« Encore une de ces journées n’importe ! » C’est à peu près les propos entendus à l’évocation de la Journée des migrants, ce dimanche 19 janvier. Comme pour dire : « Ils ont choisi d’émigrer, de prendre le risque d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs, qu’ils assument »… quand ce n’est pas : « Zot pa kontan ? Ils sont bien mieux lotis que chez eux. »
Notre pays connaît essentiellement la migration économique. Une migration Sud-Sud. L’an dernier, dans les secteurs de la zone franche et de la construction, ils étaient
38 843 – principalement des Bangladeshis, Indiens, Chinois et Malgaches – affectés à ces tâches qui rebutent nombre de Mauriciens. Des travailleurs qui font tourner, avec leur sueur, notre économie. Des travailleurs qui, bien que partageant une ancestralité commune, vivent en marge de notre société. Contraints par leurs contrats de travail
à une vie de célibataire et au strict minimum en matière de contact avec les locaux, regroupés dans des dortoirs façon cage-à-poules, handicapés par la barrière de langue…
Des hommes et des femmes transformés en forçats du travail… Et sur qui trop souvent nous portons un regard tantôt méprisant – « zot vinn pran plas Morisien » ou « zot
pe gat travay-la kar zot aksepte tou » –, tantôt indifférent…
Le thème de cette journée est « Migrants et réfugiés : vers un monde meilleur ? » Ont-ils trouvé meilleur notre sol ? Sont-ils aimés et peuvent-ils, en retour, aimer dans le sens large du terme ? Ont-ils tout le loisir de se développer pleinement et de se rendre utiles aux autres en se mettant au service du bien commun ? La croissance économique qu’ils apportent se compare-t-elle à notre contribution à leur bonheur ? Pourtant… aujourd’hui encore résonne encore à nos oreilles ceci : « Tu es le gardien de ton frère »…
Laisser un commentaire