Il ne finira pas de nous étonner, ce François ! Ne voilà-t-il pas que dimanche dernier, prenant tout le monde par surprise, il nous offre 17 cardinaux. Des cardinaux qu’il va chercher dans cette périphérie si chère à son cœur : la Syrie tiraillée entre guerre civile, guerre sainte et exode de sa population ; le Bangladesh, petit État du continent indien, marqué par une extrême pauvreté ; la très lointaine Papouasie-Nouvelle Guinée ; le Lesotho, caillou jeté dans la gigantesque Afrique du Sud ; et l’île Maurice…
Un choix qui démontre bien cette universalité de l’Église, cette « Église en sortie » dont il s’est fait l’avocat depuis son élection comme pape. Un choix qui traduit aussi ce souci de mettre tout le monde on board, aussi petit soit-il, aussi pauvre soit-il, aussi peu catholique soit le diocèse ou le pays…
Mais il n’y a pas que François qui nous étonne. Les évènements de la vie de notre évêque et de notre diocèse sont tout aussi « étonnants ». Maurice Piat ne se doutait certainement pas de la portée prophétique de certaines phrases de l’homélie de son jubilé épiscopal, le dimanche 15 mai dernier au Thabor. Il pensait certes que sa dernière mission, son dernier héritage, allait être la mise en œuvre du Projet catéchétique diocésain Kleopas. Ne confiait-il pas, ce jour-là : « Je croyais que j’avais déjà fait tout ce que je pouvais pour servir l’Église. Et un peu comme pour les apôtres fatigués après toute une nuit de pêche peu fructueuse, Jésus me dit encore plus clairement aujourd’hui qu’il y a 25 ans ‘pousse vers le large’. » Et pour faire écho à ce constat, à cette invitation, il avait conclu par : « Oui, Seigneur, sur ta parole, je jetterai les filets. »
Pousser – encore et davantage – vers le large. Jeter à nouveau les filets… C’est là le sens de son destin depuis dimanche dernier, alors que, lui et nous aussi, étions en attente de son successeur ! D’ailleurs, une fois le tapage médiatique calmé et la nouvelle bien digérée, il le dit très bien à La Vie Catholique (voir en pages 6/7) : « Je pouvais faire tous les plans que je voulais pour ma retraite prochaine, mais Dieu avait d’autres plans pour moi. Ma devise, ‘Pousse vers le large’, résonne de manière inattendue 25 ans après. » Que cette Église, qu’il croyait pouvoir « entraîner à pousser vers le large », le pousse aujourd’hui davantage au large… Comme quoi, notre Dieu est bien un « Dieu des surprises » et l’Esprit souffle souvent de manière inattendue…
Cet appel au service de l’Église universelle, Mgr Piat le reçoit alors que nous célébrons le mois des Missions. Et heureuse coïncidence, sa première « sortie » au milieu de son peuple, le sera ce 16 octobre, à St-François-d’Assise, Pamplemousses, pour marquer le Dimanche des Missions. Un Dimanche qui met à l’honneur l’universalité de l’Église catholique, le partage des ressources – à la fois humaines et financières – entre les Églises particulières, et ce, au service de l’évangélisation.
Cet appel fait à notre évêque à être un proche collaborateur du Pape intervient alors que la vie de l’Église de Maurice a vu, en 2016, deux évènements à caractère missionnaire : le 400ème anniversaire depuis que des missionnaires, de passage dans l’île, ont célébré l’Eucharistie sur notre sol ; le 175ème anniversaire de l’arrivée du Père Laval, notre Père dans la foi, et à qui Mgr Piat a confié son cardinalat.
Depuis, que de chemin parcouru pour notre Église, et que de missionnaires se sont succédé les uns après les autres, portant l’Évangile à tous, suscitant des vocations parmi les nôtres et permettant l’éclosion d’une communauté de chrétiens. Pour en faire aujourd’hui une Église pleinement missionnaire.
Le 15 mai dernier, au Thabor, en fin de son homélie, Mgr Piat avait entonné Donn-moi lame pouss mo bato dan dilo. Comme un seul homme, l’assemblée a repris le chant avec lui. Oui, Monseigneur, poussez vers le large. Nous vous portons par notre affection et nos prières.
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