Deux petites infos parmi tant d’autres de cette semaine nous interpellent. Le décès de 3 sans-domicile-fixe, morts de froid et de faim, entre le 9 et le 13 juin derniers (Le Défi Quotidien). Les 15 à 20% d’absences journalières en Form I, au collège gouvernemental de La Gaulette, parce que les élèves n’ont pas de quoi manger. Et qu’aux dires du recteur par intérim, après enquête, « par pudeur », ils se voient contraints de déserter l’école « pour éviter de se retrouver dans des situations embarrassantes pendant la récréation » (L’express – Région Ouest).Oui, c’est cela aussi l’île Maurice de 2013. L’île du développement à grande vitesse, où les chantiers sont légion, où les parkings de ces Shopping Centres à profusion affichent quasi-complet en week-end…
Une île où les condominiums aux belles allées ignorent tout de l’existence, quelques kilomètres plus loin, de mansardes à ciel ouvert, dépourvues d’hygiène élémentaire et où règnent les trois « P » : pauvreté, promiscuité et précarité d’emploi. Où nombreux parmi les plus aisés, voire les nouveaux riches, n’ont même pas une toute petite idée de l’exclusion quotidienne
de leurs compatriotes les plus défavorisés….
Exclusion parce que pas suffisamment qualifiés pour un emploi fixe et rémunérateur, permettant de penser au-delà du jour présent. Parce que peu au courant de leurs droits ou pas en position de les faire respecter face à une bureaucratie qui, souvent, en impose. Parce que pas équipés du minimum de life skills pour se prendre en main et briser le cycle de la pauvreté… Parce que leur voix a du mal à se faire entendre et comprendre.
Exclus aussi parce que nous avons perdu le sens du minimum au profit de l’accaparement. Que le gaspillage, l’individualisme, le « pa mo problem sa (…) », le « dir-li fer kouma mwa… » se sont glissés dans nos mœurs.
Pourtant, l’Évangile nous rappelle bien que nous sommes les gardiens de la Création et de l’autre, de notre frère…
Danièle Babooram (Rédactrice en Chef de La Vie Catholique)
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