Le premier chapitre de la Lettre pastorale du Cardinal Piat aborde le thème de la miséricorde en famille. Oui, la miséricorde se vit en famille… Dans les couples qui en font l’effort, comme nous le montre le Père Coosnapen. Pour Marie-Claire qui soutient son fils toxicomane et séropositif
Le Père Eddy Coosnapen : « S’unir, dans le bonheur comme dans les épreuves »
Dans la Lettre pastorale du Cardinal, Cultiver la miséricorde, le premier chapitre invite à une réflexion sur la famille. Ce, en mettant l’accent sur les jeunes et leur désir de fonder une famille. Le Père Eddy Coosnapen, aumônier de Marriage
Encounter, explique pourquoi certains jeunes rêvent du mariage, alors que d’autres s’y intéressent moins.
Le Cardinal, dans sa Lettre pastorale, affirme que les jeunes ont soif d’un amour stable, fidèle et fécond ? Qu’en pensez-vous ?
Les couples que nous rencontrons, même s’ils sont moins nombreux ces dernières années, manifestent un réel plaisir à vivre ces trois dimensions du mariage. D’abord, celui ou celle qui veut se marier souhaite que son mariage soit stable et dure. Cela donne du sens à son engagement.La fidélité est, elle, l’essence même du mariage. En d’autres mots, on est capable d’être l’un à l’autre tous les jours de sa vie, sans tromper son conjoint. Cette fidélité est essentielle, car elle est la base même de la confiance. Si on n’arrive pas à être fidèle, mieux vaut ne pas se marier. Un mariage heureux, c’est aussi un mariage fécond, avec des enfants. La fécondité est le propre de Dieu qui nous enjoint de croître et de nous multiplier. Donc, avoir un enfant, c’est un cadeau de Dieu, l’enfant de l’amour des conjoints. Et année après année, il sera le signe visible de cet amour.En résumé, tout couple qui souhaite se marier doit intégrer ces trois dimensions.
Pourtant, nombre de jeunes hésitent à se passer la bague au doigt… Pourquoi cela ?
Les raisons sont multiples. D’abord, on a aujourd’hui du mal à s’engager dans la durée. On a peur de tomber, de faire confiance et quand on voit le nombre de divorces, c’est parfois décourageant. Ensuite, il y a l’aspect financier. Beaucoup de couples ne se marient pas, faute de moyens, car il faut bien trouver des ressources pour nourrir une famille.
Je crois, par ailleurs, qu’il y a aujourd’hui une conception un peu plus large. Auparavant, le schéma de vie était : études, travail, mariage et une belle maison. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, les jeunes veulent attendre, et ce, pour diverses raisons, profiter de la vie ou assurer leur carrière professionnelle, par exemple. Trouver la personne idéale prend du temps.
Les choses étaient différentes auparavant car le tissu social portait le couple et se séparer n’était pas concevable, c’était mal vu. Aujourd’hui, c’est devenu tellement banal que chacun fait ce qu’il veut de sa vie et le tissu social s’est fragilisé au fil du temps. Lorsqu’on voit des parents qui ne vivent plus les valeurs du mariage, cela n’incite pas leurs enfants à aller plus loin.
Un mariage réussi est le fruit d’un apprentissage de plusieurs années. Comment aider les jeunes à s’y préparer ?
Il n’y a pas de recette magique. On ne peut pas dire, tu passes par tel circuit et c’est dans la poche. Il y a également une question de personne. Je dirais que tout le monde peut se marier, mais tout le monde n’est pas fait pour le mariage. Je crois que chacun, dans son histoire, aurait voulu avoir l’épouse ou le conjoint idéal.Dans les lieux de formation, le travail sur l’estime de soi, une réflexion sur sa personne permettent de mieux se connaître et se comprendre avant de s’engager. Il y a aujourd’hui des possibilités pour voir où untel en est dans sa vie affective.Dans le cadre de Kleopas, il faudrait accompagner les jeunes filles et les garçons séparément. Pour qu’ils se connaissent d’abord avant même de s’engager.
