Excellente initiative que celle de l’Action catholique : donner la parole aux enfants et aux jeunes adolescents. C’est ainsi qu’en marge de la Fête du Travail, ces derniers ont réfléchi sur le thème « Anou viv la Mizerikord la kot nou ete ». Et en pages 24-25, dans un kreol simple, direct et sans fioritures, ils nous livrent leur constat.
Que pouvons-nous tirer de la réflexion et du partage de ces enfants et adolescents ? D’abord, il semblerait qu’ils comprennent la notion de Miséricorde, qu’ils peuvent la toucher du doigt. Ainsi, ils nous disent que Miséricorde égale patience, amour, pardon, compassion, entraide, partage, compréhension mutuelle, obéissance aux parents… Et ils donnent pléthore de moyens très simples, souvent au ras du quotidien, pour vivre cela.
Mais là où le bât blesse, c’est que ces enfants et adolescents sont bien peu nombreux, dans leurs réponses, à affirmer que la Miséricorde est une réalité au sein du monde du travail, de la famille et de l’école ! Pour eux, le travail est marqué par le « dominer », la compétition, la jalousie, la maltraitance, la mesquinerie, l’angoisse, et rogne grandement la vie de famille.
Et cette dernière n’est guère mieux aux yeux des interrogés : absence de dialogue et de pardon, infidélité – « ena ape lager mari zot kamarad » -, discrimination, dispute (« kan pena kass, tir laraz dan lakaz »), déresponsabilisation, désintéressement des uns vis-à-vis des besoins des autres (« kan mama malad, papa pa pran kont – zanfan ki bizin amenn mama lopital ») ou encore « nou trouv bann dimounn pliss okipe avek zot mem ;
zot pa trouv soufrans lezot ».
L’école est décrite comme un univers de compétition, d’abus d’autorité, de violence physique et sexuelle, de racisme…
Le portrait sombre qui est dépeint de ces trois secteurs de vie − le travail, lieu où l’Homme contribue à la Création ; la famille où l’humain est aimé et grandit dans un climat porteur, et, l’école, lieu du savoir et des relations qui enrichissent − découle de ce qu’ils voient, entendent autour d’eux et reçoivent comme impression de leur environnement immédiat. Il nous dit aussi que nos enfants vivent bien des choses, des situations difficiles… Et qu’un travail de Miséricorde serait peut-être de libérer leur parole…
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