Joyeux Noël à vous tous, chers frères et sœurs mauriciens. Cette joie que nous nous souhaitons mutuellement ce soir à Noël prend une nouvelle profondeur en cette année jubilaire de la Miséricorde.
A Noël, la miséricorde de Dieu se manifeste dans la simplicité déconcertante d’un enfant qui naît dans une mangeoire. En venant sur la terre, Jésus n’a pas voulu « garder le rang qui l’égalait à Dieu ». Il a préféré se dépouiller lui-même, devenir semblable aux hommes et prendre la forme d’un serviteur (cf. Ph. 2, 6-7). C’est Lui, le Fils de Dieu, qui prend l’initiative de venir, mais il refuse tout privilège. Il veut seulement être avec nous et partager notre vie ordinaire. C’est dans une famille unie, paisible qu’il naît. Mais sa famille a été exposée, comme tant d’autres, à l’indifférence. Quand elle avait besoin d’aide, les gérants de l’auberge chez qui ses parents avaient frappé lui ont fermé la porte au nez. Comme tant d’autres, sa famille est restée vulnérable devant la persécution arbitraire des grands de ce monde et a dû fuir au péril de sa vie sur les chemins de l’émigration forcée.
A Nazareth, Jésus a connu comme beaucoup d’enfants, la joie d’être protégé et aimé par ses parents ; il a connu aussi la joie d’apprendre un métier aux côtés de son père. Mais dans le village, au sein de la grande famille élargie, il a aussi connu des incompréhensions, des jalousies et même un certain rejet au moment où il décide de partir pour commencer sa mission publique (cf. Lc. 4, 28-30).
Cette présence du Fils de Dieu au sein d’une famille humaine a occupé la plus grande partie du temps que Jésus a passé sur la terre mais reste très discrète. Sa présence n’a pas apporté de solution extraordinaire aux problèmes quotidiens de sa famille, confrontée à l’oppression de l’occupant romain qui exigeait des taxes exorbitantes aux paysans et aux petits artisans. Il n’a apporté à sa famille aucun privilège ni aucun avantage particulier. Et cependant, cette présence humble et effacée n’a pas été oubliée depuis 2000 ans. Jusqu’aujourd’hui, tant d’hommes et de femmes, à la suite de la Vierge Marie, « conservent avec soin tous ces événements et les méditent dans leur cœur » (Lc. 2, 19).
Pourquoi ? Sans doute, parce que la façon dont Jésus s’est fait proche de sa famille, des gens de son village, en partageant leur vie, se réjouissant avec eux, et souffrant avec eux, nous révèle tout simplement la façon humble et discrète dont Dieu lui-même, dans sa miséricorde, se fait proche de chaque famille aujourd’hui.
Cette manière d’être avec nous que Dieu a choisie, n’apporte sans doute aucun changement spectaculaire à la situation des familles. Mais pour ceux et celles qui s’ouvrent à cette présence dans la foi, quelque chose change. Ils découvrent, émerveillés, qu’ils ont du prix aux yeux de Dieu. Une espérance illumine leur chemin. Une force tranquille les habite et fortifie leur amour. Cette présence leur donne, même au milieu des pires épreuves, une joie paisible qui leur permet de continuer la route avec courage. Et chemin faisant, ils se rappellent comment ce Jésus qui était présent humblement avec sa famille de Nazareth, est le même que le Jésus ressuscité qui a promis « d’être avec nous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Mt. 28, 20).
Beaucoup de personnes donnent aujourd’hui, dans le quotidien de leur vie, un beau témoignage de cette même qualité de présence qui transforme la vie de leur famille. Comme cette grand-mère que j’avais rencontrée, et qui passait des journées entières à l’hôpital aux côtés de son petit-fils qui, suite à un accident de motocyclette, avait subi une grave opération et souffrait énormément. Cette femme ne pouvait pas faire grand-chose pour soigner son petit-fils. Mais l’enfant lui-même témoignait du bien immense que lui avait fait la présence tranquille de sa grand-mère, comment son soutien silencieux lui avait donné la force de garder espoir. Je me souviens aussi de cette maman qui, tout en ne sachant pas lire, restait tous les soirs aux côtés de son enfant jusqu’à qu’il ait terminé ses devoirs d’école. L’enfant témoignait des années plus tard, comment c’était grâce à la force de cette présence silencieuse, qu’il avait pu persévérer dans ses études et réussir à ses examens. Ou encore, ces parents qui sortaient beaucoup en soirée, et qui, en rentrant à la maison, observaient combien leur petite fille était agitée et dormait mal. Ils consultèrent plusieurs médecins, sans grand résultat. Quelque temps plus tard, au cours d’une retraite, ils se sont demandés, en relisant leur vie devant Dieu, si ce n’était pas leurs absences répétées qui troublaient leur enfant. Ils décidèrent alors de renoncer à certaines sorties mondaines. Et leur petite fille retrouva son sommeil.
Le Jubilé de la Miséricorde peut être l’occasion de relire notre vie pour repérer tous ceux et celles qui, à certains moments de notre existence, nous ont fait le cadeau de leur présence gratuite. Nous pourrons alors mesurer tout le bien que cette présence nous a fait. Ce serait l’occasion aussi de rendre grâce à Dieu pour toutes ces petites lumières qui ont illuminé notre route et qui témoignent humblement de ce trésor caché : la présence de Dieu avec nous tous les jours jusqu’à la fin des temps.
La fête de Noël est le temps par excellence du partage de cadeaux. Et souvent on se casse la tête pour trouver le cadeau qui ferait plaisir à celui-ci ou à celle-là. Il se peut que le plus grand cadeau qu’un parent pourrait faire à son enfant, un conjoint à son conjoint, un ami à son ami, n’importe lequel d’entre nous à un malade, à un immigré, à une personne âgée ou isolée, à une famille en difficulté, serait de lui faire le cadeau d’un peu de notre temps, de notre écoute, de notre attention, de notre encouragement. Sans en être conscient peut-être, ce temps gratuit que nous lui offrons, pourrait apporter dans sa vie un petit reflet de cette présence de Dieu qui peut transformer nos vies.
Que la joie de Noël ne soit pas pour vous un simple feu de paille. Qu’elle soit plutôt comme un feu de braise qui vous éclaire plus discrètement, mais nous réchauffe longtemps.
Merci Mgr Maurice pour ce beau tableau de NOEL .
Je vous souhaite ainsi q`ua ceux qui sont pres de vous un tres Saint et Joyeux Noel ainsi q`une Annee plein de Sante et de Paix
Il est venu dans notre vie en toute simplicite et humilite . Il est venu nous rencontrer dans les circonstances de la vie. En lui c`est la joie de vivre , de patarger de renoncer notre confort aller vers ceux qui sont dans le besoin.