Le Diocèse de Port-Louis

L'Eglise Catholique à Maurice

  • Le Diocèse
    • L’Évêque
    • L’Evêché
    • Les Prêtres
    • Les Paroisses
    • Les Congrégations
    • Les Missionnaires Mauriciens à l’Étranger
  • Éducation
    • Mission et Projet
    • Le Service Diocésain de l’Éducation Catholique (SDEC)
    • Critères d’Admission
    • Ecoles Primaires
    • Collèges Secondaires
    • Écoles Techniques
    • Education informelle
    • Le Financement
    • Histoire de l’Église dans le domaine éducatif
  • Famille
    • Formation pour couples
    • Accompagnement de couples mariés
    • Accompagnement de couples avec enfants
  • Jeunes
    • Mouvements de formation pour jeunes
    • Jeunes au service de l’eglise
    • Préparation à la vie adulte
  • Pauvres
    • Crèches et foyers
    • Caritas Ile Maurice
    • Aide au logement
    • Aide à l’éducation
    • Accueil du pauvre
  • Spiritualité
    • Unité des chrétiens
    • Dialogue entre culture et foi
    • Dialogue interreligieux
    • Prière
    • Spiritualité active
    • Apostolat des malades
  • Justice Sociale
    • Monde du travail
    • Questions sociales
    • Prisonniers
    • Drogues / prostitution / SIDA
    • Tourisme
    • Services médicaux
    • Gens de la mer
  • Formation
    • Formation des laïcs
    • Catéchèse et catéchuménat
    • Vocations sacerdotales
    • Dialogue Interreligieux
    • Formation liturgique
  • Communication
    • Publications Catholiques
    • Les Médias Diocésains
  • Historique
    • L’Église à Maurice
    • L’Église à Agaléga
    • Les Grandes Figures de l’Église
Vous êtes ici : Accueil / Eglise et société / Lutte contre la drogue – « Mars pou to pei »

Lutte contre la drogue – « Mars pou to pei »

7/06
2016
Laisser un commentaire »

Le dimanche 12 juin prochain à Quatre-Bornes aura lieu la marche pacifique « Mars pou to pei », pour dire que ce n’est qu’ensemble que la lutte contre la drogue pourra être menée et que les victimes et leurs familles seront soutenues. Une marche qui se prépare au préalable avec plusieurs soirées de sensibilisation.

Twa ki per dan to lakaz, twa paran ki pe soufer, ki viv dan langoiss… Twa zenn ki viv dan lanfer ladrog, Twa ki oule sorti… NOU LA POU TWA » : c’est avec ces mots qu’un des membres du comité a invité l’assistance à commencer la première soirée de campagne de « Mars pou to pei – Ansam nou pou kapav ». Il est 19 heures dans une rue du quartier de Résidence Kennedy à Quatre-Bornes et un groupe de personnes est réuni pour voir, écouter et témoigner de ce qui les habite. De leurs craintes à leurs peurs, de l’inquiétude, mais aussi de leur espoir et comment ils voient l’avenir.

C’est là, un exemple type d’une soirée « mesaz, informasion, temwanyaz » de sensibilisation et prévention antidrogue. À chaque soirée, pour toutes fins de sensibilisation et prévention, l’équipe prépare soigneusement une petite vidéo autour des méfaits de la drogue. Avec comme fil conducteur « les drogues dégradent, détruisent et tuent », on montre le parcours tragique de stars comme Whitney Houston ou encore Amy Winehouse, toutes deux, malgré leur succès planétaire, tombées dans l’enfer de la drogue jusqu’à en mourir.

Sans oublier le témoignage marquant de Jordy Hurdes, jeune australien qui met en garde contre les effets de la drogue sur la santé. Effets dont lui-même porte encore les conséquences aujourd’hui.Les habitants ont ensuite droit à la parole pour leurs témoignages et réactions sur le sujet. Voici quelques uns d’entre eux : « Kan mo trouv bann ti zanfan ki monn trouv grandi zordi pe tom ou inplike dan ladrog, sa vreman touss moi. Nou pa
vinn la pou lager avek zot, me pou dir zot ki dan ladrog ena la soufrans. Nou la pou zot »…

