Chers frères et sœurs de Maurice, de Rodrigues, d’Agaléga,
Je vous souhaite à tous la grande joie de Noël. Que cette joie entre dans votre cœur, se répande dans votre famille et déborde sur la société toute entière.J’ai rencontré l’autre jour un père de famille qui me racontait comment au cours d’une retraite, il a été touché par le pardon et l’amour gratuit de Jésus pour lui. A partir de là, il a fait un beau chemin de conversion, et il a pris une résolution simple qui a changé sa vie : dorénavant, en rentrant du travail tous les soirs, il n’irait plus chercher des distractions dehors mais il resterait avec sa famille. Une grande joie illuminait le visage de sa femme et de ses enfants quand il disait cela. Bien sûr, sa décision n’a pas été comme un coup de baguette magique qui a enlevé tous ses problèmes, mais on sentait qu’une grande paix, un grand courage, une grande joie avaient envahi cette famille.
comprendre le sens profond de la fete
Après coup, en réfléchissant à ce témoignage qui m’avait beaucoup touché, je me disais que cet homme avait compris le sens profond de la fête de Noël. Il l’avait compris parce qu’il l’avait vécu tout simplement. Au fait, avant d’être la fête des cadeaux, Noël est la fête de la rencontre. Nous célébrons ce jour là, la plus grande rencontre de l’histoire : Dieu qui descend sur terre, et rentre dans l’humanité, pour venir nous rencontrer. Cette rencontre s’est passée dans la plus grande discrétion. Dieu a choisi de rester simple. Il a voulu entrer dans le monde comme n’importe quel autre homme, i.e., en naissant d’une femme. Et de plus, cette femme était en voyage quand son heure était venue pour accoucher ; elle n’a pu trouver d’autre chambre qu’une étable, ni d’autre berceau qu’une mangeoire.
Cette manière de faire toute dépouillée a valu à Dieu de ne pas être reconnu par la plupart des gens. Seuls quelques petits bergers, alertés par le message des anges sont venus le visiter et ont été émerveillés. Mais cette manière de faire témoigne aussi du désir de Dieu de venir nous rencontrer sur notre terrain, là où nous sommes rendus, au milieu de nos problèmes, de nos péchés, de nos attentes, en plein dans notre vie ordinaire avec ses joies et ses difficultés, avec ses angoisses et ses espoirs. C’est là qu’il veut être avec nous simplement pour nous dire gratuitement son amour.
En fait, ce père de famille s’est laissé rencontrer par Dieu qui venait vers lui dans sa vie ordinaire. Il a reconnu son amour gratuit pour lui comme les petits bergers. Même s’il a eu des combats intérieurs, des chutes et des relèvements, il s’est laissé toucher et a ouvert sa porte à Dieu qui venait le rencontrer à travers l’encouragement de son épouse et de ses camarades.
Vivre la fete de la rencontre
Quand il a vu comment cette rencontre avec Dieu lui apportait de la joie dans sa vie ; il a voulu prendre du temps lui aussi avec sa femme, ses enfants dans leur vie ordinaire, se laisser aimer par eux et leur dire par sa présence avec eux combien ils étaient précieux pour lui. Alors sa femme et ses enfants ont reconnu que c’était là le plus beau cadeau qu’il leur avait donné depuis longtemps.
A Noël, nous aussi nous sommes invités à vivre la fête de la rencontre : la rencontre avec Dieu qui vient nous rejoindre discrètement, et la rencontre avec nos proches. Si nous ouvrons notre cœur à cette présence de Dieu, alors nous découvrirons la valeur immense de l’amitié que Jésus nous offre de vivre avec lui. Il a dit lui-même « je ne vous appelle pas serviteurs car le serviteur ignore ce que veut faire son maître, mais je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître » (Jn 15, 15). Cette amitié est vraiment le plus beau cadeau que nous est offert à tous à Noël. Saurons-nous accueillir ce cadeau ? Découvrir le trésor qu’il représente pour nous, pour nos familles, pour la société ?
En effet, le cadeau de cette amitié est si beau, si fort qu’il nous pousse nous aussi à faire aux autres le cadeau de notre amitié. A partir du moment où nous avons été rencontrés par Jésus à Noël, nous devenons plus disponibles pour rencontrer les autres. Pas besoin d’aller bien loin ; nous pouvons commencer par notre propre famille. Notre temps, notre attention, notre écoute sont les choses les plus précieuses que nous pouvons donner à Noël et décider de donner tout au long de l’année. Donnons-les généreusement à notre conjoint, à nos enfants, à nos parents, à nos frères et sœurs. Et alors, la joie de Noël envahira notre famille.
Et alors aussi, cette joie aura tendance à déborder au-delà de notre famille pour aller rejoindre d’autres familles – celles que nous connaissons, mais aussi peut-être celles que nous ne connaissons pas encore et qui sont isolées ou marginalisées, sans soutien et sans goût de vivre.
deviens le frere, la soeur du pauvre
Je connais à Maurice des familles aisées qui ont décidé de faire connaissance avec une autre famille qui est dans le besoin. Cette famille décide non pas seulement de donner des jouets, du matériel scolaire, des vêtements ou de la nourriture à la famille qui est dans le besoin. Elle s’engage d’abord à rencontrer l’autre famille et à prendre du temps pour mieux se connaître. Petit à petit, les deux familles découvrent que chacune peut apporter quelque chose à l’autre. Et alors une amitié vraie commence à germer. Même si à la surface ces deux familles restent différentes, elles se découvrent, à un niveau plus profond, comme des frères et des sœurs d’une famille plus large. Alors, elles apprennent beaucoup les unes des autres, et s’enrichissent mutuellement de cette amitié partagée.
Les familles qui ont commencé à vivre ce type de rencontre vivent vraiment Noël chaque jour. Elles ont ouvert la route royale qui mène à la vraie paix sociale, celle qui plonge ses racines dans notre humanité commune, une humanité accueillie et soutenue par l’amitié. Ces familles sont déjà sur le chemin où le Pape François nous invite à marcher. On raconte que du temps où il était archevêque de Buenos Aires, il allait marcher dans les quartiers pauvres de la ville, rien que pour rencontrer les gens. Il n’y allait pas comme un bonhomme Noël qui pouvait apporter des solutions magiques, mais simplement comme quelqu’un qui voulait être avec eux et qui savait qu’il pouvait apprendre quelque chose d’eux.
Si tu veux être artisan de paix en vérité, ne te contente pas de donner quelque chose de ton superflu. Donne ce qu’aucun argent ne peut acheter : deviens le frère, la sœur du pauvre. Il a au moins autant à t’apporter à toi que toi tu peux lui apporter à lui. C’est dans ce type de rencontre que se trouve la joie de Noël. Et c’est cette joie que je vous souhaite à tous.
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