Nous entamons déjà la troisième semaine de Carême. Un temps qui nous est donné pour prendre un moment avec Dieu et nos frères et sœurs. Comment je vis mon Carême ? Rencontres et témoignages…
«Le temps du Carême, un temps de renouveau spirituel », explique le père Eddy Coosnapen, curé de la paroisse Sacré-Cœur à Beau-Bassin. Après avoir vécu plusieurs événements au cours de l’année, c’est un temps pour s’arrêter, faire le point, voir où nous en sommes dans notre relation avec Dieu et avec nos frères et sœurs. Un moment qui permet de faire une relecture et le vide en soi en se mettant devant le Seigneur pour écouter ce qu’Il a à dire. L’occasion aussi où se rend disponible et où on écoute la Parole de Dieu. « Je fais actuellement le parcours Regard de Jésus sur la femme mauricienne, cela m’aide à vivre la Parole
pendant ce Carême », partage Carmela Jean-Baptiste, une habitante de Cap-Malheureux. Un temps qui lui permet de porter un nouveau regard sur l’Évangile. « Je fais très attention à ce que je lis ou ce que j’entends de la Parole de Dieu et cela enrichit mon Carême », relate-t-elle. Il en est de même pour Raymond Lebon, de la paroisse de Rivière-des-Anguilles qui, après avoir fait un parcours spirituel, a appris à vivre son Carême avec la Parole. Pour lui, c’est un temps de combat spirituel où il est facile de se laisser tenter. « Mo esey fixe mo regar lor Jesus. Mo met moi antierman a la Parol », partage ce dernier. La Parole qui devient une nourriture dans sa vie au quotidien. « Se dan la Parol ki mo trouve ki mo bizin sanze dan mo lavi », souligne-t-il.
De même pour Carmela Jean-Baptiste qui pense que ce temps est pour faire du changement, voir ce qu’elle doit améliorer dans sa vie.
Un nouveau départ
C’est l’opportunité de faire le vide en soi, de se libérer et de mettre de l’ordre dans toutes ces choses qui pèsent lourd sur son cœur pour accueillir l’essentiel, souligne le père Eddy Coosnapen. « C’est le temps favorable, le jour du salut », explique le prêtre ; une parole de saint Paul qui est une manière de dire que le Carême, c’est maintenant. « C’est le temps de grâce qui est donné par le Seigneur à son Église », ajoute-t-il. Il y a alors la démarche de revenir, démarche d’abord personnelle, mais aussi de et avec l’Église. « C’est là où se vivent les plus belles conversions », souligne le curé. Car notre cœur
est attentif et disponible.
Il en va ainsi pour Arno, paroissien à Rivière-des-Anguilles. Ce dernier partage avoir ressenti le vrai sens spirituel du Carême ces cinq dernières années, notamment l’année dernière quand il a fait la démarche de découvrir ce que l’Église a à lui donner, et ce, en revenant à la messe et en essayant de mieux écouter la Parole. « Monn esey vinn pli pros ek la Parol e ekout bann sermon », dit-il. Un Carême riche qui l’a guidé pour servir les autres et son Église et à s’engager dans différents mouvements par la suite. « Apre sa Karem-la, monn deside pou servi lezot », précise Arno.
Un nouveau départ qui nous est donné par la Parole et qui se découvre dans la prière, dans le temps consacré à prier, à accueillir Dieu, lieu par excellence, selon le père Coosnapen, de la richesse de la Parole qui nous est donnée par la liturgie, nourriture nécessaire pour bien vivre le Carême personnellement, mais aussi
en communion avec l’Église. Un temps de grâce que nous pouvons vivre concrètement en mettant en pratique la Parole tous les jours. En vivant pleinement les valeurs de l’Évangile, peu importe où l’on est ; sur la route, dans son couple, avec ses enfants, avec ses collègues, avec tout le monde.
Ce moment consacré plus à la prière, c’est ce qu’essayent de faire Roselilette, de Rivière-de-Anguilles et Julie de Bambous. « Mo viv sa letan-la an fami avec laprier, nou konsakre plis letan pou prie ansam », partage Roselilette. Un moment où elle en profite aussi pour se mettre à leur écoute ainsi qu’à l’écoute d’autres personnes qu’elle croise. « Mo rapros moi plis avek Bondie dan la Parol », ajoute Julie. Pour cette dernière, le Carême est l’occasion de prendre des résolutions dans la simplicité à travers la prière. Prière qu’elle prend un plus de temps à vivre personnellement chaque matin et soir, mais aussi en
famille.
Le Carême est une période où l’on attend beaucoup, mais il y a aussi ce que le Seigneur attend de nous. « Dieu veut que je sois un homme nouveau », confie le père Coosnapen. Ainsi dit-il, nous sommes toujours en demande. Or, le Seigneur a des choses à nous dire et Il veut que nous l’écoutions. « Parle Seigneur, ton serviteur t’écoute ; c’est justement accueillir ce que Dieu a à nous dire. »
Un moment toutefois qui ne doit pas s’arrêter à Pâques. « Tous ces efforts faits sont un tremplin pour continuer par la suite », relate Carmela Jean-Baptiste. « Ce doit être aussi pour nous l’occasion de nous mettre en route avec le Seigneur pour continuer à vivre ainsi tout le temps », fait ressortir le père Eddy Coosnapen.
Que tout cet amour reçu, que tout ce qui a été reçu pendant le Carême, le chrétien continue à le vivre tout au long de l’année !
