Qu’avons-nous fait de notre arbre à vocations ? Que sont devenus les arbres que nous avons plantés ? En 2007, lors d’une Marche pour les Vocations, chaque communauté chrétienne paroissiale recevait symboliquement des mains de notre évêque un arbre à vocations à planter, à faire grandir dans nos paroisses, à nourrir et à arroser. Avons-nous pris soin de notre arbre à vocations ? Qu’avons-nous fait de l’appel à prendre soin des vocations dans notre Église diocésaine ?Entre 2007 et aujourd’hui, la vie de l’Église à Maurice a été transformée : la mise sur pied des EAP (Équipes d’animation pastorale) est l’expression d’une Église où les laïcs portent avec les prêtres la mission de l’Église ; les formations chrétiennes pour les adultes (ZVZ et RJM) ont permis à des hommes et des femmes de faire un chemin de rencontre avec le Christ et de se mettre au service de l’Église ; les différentes formations spirituelles dispensées soutiennent la vie de foi des chrétiens qui font une expérience unique de la rencontre avec Jésus-Christ ; la mise œuvre du projet Kleopas met notre Église sur le chemin de la nouvelle évangélisation dans une société en mutation ; la redynamisation de l’autofinancement diocésain est le support de cette mission renouvelée de notre Église diocésaine. La moisson est donc abondante, mais les ouvriers restent peu nombreux.
Ces semences de vie qui bourgeonnent ne devraient pas éclipser la réalité de notre Église diocésaine : la pyramide des âges de nos prêtres qui est inquiétante ; la diminution des prêtres ; le peu de jeunes qui se présentent aux portes du Service des Vocations et des noviciats ; la fermeture de notre séminaire. Ajouté à cela, les scandales qui impliquent le clergé et les religieux. Tout cela nous rappelle que nous sommes appelés à prendre soin de notre arbre à vocations. Prendre soin et cultiver l’appel.
Cultiver l’appel
Cela ne sert à rien de rester avec le souvenir d’une Église du passé avec un nombre florissant de prêtres, de religieux et religieuses. Une page se tourne dans la vie de l’Église. Soyons lucides. Cela ne sert à rien de tomber dans le pessimisme et le désespoir. Il nous faut, face à la réalité dure et éprouvante et prendre résolument, à la manière de Jésus, la route. C’est à nous de nous donner des moyens pour cultiver l’appel dans notre diocèse. La terre n’est pas morte ; elle est seulement desséchée. Cultiver l’appel : nous pouvons le faire en nous donner des moyens :
- En osant appeler
Osons-nous encore appeler ? Il semblerait que devant les situations difficiles décrites plus haut, nous ayons pris le parti de baisser les bras. À force de parler du manque de prêtres, ne sommes-nous pas en train de cultiver la désespérance ? Croyons-nous que des jeunes peuvent aujourd’hui être ouverts à la question d’être prêtre, religieux/se ? Nous avons associé sans le réaliser le mot « crise » au mot « vocation ». Ce qui nous fait avoir vis-à-vis des jeunes un sentiment de gêne, de retenue voire de honte de parler de vocations. Osons proposer la suite du Christ à un jeune… Il ne nous faut pas renoncer à proposer la « vocation » à nos jeunes.
- En interpellant
Appeler, c’est oser interpeller. Dans l’Évangile, Jésus interpelle : « Viens, suis-moi. » « Quitte ton père et ta mère, toi, viens, suis-moi. » Jean-Baptiste montre à ses disciples le Christ : « Voici l’Agneau de Dieu. » C’est une manière d’interpeller. Sans appel, il n’y a pas de réponse, mais pour répondre à l’appel, faut-il encore l’entendre ! Si nous voulons que les jeunes entendent l’appel à suivre le Christ, il nous faut oser poser à un jeune la question du sens qu’il veut donner à sa vie, leur proposer de faire une expérience du Christ comme une personne qui peut être source de joie et de bonheur pour eux. Il nous faut donner aux jeunes la possibilité de réfléchir à l’idéal de leurs vies. Ce n’est pas notre rôle de répondre mais c’est notre devoir de poser la question. C’est au jeune qui a été interpellé de réfléchir, de prier, de discerner et de répondre affirmativement ou négativement. L’interpellation est nécessaire pour amener un jeune à faire un choix de vie,
à prendre une décision.
