Introduction
La « Lectio Divina » est une manière de chercher à entendre la parole que Dieu nous adresse à travers un passage de la Bible, et à y répondre. Elle comprend 3 parties :
1. une lecture attentive du texte dans son contexte ;
2. une écoute intérieure de la Parole de Dieu, de l’appel qu’il nous fait aujourd’hui à partir de ce texte ;
3. un temps de prière (personnelle ou en groupe) pour donner sa réponse à l’appel que nous fait le Seigneur.
1. Lire le texte
1.1. Contexte
Jésus vient d’entrer à Jérusalem pour la dernière fois avant sa mort. Son entrée a été triomphale. C’est elle que nous commémorons le dimanche des Rameaux. Pas plutôt entré dans la ville, Jésus a chassé les vendeurs du temple. Les Pharisiens observent les gens qui étendent leurs manteaux à terre, agitent des branches et acclament Jésus en chantant « Hosanna au Fils de David ». Ils sont furieux ; ils sont choqués par cet accueil que la foule réserve à Jésus.
Le lendemain, quand Jésus revient enseigner dans le Temple, les Pharisiens l’abordent pour lui demander par quelle autorité il fait tout cela. Jésus leur adresse plusieurs paraboles pour les faire réfléchir. Ils voient qu’ils sont visés et ils sont de plus en plus furieux contre Jésus, mais ils n’osent pas l’arrêter.
Ils continuent à le harceler de questions pour essayer de le prendre en faute mais ne réussissent pas. Les Sadducéens, qui étaient des adversaires des Pharisiens, posent aussi des questions à Jésus : ils l’interrogent sur la résurrection des morts – sujet controversé à l’époque et sur lequel les Pharisiens et les Sadducéens n’avaient pas la même position.
1.2. Déroulement du texte
C’est dans ce climat tendu que les Pharisiens s’approchent encore une fois avec une question qui paraît innocente mais qu’ils souhaitent embarrassante pour Jésus : « Maître, quel est le grand commandement dans la loi ? ». Cette question posée sur « le grand commandement » dans la loi reflète une préoccupation assez fréquente chez les maîtres juifs d’alors à qui l’on demandait un principe simple qui puisse orienter toute la vie religieuse.
La réponse de Jésus peut paraître simple et archi-connue. Mais elle est lumineuse pour deux raisons
a) l’originalité de l’enseignement de Jésus tient au fait que Jésus donne une égale importance à deux commandements venant de deux livres différents de la Bible. (Le premier commandement : aime Dieu de tout son cœur vient du Deutéronome et est très connu des Juifs puisqu’il fait partie de la prière qu’ils récitent matin et soir : « Ecoute Israël, le Seigneur ton Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes tes forces » (Dt 6, 4-5). Le second commandement vient de Lévitique 19, 18). L’originalité de la réponse de Jésus vient de l’égale importance qu’il a accordée à l’un et à l’autre. Comme s’il nous disait que nous ne pouvons pas aimer Dieu, si nous n’aimons pas notre prochain jusqu’au bout. L’amour du prochain est comme le test incontournable de notre amour pour Dieu. Car Dieu aime chaque être humain d’un amour patient, fidèle comme Jésus lui-même va le révéler sous peu lorsqu’il va s’offrir à Dieu son Père pour manifester cet amour en donnant sa vie sur la croix.
b) La réponse de Jésus est éclairante sous un autre aspect : il dit en final que « tout ce qu’il y a dans l’Ecriture – dans la loi et les prophètes – dépend de ces deux commandement ». Jésus nous donne ici un principe fabuleux pour comprendre et interpréter toute la Bible. Toutes les histoires de la Bible, tous les commandements de la loi, toutes les interpellations des prophètes n’ont qu’un but : nous révéler comment aimer un Dieu qui nous a aimés le premier, et comment aimer notre prochain en réponse à l’amour de Dieu pour nous.
Même si les juifs n’ont pas compris tout de suite jusqu’où devait aller l’amour du prochain, Jésus affirme clairement en Mt 5, 44, que l’amour du prochain doit s’étendre jusqu’à l’amour des ennemis.
Dans la Bible l’amour n’a rien à voir avec un simple sentiment qui peut varier selon les événements. Il s’agit d’une décision de vouloir le bien de quelqu’un, de lui montrer de la considération, de respecter ses droits et de traduire cette décision sur le long terme dans des actes concrets.
2. Ecouter la Parole de Dieu qui résonne à travers ce texte
a) Dans le contexte de controverse théologique où ses adversaires lui posent la question, Jésus n’essaye pas de marquer des points. Il va tout de suite à l’essentiel et interpelle chacun non pas sur sa compréhension intellectuelle de la loi, mais sur sa façon de vivre sa relation avec Dieu.
b) Jésus nous livre ici non pas simplement un précepte de vie morale énoncé dans les livres de la loi et qu’il nous faudrait appliquer. Il nous partage plutôt sa manière de comprendre le cœur de tout ce qui est révélé dans la Bible. Il nous éclaire aussi sur la manière dont il vit lui-même sa relation avec Dieu son Père, et sa relation avec ses frères et sœurs humains. En fait, sa réponse est comme une invitation à partager sa manière de vivre, sa manière d’aimer.
c) Peu de temps après, lors du dernier repas et durant sa passion, il nous donne une illustration profonde et inattendue de sa manière de vivre ce double amour de Dieu et du prochain qui va jusqu’à l’amour des ennemis.
d) Cette manière d’aimer de Jésus consiste d’abord à reconnaître que Dieu nous a aimés le premier, gratuitement sans aucun mérite de notre part ; il nous invite à nous émerveiller sur le caractère unique de cet amour qui nous fait exister, donne un sens à notre vie, et nous donne un bonheur solide et durable.
La manière d’aimer de Jésus consiste ensuite à faire une confiance totale à Dieu notre Père, à se laisser conduire par lui, sur le chemin de l’amour du prochain. Jésus ne nous invite pas à aimer notre prochain pour pouvoir mériter d’être aimés par Dieu ; il nous invite plutôt à aimer notre prochain parce que nous sommes aimés de Dieu et que ce Dieu qui nous aime nous appelle à aimer et à servir comme lui notre prochain.
3. Prier pour répondre à la Parole de Dieu
Prendre du temps pour contempler la manière dont Jésus a aimé Dieu son Père et les hommes, ses frères au dernier repas, à l’agonie sur la croix.
Demander à Jésus de nous apprendre à lui faire confiance et à nous laisser entraîner par lui sur ce chemin d’amour qui va jusqu’au pardon et jusqu’à l’amour des ennemis.
Chacun formule la prière qu’il se sent poussé à faire compte tenu de sa situation particulière, de ses épreuves et ses difficultés.
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