«  Seki touss moi dan sa video-la, se ki pa zis nou ki zanfan mizer, ki ress dan site ki ladrog touss nou, me bann seki ena osi… Nou kontinie prie pou zot, pou zot ressi sorti… Nou la pou zot, parski tousel pa kapav, me ansam nou pou kapav » …

« Nou bizin sakenn met le pa an avan pou fer sanzman pou nou landroi, nou pei » …

« Mo rekonet ki mo vinn la avek laper me mo dir moi ki mo pa kapav zis fer lapriyer kot mwa e pa al ver lezot. Samem mo vink mo laper pou mo vinn soutenir bann ki pe soufer »…

« Nou bit se pa al lager kont zot, nou zis anvi dir zot ki ladrog touye. Zot le, zot pa le, ladrog touye. Nou zis anvi tir zot ladan, samem nou bizin pa ress dan nou koin »…

« Nou bizin aret dir pa pou kapav fer nanie. Parski wi nou kapav aret li. Nou zis bizin nou to ansam pou nou arive. »

À chaque soirée, malgré la petite pluie d’hiver et le vent glacial, le groupe de personnes ne cesse de grossir. Présence des habitants, mais aussi de ceux qui viennent d’ailleurs : Cassis, Mahébourg, Tranquebar, Vacoas…  À noter que le 11 juin prochain, à la veille de la marche pacifique, une rencontre est prévue avec les députés des circonscriptions 14 et 18, le maire de la ville de Quatre-Bornes et la police.

Nadia Hilaire

Le Père Gérard Mongelard : « Ensemble, nous pourrons lutter contre la drogue »

Campagne de prévention et sensibilisation sur le terrain, marche pacifique le 12 juin prochain, des projets pour un quartier et un pays afin de contrer de la drogue. Pour en dire plus, la parole au Père Gérard Mongelard.

Les forces vives de la chapelle St-Luc et de la Résidence Kennedy et vous-même, avez relancé depuis avril la campagne « Mars pou to pei ». En quoi consiste-t-elle ?

L’année dernière nous avions mené la campagne Anti-Davis (Drogue, Alcool /Agression, Violence/Vol/Viol, Indifférence/Ignorance, Sida/Suicide) dans le quartier. Cette année, nous avons décidé de la relancer (toujours pour informer, et sensibiliser les personnes du quartier) parce que nous réalisons que la drogue fait encore des ravages. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés. D’autant plus que le quartier porte le nom d’un illustre personnage, John Fitzgerald Kennedy, qui avait d’ailleurs dit : « Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, demande ce que tu peux faire pour ton pays. » Ces paroles font sens, parce que finalement, la drogue n’affecte pas seulement la Résidence Kennedy, mais tout le pays.

Lors de notre première réunion en avril, où nous avions invité les gens à parler de la situation, deux mots sont ressortis : peur et inquiétude. Mais notre but n’est pas de faire de la répression. On ne peut pas prendre la place de la police ou des politiciens. Nous ne voulons pas rester sur le négatif, toujours dire « non à », non à la drogue, mais plutôt dire « ansam nou pou kapav ». Ensemble, nous pourrons lutter contre la drogue, ensemble nous pourrons sortir de la situation.

Aussi notre campagne vient dire aux jeunes que nous sommes là pour leur tendre la main. Ils souffrent, leurs parents et la famille souffrent, mais nous sommes là pour les aider à s’en sortir ; ensemble nous pourrons.

Si la campagne consiste en plusieurs rencontres et une marche pacifique, elle ne s’arrête pas qu’à cela. Qu’est-ce que le comité prévoit de faire ensuite ?

Nous avons, dans la localité, le Centre St-Luc qui possède tout l’espace nécessaire pour des activités. Nous avons pensé comment mettre ce Centre
au service des habitants de Kennedy à travers des activités comme la pâtisserie, la cuisine, la musique, le sport, etc. Nous avons aussi commencé une étude pour savoir ce que les personnes aimeraient avoir comme activités. Nous avons par ailleurs l’intention d’ouvrir le Centre, au-delà de 16 heures, pour que tous puissent en profiter. Comme autre projet, nous aménagerons une salle qui servira de lieu d’écoute pour ceux qui veulent une oreille attentive et un soutien… Le combat ne se termine pas le 12 juin, au contraire, c’est là qu’il commence.

