On l’a laissé tout doucement faire son lit et il s’est ancré dans nos mœurs. Et aujourd’hui, le « triangage », cette fameuse « débrouillardise » à la mauricienne, nous éclate au visage. Vous voulez des exemples ? Commençons par toute la panoplie de subterfuges, pensés lucidement et mis en œuvre, pour faire admettre son enfant dans une école hors
du catchment area. Et devant le résultat positif, l’entourage applaudit, presque béat d’admiration : « Inn resi debrouye vou zot ! »Autre exemple : besoin d’un papier officiel – acte de naissance, certificat de fitness… ? Pas de panique, messieurs dames, un dite en toute discrétion dégage illico presto un fast track… Besoin de caser une affaire, de faire le blanc devenir noir et le noir devenir blanc ? Quelques billets, un transfert bancaire et hop ! L’affaire est dans le sac… Et tout guilleret, le torse bombé, devant ces « prouesses », on entend des « ça s’est fait en un clin d’œil » qui imposent le respect…
Le jeunot arrive sur le marché du travail ? Quelques coups de fil et on remonte les relations pour le positionner… Des biens accumulés à la vitesse grand « V » ? Et voilà la « fami extra kontan » devant son nouveau riche qui « inn kas enn pake ek lev nou nom »…
Le trase est omniprésent. L’actualité regorge de ces faits… Au plus banal, dans le quotidien, c’est un regard complice qui permet littéralement de jump the queue… Il prend la forme d’un jeu bigarré : d’argent, de rela-tions, d’affinités diverses : sociales, politiques, de clan, magouilles en tous genres….
Peu de voix discordantes pour ces petites et grandes compromissions avec la légalité et la moralité ! Car dans la tête, tout cela est très loin de la corruption. Et c’est ainsi qu’on
se réveille avec des parents qui encouragent le trase piti, des politiciens sans foi ni loi, d’auxiliaires de justice prévaricateurs…
Tous adorateurs de Mammon, le dieu Argent.
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