D’Irlande où il est en convalescence, Mgr Maurice E. Piat a accordé un entretien à La Vie Catholique et à CAPAV. L’évêque revient sur sa maladie, son mandat épiscopal et les priorités diocésaines.
Mgr Piat, merci de nous accorder cet entretien. Ça fait un certain temps que vous êtes absent du pays pour des raisons de santé. Comment vous portez-vous à ce stade ?
Je me porte de mieux en mieux. Grâce à Dieu, l’opération que j’ai subie à Londres le 22 octobre dernier s’est très bien passée. Il a fallu, après, prendre un long temps de convalescence pour récupérer.J’ai passé d’abord cinq semaines à Londres et depuis décembre, je suis en Irlande chez ma soeur. Je dois dire que je récupère très bien ; mes forces reviennent. Je fais beaucoup d’exercices physiques, et il y a pas mal de jolies marches à faire dans les environs, malgré le froid. Je me réjouis à la perspective de rentrer au pays en bonne santé début janvier et de retrouver l’Église mauricienne qui me manque beaucoup. Retrouver ce pays où je me sens à l’aise. Je tiens à dire toute ma reconnaissance au père Jean-Maurice Labour qui, pendant toute ma maladie, a assumé la responsabilité d’administrer le diocèse. Je lui fais entièrement confiance et je le remercie pour la manière dont il a assumé ce workload supplémentaire dans les temps importants de notre histoire.
Quel regard de foi portez-vous sur votre maladie ?
Cette maladie m’a montré combien ma vie ne tenait qu’à un fil… Combien elle est vraiment fragile. Elle me conduit à reconnaître que chaque instant de ma vie m’est donné. Donné par Dieu qui me maintient en existence et qu’on ne peut jamais prendre sa vie pour quelque chose d’acquis. Un jour, Jésus a dit : notre Dieu est le Dieu des vivants ; ce n’est pas le Dieu des morts. C’est un Dieu qui s’engage à toujours donner la vie. Que ce soit la vie terrestre, telle que nous la connaissons sur terre, ou la vie après la mort qui est une vie aussi belle.
Ça me donne beaucoup d’espoir de savoir qu’il y a aura toujours quelqu’un qui me donnera la vie. Une deuxième chose que j’ai remarquée dans cette maladie, ce sont les soins exceptionnels à l’hôpital. J’ai été entouré de beaucoup de gentillesse et de compétences. Soutenu par beaucoup d’affection de ma famille, à Londres comme à Dublin. J’ai aussi senti le soutien de toutes ces personnes qui prient pour moi à l’île Maurice. J’ai pris conscience combien je dépendais de cette affection, de ces soins, de cette solidarité concrète, pour continuer à vivre et retrouver mes forces. Tout ça m’a rappelé une phrase que le Cardinal Margéot disait à nous, jeunes prêtres : « Il faut que vous appreniez à vous laisser aimer par votre peuple. » Se laisser aimer est la meilleure école pour apprendre à aimer à son tour.
Autre chose : la maladie m’a obligé à abandonner beaucoup de projets : voyages, rencontres, lectures… Elle m’a appris à lâcher prise et à me laisser conduire… Dieu m’a conduit à ce qu’il y a de plus important dans la vie : le dépouillement ; se laisser aimer par Dieu ; être heureux de servir les autres.
Cet éloignement vous aura certainement permis de réfléchir sur votre mission en Église. Comment abordez-vous la suite de votre épiscopat ?
Elle est très simple. La route est déjà tracée. Le projet Kleopas, que nous avons entrepris depuis un an et demi, est quelque chose de très important. Ma priorité et celle de l’Église est de se concentrer sur ce discernement qui est à faire. Je sais qu’en ce moment, les paroisses s’organisent pour prier pour ceux et celles qui se sont engagés concrètement dans ce nécessaire discernement pour arriver à des conclusions. Je les remercie pour cette participation. Je serais heureux de retrouver mes collaborateurs laïcs, religieux et prêtres pour continuer à discerner ce que le Seigneur nous demande pour la société mauricienne d’aujourd’hui.
J’entends dans votre réponse beaucoup d’espoir et de détermination pour la suite de votre épiscopat. Il y a eu et il y a toujours des spéculations sur votre mandat ; irez-vous jusqu’au bout ?
Avec la façon dont je sens les forces revenir, les médecins qui me disent que tout va très bien, je me dis qu’il n’y a pas de raison pour ne pas terminer mon épiscopat jusqu’à la date butoir ; c.-à-d., jusqu’à mes 75 ans. Je continuerai – oui certainement – d’assumer mes responsabilités jusqu’à la fin de mon mandat.
Vous serez bientôt parmi nous. Quelles seront les priorités de cette nouvelle année liturgique et calendaire ?
La priorité sera de donner toutes ses chances à ce projet Kleopas pour qu’il aboutisse à des prises de décisions, les moyens à choisir qui soient adaptés à notre situation pour redonner à l’Église cette joie d’annoncer l’Évangile dont parle le pape François. Surtout la joie d’annoncer la Bonne Nouvelle aux familles. La famille est au centre de notre projet Kleopas. Au centre des préoccupations du pape François avec le Synode sur la famille. Je crois qu’il y a beaucoup de réflexions, de recherche à faire pour voir comment apporter la joie de l’Évangile dans les familles. Surtout celles qui vivent des choses difficiles.
Votre message aux Mauriciens pour Noël…
Je souhaite à mes frères et soeurs chrétiens, mais aussi à tous mes compatriotes, un bien Joyeux Noël. Pas un Joyeux Noël tout simplement dans le sens d’une jolie fête. Je souhaite que tous puissent découvrir la joie profonde que cette fête nous apporte. Découvrir un peu plus le visage de tendresse et de miséricorde de ce Dieu qui vient et qui Se fait proche de nous. Cela me touche beaucoup, cette proximité que Dieu choisit d’avoir envers nous. C’est cela la grande source de la joie de Noël. Je souhaite à tous de découvrir quelque chose de cela. Je crois aussi que quand Dieu Se fait proche, Il nous donne le goût de nous faire proche nous aussi. Le goût d’aimer et de servir nos frères et sœurs gratuitement et de devenir ainsi des artisans de paix.
Laisser un commentaire