La présence de toutes ces personnes aux rencontres, serait-ce aussi pour dire à ceux qui veulent s’en sortir, qu’il y a des gens disposés à les aider ?

Je dois dire que je suis moi-même très touché de voir des jeunes que j’ai rencontrés ailleurs, qui sont toxicomanes et qui viennent là. Ils ne sont visiblement pas heureux du piège dans lequel ils sont tombés, mais ils ont ce désir de s’en sortir et viennent nous rencontrer. Il y a aussi un ex-toxicomane qui, de par sa présence discrète, soutient la campagne. Les gens diront que ce n’est pas beaucoup, mais moi je pense toujours aux paroles de Mère Teresa : « Dieu ne m’a pas appelée pour être efficace. Dieu m’a appelée pour être avec ces gens, c’est tout. » Ce n’est pas la quantité qui compte, mais la présence.

Propos recueillis par Nadia Hilaire

Save the date

Vous êtes TOUS invités à la Marche pacifique le dimanche 12 juin prochain. Elle commencera à 11 heures au Centre St-Luc, Résidence Kennedy à Quatre Bornes, passant par la rue Hilary Blood, La Louise, St-Jean, et pour finir à la municipalité de Quatre-Bornes.

Témoignages

« Aster linn konpran ki ladrog pa bon »

Pour Jayen et son père Vishal (prénoms modifiés), cela fait 15 ans qu’ils luttent pour sortir le jeune homme de son addiction. Voici le parcours du combattant d’une famille.

Tout commence avec une cigarette et ce simple geste de Jayen aura des conséquences dramatiques pour lui et son entourage. Encouragé par des amis il grille sa première « clope » à l’âge de 13 ans. Nous sommes alors en 2001. L’année suivante, c’est le cannabis qui fait son entrée dans sa vie. « Mo ti anvi fer kouma kamarad, suiv tandans, fer parey zis pou mo santi moi alez. Mo ti komans fim taf ek bong sa lepok-la. »

Employé comme apprenti-mécanicien, un ami qui a déjà commencé à se droguer lui propose alors d’essayer. Si au début il hésite, par peur
de s’aventurer dans un monde qu’il ne connaît pas, après quelques semaines, en voyant son ami se droguer et paraître toujours « clean », Jayen cède à la tentation. « Sa lepok-la mo pa ti kone kouma sa ete. Pa ti kone bann konsekans ki sa pou ena lor moi. Mo bann kamarad dir moi pa ekout dimounn, zot pa kone kouma sa ete zot », ajoute Jayen.

Au début, c’est l’extase, et le jeune homme aime cette sensation. Pour l’aîné de la famille et l’unique fils de ses parents, le Brown Sugar devient « thérapie du bonheur ». Du haut de ses 15 ans et avec un emploi, il réussit tant bien que mal à se procurer sa dose deux à trois fois par jour… mais cette situation ne dure pas.

C’est le début du calvaire. Jayen commence à voler chez lui pour se payer sa dose. « Tigit tigit mo komans kokin. Kan pa gagn sa, tou douler
lor toi. Kantite kas ki ena dan to pos to pou depans-li tou pou gagn to doz. Tou lezour to bizin sa. Me ariv enn lepok li pran tou. »

Le jeune homme, à cet instant, sombre de plus en plus dans la drogue. Elle devient le centre de sa vie, alors que lui parfois dort dans la rue et ne se préoccupe de rien. Le cauchemar ne fait que commencer, et Jayen a alors 17 ans. Comme il est mineur, il ne peut être accueilli dans un
Centre de réhabilitation et lorsque le manque se fait sentir, il se tourne vers d’autres substances.

Entre les comprimes et ce qu’on appelle communément siro, les drogues de synthèse et même l’héroïne, le jeune homme a tout essayé. Pour s’en sortir à 18 ans, il cherche de l’aide dans un Centre de réhabilitation… mais rechute deux ans plus tard. Durant sept longues années, il continue à se droguer, vivant dans la rue et devenant même dealer.

Aujourd’hui, cela fait cinq mois que le jeune homme, âgé de 28 ans, suit une séance de réhabilitation dans un Centre spécialisé, pour le grand bonheur de ses parents qui l’accompagnent et le soutiennent.

