Notre monde est violent. La violence éclate sous diverses formes. Elle secoue et ébranle les personnes, les familles, les groupes, les peuples. L’Eglise elle-même n’échappe pas à ce fléau. Tous les humains sont marqués par des blessures profondes causées par des violences subies et transmises. Il existe des situations qui ne sont pas qualifiées comme « violence », mais qui ne le sont pas moins, par exemple la non-considération ou le mépris d’un groupe culturel différent du nôtre, les exclusions produites par le système économique ou éducatif. Malgré toutes ces violences, il existe une grande aspiration à la paix. Nos sociétés insulaires ont déjà bien évolué. Il reste encore du chemin à faire pour améliorer le vivre ensemble dans chaque île et entre nos îles. Le bon chemin déjà parcouru est le gage d’une meilleure trajectoire pour l’avenir.
Nous ne pouvons pas éliminer la violence par la violence. La violence ne peut qu’engendrer la violence. Le pape François, dans son message du 1er janvier 2017 pour le 50e journée mondiale de la paix, invite à adopter la non-violence active « comme style de vie, comme style d’une politique de paix » à travers nos comportements, nos décisions, nos relations, nos actions. Tous les humains aspirent à la paix. Pas seulement à l’absence de guerre, mais ils souhaitent pouvoir disposer de moyens de vivre dans une harmonie qui permet la réalisation du bien commun. Finalement, tout le monde est orienté vers le bonheur avec l’amour, la justice et la vérité. « C’est de ce fond commun de bienveillance qu’il va falloir partir pour apprendre la communication non-violente (CNV) pour persévérer à la réalisation de la paix » nous dit un délégué à la CEDOI. « Jésus, doux et humble de cœur » nous appelle à la conversion.
L’amour n’est pas aimé. Il y a trop de coups, de meurtres, de déchirures, de souffrances, de larmes. Nous, évêques, avec nos vicaires généraux, nous avons été émus et interpellés par les témoignages des dix-huit délégués venus de toute l’Indianocéanie. Nous les remercions pour l’apport du terrain avec les expériences vécues personnellement. Nous avons aussi évoqué les souffrances du peuple chagossien chassé de leurs îles et privé de son droit de retour. Cette question est au cœur de la problématique de l’« océan indien zone de paix ». Il nous faut tous nous engager à construire la paix avec nos langages, nos désirs et notre volonté de paix. La paix est un don de Dieu, une grâce intérieure qui nous apporte la lumière et la force pour faire chanter la vie sur un air de paix, sur un air de résurrection. Soyons bien convaincus que Jésus est le « Prince de la paix ». Il est la paix. Il nous donne la paix, non pas à la manière du monde, mais dans la relation à Dieu notre Père, aux autres, dans le souffle de l’Esprit Saint. L’Esprit Saint qui sanctifie, qui libère de la peur et de toutes les peurs. Nous sommes invités à accueillir le Christ pour accueillir la paix. La paix du cœur, paix des relations, paix de la société, paix entre les peuples, paix en Indianocéanie, paix dans tout l’océan indien, paix dans le monde.
« Vive lumière sur les îles, Bonne Nouvelle au cœur des pauvres,
Vive lumière sur les îles, Bonne Nouvelle dans nos cœurs ! »
La foi chrétienne vécue et proposée à nos peuples est un élément de dynamisation et de pacification au bénéfice de tous.
Les cultures de nos îles indianocéaniennes (l’archipel des Comores, Madagascar, île Maurice, Rodrigues, Seychelles, La Réunion) comportent aussi des dimensions spirituelles et religieuses qui constituent « la religion populaire ». Cette « religion populaire » est marquée par l’héritage de coutumes et de croyances venues de Madagascar, de l’Afrique, de l’Europe, de l’Inde et de l’Asie. Ces coutumes et croyances ont intégré certains éléments du christianisme. D’autres filons religieux connaissent aussi des phénomènes de « religion populaire ». Tous nous avons à faire dialoguer la foi et l’anthropologie dans nos expériences spirituelles pour un authentique dialogue interreligieux.
