La semaine dernière, ont atterri à la réception de La Vie Catholique, deux personnes avec une invitation à une conférence de presse. Elles représentaient un regroupement d’ex-détenus désireux de militer pour une meilleure intégration sociale des personnes qui ont connu la prison. L’obstacle à leur réintégration, disaient ces personnes, « c’est le certificat de caractère ».
Qu’est-ce qui fait que les ex-détenus ont autant de mal à trouver une place dans notre société ? Nous nous sommes alors interrogés. Des rencontres
effectuées dans le cadre de la réalisation de notre dossier (pages 4-9), il s’avère que si le certificat de caractère n’est pas l’unique responsable de ce problème, il y est pourtant grandement pour quelque chose.
Le pouvoir du certificat de caractère semble être double. D’une part, il peut rassurer un employeur « sur les qualités morales » d’un potentiel employé, et permettre à ce dernier d’accéder à un emploi.
Mais d’autre part, il peut tout bonnement fermer la porte à quelqu’un en recherche d’un emploi car, selon les procédures établies, toute personne qui passe par la prison, voit cela s’afficher sur son certificat de caractère. Que la durée d’emprisonnement soit d’un mois ou de dix ans. Pire encore même, certaines amendes qui ont été payées, figurent sur ce fameux certificat… Comme dans le cas de cet homme qui a payé une amende pour avoir brisé le portable de son ex-femme, et qui a perdu son emploi quand son employeur a découvert que son certificat de caractère mentionnait
un délit commis.
Finalement, comme dans beaucoup de lois en vigueur à Maurice, l’application des règles uniformes semble dominer la gestion d’un dossier en faisant preuve de justice, d’intelligence, de bon sens. Cette manière de gérer se voit par exemple dans l’aide offerte aux femmes en détresse. À celle qui touche plus de Rs 10 000 par mois, qu’elle ait un ou quatre enfants, aux oubliettes l’aide juridique proposée par l’État.
La miséricorde nous interpelle particulièrement en cette année qui lui est dédiée. Aussi, nos décideurs gagneraient aussi à se poser la question de savoir où se trouve la juste limite entre la justice et la miséricorde, à se demander quand appliquer la loi mot pour mot, et quand considérer aussi
« l’esprit de la loi ».
Les lois sont essentielles pour l’équilibre de toute société, mais quand leur application rigide et uniforme détruit l’existence de nombreuses personnes, il serait grand temps de se demander si cette loi, telle qu’elle est aujourd’hui, fait honneur à la justice et aide notre société à devenir meilleure.
Laisser un commentaire