Si pour Jayen, le parcours a été difficile, il l’a été tout autant pour les parents du jeune homme. Leurs doutes sur sa toxicomanie se sont avérés lorsqu’ils ont remarqué le changement d’attitude de leur fils. « Mo ti panse ki li ti boir moi, mo pa ti kone si li ti pe droge. Ler mo get anba so matla mo trouv sering », confie Vishal, le père du jeune homme.

À ce moment-là pour ses parents c’est la colère mêlée de chagrin et ils ne se privent pas pour en faire part à leur fils. Puis, le découragement fait place à la force de lutter pour le sortir de son addiction. « Sa rann mo lavi malere ek sa fer moi onte parski kan mo trouv enen papa ek so garson dans so laz pe koze ek pe badine, mo zalou sa parski mo pann gagn lokazion viv sa ek mo garson », explique Vishal.

Mais il y a quelques mois, c’est de son propre chef que Jayen demande à ses parents de l’accompagner pour une cure de désintoxication. Si au début les parents étaient sceptiques, aujourd’hui ils sont fiers de ce que leur fils a accompli jusqu’à présent, comme l’indique Vishal : « Kan mo ti malad linn get moi ek linn begn moi kan mo ti dan lopital. Tou sa move linn fer la zordi linn efas sa. Zordi mo ena konfians ek li, ek mo sir
ki aster linn konpran ki ladrog pa bon. »

Christopher Sainte-Marie

Le Père Pierre Piat : « Jeunes, le Christ est toujours là pour vous »

Depuis le début de l’année, la presse a apporté deux cas de jeunes hommes décédés par prise de drogue dans la région de Vacoas. Désarroi, tristesse, inquiétude ; nous vous proposons le témoignage du Père Pierre Piat, curé de la paroisse de La Visitation à Vacoas.

« Ce qui caractérise la jeunesse pour moi, c’est la joie de vivre. Les rires, un idéal d’amour élevé et une grande espérance dans l’avenir et aussi l’étape  de l’affermissement de leur personnalité. L’accompagnement des jeunes, cependant, me fait prendre conscience qu’ils vivent beaucoup de souffrances. Les contradictions de la société, le manque de congruence des adultes et les attaques des marchands de la mort qui proposent aux jeunes
l’évasion dans le sexe virtuel, la drogue et l’alcool détruisent ce qu’il y a de plus profond en eux, leur soif de beau, de bien et de vrai. Enterrer un jeune victime d’une overdose est bouleversant. Je ne peux pas seulement écouter le chagrin et le désarroi de la famille et des amis. Avec la communauté rassemblée et la famille, nous prions pour lui. Je tourne mon regard vers la miséricorde du Christ. Jésus me donne l’espérance inébranlable que la mort n’a pas eu le dernier mot. Rien ne nous séparera de l’amour du Christ. Nous devons aussi continuer à dénoncer les marchands de la mort. Nous nous sentons appelés à organiser des campagnes de sensibilisation et d’information auprès des jeunes.

Avec le Conseil pastoral des jeunes, nous voulons être plus proches des jeunes en détresse et leur donner l’espoir et l’amour auxquels ils ont droit. Un père qui venait de perdre son enfant disait : ‘J’avais un trésor sous mon toit et je ne le voyais pas.’ C’est à nous, adultes, et à la société de donner aux jeunes une raison d’espérer encore. ‘Chers jeunes, il y a toujours quelqu’un qui est là pour vous.’ »

Commission d’enquête antidrogue – Mgr Piat et le Père Labour montent au créneau

Le lundi 23 mai dernier, Mgr Maurice Piat et son vicaire général, le Père Jean-Maurice Labour, ont déposé à la Commission antidrogue. Leur intervention était axée sur la situation actuelle, les pro-positions pour la prévention, la réhabilitation et la répression, et le partenariat avec le gouvernement et les ONG. La hausse de  jeunes consommateurs, l’avènement des drogues synthétiques, la fermeture de la Natresa, le changement de traitement de désintoxication et la situation de la drogue en prison, font partie du constat effectué lors de cette intervention.

