L’exclusion des créoles dans les emplois dans la fonction publique et dans les corps para étatiques revient régulièrement sur la place publique. On réclame des faits. Le Comité Diocésain Premier Février, déposant le 12 mai 2010 devant la TRUTH &JUSTICE COMMISSION, a donné des chiffres des recrutements des créoles dans certains départements des secteurs public et privé . Dans son livre « Chrétiens à l’Ile Maurice », M. Benjamin Moutou, historien, a mis en avant le chiffre de 3% de chrétiens dans la fonction publique.Pour parler le langage des sociologues, si l’enquête quantitative montre à outrance que l’exclusion des créoles est bien réelle aussi bien dans le secteur privé que public, une brève enquête qualitative le montrera aisément. Dans mes contacts avec les créoles travaillant dans le gouvernement, ainsi qu’avec ceux qui se sont vus refusés un emploi, j’ai repéré trois types de comportement qui excluent les créoles et qui relèvent dans les trois cas, de la discrimination, du racisme, de la stigmatisation à l’encontre des créoles et partant d’une politique systématique.
Premièrement : l’exclusion au recrutement. Il y a d’abord cette fameuse mesure appelée « Delegated Powers » par laquelle le PSC donne pouvoir au ministre de tutelle de recruter du personnel sans passer par lui (le PSC). Ce qui permet aux ministres avec leurs hauts officiers de recruter en catimini des protégés politiques, membres des familles etc. Les publicités pour les postes disponibles et surtout leurs dates d’échéances dans les procédures de recrutement sont faites en circuit fermé dans les réseaux qui excluent les créoles. Ces réseaux sont bien sûr les circonscriptions, mais aussi les réseaux socio-culturels et les journaux privilégiés. Cette exclusion fonctionne aussi dans les attributions des contrats de l’Etat dont le budget est énorme. Ces contrats touchent aux dépenses de l’Etat pour les constructions, les achats de matériel et d’équipements, de même que les services comme le gardiennage très nécessaire aujourd’hui. A l’interne des ministères et des corps paraétatiques, on connaît les besoins et les contrats juteux qui vont être « lâchés » et à quelle échéances. Alors on s’organise dans les mêmes réseaux. Les avis de presse sont envoyés à certain journaux à lectorat spécifique. Les proches politiques ou de sang mettent en place des compagnies qui, comme par hasard, placent leurs demandes dans les délais prescrits. C’est ainsi que les parents et proches des politiques sont patrons de compagnies qui travaillent sous contrat avec les pouvoirs publics. M. Youssouf Mohamed l’a avoué quand il défendait bec et ongle le maintien du Best Looser System. Il disait haut et fort que sans ce système, les musulmans seraient exclus de la fonction publique. Lors d’un débat sur le Best Looser System, il déclarait notamment : « une place de député ou de ministre c’est quoi ? C’est du travail, des contrats et des patentes de taxi pour votre communauté ! ».
Deuxièmement : l’exclusion par le harcèlement stigmatisant, par des comportements racistes et exclusivistes au travail qui créent une ambiance difficile, sinon impossible pour le créole de travailler. Du plus bas de l’échelle d’emploi jusqu’au plus haut, les témoignages des créoles travaillant dans le secteur public le démontrent. « ki to fer isi, pa to plas » « al rod enn lot travay to pou pli bien deor » « You are not good enough for us » ; concernant les promotions, souvent des personnes d’autres communautés passent « sur la tête » des fonctionnaires créoles d’expérience ; ou encore, quand vous habitez Roche Bois, Grand Gaube, ou Cité X , votre dossier est relégué au fond du tiroir. Cette forme d’exclusion, tous les fonctionnaires d’appartenance non-créoles le savent très bien mais ils ne l’avoueront jamais en public dans la mesure où avec leurs congénères, ils sont bénéficiaires du système qui les protège eux et leur communauté. Ceux qui ont le courage de le reconnaître sont taxés de « vender lalit ». Mais leur conscience est tourmentée.
Troisièmement, ce qu’il convient d’appeler l’auto-exclusion qui est le résultat des deux premières formes d’exclusion. Les créoles ont peur de solliciter un emploi dans le secteur public en se disant : « de toutes les façons je suis perdant au départ ».
Jean Maurice Labour
Président du Comité Diocésain 1er février
Jean Maurice Labour
Je trouve dommage l’exclusion des créoles dans la fonction publique. Si on savait, le bien que cela fera au peuple mauricien de vivre les valeurs, la bonne entente, le partage des idées, bref… de travailler ensemble parce que l’autre aussi est un humain surtout le créole a amplement le droit en tant que mauricien de travailler dans la fonction publique pour le progrès du pays. Je suis indignée d’entendre les gens prendre la parole pour faire des éloges sur Madela, a-t-on compris son rôle de leader et de président ? Je croie que Madela n’attend pas qu’on fasse des éloges sur lui. Il attend que les mauriciens et le monde comprennent que nous devons changer, ce n’est pas par notre supériorité, notre esprit communale, notre couleur de peau, notre manque de respect pour les autres, ce n’est pas en occupant toute la place que nous ferons avancer notre pays, au contraire nous courons a un grand danger. Les regards, les moqueries des autres nous blessent, nous les créoles. Je rêve a un déclic celui de se dire nous sommes frères a l’île Maurice.
Maria Coulon