Qu’aurions-nous su du sort de ces quelque 200 jeunes adolescentes nigérianes, enlevées le 14 avril dernier par la secte islamiste Boko Haram, s’il n’y avait pas Internet et les médias digitaux ? Et quid des autorités de ce pays, prévenues selon Amnesty International de l’imminence de l’attaque contre leur établissement scolaire ? Est-ce qu’elles ne baigneraient pas encore dans un état léthargique, laissant le champ à ces montres sans foi ni loi, s’il n’y avait pas cette pression internationale qui monte crescendo ?
Aujourd’hui, aux quatre coins de la planète, hommes et femmes se mobilisent – de l’anonyme aux personnalités – autour de quatre mots : Bring back our girls. Conscients que si les filles ne regagnent pas le toit familial, « si elles ne sont pas libérées, aucun parent n’autorisera sa fille aller à l’école dans le futur » (Hadiza Bala Usman) et que le Boko Haram aura gagné haut la main.
Le focus en ce moment est sur le Nigeria, sur le drame qui s’y vit… Tous s’interrogent sur le sort de ces jeunes filles… Ont-elles été violées ? Ont-elles été forcées à la conversion ? Vendues comme esclaves sexuelles ? Mariées contre leur gré ? Alors que les projecteurs sont braqués sur l’Afrique, poussons aussi la réflexion.
Est-ce que le monde occidental ouvrira ses yeux sur ce continent où tant de malheurs se vivent ? Les ouvrira-t-il pour y voir autre chose que la richesse du sol qui se conjugue souvent avec l’exploitation des ressources et d’une main-d’œuvre juvénile ? Autre chose que des perspectives économiques plus conséquentes qu’en interne ?
L’Afrique est ravagée par des guerres. Guerres religieuses. Conflits ethniques qui nous ont valu le génocide au Rwanda il y a vingt ans. Guerre économique et politique. Exode en masse vers l’Europe avec son lot de cadavres récupérés à Lampedusa. Pillage, pauvreté grandissante…
L’Afrique est le deuxième plus grand continent et aussi le deuxième le plus peuplé. Pourtant, c’est un continent oublié. Oublié parce que nous sommes trop nombreux à avoir fait ce choix − consciemment ou inconsciemment − de l’oubli. Et comme le révérend Al Sharpton, nous aimerions aujourd’hui dire : « Bring back our girls and let’s stop ignoring Africa ! »
Laisser un commentaire