Mgr Piat et Père Labour ont aussi fait des propositions sur la prévention : comprendre comment les victimes de drogues en sont arrivées là et reconnaître que l’addiction est une maladie. « Une prévention qui consisterait non seulement à prévenir contre les séquelles désastreuses d’une consommation de drogue ; mais aussi et surtout en mettant en valeur le potentiel des jeunes, en les introduisant à une vie communautaire saine, faite d’amitié, de soutien mutuel et de responsabilité partagée… » Ils ont aussi évoqué la réhabilitation et la notion de sanction pédagogique (s’il y a besoin d’incarcération, le faire en Centre de réhabilitation, plutôt qu’en prison pour les consommateurs de drogue).

Autres points importants : le Dangerous Drugs Tribunal et le Pharmacy Council Act, et attirer l’attention sur « tout le trafic des drogues utilisées
en médecine et qui se pratique dans certaines pharmacies, avec la complicité de médecins »
.

Mgr Piat a aussi pris position contre la dépénalisation du cannabis lors de la conférence de presse sur son jubilé épiscopal, suite à la question
d’un journaliste sur ce sujet. « Si on libéralise la consommation de cannabis, le plus grand danger, ce sont les personnes qui s’habituent à cette drogue communément appelée ‘soft’ et cherchent davantage de drogues dures par la suite. »

 Cadress Rungen : L’approche, l’écoute et le langage

Si la drogue fait des ravages, avoir un langage accusateur a aussi des conséquences. C’est pour cela, comme l’explique Cadress Rungen, travailleur social, qu’il est important de savoir parler à son enfant et, en tant que parent, de se faire aider afin de renouer les liens familiaux.

Souvent, les parents sont les derniers à savoir que leurs enfants sont pris dans l’engrenage de la drogue. Pour les aider, la première approche est souvent cruciale. De ce fait, avoir les bons mots peut être d’une aide inestimable.

La première chose à faire, c’est d’être attentif et, pour le parent, de ne pas bousculer l’enfant. « Il ne faut pas juger hâtivement et faire des reproches. Je crois que le premier pas pour les parents, c’est de se mettre en contact avec un animateur ou un Counsellor qui est déjà dans le
domaine. Par exemple, à
Lakaz A, il y a des parents d’enfants toxicomanes qui en accueillent d’autres pour leur enseigner quelle approche adopter », confie Cadress Rungen. Et une bonne relation dans la famille rendra la communication plus facile, avec à la clé, de meilleures chances pour le toxicomane de s’en sortir.

Dialogue positif

L’approche et l’écoute sont essentielles car souvent, la victime cherche à fuir ses parents, poussée par la peur ou la honte. « Le meilleur moment pour avoir une discussion, ce n’est surtout pas lorsque l’enfant vient de consommer de la drogue. Le matin est le moment idéal, mais là aussi, c’est parfois ardu car il est en manque et va chercher absolument à trouver sa dose », confie le travailleur social. Et c’est justement là que les parents doivent montrer qu’il y a une ouverture, des gens prêt à écouter et aider l’enfant. La persévérance doit alors être le maître-mot.

Il existe aussi une deuxième approche qui consiste à motiver, car un toxicomane souffre précisément d’une carence de motivation. « Si le dialogue devient difficile, écrivez un mot, disant simplement : ‘Je suis-là, je suis prêt à t’aider, je suis prêt à t’écouter.’ Le matin quand le toxicomane va se lever il verra ce mot et cela peut créer un déclic salvateur », confie notre interlocuteur.

Même si ça ne marche pas à tous les coups, quand cette approche porte ses fruits, le toxicomane s’engage alors dans un dialogue positif. « Pa tarde amenn li toudswit dan enn sant », ajoute Cadress Rungen. À ce moment-là, le Centre le prendra
en charge. Alors que le toxicomane commence un accompagnement avec des animateurs, les parents seront aussi encadrés, car ils ont besoin d’aide.

Dans un troisième temps, c’est la mise en confiance qui se fait. Cela consiste, entre autres, à mettre le toxicomane en face d’un ex-toxicomane qui
va témoigner de son calvaire et de ce qu’il a fait pour s’en sortir. Les programmes diffèrent selon la personne et sa motivation à s’en sortir, et si certains y arrivent sans substitut médical, d’autres ont besoin de beaucoup plus de temps et de soutien.

