Ci-dessous, l’intervention du père Jean Maurice Labour, curé de la paroisse Saint-François-Xavier, lors de l’installation d’une stèle dans l’église Saint-François-Xavier en mémoire des victimes des violences de 1968:
Si les murs de cette église pouvaient parler, ils nous raconteraient l’histoire de 182 années de présence de chrétiens de ce faubourg de Port Louis, (depuis l’abbé Déroulède, 1er prêtre mauricien jusqu’à l’époque contemporaine, en passant par l’arrivée des premiers travailleurs indiens durant l’épiscopat de Mgr Collier, premier évêque du diocèse). Ils nous raconteraient l’histoire d’une paroisse qui épouse celle de notre pays dans ses grandeurs et ses misères.
Aujourd’hui nous voulons nous souvenir d’une des pages les plus douloureuses de cette histoire en installant une stèle en pierre dans l’église, en présence de quelques paroissiens qui ont vécu cette période difficile et qui portent encore dans leur cœur les plaies de cet exode forcé. Afin que l’Ile Maurice moderne se souvienne de ceux et celles qui ont été violemment arrachés à leur paroisse, à leur maison, à leurs traditions. Car il ne faut pas oublier que la paroisse Saint-François-Xavier était habitée par l’élite chrétienne et créole de l’Ile Maurice et que, à l’orée de l’accession du pays à l’Indépendance en 1968, cette communauté créole et chrétienne a payé le prix le plus élevé des violences intercommunautaires qui d’une part leur ont enlevé des êtres chers, et d’autre part les a poussés à un exode massif. Pour la plupart, ils ont émigré vers l’Australie et d’autres pays.
Aujourd’hui encore, ce déchirement reste vivant. Le pays semble rejeter dans les oubliettes cette période difficile mais significative des démons qui hantent l’inconscient mauricien. Ceux et celles qui sont restés à Maurice sont là avec nous ce matin. Et c’est à leur initiative qu’aujourd’hui la paroisse toute entière est conviée à se souvenir.
Pourquoi réveiller ces mauvais souvenirs ?
D’abord en mémoire des victimes mortes par violence, victimes de la haine organisée. Des victimes chrétiennes pour la plupart, mais aussi quelques musulmans.
Deuxièmement, pour guérir la mémoire. L’oubli laisse ouvertes les plaies mal identifiées qui ne cessent de suppurer la haine et la vengeance, les souffrances étouffées qui resurgissent sous formes de préjugés, de racisme, finalement de violence latente qui attend le moment de la revanche ou alors se terre dans un silence suicidaire.
Troisièmement, se souvenir pour construire l’avenir. Parce que seule la vérité nous rendra libres car l’oubli est une manière d’avoir peur de regarder en face ce dont notre humanité est capable pour dire avec force : PLUS JAMAIS CA !!!
Se souvenir pour guérir et donc donner à la jeune génération les fruits de nos combats pour qu’ils construisent l’avenir de notre pays et du monde sur l’espérance d’un monde réconcilié.
Se souvenir pour construire avec eux un monde où les différences de races, de cultures et de religions ne soient pas des lieux d’affrontements mais deviennent des occasions de nous réjouir et de tirer profit de nos différences dans un monde arc en ciel, qui serait d’une tristesse accablante s’il était d’une seule couleur.
L’installation et la bénédiction de cette pierre aujourd’hui voudrait poser les bases de ce souvenir qui ouvre une relecture de ce pan de l’histoire de notre paroisse par la nouvelle génération et d’un dialogue avec nos compatriotes de religions différentes.
L’année prochaine, année du 155ème anniversaire de l’aménagement de la première chapelle par Mgr Collier, le 3 décembre 1861, nous installerons la stèle dans la cour de l’Eglise, pas loin de la statue de St François. Nous pourrions dès maintenant inviter les chrétiens de la diaspora mauricienne, anciens de Saint-François-Xavier, à planifier un voyage à Maurice pour participer à cet événement. Avec le Conseil des Religions, et sur la suggestion de son président, le père Philippe Goupille, nous voudrions ouvrir dans l’ancienne cure de Saint-François-Xavier, une salle dédiée au dialogue interreligieux. Nous nommerons un comité interreligieux pour ouvrir avec les musulmans un espace de dialogue, de relecture, pour préparer cet événement pendant une année.
Père Jean Maurice Labour.
Curé de la Paroisse
Ce dimanche 22 mars 2015
Il est bon de comprendre comment ces chretiens sont morts en s’organisant contre lalutte pour l’ independance et la continuation du colonialisme occidrntale.
Etait-ce la vraie raison qu’a l’air de mentionner Adorateur du Createur? L’indépendance etait déjà acquise au moment ou les bagarres ont eclaté. Il n’est pas productif de soulever ce genre d’interrogation sujet à polémique sur le site d’une institution aussi respectée que celui du Diocèse de Port Louis. Si ces tristes évènements se sont passés dans une période de post independance remplie d’incertitudes, qu’il me soit permis de dire que d’après les maigres sources dont je dispose, il y a eu un concours de circonstances facheux qui a contribué à l’éclatement. Laissons le soin à des historiens et des chercheurs de nous éclairer sur ce pan honteux de notre histoire, avec des methodes scientifiques et impartiales, et surtout dans une atmosphère apaisée. Merci.