L’autre volet serait, dans la catéchèse, d’expliquer ce qu’est le mariage. La société en dit mille choses, mais qu’est-ce vraiment qu’un mariage religieux ? Nous revoyons les formations offertes pour nous adapter aux jeunes d’aujourd’hui.
Ne fallait-il pas un cours destiné aux jeunes avant même le CPM ?
Je crois qu’on a loupé quelque chose. On voit un garçon ou une fille qui, une fois sa première communion terminée, disparaît. On le verra peut-être à la messe de temps en temps et il ou elle fera la catéchèse dans son collège. Puis, c’est le vide… avant de le ou la retrouver au CPM s’il ou elle a décidé de se marier à l’église. Je me dis qu’il faut préparer nos jeunes et les aider à avancer pour qu’ils arrivent au mariage, en sachant ce que c’est
et en étant prêts à s’engager.Car il existe une méconnaissance totale. Je vois beaucoup de jeunes qui n’ont aucune notion du mariage car ils ont arrêté la pratique. Quand on demande s’ils vont à la messe, ils ne se souviennent pas de la dernière fois où ils l’ont fait.
Idem pour le sacrement de la réconciliation… leur dernière confession remonte à la confirmation. Parfois même, ils arrivent et ne connaissent pas mon nom ! Ils souhaitent seulement se marier à l’église, ce qui est différent du sacrement du mariage.
Propos recueillis par Christopher Sainte-Marie
Témoignage
Malgré la drogue, le sida… mon fils tu resteras
Dès la naissance, Bruno n’a pas eu de chance, ayant perdu son père avant de voir le jour. Tombé dans la drogue très tôt, le jeune homme devient séropositif. C’est grâce au soutien indéfectible de sa mère, Marie-Claire, qu’il a changé. Cette mère-courage témoigne..
Bruno était un bon fils. Il était même enfant de cœur avec Sœur Maryline à St-Jean. Il faisait des randonnés avec le Père Jean-Luc Rencker », explique Marie-Claire. C’est ainsi que cette maman de 64 ans se souvient de l’enfance de son fils, aujourd’hui toxicomane et séropositif.Si au niveau de sa paroisse, Bruno était un enfant assidu, tel n’était pas le cas à l’école. La raison que Marie-Claire avance, est que si ses quatre autres enfants ont pu côtoyer leur père, Bruno 35 ans aujourd’hui, n’a pas eu cette chance. Son papa est décédé alors que Maryline alors était enceinte de lui.
Pour pallier à ce manque, Marie-Claire entreprend des thérapies avec son fils… en vain. L’absence du père sera un gouffre sentimental pour le jeune homme. « Un jour, Bruno a fait un partage dans un groupe en disant que tout le monde a pu dire ‘papa’ alors que lui n’a jamais eu cette chance », lâche Marie-Claire, les larmes aux yeux. Malgré les difficultés, c’est grâce au soutien de sa belle-famille que Marie-Claire a pu grandir son fils.Hélas, d’autres évènements vont bouleverser le jeune homme et l’amener à fréquenter des personnes peu recommandables.
Aider à s’en sortir
Premier choc : un soir, son cousin dont il était très proche, décède après une nuit dans une boîte de nuit. Pour ne rien arranger, la jeune fille avec laquelle il sortait était enceinte de lui mais… sans lui souffler mot de sa condition. Des évènements qui affecteront particulièrement le jeune homme. « Ce que j’ai appris, c’est qu’à cette époque-là, il fumait déjà des joints », explique Marie-Claire. À partir de l’an 2000 les choses se corsent pour Bruno et sa mère. « J’ai déménagé quatorze fois à cause de lui. Je suis même allée vivre dans une maison isolée, au milieu d’un champ de cannes à Montagne-Longue », poursuit notre interlocutrice.
