Le 14 février, on fête la Saint-Valentin. Cartes, roses, chocolats auront la cote. Sans oublier la pluie de « Je t’aime ». Mais qu’est-ce qu’« aimer » ? La Vie Catholique met en valeur la signification de l’amour aujourd’hui. D’abord, en pages 4-5, une interview du couple Wong, responsables de la formation « Soirées pour fiancés » qui nous expliquent ce qu’est aimer. Puis, en pages 6-7, témoignage d’un couple avec de longues années de mariage, et en pages 8-9, la parole à un couple qui a appris à s’aimer malgré les difficultés. Pour finir, en pages 10-11, des conseils pour avoir une vie de couple épanouissante.
Bernard et Margaret Wong : « Il faut savoir valoriser cet être aimé »
En tant que couple responsable de « Soirées pour fiancés », vous côtoyez nombre de jeunes. Que pourriez-vous nous dire sur l’amour aujourd’hui ? C’est quoi aimer, dans le monde actuel ?
C’est sûr que ce n’est plus comme autrefois. Aujourd’hui, tout a dérivé. On cherche d’abord son plaisir. Et comment je me sers de l’autre pour mon plaisir. Rien n’est permanent. On change de partenaire comme de chemise.
Pensez-vous qu’on doit apprendre à s’aimer, tout d’abord ?
Oui, il faut surtout apprendre à s’oublier, parce qu’on a toujours tendance à penser à soi-même. On a tendance à être égoïste. Il faut apprendre qu’une relation dans la durée, ça se construit, ça s’apprend, c’est un chemin jalonné d’obstacles mais qui apporte beaucoup de joie, d’espérance.
Devons-nous prendre le temps de connaître l’autre ? Oui ; même après un long temps de vie commune, on peut toujours ne pas connaître l’autre.
Selon vous, l’amour se résume à quoi aujourd’hui ?
Pour nous, en observant les jeunes, l’amour aujourd’hui se résume à un bon moment passé ensemble, sans engagement, et dès la première
petite dispute, on est prêt à se quitter et passer à autre chose.
Parfois, certains ont tendance à précipiter les choses, sans même prendre le temps de connaître le ou la partenaire. Quels sont les signes qu’une relation va à la va-vite aujourd’hui ?
Par exemple, tomber amoureux du premier-venu. On ne prend même pas le temps de connaître l’autre, et voilà qu’on passe à la vitesse supérieure. L’amour ne se résume pas à un « je t’aime », et les apparences sont souvent trompeuses. C’est après le mariage qu’on découvre que son partenaire a des défauts et de là, on va directement au divorce. Et si vous avez des enfants, c’est eux qui vont souffrir.
Aujourd’hui malheureusement, on ne prend même pas le temps de s’asseoir et de parler de choses sérieuses parce que les conjoints travaillent dur et profitent de ce court laps de temps libre pour faire autre chose (loisirs, sport, amis, etc.) Aujourd’hui, nous vivons une vie de marié-célibataire, ou comme deux étrangers sous le même toit.
D’après votre observation, quels sont les dangers de passer à la vitesse supérieure ?
Aujourd’hui, les relations superficielles finissent toujours mal, pas simplement avec un divorce mais aussi avec la violence domestique, les crimes passionnels, etc. On n’a plus de pitié de son partenaire, on tue facilement en ayant le courage de dormir avec le cadavre ou on utilise un grinder pour découper le corps. Où va-t-on ?
« Je t’aime »… « je t’aime moi non plus ». Selon vous, qu’est-ce que « je t’aime » dans le bon sens du terme ?
Dire je t’aime à une personne, pour moi, signifie beaucoup de choses. Il faut donner de son temps, de son attention à cette personne qu’on aime. S’oublier, quitte à faire des sacrifices pour le bien de l’autre. Prendre la décision d’aimer et de ne pas prendre l’autre pour acquis. S’émerveiller des qualités de son conjoint et lui en parler. Quand vous aimez quelqu’un, il faut apprendre à valoriser cet être aimé.
Propos recueillis par Arline Esther
Témoignages – C’est quoi aimer pour toi ?