Il est également important de comprendre que la rechute fait partie du traitement et que si l’aspect physiologique de l’addiction est curable,
la reconstruction de la personne, de ses valeurs et de sa morale prend plus de temps.

 Avoir un soutien

L’approche et l’accompagnement doivent se faire dans la durée, et pour y arriver, les parents doivent être soutenus. « Paran-la pou ziz limem, pou dir, par examp, ki kalite mama inn less so zanfan tom dan ladrog », confie Cadress Rungen. Et souvent, les parents commencent le programme de réhabilitation avant même leurs enfants, afin de se préparer mais aussi pour avoir un soutien et un langage adapté pour aider leur enfant.

Christopher Sainte-Marie

Prévention – Les signaux d’alarme…

Waza, Cpasbien, Brown, 420… des noms vendeurs et accrocheurs, mais aux effets désastreux. Imran Dhanoo, responsable du Centre Idrice-Goomany, nous aide à repérer les signes physiques et symptômes psychologiques pour aider une victime…

Les signes comportementaux

– Un changement de comportement habituel (à l’égard de ses proches, ses amis et la fréquentation de gens « peu recommandables »).

– Une baisse dans les performances scolaires et/ou sportives progressive et parfois drastique.

– Le syndrome amotivationel (perte de motivation pour les activités pratiquées auparavant).

– Le repli sur soi-même (la personne devient très secrète).

– Les sautes d’humeur très rapides. Les toxicomanes peuvent alors être irritables et colériques.

– Une hyperactivité, une agitation chez ceux qui consomment des drogues de synthèse.

Les signes physiques

– Des yeux injectés de sang, rouges, ou des pupilles dilatées.

– Une odeur reconnaissable pour ceux qui consomment de l’alcool, fument du tabac ou du cannabis.

– Des saignements de nez pour les consommateurs de cocaïne.

– Une diminution d’appétit.

– Un changement dans le rythme de sommeil.

– Un comportement psychotique et des tremblements.

– La disparition d’objets à la maison.

Il ne faut SURTOUT pas tarder et conduire tout de suite à l’hôpital quelqu’un qui a consommé de la drogue. Si la personne fait une crise éthylique, il faut à tout prix l’empêcher de se mordre la langue. Si elle fait une dépression respiratoire ou est sujette à une agitation, un soutien médical est requis. En ce qui concerne les drogues de synthèse, un traitement symptomatique est nécessaire.

Soyez toujours vigilants, et n’hésitez pas à contacter un professionnel (voir en pages 10-11)

 Le Dr Anil Banymandhub : « Pas de différence entre drogue ‘douce’ et dure »

La drogue agit directement sur la personne. Nous vous proposons l’avis médical du Dr Anil Banymandhub, psychiatre.

Comment la drogue agit-elle ?

Il existe plusieurs types de drogues : les médicaments sont des drogues, l’alcool en est une… Les drogues sont neurotoxiques, c’est-à-dire qu’elles provoquent un effet sur le cerveau. Elles agissent de manière diverse sur différentes parties du cerveau, parce que chacune d’elles contient de multiples agents chimiques. Pour les drogues synthétiques par exemple, ce qui est encore plus néfaste, c’est qu’elles contiennent plus de produits chimiques. Par ailleurs, l’effet d’une substance sera différent sur chaque personne. Par exemple, en consommant de l’alcool une personne sera joyeuse, une autre sera triste, ou encore violente. Voilà pourquoi, je le dis haut et fort, et c’est prouvé, il n’y a pas de différence entre drogue « douce » et dure. Toute drogue a un effet (quelle que soit la dose), et crée un problème médical et sociétal.

L’overdose de drogue est-elle due à la quantité ou à l’effet du produit ?

Une overdose signifie que la quantité prise est de trop. Mais il faut savoir qu’il y a un deuxième type d’overdose qui survient chez la personne addictive (drogues, alcool…). Cette dernière augmente sa dose, parce que sa tolérance augmente. Mais dans l’addiction, il arrive un moment où la tolérance de la personne baisse. Et n’ayant aucune connaissance médicale sur son métabolisme (et sur le fait que sa tolérance a baissé), elle prend sa dose habituelle mais le coup est fatal, parce que son corps n’accepte plus le produit.