- En osant proposer
« Maître, où demeures-tu ? » « Venez et voyez. » Interpeller, c’est aussi oser proposer l’appel à suivre le Christ. Oser appeler en vue d’une mission : faire des disciples. Jésus appelle Pierre, André au bord du lac pour qu’ils deviennent pêcheurs d’hommes. Oser appeler des jeunes aujourd’hui à devenir des pêcheurs d’hommes. Telle est notre responsabilité. Nous avons parfois peur de proposer au nom du respect de la liberté. Jésus ose proposer et laisse libre. Il ose proposer aux disciples de Jean Le Baptiste de faire une expérience d’être avec lui : « Venez et voyez. » Jésus ose proposer à aux disciples de faire d’eux des pêcheurs d’hommes. Oser proposer nous invite à faire confiance, à poser un acte de foi. Ce n’est pas nous qui appelons. C’est Dieu. Mais Dieu a besoin de passer aussi par nous pour faire entende son appel.
- En prenant soin
C’est la figure du Bon Berger qui nous est donné à contempler en ce dimanche pour les Vocations. Le bon berger prend soin. Le bon berger s’occupe de ses brebis. Jésus prend soin de Matthieu qui est à sa table de collecteur d’impôt en l’appelant à se mettre au service de Royaume. Jésus, après la résurrection, prend soin de Pierre en le faisant confiance à nouveau en le confiant son troupeau.
Nous tous, en vertu de notre baptême, sommes capables de prendre soin des uns et des autres et nous être bon berger les uns envers les autres. Nos communautés chrétiennes paroissiales sont aussi appelées à prendre soin des vocations et cultiver l’appel. L’affaire des vocations ne devrait pas être la préoccupation uniquement d’un service des vocations mais de toutes nos communautés. C’est en famille que naissent les vocations. C’est en famille que l’on apprend à prier, à marcher sur le chemin de la foi. C’est aussi au sein de la famille paroissiale que nos jeunes font leurs premières expériences d’une vie d’Église. Jésus, après la résurrection, au bord du lac, invite Pierre à prendre soin de ses brebis.
- En priant et en gardant l’espérance
« Priez le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers. » Le cultivateur sait que ce qu’il sème ne poussera pas tout de suite. Il lui faut être patient et garder l’espérance. Prier pour les vocations est un acte d’espérance à faire. Prier est une démarche de foi dans l’action du Seigneur. Il nous faut aussi inviter nos communautés chrétiennes à prier de manière constante pour les vocations. Il ne nous faut pas prier dans uniquement dans l’urgence.
- En se donnant les moyens pour faire grandir l’appel : Nourrir et arroser
Qu’avons-nous fait de notre arbre à vocations ? Que sont devenus les arbres que nous avons plantés ? Dans ma paroisse, je ne vois pas d’arbre à vocations. Nous poser la question de ce que sont devenus nos arbres à vocations symboliquement remis en 2007, c’est au fait nous poser la question du comment avons-nous entretenu les vocations dans nos communautés chrétiennes ?
Pour faire grandir l’appel dans le cœur des jeunes, il nous faire aussi dans le quotidien nourrir cet appel qu’un jeune entend. Des structures dans le diocèse aident à cela. Mais nos communautés sont appelées à se donner les moyens pour arroser notre arbre à vocations ; arracher ce qui étouffe les vocations de pousser ; travailler la terre que sont nos familles, nos paroisses.
Père Georgy Kenny
Laisser un commentaire