Nadia Hilaire
Autour de la croix
Le Carême est d’abord un temps personnel, mais aussi un temps partagé avec l’Église. Tout comme chaque personne vit son Carême à sa manière, il en est de même pour chaque paroisse. À celle de Sacré-Cœur, Rivière-des-Anguilles, le thème est : « Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ? Qui donc est l’homme pour être ainsi aimé ? » De fait, un moment fort se vit cette année autour de la croix tous les vendredis dans les quartiers de la paroisse. « En tant que baptisés, nous sommes amenés à vivre aussi le Chemin de Croix comme Jésus », partage le curé, le père Jean-Max Coowar. Au lieu du Chemin de Croix traditionnel, les paroissiens sont cette année amenés à réfléchir autour des aspects de la croix qui sont entrés en jeu lors du Chemin de Croix et qui passent souvent inaperçus dans la réflexion. Six aspects : la couronne d’épines, les clous, le linceul, la lance, l’eau et le sang et la dernière parole de Jésus, portant à la réflexion et à la méditation. Chaque vendredi donc, c’est dans un moment de grand recueillement qu’une croix est amenée d’un quartier à un autre et la réflexion porte sur un de ces aspects, suivi d’une célébration eucharistique. Le but étant d’amener les chrétiens à réfléchir, méditer et discerner ce Jésus en qui nous croyons et avec qui nous devons être accompagnés dans les différentes étapes de notre vie, partage le curé.
QUARANTE HEURES
Dans le silence… la foi
Une pratique d’Église courante à Maurice pendant le Carême : les Quarante Heures. La Vie Catholique s’est rendue à celles de la paroisse Saint-Cœur-de-Marie à Petite-Rivière.
En ce lundi matin à l’église Saint-Cœur-de-Marie, une grande paix règne déjà. L’église est pleine de monde et jeunes et moins jeunes entrent pour se recueillir devant le Saint-Sacrement dans un silence profond. Les fidèles viennent de partout pour se recueillir, se ressourcer et prier. Il y a ceux qui se sont arrêtés en chemin, ceux qui profitent de leur temps libre et ceux qui viennent de loin pour contempler le Saint-Sacrement.
Effort particulier
Claudette et Mireille, toutes deux habitantes de Terre-Rouge partagent, à la sortie de l’église, qu’elles se rendent tous les ans aux Quarante Heures de Petite-Rivière. Peu importe la forte chaleur, ce qui compte pour elles, c’est l’effort de prendre ce temps pour se ressourcer. Un effort particulier dont elles profitent pour aller prier ensemble.
Plus loin, nous rencontrons Monique et René, elle sans emploi et lui retraité, profitent de leur temps libre pour venir aux Quarante Heures. Malgré la fatigue du voyage « mo resanti enn bienet e enn rekonfor kan mo vinn devan Sin-Sakreman », partage Monique. « Si nou ti pou get zis fatig e maladi nou pa tipou vini. Samem nous persevere nou vini », lance René.
Outre les temps de prière communs qu’ils vivent pendant le Carême en couple ou avec les mouvements, la contemplation du Saint-Sacrement est aussi importante pour eux pendant ce moment. Un temps privilégié pour le couple qui en profite aussi pour découvrir la beauté des églises de Maurice pendant le Carême, souligne ce dernier.
Se recueillir
Un peu plus tard, à la mi-journée, Ginette Nankoo, catéchète au collège Saint-Mary’s West, accompagne ses élèves. Chaque année, pendant sa classe de catéchèse, elle se fait un devoir de les y amener pour les initier à l’adoration du Saint-Sacrement. « Je leur explique que c’est un arrêt pour notre rencontre personnelle avec Dieu. Même si on n’a rien à dire, il suffit d’être présent », souligne-t-elle. D’ailleurs, elle ajoute que les Quarante Heures se pratiquent depuis des années, de génération en génération à Maurice. Un temps où se rassemblent les chrétiens, donc il est important pour elle d’initier les jeunes afin qu’ils puissent aussi garder ce lien.
D’ailleurs vers midi, le nombre de fidèles venant à l’église n’a cessé de croître. Pour cause, nombreux sont ceux qui profitent de leur pause déjeuner pour venir se recueillir à l’église. « Pour ceux qui veulent prier, l’entreprise met à notre disposition un transport pour venir à l’heure du déjeuner », partage Josiane qui est venue avec ses collègues. Elle se dit heureuse d’avoir ce privilège car elle se rend compte que ce n’est pas le cas partout. « Se Bondie mem ki fer nou resi gagn sa sans-la, se so plan », souligne-t-elle.
Cette tradition des Quarante Heures qui se pratique et se vit à Maurice depuis de nombreuse années dans la ferveur demande aussi une mobilisation de la paroisse. Nombreux sont ceux qui aident en ces journées de Quarante Heures. « Je profite de mon jour de congé pour aider à la vente de gâteaux. Loin d’être pénible, c’est un moment qui me permet de rencontrer les gens et c’est un vrai bonheur », partage Coralie Babet, une jeune venue donner un coup de pouce à sa paroisse. Bel exemple à suivre…
Nadia Hilaire
Le Chemin de Croix en famille
Depuis plus d’une dizaine d’années, chez les Francis, les vendredis soir de Carême sont consacrés au Chemin de Croix. Une pratique devenue maintenant une tradition familiale, car c’est le moment où grands-parents, parents, petits-enfants et arrière petits-enfants se réunissent pour prier ensemble. « Nous sommes toujours réunis pour les fêtes. Nous trouvons que c’est important aussi que nous nous retrouvions pour la prière en famille, pas seulement pour l’amusement », partage Danielle, une des filles de la famille. Les chants et les méditations voient la préparation et la participation de tout le monde. Chaque vendredi donc, ils se réunissent chez l’un d’entre eux pour consacrer du temps à chanter, à la louange ainsi qu’à la méditation du Chemin de Croix. « Un bon moment passé en
famille autour de la prière », souligne Danielle.
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