Stacie Jérôme, 25 ans
« L’amour, pour moi, c’est bien plus qu’un sentiment ou une attirance pour quelqu’un. C’est la complicité, les moments de partage et les valeurs que nous avons en commun. Aimer, c’est accepter l’autre comme il/ elle est ; faire passer ses besoins avec les nôtres et aimer sans conditions. Il n’y a pas aussi d’amour sans pardon et sans patience. L’amour demande beaucoup de force et de courage pour ne pas abandonner dans les moments difficiles. Pour citer la première Lettre de saint Paul aux Corinthiens : ‘L’amour prend patience ; L’amour rend service ; L’amour ne jalouse pas, il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil.’ Hélas, de nos jours il y a très peu de couples qui tiennent… »
Sébastien Antoine, 26 ans
« Pour moi, aimer est quelque chose d’intense. Aimer implique beaucoup de choses : le respect, la confiance entre autres, et aussi se faire respecter… Un être qui aime est un être comblé. L’amour de nos jours, certains le prennent à la rigolade, sans en connaître le vrai sens. D’autres le prennent pour acquis, mais il y a aussi ceux qui savourent l’amour comme il se doit. »
Laurielle Honoré, 23 ans
« Pour moi, il existe différentes façons d’aimer : l’amour que j’ai pour ma famille, pour mes ami(e)s ; pour Dieu ; et finalement l’amour pour mon amoureux. Qui n’aime pas se sentir aimé ? Il y a une chanson qu’on interprète dans les mariages et qui décrit bien ce mot : l’amour est patient, l’amour est serviable, il n’est pas orgueilleux et surtout pas envieux. Pour moi, l’amour reste le plus beau sentiment que quelqu’un puisse éprouver. Mais c’est dommage que souvent, il n’est pas réciproque. Aujourd’hui on dit ‘je t’aime’ facilement, et on le dit pour être ‘tendance’, sans vraiment le ressentir. »
Le couple Wade
Un « Oui »… pas que pour les beaux jours
Ils se connaissaient déjà au collège… se sont perdus de vue et retrouvés après dix ans. Aujourd’hui, Nadine et Kevin sont mariés depuis 16 ans et ont deux enfants. Couple d’animateurs du CPM, ils nous racontent leur histoire. Nadine et Kevin Wade ne se connaissent pas d’hier. Ils étaient amis et au collège à la même époque. « Nous nous connaissions mais chacun avait sa petite vie de son côté », confie Nadine. Et puis, par le plus grand des hasards, ils se retrouvent 10 ans plus tard chez un ami, un 1er janvier. « Nous nous sommes parlé et nous avons décidé de garder le contact après cette soirée », poursuit Nadine. Tous deux sortis d’une déception amoureuse, ils se rapprochent peu à peu et la complicité s’installe alors. « À l’époque, nous nous téléphonions tous les soirs pour nos petites conversations et partages. Il n’y avait pas de portable, encore moins de Facebook », rigole Kevin.
« Je me faisais souvent gronder par ma mère parce qu’on passait plus d’une heure au téléphone tous les jours », se remémore, quant à elle, Nadine. Puis de fil en aiguille, l’amitié complice se transformera en amour. Et après presque deux ans, ils pensent au mariage. « Les choses se sont faites naturellement. Un jour, nous avons parlé de mariage sans vraiment réaliser ce qui nous attendait et nous avons pris cette décision », disent-ils.
Ils se passent la bague au doigt en décembre 2000. Fini le temps des premières sorties et des fiançailles, et place aux premiers jours de mariage.
Si au début tout est beau et rose, au fil du temps, il faut apprendre à s’adapter à cette nouvelle vie. « Je viens d’une famille de quatre filles. J’étais toujours entourée. Du coup, j’avais beaucoup de mal à être seule quand Kevin prenait son service de nuit. C’était assez difficile », précise Nadine. Mais un jour, une de ses tantes lui fait comprendre que c’était son choix et qu’elle devait s’adapter à la situation.
S’adapter, c’est aussi composer avec les petites manies et les différences de caractère de l’autre. « On pense qu’on peut arriver à changer l’autre. Mais c’est là qu’on apprend ce que c’est que d’accepter l’autre comme il est », confie pour sa part Kevin. Sans oublier de faire face à la routine qui s’installe. « Je dois dire que là on était loin du temps des fiançailles », estime Nadine.
Accepter l’autre
Ensuite vient l’arrivée de leur premier enfant, et là encore, c’est une autre étape de leur vie de couple qui commence. Nadine et Kevin feront alors au mieux, avec les hauts et les bas de leur vie de couple et de famille.
Un jour, un ami prêtre leur propose d’aller vivre le week-end de Marriage Encounter. Chose que Kevin accepte tout de suite, alors que Nadine émet des réserves. « Le week-end tombait pile le dimanche de la Fête de Mères et je me sentais mal de quitter mes enfants… de plus, je ne voyais pas trop l’importance de cela à ce moment », soutient Nadine. Mais les deux tourtereaux finiront par y aller et réaliseront qu’ils ont beaucoup de choses à revoir chez eux. Ce week-end répondra à leurs questionnements. « On avait vraiment besoin de cela et on a appris ce que c’est que d’apprendre à s’aimer », poursuit la jeune femme.