Avec l’avènement de nouvelles drogues, quelles sont les difficultés pour les médecins de soigner l’addiction ?

Le traitement de l’addiction est clair : il faut cesser la prise de substance et se désintoxiquer. Le soignant doit bien s’assurer que la personne veut se faire traiter en lui offrant un suivi socio-psychologique. Il ne faut surtout pas oublier qu’il y aussi un temps de rechute. Mais le problème vient plus des préjugés de la société face à l’addiction et aux moyens accessibles pour aider ces personnes (c’est-à-dire médicaments et lieu adéquats pour les traitements, personnel qualifié…) En outre, il faut veiller à ce que ces personnes soient réinsérées dans la société. Donc, le problème doit être pris dans son ensemble.

Réhabilitation : Ces mains tendues pour vous aider !

Plusieurs ONG, groupes de soutien et Centres de réhabilitation sont présents pour aider les victimes de la drogue et leurs familles. Ce, par une oreille tendue, de la compassion, un savoir-faire, et différents programmes d’aide. Ci-dessous, nous vous les présentons.

  • Groupe A de Cassis- « Lakaz A » 

Le Groupe A (Amour, Accueil, Amitié, Avenir) de Cassis est centré sur la prévention de proximité et l’accueil sans jugement des personnes les plus rejetées de la société. Elle œuvre dans la lutte contre l’abus de drogue depuis les années 70, avec des campagnes de proximité dans les communautés. Lakaz A est une maison d’accueil de jour ouverte à tous, avec pour objectif d’instaurer une relation personnelle et amicale et un accompagnement dans la durée, tout en créant un environnement favorable pour permettre à la personne de prendre elle-même les meilleures décisions. Les personnes accueillies sont référées aux structures appropriées (Centres de sevrage, hôpitaux, travailleurs sociaux, autres associations) et soutenues tout au long
de leur démarche, y compris en cas de rechute. Le Groupe A de Cassis-Lakaz A met aussi l’accent sur la prévention et la sensibilisation auprès des jeunes.

Où : 12, rue Saint Georges, Port-Louis,

Tél. : 212.75.41.

  • Espoir Revivre Barkly

C’est une structure de sensibilisation et de soutien aux personnes vivant avec le VIH, et elle favorise un accompagnement des usagers de drogue
injectable de Barkly (Beau-Bassin).

Où : Cité Barkly, rue Boules-de-Neige, Beau-Bassin, Tél. : 464.14.26/59.16.88.36.

  • AILES

Soutien et conseils à ceux et celles qui veulent sortir de la drogue. AILES fait aussi de la prévention auprès des jeunes, et aide les familles touchées par la drogue et le VIH.

Où : Loges de Mangalkhan, Floréal, Tél. : 57.55.29.50.

  • Centre de Solidarité

Pour Une Nouvelle Vie

Le Centre aide à la réhabilitation et la réinsertion des toxicomanes et/ou alcooliques ainsi que leurs familles. Ce, à travers la conscientisation et la prévention dans tous les milieux (écoles, clubs privés, quartiers…) Le Centre offre un lieu d’accueil (Day Care), une communauté thérapeutique,
et permet la réinsertion sociale, le Counselling et une thérapie familiale à travers des rencontres.

Où: Impasse Larcher, Rose-Hill,

Tél. : 464.99.80 / 464.78.15.

  • Chrysalide

Centre de réhabilitation pour les femmes. Il vise à la réinsertion des femmes toxicomanes, avec une thérapie effectuée par un psychothérapeute. La Chrysalide aide aussi à la prise en charge des femmes vivant avec le VIH/sida, des travailleuses du sexe et rend les femmes ex-toxicomanes autonomes.

Où : Route Royale, Bambous, Tél. : 452.55.09.

  • Centre Dr Idrice-Goomany,

Prévention, information, soutien médical et psychologique aux personnes toxicomanes à travers la prévention primaire, le traitement
ambulatoire pour les toxicomanes et alcooliques, et leur réinsertion.

Où : Rue Sir Edgar-Laurent, Port-Louis,

Tél. : 242.30.16.

  • Centre d’Acceuil de Terre-Rouge (C.A.T.R)

Centre dédié à la réhabilitation des toxicomanes et des alcooliques. Un programme de désintoxication axé sur la réinsertion, avec un accompagnement avec la famille.

