Depuis longtemps, Mgr Margéot avait émis le souhait d’implanter une école technique à Maurice. Il s’adressa aux frères de St-Gabriel de l’Inde puis de France. Arrivé à Port-Louis le 15 août 1972, le Frère Joseph Aubret alla de bureau en bureau, d’usine en usine, pendant des mois, pour faire admettre le principe de cette école, une nouveauté pour le pays. Autorisée par le gouvernement mauricien en janvier 1974, elle ouvrit enfin le 10 septembre dans des locaux de la rue Pope Hennessy et ne s’installera qu’un an plus tard dans les locaux à 200 m de l’église Sainte-Croix.
Le bon démarrage du « Collège Technique Saint-Gabriel » est redevable aux 3 frères de l’Ecole Technique de Majunga, les frères André Cougnaud, Gilbert Ardon et Dominique Boissière, contraints de quitter Madagascar par les exigences du nouveau régime et qui arrivèrent donc à Maurice avec leur vingt ans d’expérience, leur compétence mais aussi avec leurs machines. Très vite, des jeunes purent ainsi s’initier à la mécanique générale et au travail du bois. Le financement de la Hollande aida à la construction des bâtiments et le secteur industriel mauricien– l’industrie sucrière principalement – qui avait longtemps souhaité pouvoir recruter des travailleurs à ce niveau, montra aussitôt de l’intérêt pour ce projet.
Les Forges Tardieu, les compagnies sucrières et d’autres firmes prirent en charge les frais de scolarité et de transport. Ainsi va naitre un processus original et innovant : le parrainage : les grosses firmes présentent des candidats qu’ils ont choisis parmi les familles de leurs ouvriers. Après une sélection, ils reçoivent une bourse de l’entreprise qui les a parrainés. Un contrat est signé entre l’entreprise et chaque élève, et, au sortir de la formation un emploi dans l’entreprise est proposé. Le Collège Technique Saint-Gabriel s’est appuyé sur le système français pour préparer de bons ouvriers qualifiés. Chaque jour l’élève effectuait près de 2 heures de formation pratique sans oublier la culture générale dont tout travailleur a besoin. Durant les vacances il devait faire 4 à 6 semaines de pratique dans les ateliers de production. C’est là-dessus que le collège technique Saint-Gabriel va faire la différence : à la fin de leur cursus les jeunes peuvent lire un plan de pièce, faire des calculs industriels et maitriser la technologie de leur métier. Ce ne sont plus des manœuvres mais des ouvriers qualifiés. Et même si le diplôme final n’est pas reconnu par le système éducatif mauricien, un comité d’examen constitué d’ingénieurs ou de conseillers techniques surveillent et corrigent les épreuves et, de ce fait, reconnaissent, de facto, le certificat délivré par l’établissement. Que de jeunes mauriciens ont ainsi pu se réaliser en quittant un système éducatif où ils n’étaient pas heureux pour opter pour une formation technique. Le Collège Technique Saint-Gabriel deviendra ainsi petit à petit une famille où les frères, les premiers maîtres laïcs et les élèves s’unissent dans les difficultés. C’est un lieu où l’on réhabilitera la noblesse du travail manuel. C’est un lieu où les meilleurs élèves recevront une formation d’éducateur qui leur permettra de prendre la relève.
Mais une des clefs de la réussite du Collège Technique Saint-Gabriel a été de s’adapter sans cesse à son époque.
Une première adaptation fut l’ouverture de nouvelles formations. Sous l’impulsion du f Roger Le Pimpec, la section automobile vit le jour. Plus tard, le tissu industriel évoluant, et surtout pour répondre aux besoins des usines de la zone France, l’Ile Maurice eut besoin d’électroniciens et le Collège technique répondit à ce besoin en lançant une formation de BEP Electronique.
Une seconde adaptation fut l’arrivée de jeunes coopérants techniques français, qui enrichirent l’enseignement donné de leur savoir et de leurs compétences.
Enfin, une troisième adaptation fut la collaboration du Collège Technique de Port-Louis avec des Lycées techniques en France. Grâce à leur aide, l’établissement put recevoir des équipements dernier cri. De plus, plusieurs lycées d’enseignement professionnels français contribuèrent à la formation permanente
En 1994, les frères de Saint-Gabriel quittèrent le collège technique Saint-Gabriel après avoir formé plus de 700 techniciens en mécanique générale, en mécanique automobile et en électronique. Durant 20 ans, avec l’équipe des professeurs mauriciens et des coopérants français, ils s’étaient efforcés de concrétiser la devise de l’établissement qui est toujours : « FORMER – QUALIFIER – ÉDUQUER »
Christian Bizon (ancien directeur du CTSG (1988-1994)
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