Entre accepter l’autre tel qu’il est, la communication dans le couple et l’importance de l’engagement pris, tout prendra sens. « Nous avons réalisé l’importance du dialogue. Nous pensions dialoguer, mais nous le faisions mal… Nous avons surtout compris ce OUI que nous nous sommes dit », lance Kevin. Le Oui de s’aimer, malgré les différences, les difficultés et la maladie. Un Oui pas que pour les beaux jours, poursuit-il. « Nous étions dans notre bulle. Nous pensions pouvoir régler nos problèmes par nous-mêmes. Mais cela nous a permis de voir que tous les couples passaient par les mêmes étapes que nous », ajoute Nadine.
Importance des moments simples
Par ailleurs, partage la jeune femme, les conjoints prennent conscience de la place de Dieu dans leur vie. « Avant, quand les choses étaient difficiles, je ne réalisais pas que Dieu était là. Mais maintenant, je sens la différence quand on met Dieu au centre de notre vie de famille », témoigne-t-elle. Ainsi, la prière en famille et/ou en couple est privilégiée.
C’est aussi grâce à la prière, qu’au-delà de la colère ou de tout autre sentiment, le couple apprend ce qu’est le dialogue. « S’accepter, se pardonner et recommencer… Chaque fois on recommence notre Oui », soutient Kevin.
Alors que leur fils aîné s’engage dans l’ACE, ils seront approchés pour animer le CPM. « C’était difficile de s’engager au début, parce que ce n’est pas toujours évident de témoigner de son vécu. Il y a la peur des préjugés et du temps que cela implique. Mais au final, nous en sortons gagnants », partagent-ils. Ce partage d’expériences avec d’autres, et le besoin de faire leur propre relecture à chaque fois, leur est bénéfique. « Nous nous ressourçons auprès de ces fiancés. Parce que ce n’est pas simplement raconter ce que nous vivons, mais le vivre vraiment nous-mêmes d’abord », relate Kevin.
De plus, loin d’être le couple parfait ou modèle, ils admettent que c’est normal de perdre pied de temps en temps. Mais, soutiennent-ils, il est important d’en parler et de chercher de l’aide ou un accompagnement. « C’est vrai que ce n’est pas évident de dire qu’on a besoin d’aide. C’est l’erreur que font souvent les jeunes couples. Mais c’est important de faire la démarche », dit Nadine.
Aujourd’hui, avec l’expérience de ces années de mariage, le couple Wade réalise l’importance des petits moments simples passés en famille. Pas besoin de choses extraordinaires, mais partager sa journée, manger ensemble, regarder la télé et prier ensemble. Voilà leur petite recette qui permet de s’aimer chaque jour davantage.
Nadia Hilaire
Témoignage – S’aimer, malgré les coups de la vie
Si beaucoup de couples mènent une vie épanouie, d’autres connaissent bien des difficultés. Mais malgré tout, certains conjoints se battent pour rester ensemble et apprennent à s’aimer de plus en plus. Témoignage d’un couple.
Si mo ti kone ki pe atann moi, zame mo pa ti pou marie. » Telle est la première phrase que nous lance Béatrice (prénom fictif), une jeune femme de 36 ans, mariée à Jean-Phillippe (prénom fictif), 38 ans. Tous deux habitants de Mahébourg, ils nous racontent leur parcours semé d’embûches,
en 13 ans de mariage.
Comme on le dit souvent, tout nouveau, tout beau. De ce que nous raconte Béatrice, rien ne laissait présager au départ ce qu’elle allait vivre par la suite. Mère de deux enfants, Wayne, 10 ans, et Kelly, 8 ans, courageuse est un adjectif qui lui colle à la peau. Et courageuse, elle l’a été ces treize années passées. Assis dans son fauteuil tranquillement, Jean-Philippe, lui, cache ses émotions. Il reconnaît toutefois qu’il est responsable de ce que Béatrice a subi pendant ces années.
Ils nous racontent leur histoire.« Béatrice et moi, nous nous sommes connus au mariage d’une de nos amies. On avait à l’époque entre 22 et 24 ans. Nous étions jeunes. Toutefois, le courant est vite passé entre nous. C’était love at first sight. Comme tous les jeunes, nous voulions brûler les étapes », raconte Jean-Philippe.
Et voilà, que Béatrice se retrouve enceinte avant le mariage. Que faire maintenant ? Sans vraiment se connaître, les deux tourtereaux décident de s’unir devant Dieu et les hommes. « Comme pour toutes les filles, c’était un idéal que de se marier. Nous étions tellement heureux, vu que je portais un enfant en moi. J’étais enceinte de trois mois. Mais on n’a même pas eu le temps de bien profiter de notre vie de couple », confie Béatrice.
