Suite aux spéculations dans les médias autour de la démission future de Mgr Maurice E. Piat, l’évêché souhaite apporter les précisions suivantes:
Le 19 juillet 2016, Mgr Maurice E. Piat aura 75 ans. Le droit de l’Eglise prévoit qu’un évêque qui arrive à ses 75 ans soumette sa lettre de démission au pape. A partir de ce moment, c’est le pape qui décidera qui sera le nouvel évêque et quand celui-ci prendra la charge du diocèse de Port-Louis.
Le Pape peut immédiatement accepter la démission de Mgr. Maurice E. Piat et demander au Collège des Consulteurs de désigner un Administrateur du diocèse de Port-Louis jusqu’à la nomination d’un nouvel évêque.
Il peut également demander à Mgr Maurice E. Piat de rester en fonction jusqu’à l’arrivée du nouvel évêque (comme c’est le cas actuellement pour Mgr Denis Wiehe aux Seychelles).
Le pape peut aussi nommer un évêque coadjuteur – comme ce fut le cas pour Mgr Maurice E. Piat qui a été évêque coadjuteur du diocèse de Port-Louis pendant 22 mois avant le départ du cardinal Jean Margéot.
La procédure pour la nomination d’un nouvel évêque est prise en charge par le Nonce Apostolique, représentant du pape pour le diocèse de Port-Louis. Après un processus de consultation que le Nonce Apostolique initie lui-même, il propose 3 noms au pape. Ce dernier étudie les dossiers avec ses collaborateurs et nomme, en toute liberté, celui qu’il choisit.
Evêché de Port-Louis
C`est bien de nous informer car beaucoup de speculations circulent dans notre pays concernant notre diocese. Faut soutenir notre diocese pas ceder au rumeur,
Merci
L’exposé qui est fait, par ces ‘précisions’, de procédures relatives à la nomination épiscopale n’appelle pas chez moi de commentaire. Il vient pour l’essentiel du Code de droit canonique de 1983, donc accessible à tout internaute (site du Vatican, entre autres), mais lisiblement rédigé par l’évêché. Je souhaite simplement apporter une note informative et interrogative.
1) Décision finale du pape. Pour être le décideur de la nomination, il n’en est pas l’ultime agissant seul et librement dans tous les cas. Il est dit et connu que seules les nominations à la tête de diocèses de grande importance sont traitées et prononcées par le pontife romain.
Cela en raison des aspects politiques et diplomatiques tenant des Etats ou de contextes où la désignation du pasteur requiert plus d’analyse et de doigté. C’est le cas, par exemple, d’évêques chinois imposés par les autorités politiques du lieu mais dûment acceptés et ordonnés par Rome.
En sommes-nous là s’agissant d’un diocèse portlouisien qui relève de la multitude de sièges épiscopaux, insulaires et autres, à travers les continents et qu’aucun pape ne saurait prétendre connaître au point de pouvoir porter de choix avec toute l’intelligence missionnaire requise.
Certes, le pape intervient en toute situation sur dossier monté par ses collaborateurs, mais il est évident que, s’agissant de diocèses comme ceux de Port-Louis ou de Victoria, le gros du dossier est processed quasiment de bout en bout par des responsables intermédiaires, lesquels peuvent peser d’un poids certain dans la nomination de l’évêque diocésain.
2) La décision du nonce apostolique. Parmi ces intermédiaires, on trouve le nonce apostolique. Envoyé et représentant personnel du pontife, le nonce l’est auprès et de l’Etat qui veut bien l’accepter et auprès de l’Eglise particulière qui ne peut que l’accepter.
Le nonce analyse les contextes divers de ces deux sociétés et informe ses supérieurs romains, donc le pape. Le devoir du nonce, en matière d’information relevant de la nomination épiscopale ne peut et ne doit pas s’exercer au vu de la proximité d’une fin d’épiscopat du fait de l’âge ou de tout autre motif.
Le nonce se doit, dit le droit latin, d’y travailler tout le long de son mandat, en s’informant et en informant sur la vie de l’Eglise et de l’Etat. Ses analyses doivent être personnelles et assisses sur des sources qui lui soient individuellement accessibles.
Or, le présent nonce, avec résidence à Antananarivo, Madagascar, l’est que depuis quelques mois. Lui serait-il permis ou possible de consulter ses prédécesseurs immédiats ? Qu’il puisse le faire ou pas, se pose la question de faire savoir quels peuvent être ses éléments de connaissance de personnes et de situations qu’il lui est indispensable de disposer en vue d’opérer de choix intermédiaire en cas de nomination épiscopale. Parmi les personnes à connaître et/ou à consulter, sur le long terme, on trouve des évêques et des laïcs, exige le droit.
