Grand-Gaube, 31 janvier 1993. Le père Roger Cerveaux interpelle vigoureusement la société mauricienne et l’Église locale face au malaise que couve la communauté créole. Il fait alors dans le politically incorrect…Commence alors, avec un mushrooming de mouvements créoles, un long et patient chemin de réflexion, de revendication, de sensibilisation et d’empowerment qui génère, au fil du temps, plusieurs acquis. Lettre pastorale de l’évêque sur le sujet et tenue d’un synode diocésain dont une des résolutions-phare sera l’option préférentielle pour les plus pauvres. Valorisation de la langue créole et son entrée à l’école. Liturgie davantage inculturée. Reconnaissance du rôle pionnier des esclaves dans la construction du pays avec, le 1er février, la commémoration de l’Abolition de l’esclavage. Volonté de faire la lumière sur le passé avec la Truth & Justice Commission qui recommande une multitude de démarches correctives en faveur des Créoles. Identité assumée…
Vingt ans après, ce n’est pas dans une salle d’œuvres que ces années de combat seront célébrées ce dimanche 27 octobre 2013. Mais à l’auditorium Octave-Wiehe, en plein cœur du temple du savoir qu’est l’université de Maurice. Et ce, à l’initiative du Comité diocésain 1er Février, avec un thème : « Kreol lite Kreol kapav ».
Oui, quoiqu’en disent certains, « Kreol lite ». Oui, « Kreol kapav ». La preuve, nous l’aurons avec les témoignages de ces jeunes – de milieu très modeste – qui ont cru en eux, en leur potentiel. Des jeunes qui, soutenus par leur famille, ont lutté pour que l’éducation soit le pilier de leur empowerment. Des jeunes qui, tonbe-leve, à force de résilience, se sont retroussé les manches pour se mettre à l’ouvrage. Des jeunes, aujourd’hui role models, qui montrent la voie à d’autres. Et qui montrent, comme le dit Jean-Claude Jance en pages 6-7, que Kreol kapav avanse. Toute une démarche – bien loin du malaise de janvier 1993 – pour se projeter, avec courage, dans l’avenir…
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