La commission Diocésaine du Tourisme fête aujourd’hui ses 30 ans d’existence. Depuis la première messe que le Cardinal Margeot avait célébrée à l’hôtel Touessrok en 1987 la Commission Diocésaine a continué de se développer et à se mettre au service de tous ceux et celles qui sont engagés dans le monde du tourisme.
- Pourquoi cette Commission Diocésaine ? Son rôle, sa mission
Parce que nous sommes convaincus que la mission de l’Eglise est de se mettre au service de notre pays. Après avoir été élevé par le pape François au rang de Cardinal, Monseigneur Maurice Piat, à son retour au pays, avait affirmé qu’il mettait son cardinalat au service de tous les mauriciens. Dans la droite ligne de cette déclaration, il est bon de rappeler que l’Eglise n’est pas établie pour elle-même mais qu’elle est faite pour servir l’homme et l’accompagner dans son cheminement sur la terre. Le pape Jean Paul II exprimait cette orientation dans une phrase devenue célèbre : « L’homme est la première route que l’Eglise doit parcourir en accomplissant sa mission. L’homme est la première route et la route fondamentale de l’Eglise ».
La vocation de la Commission Diocésaine du Tourisme est donc d’essayer de comprendre ce que vivent les personnes qui travaillent dans le tourisme. Nous voulons chercher à découvrir quelles sont les potentialités d’épanouissement humain qu’il y a dans le tourisme. Nous voulons apporter notre contribution pour que le tourisme serve avant tout à la promotion de l’homme mauricien et au développement intégral du pays. Comme le disait le Cardinal Margeot dans sa lettre pastorale de carême 1991 : « Le tourisme est une chance à ne pas perdre ».
- Initiatives de la Commission Diocésaine depuis sa fondation
Parmi les initiatives prises par la Commission Diocésaine pendant ces 30 dernières années, l’une des plus importantes est sans doute ce Code d’éthique du Tourisme que nous avons élaboré en 2004 avec la contribution des personnes qui vivent quotidiennement sur le terrain avec les touristes. Dans ce Code d’éthique du Tourisme nous insistons beaucoup sur toutes les dimensions de la rencontre humaine ; et au cœur de cette rencontre entre nous et nos visiteurs il y a le respect de l’autre. C’est pourquoi en ce 30ème anniversaire de notre fondation nous avons voulu souligner spécialement les dimensions de la Rencontre et du Respect de l’autre rejoignant ainsi la préoccupation actuelle d’autres responsables de ce domaine au sein de la MTPA et de l’AHRIM. D’ailleurs la MTPA a adopté le Code d’éthique en 2011.
Comment ne pas mentionner aussi l’organisation de la rencontre de la diaspora mauricienne « Pa blie nou rasynn » à l’auditorium de l’Université de Maurice en juillet 2006.
- L’accueil du voyageur dans le respect est un des piliers de la réussite du tourisme
Au-delà des considérations économiques, au-delà de la croissance mesurée par les statistiques, il y a dans le tourisme la rencontre qui transforme les personnes. Pour illustrer ce changement, cette transformation qui touche le touriste pendant son voyage à Maurice et à Rodrigues, j’ai recueilli quelques témoignages qui nous font comprendre à quel point la richesse de notre tourisme ne se trouve pas seulement dans la beauté de la nature, dans nos plages, nos lagons et nos montagnes, mais dans la qualité de l’hospitalité.
(i) Je vous cite d’abord un extrait de la lettre que Andy William de passage dans notre pays a écrit récemment à la Direction d’un hôtel du nord de l’île :
« One of the best fortnights of our lives. You cannot fault any aspect of this hotel.
Everything and everyone who works here will make you sad to leave and be counting the days until you can return. Truly a little piece of paradise nesting in the Indian Ocean. If I’m asked on my death bed to take the last holiday it would be here – where I would happily and contentedly draw my last breath.”
C’est en nous basant sur ce témoignage que nous avons choisi comme lecture biblique pour aujourd’hui l’histoire de Ruth, la femme étrangère qui, ayant été si bien reçue dans un autre pays, a choisi après la mort de ses proches de ne pas retourner dans son pays d’origine.
(ii) Pour illustrer la qualité d’accueil que les touristes rencontrent dans les hôtels, permettez-moi de vous rappeler l’histoire de ce voyageur de commerce qui avait fréquenté les hôtels de tous les continents. Tous les soirs en arrivant dans sa chambre d’hôtel, il avait l’habitude de mettre sur sa table de nuit la photo de son enfant tragiquement disparu. Quelle ne fut pas sa surprise au lendemain de sa première nuit à l’île Maurice de voir une petite fleur des champs délicatement posée devant la photo. Profondément bouleversé par ce geste spontané de la femme de chambre, il disait à qui voulait l’entendre que c’était seulement à l’île Maurice qu’un membre du personnel d’un hôtel avait compris l’importance de cette photo pour lui et avait eu envers lui ce geste d’une si grande délicatesse.