Où : Rue Martin Luther-King, Terre-Rouge,

Tél.: 248.70.41.

  • L.E.A.D, « Leadership and Empowerment for Action and Development »

Formation, prévention, de l’abus de substances (alcool, tabac, cannabis, héroïne, entre autres) et prévention du VIH/sida et autres MST dans :
les communautés, les écoles, les lieux de travail, les familles. Prévention de la toxicomanie de 5 à 7 ans. Et autres activités comme le plaidoyer des discriminations entre autres.

Où : 18, rue Léoville-l’Homme, Rose-Hill,

Tél. : 465.26.03.

  • CUT (Collectif Urgence Toxida)

Plaidoyer et mise en application de projets dans le domaine de la réduction de risques, comme celui de la réduction du VIH auprès des usagers de drogue injectable. Leur mission est de faire un plaidoyer et offrir des services de réduction des risques basés sur des évidences pour les
personnes qui utilisent des drogues, afin de promouvoir le bien-être économique, sanitaire et social de la nation.

Où : 76, Dr O.-Beaugeard, Port-Louis,

Tél. : 210.81.24 / 210.81.25.

30 ans du Groupe A

Ce mois de juin marque les 30 ans du Groupe A de Cassis. Un anniversaire célébré à travers une série d’activités, où le grand public est invité.

10 juin : Le « mur de l’Espérance » sera repeint afin de montrer la solidarité avec les personnes victimes de toxicomanie ou du VIH.

12 juin : Marche pacifique « Mars pou to pei » à Quatre-Bornes.

13 juin : Messe de célébration des 30 ans à 16 heures à l’église Immaculée- Conception, Port-Louis.

19 juin : Levée de fonds dans la cour de l’église Saint-Vincent-de-Paul, à Pailles, à travers une journée d’activités, animée par les jeunes de Cazado.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Contactez-nous

Calendrier des événements

« Jan 2021 » loading...
L M M J V S D
28
29
30
31
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31

Abonnez-vous à notre newsletter

Parole du Jour

  • Lectures du Jour

Lectio Divina

  • Commentaire de Mgr Maurice E. Piat sur l'Evangile du dernier dimanche du mois

Sacrements: Étapes de la Vie

  • Baptême
  • Première Communion et Confirmation
  • Mariage
  • Sacrement des Malades
  • Funérailles

Articles récents

  • Intention de prière du Cardinal Piat pour janvier
  • « Plaidoyer pour plus de sérénité dans les cours de justice » par le père Jean Maurice Labour
  • Le Service des Vocations propose un GDR Garçons

Commentaires récents

  • Louis dans Rodrigues – Le Père Luc René Young Chen Yin  (OMI)  nommé Administrateur Apostolique
  • Françoise Etienne dans Rodrigues – Le Père Luc René Young Chen Yin  (OMI)  nommé Administrateur Apostolique
  • Françoise Etienne dans Rodrigues – Le Père Luc René Young Chen Yin  (OMI)  nommé Administrateur Apostolique

Catégories

  • Année de la Foi (37)
  • Année de la Miséricorde (23)
  • Autres (269)
  • Communiqués des congrégations religieuses / services / mouvements (194)
  • Conférences (48)
  • Coronavirus (35)
  • Décès (49)
  • Education (117)
  • Eglise et société (193)
  • Evénements diocésains (284)
  • Faire un don pour accueillir le pape François (2)
  • Fêtes religieuses (72)
  • Formation (62)
  • Iles (43)
  • Interreligieux (82)
  • Interviews (99)
  • Jeunes (104)
  • Kleopas (68)
  • Lectio Divina (48)
  • Lettres Pastorales (61)
  • Média (466)
  • Méditation du Cardinal Piat (4)
  • Messe de funérailles (34)
  • Mgr Piat (395)
  • Nominations dans le clergé (73)
  • Oeucuménisme (14)
  • Paroisse (65)
  • Publications (62)
  • Sujets de réflexion (135)
  • Synode (23)
  • Vatican (149)
  • Visite Papale (62)
© par le Diocèse de Port-Louis à Maurice. Liens externes. Charte d'utilisation du site. Ce site a été conçu par Knowledge Seven.