L’alarme retentit dans sa tête le jour de l’anniversaire de Bruno, lorsqu’il rentre à la maison complètement ivre. Un comportement peu habituel au jeune homme. Marie-Claire commence à avoir des doutes sur son fils. « À ce moment-là, je me suis mise à le suivre tous les jours », ajoute-t-elle.C’est finalement un autre toxicomane qui lui apprend que son fils se drogue. La famille déploie alors tous les moyens pour aider Bruno à s’en sortir. Entre deux thérapies et des visites chez le médecin, Bruno rechute.Même la réinsertion au Centre d’accueil de Terre-Rouge (CATR) et au Centre de Solidarité de Rose-Hill n’y fera rien.
« J’ai fait tout ce que je pouvais. J’ai dépensé tout mon argent. Je suis même allée dans la maison des dealers pour leur demander d’arrêter. J’ai pleuré, je me suis mise à genoux devant eux », confie Marie-Claire. En vain.Et ce n’est pas la fin du calvaire pour elle. Car lors d’une séance de réinsertion à Rodrigues, Bruno l’appelle et la nouvelle tombe comme un couperet : il est séropositif.« Je l’ai encouragé et je lui ai dit que cela se soigne. Lorsqu’il est rentré, je l’ai accompagné quand il allait prendre ses médicaments », dit Marie-Claire. Aujourd’hui, Bruno passe le plus clair de son temps à la maison. Ses proches l’empêchent de travailler pour qu’il n’ait pas d’argent pour droguer.
« Un jour où il m’a tellement fait pleurer et m’a donné un coup de pied, j’ai pris du pesticide, je l’ai mis à côté de moi. Je me suis agenouillée devant la Vierge et j’ai hurlé. Je sais que se tuer est un péché, mais j’en pouvais plus. C’est ma sœur qui m’a sauvée. Le poison était là, devant moi », confie Marie-Claire.
Combattre, malgré les difficultés
Elle avoue tout de même que son amour pour Bruno n’a jamais changé. Et soutient qu’un de ses fils ne lui a pas parlé pendant deux ans parce qu’elle a préféré rester avec Bruno qui avait une affaire en cour, plutôt que d’assister à la première communion de son petit-fils en Australie. « Parfois mes enfants me disent que je les délaisse pour Bruno. Et je leur réponds que j’aurais fait la même chose pour eux. »
Après dix ans, Marie-Claire a enfin pu visiter ses enfants et petits-enfants en Australie. « C’est la première fois que j’ai pu quitter Bruno. » Aujourd’hui ses enfants ont compris la relation entre la mère et son fils. C’est toutefois avec peine que Marie-Claire avoue qu’à chaque fois qu’elle va à l’enterrement d’un toxicomane, c’est à la mort de son propre fils qu’elle assiste.
Dès maintenant, elle se prépare au pire car elle sait que l’inévitable viendra tôt ou tard. « Quand j’y pense je pleure sur son enterrement tandis qu’il n’est pas mort. Et j’ai même dit à mes enfants que quand leur frère va mourir, il faut qu’ils soient là, mais pour ma propre mort, non. Il faut qu’ils soient là pour me soutenir. » Si elle a connu nombre de difficultés dans sa relation avec Bruno, c’est avec l’amour d’une mère et le courage d’une lionne quelle continue à se battre pour son fils. Un combat qu’elle continue de mener, malgré les difficultés.
Christopher Sainte-Marie
Giovanni et Natacha Fangamar
Prier pour avancer
Giovanni et Natacha Fangamar ont plus de dix ans de vie de couple. S’ils ont vécu certaines difficultés, allant même jusqu’à perdre la foi, aujourd’hui, ils avancent confiants, avec la foi et malgré les obstacles. Voici ce qui fait leur force.
Giovanni et Natacha, habitants de Terre-Rouge, sont un couple heureux, malgré leurs difficultés. Les hauts et les bas ont commencé
Laisser un commentaire