(iii) C’est encore le témoignage de ce marchand ambulant qui, en vendant ses ananas sur la plage, avait établi de tels liens d’amitié avec une famille française de passage que celle-ci, pour célébrer leur amitié, l’ont invité à se rendre en visite chez eux en Normandie pour gouter leur cidre et leur camembert. Passer des ananas mauriciens au cidre et au camembert français, voilà comment s’illustre ce vieil adage des grecs d’autrefois en voyage à l’étranger : « Ta différence m’enrichit ».
(iv) J’ai aussi le témoignage de ce chauffeur de taxi qui, après avoir conduit et guidé des touristes pendant une semaine, les a invités chez lui dans sa famille pour un repas typiquement mauricien. En gratuité bien sûr !
(v) Aussi cette observation écrite d’une femme mauricienne qui disait à ses amis qu’elle avait décidé de partir en vacances à Rodrigues avec son mari et ses enfants. « Des amis nous disaient : ‘Quoi vous êtes fous ! Aller en vacances avec des enfants ?’ En fait nos amis se trompaient car nous sommes revenus de Rodrigues ayant découvert nos enfants autrement. Rodrigues, en nous forçant à vivre à un autre rythme, nous a aidés à changer notre regard sur notre vie familiale. Nous avons été obligés de relativiser notre confort. Nous avons découvert une vie plus simple, moins envahie par les contraintes sociales. Bref nous sommes revenus de Rodrigues deux fois plus sereins qu’après d’autres vacances beaucoup plus loin à l’étranger. »
- Pour maintenir la qualité d’hospitalité, l’importance de la formation
Au niveau de la Commission Diocésaine du Tourisme c’est cette qualité de rencontre dans le respect mutuel que nous voulons encourager. C’est ainsi qu’au début de l’année nous avons, en collaboration avec l’Ecole Hôtelière Sir Gaëtan Duval et l’Institut Cardinal Jean Margeot, organisé des cours de formation pour les élèves dans un domaine spécifique qui est celui de la formation à l’écoute et à l’estime de soi-même.
- Renouveler notre manière d’accueillir en proposant des pèlerinages religieux
Quand je relis la lettre pastorale de carême de 1991 je vois qu’il y a une dimension dans le tourisme qui est mentionnée mais que nous n’avons pas encore suffisamment développé, c’est celle des pèlerinages. Les Mauriciens vont beaucoup en pèlerinages, nos frères musulmans à la Mecque, nos frères hindous aux sources du Gange, nos frères catholiques en Israël et dans les sanctuaires mariaux de Lourdes, de Fatima et de Medjugorje. Et pourquoi ne pas développer le pèlerinage religieux à l’île Maurice ? Déjà avec la MTPA la Commission Diocésaine avait organisé et proposé une visite dans Port Louis des différents espaces religieux qui existent tout près les uns des autres. Rien que dans la ville de Port Louis nous avons en l’espace de quelques kilomètres la possibilité de rencontrer les grandes religions du monde : l’hindouisme, le christianisme dans ses différentes composantes (catholique, anglicane et presbytérienne), l’islam, la foi bahaïe.
En ce 30ème anniversaire de notre Commission, je suis heureux de pouvoir en notre nom à tous remercier Mme Monique Dinan, Mme Marie David Malié, et leurs collaborateurs, qui ont élaboré un programme de pèlerinage dans notre île Maurice plurielle et pluri religieuse. Dans un premier temps nous avons invité les Agents de voyage à faire l’expérience de notre pèlerinage religieux. Comme le rappelait le pape Jean Paul II « Il existe depuis l’Antiquité une forme particulière du tourisme qui consiste à prendre la route des pèlerinages. Il est bon que les hommes de toutes religions éprouvent en quelque sorte physiquement qu’ils sont tous nomades sur cette terre, qu’ils peuvent partir, se rendre libres, pour rechercher les réalités d’en haut. » (Col 3,1).
Le pèlerinage religieux peut contribuer à une rencontre réussie avec Dieu, à une meilleure compréhension du sens de la vie humaine.
La prise de conscience du fait que nous sommes des nomades sur cette terre rejoint pour nous chrétiens la vie de Jésus qui, comme l’illustre l’évangile d’aujourd’hui, refusait de rester confiné dans une région de son pays mais parcourait les villes et les villages à la rencontre de toutes ces personnes qui s’appellent la Samaritaine, Zachée, Marie Madeleine, l’aveugle né, et bien d’autres encore. L’évangile recense environ 12 de ces rencontres de Jésus. Rencontres avec Jésus, d’hommes et de femmes venus d’horizons très divers, éloignés souvent de la « juste foi » ou socialement aux marges de la société de l’époque. Chaque fois une relation s’instaure faite de paroles, de gestes, d’émotions et de sentiments. Et de chacune de ces rencontres, nul ne sort indemne, mais transformé, dans son corps, dans sa vie, dans sa foi.
Nous souhaitons que notre rencontre d’aujourd’hui soit dans le droit fil de ces rencontres de Jésus et qu’elle soit une vraie source de bonheur, de partage, dans le respect de la différence. Au nom de la Commission je vous souhaite une très belle journée mondiale du Tourisme.
une homélie digne de Père Goupille , tout est dit et circoncis .merci à lui.