon Dieu pour ses apotres que tu mets toujours sur notre route.
Mon Dieu … je rends grace a Dieu pour ces parole d’Evangile de notre Eveque qui m’ont fait pleurer..10 ans deja que je suis divorcée et m’etre eloigné de l’eglise mais non de notre DIEU.
Ce soir en lisant ses ce text je me sens revivre et pleins d’esperances .
Merci mon Dieu pour ses apotres que tu mets toujours sur notre route.
Quel beau texte pour expliquer ce que veut dire Amoris Laetitia dans nos diocèses. C’est clair, c’est sérieux. Personne laissé seul sur la route, pas d’accomodements faciles. Merci
je vis séparée depuis 2014 mais je reste vivante car je pense toujours à Dieu. c’est lui mon ancre. je suis encore dans beaucoup de soucis: matériels, mais cela n’a pas d’importance. je suis avec mes enfants et ce sont eux mes bouées de sauvetage. L’Amour des enfants c’est cela qui compte. Merci mon Dieu pour les épreuves que je traverse, aide moi à les supporter. Fait que je ne baisse pas les bras. Le désespoir parfois est là mais je reste forte grâce à toi.