3) Evêques en conférence. Le nonce se doit de consulter les conférences épiscopales en matière de choix épiscopal à proposer à Rome. La soumission d’une liste de trois noms de prêtres au Vatican, dont fait état le communiqué de l’évêché, ne saurait être dressée à quelques semaines ou mois d’une nomination d’évêque, précisent clairement les règles.
Il est exigé des évêques membres d’une commission épiscopale de soumettre au nonce des noms d’éventuels évêques et cela tout le long du mandat des pasteurs en place. La liste de trois noms provient non d’une consultation à la veille d’un épiscopat mais d’une qui porte sur une durée étendue d’observations, d’analyses, de proximité.
Or, on peut se demander quel pourrait être le degré fiable de connaissance personnelle parmi les prêtres des diocèses de la Conférence épiscopale de l’océan Indien. Du fait de l’obligation qui est faite d’informer le nonce sur la durée, on peut estimer que l’on est en présence de deux éventualités :
i) en la circonstance portlouisienne présente, on peut penser que la liste de trois est dressée et est connue et adressée à Rome par le nonce. Dans ce cas de figure, on verrait la nomination d’un évêque diocésain dès effectivité de la démission agréée du présent titulaire.
ii) on peut penser que la liste de trois n’est pas dressée ou est en affinage d’élaboration, dans lequel cas la nomination du nouvel évêque diocésain, soit le véritable pasteur en titre et en fait, serait est mise en attente, sans relever pour autant d’un dossier tenant du seul office du pape. On verrait alors, comme l’indique le communiqué, l’information d’une vacance épiscopale à être remplie soit par un administrateur du diocèse soit par un évêque coadjuteur jusqu’à l’arrivée du nouvel évêque.. qui pourrait être lui ou pas.
Une nomination mise en attente de celui-ci justifierait que l’on s’interroge quant au motif d’une décision. Celui-ci pourrait être attribuable au montage du dossier lui-même inactif en amont, à Rome ou à Antananarivo, ou à de dernières discussions locales, au cours desquelles on pourrait constater que des prêtres que l’on verrait bien pasteur s’y refusent ou d’autres qui le veulent bien.
D’autre part, une nomination qui accuserait en quelque sorte du retard prolongé devrait faire se demander si la cause principale ne serait pas à rechercher et dans l’état du presbyterium et dans la place à être faite aux rapports de l’Eglise au politique et au socio-économique.
4) Presbyterium. C’est la communauté de prêtres collaborateurs de l’évêque diocésain. A en parcourir (site du diocèse) de près la liste, on constate qu’ils dievraient être une petite douzaine qui seraient épiscopables, du fait de l’âge, du nombre d’années de pratique sacerdotale, dont, de curé, des études accomplies ou en cours.
Ceux-là qui auront été sur plusieurs années les plus proches collaborateurs de l’évêque dans l’administration du diocèse seraient-ils de possibles short-listed? Les deux premiers évêques mauriciens auront eu un tel temps de service de ce profil. Le verrait-on encore ? Cela ne ferait-il pas plan de carrière ? Ne serait-il pas — au cas où la nomination ne serait déja plus ou moins décidée — plus que souhaitable que cette dernière s’inscrive dans l’optique évangélique dans laquelle le pape François place le service premier du peuple de Dieu à Maurice et attendu de l’évêque, des prêtres,des diacres, des laïcs (qui eurent droit, un temps lointain, à l’élection de l’évêque)?
N’importerait-il aussi de se pencher sur la place de l’évêque aujourd’hui et demain dans les réalités extra-ecclésisales du pays? On a ici une population qui dans la diversité de ses composantes connaît ce que fait l’Eglise.
Qu’elle se donne un évêque de n’importe quelle anestralité ou culture, elle s’y fera aussi. Mais quelle puisse être la durée du pontificat de François, le fait universellement acquis (et combattu, ici et là) est qu’il a tiré les droits et les devoirs de l’homme vers un service qui embrasse la totalité de toute société. Cela implique moins de discursif et plus d’actif face aux pouvoirs publics et privés de toute sorte.
Etre évêque, c’est être gardien. Que le nouvel soit celui de tous ses frères mauriciens.
Judex Acking