Nous aspirons tous, peu importe notre culture, à un pays qui a pour valeur le respect de certains critères. Séparation des pouvoirs. Jeu sain entre les gouvernants et l’opposition, liberté d’opinion, d’expression, d’association, politiciens au service de la nation et accountable au peuple, gestion transparente, volonté de s’attaquer à des fléaux : law & order, pauvreté, chômage des jeunes, toxicomanie et alcoolisme… Et nous sommes tous conscients qu’aucun pays ne fonctionne sans qu’il n’ait à sa tête des politiciens – équipe dirigeante et oppo-sition – ce, pour le fonctionnement de la démocratie.
Hélas, ces derniers temps, le sentiment d’être floués, abusés, a été tellement fort – Parlement sous l’éteignoir, mamours se conjuguant aux désamours, volonté
de tailler la réforme électorale à l’avantage des protagonistes du jour, sans compter le prochain déshabillage des adversaires – que nous avons été nombreux à nous dire deux choses. Primo : la politique est dégueulasse. Secundo : les politiciens sont des girouettes, et pour résumer, de vrais ninport. Ces deux phrases-là habitent nos conversations. Nous ne nous lassons pas de les répéter à satiété à qui veut bien les entendre.
Faut-il donc s’étonner si, 48 ans après l’indépendance, notre vie politique n’a été marquée que par deux partis et que d’autres ne parviennent pas prendre leur place
sur l’échiquier ?
Faut-il s’étonner si, aujourd’hui encore, la politique mauricienne se révèle être une affaire de dynasties familiales, le « fiston » marchant dans les pas du « papounet », le beau-père favorisant l’entrée du gendre, avec leurs candidats positionnés sur plusieurs fronts, au sein de l’équipe dirigeante comme dans l’opposition… ?
Faut-il s’étonner si les « vieux de la vieille » (garde) tiennent encore très solidement les rênes, alors que l’engagement chez les jeunes est freiné par un climat de peur, avec ce « rotin bazar » d’être stigmatisés professionnellement, de voir les proches traînés dans la boue… ?
Faut-il s’étonner que la génération montante se désintéresse de la politique quand les parents encouragent leurs enfants à fonctionner en termes de « bon travail, bon
salaire, maison, statut social à acquérir… », et surtout, à se tenir éloignés de « sa malang ki apel politik-la » ?
Faut-il s’étonner du non-renouvellement de la classe politique si nous continuons à diaboliser la politique et les politiciens, véritable épouvantail contre toute bonne volonté, « étouffoir » à innovations ? Quand nous les mettons tous dans le même panier avec nos « zot tou parey », sans donner l’occasion de faire des preuves ?
Qu’on se le dise : ce qu’est la politique et les politiciens d’aujourd’hui, chacun de nous y a contribué…
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