Les coups pleuvent
Mais le rêve allait bientôt prendre fin. Béatrice, alors qu’elle est enceinte de six mois tombe des nues quand elle apprend que son mari la trompe. « Mon monde s’est écroulé. Quand j’ai demandé des explications à Jean-Philippe, il a tout nié. Dans un excès de colère, il m’a frappée alors que j’étais enceinte. Et c’est là que mon calvaire a commencé », nous dit-elle. Car alors même qu’elle porte un enfant, Béatrice encaisse des coups.
Elle ne savait pas que Jean-Philippe avait ce côté sombre. « À chaque fois, je voulais le quitter pour aller chez mes parents, mais je ne pouvais
pas car ils m’avaient averti plusieurs fois de ne pas l’épouser. Aveuglée par l’amour, je n’ai rien vu venir. Donc, j’ai préféré rester chez moi et subir », nous lance-t-elle.
Béatrice aime trop son mari et ne veut pas que ses enfants se retrouvent sans père. « Pendant certain temps, il a cessé de me frapper et je croyais vraiment que les choses allaient changer. Mais lorsque je lui ai annoncé que j’allais avoir un autre enfant, les choses se sont envenimées. Les coups ont plu encore et encore », nous lance notre interlocutrice.
Selon ses dires, elle s’est mariée pour le meilleur et pour le pire, et ce que Dieu a uni, personne ne peut le séparer. Elle assure avoir beaucoup prié et demandé à Dieu que ses problèmes disparaissent.
Au fur et à mesure que les enfants grandissaient, l’aîné, Wayne, assistait à ces scènes pénibles chez lui. « Aujourd’hui, Wayne est devenu un garçon incontrôlable. Il est rancunier. Il a vu son père me frapper et garde cette haine contre lui mais il ne le montre pas », nous dit-elle.
Recommencer à zéro
De son côté, Jean-Philippe regrette d’avoir agi de la sorte. « J’admets que j’étais jeune, et frustré à l’époque. J’avais peur du mariage et je ne voulais pas être père. Je n’avais pas d’emploi stable et j’étais criblé de dettes. Ce qui fait que je me défoulais sur Béatrice sans pitié, sans penser aux conséquences. Mais cela ne voulait pas dire que je ne l’aimais pas. Je l’aimais et je l’aime toujours », nous dit-il.
Le couple explique que tout a changé le jour où Jean-Philippe a pris conscience que ce qu’il faisait était injuste pour sa femme et ses enfants. Et il ne s’attendait pas à ce qu’un jour Béatrice lui tienne tête. C’était en 2014.
Aujourd’hui, ils ont appris à se connaître, à se comprendre. Malgré les difficultés, ils n’ont jamais baissé les bras et ont persévéré. Ils soutiennent toutefois que c’est avec l’aide de la prière, de quelques prêtres et des écoutants, qu’ils sont toujours ensemble et le seront jusqu’à ce que la mort les sépare. « J’ai subi des moqueries de ma famille, de mes amies etc., et j’étais la risée de tout le monde.
On disait que j’aimais bien prendre des coups de Jean-Philippe mais je voulais sauver mon couple. Entre mon mari et moi, il y avait quelque chose de fort et d’intense. Nous étions faits pour être ensemble. On s’est battus, on a réussi. Nous sommes heureux en famille maintenant », nous dit Béatrice.
Jean-Philippe confie qu’aujourd’hui, il se sent en paix avec lui-même. « Je suis un tout autre homme maintenant, et c’est grâce à ma femme. J’ai réalisé mes erreurs et je lui ai demandé pardon. On a tout recommencé à zéro ensemble avec nos deux enfants qui sont si précieux à nos yeux. Que notre amour continue de briller », lance notre interlocuteur.
Eh oui… comme quoi, l’amour est plus fort que tout. Avec de la patience et de la persévérance, on peut y arriver. Il ne faut pas seulement
s’aimer dans les bons moments, mais aussi continuer à s’aimer dans ses difficultés.
L’amour triomphe toujours… ayez foi !
Arline Esther
Saint-Valentin, fête chrétienne ou pas ?
Les origines de la Saint-Valentin ne sont pas certaines et peuvent à la fois être chrétiennes comme païennes. Dans la Rome Antique, l’empereur Romain Claude II tua, vers 270 ap JC, le prêtre Valentin pour avoir marié en cachette des jeunes gens chrétiens. En effet, ceux-ci, une fois mariés, refusaient de s’engager dans les légions romaines pour ne pas quitter leur famille. Saint Valentin serait donc mort en défenseur de l’amour et du mariage.
L’Église catholique décrète saint Valentin comme patron des amoureux sur ordre du pape Alexandre VI, un moyen de combattre la fête païenne des lupercales. Les festivités visaient à donner aux jeunes célibataires l’occasion de trouver un partenaire pour la vie. Différentes coutumes existaient selon les régions (partie de cache-cache entre jeunes filles et jeunes hommes célibataires d’un village…)
(Source : Internet)
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