L’avenir des jeunes est pour nous évêques une préoccupation majeure. Il ne s’agit pas pour nous de les formater, de les faire entrer dans des schémas du passé. Ils sont interconnectés. Ils vivent dans l’instantanéité et dans la communication permanente. Ils ne supportent pas l’injustice et sont prêts à se mobiliser pour de grandes causes si nous faisons appel à eux. Avant toute chose, nous avons à les aimer, à les écouter, à être avec eux, à les comprendre sans juger, à découvrir leurs talents, à les aider dans leurs choix et dans la réalisation d’un chemin de vie qui sera aussi leur chemin de bonheur. L’Eglise tient compte de cette planète des jeunes qui change rapidement. Aussi, nous voulons vous aider, vous les jeunes, à vous préparer du mieux possible à votre avenir. Nous vous proposons de participer, d’une manière ou d’une autre, aux journées mondiales de la jeunesse de 2019 soit à Panama, soit dans votre île, soit dans des JMJ inter-îles.
Notre attitude ouverte vis-à-vis des jeunes exigent de mettre sur pieds une pastorale vocationnelle d’ensemble. Elle devra décloisonner les groupes de jeunes, permettre leur rencontre pour les aider à faire des choix personnels, pour qu’ils réalisent leur propre discernement, leur manière personnalisée de répondre à l’appel du Christ. Cela suppose aussi un accompagnement lui-même personnalisé et régulier. Ceux qui pensent à un projet sacerdotal ou à la vie religieuse doivent bénéficier, selon les possibilités de leur diocèse respectif, d’une « phase propédeutique ». Il s’agit alors de les aider à relire leur vie, à découvrir leur peuple, à l’aimer, à le servir, à le conduire à « Dieu premier servi », à servir leurs frères. A ces conditions, les mouvements et les groupes de jeunes deviendront aussi une pépinière de vocations. Pastorale des jeunes, pastorale des vocations, aumônerie des collèges, des lycées, des universités doivent travailler ensemble dans une même dynamique au service des jeunes et de la mission de l’Eglise. Les orientations et la phase propédeutique, en respectant les spécificités de chaque Eglise, doivent être communes à toutes nos équipes chargées de la pastorale vocationnelle.
Voilà les points essentiels abordés par la CEDOI 2017. Ils seront repris dans nos Eglises respectives par les diverses communautés de fidèles pour une appropriation circonstanciée. Nous tenons à remercier tous les participants, en particulier son Excellence Mgr Paolo Gualtieri, nonce à Antananarivo, accompagné par le nouveau collaborateur de la nonciature Mgr José Martínez Franco, le père Jordi Bertomeu Farnós, officier de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF) à Rome. Ce dernier a présenté le devoir pour l’Eglise de prévenir et de traiter de façon adéquate les abus sexuels sur mineurs. Nous avons accueilli aussi Mgr Benjamin Ramaroson, archevêque de Antsiranana, qui nous a exposé la situation socio-économique, politique et ecclésiale de Madagascar.
Nos réflexions pendant ce temps de CEDOI 2017 se sont réalisées en deux séquences :
- l’Avant-CEDOI avec les délégués de toutes les îles de l’Indianocéanie, du samedi 26 juillet au mercredi 30.
- L’assemblée plénière avec les évêques, les vicaires généraux et les experts, du 31 août au 4 septembre.
La prochaine CEDOI se tiendra à Mayotte du 31 juillet au 9 août 2018. Cette 32e assemblée plénière aura pour thème : « Les jeunes et les vocations », en communion avec le synode sur ce même thème qui se tiendra à Rome en octobre 2018.
Le 4 septembre 2017, le Beauvoir, la Misère, Seychelles
Son Eminence S.E. Mgr Alain Harel
Cardinal Maurice E. Piat Vice-Président de la CEDOI
Evêque de Port-Louis Vicaire Apostolique
Ile Maurice Saint-Gabriel
Rodrigues
S.E. Mgr Gilbert Aubry S.E. Mgr Charles Mahuza Yava
Président de la CEDOI Vicaire Apostolique
Evêque de Saint-Denis Archipel des Comores
La Réunion
S.E. Mgr. Denis Wiehe
Evêque de Port-Victoria
Les Seychelles
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