Comme l’Église célèbre l’Année de la Foi, la Commission diocésaine du monde ouvrier (CDMO) a choisi pour thème à l’occasion de la Fête du travail, « Revey lafoi to batem dan to travay ». Un thème qui invite à la réflexion et à une conversion profonde. Le père Jean-Maurice Labour, aumônier de la CDMO, nous fait le point…
Les chrétiens sont, cette année, invités à vivre leur baptême dans leur milieu professionnel. Pourquoi ce choix de thème pour commémorer la Journée
mondiale du travail ?
Notre évêque nous a tous invités à réveiller notre engagement chrétien au nom de notre baptême en cette Année de la Foi. Il voulait nous faire comprendre que ce que nous avons reçu dans une cérémonie du passé, demande en fait à être réveillé dans l’aujourd’hui de notre vie. Vivre la grâce reçue au baptême dans l’aujourd’hui. Le travail est un des lieux les plus importants d’une vie d’homme et de femme, lieu de son gagne-pain à la sueur de son front, lieu de rencontre créative avec ses semblables ainsi qu’avec la matière. Le travail est souvent aussi lieu de confrontation, de combat pour améliorer son sort, lieu où on rencontre parfois la corruption, le favoritisme. Les grandeurs et les misères de l’humanité y sont concentrées. Cette année, il y a une prise de conscience que beaucoup de travailleurs et de travailleuses sont engagés dans des mouvements de prière. Or souvent ces prières sont coupées de ce que l’on vit dans le travail. Il y a comme un mur de séparation entre les réalités vécues au travail et les
wintentions de prière. Allez voir chez les charismatiques combien de fois les mots justice, syndicats, solidarité figurent dans leurs louanges alors même que le mot Seigneur revient si souvent !
Que signifie « vivre son baptême dans son travail » ?
Le jour de notre baptême, nous avons été symboliquement plongés dans la mort et la résurrection du Christ : « Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-
Esprit », dit le prêtre en versant de l’eau. Vivre son baptême dans son travail, c’est affirmer que le travail est un lieu important où nous participons à la mort et à la résurrection du Christ incarné dans la créativité, les combats, les transformations que le travail nous fait vivre. En confrontant au jour le jour la Parole de Dieu aux réalités de vie pour les éclairer, les valoriser, ouvrir des chemins de libération. Le travail est un lieu où notre monde gémit dans les douleurs de l’enfantement d’un monde nouveau, pour prendre la fameuse phrase de saint Paul.
Concrètement, comment un personne peut-elle vivre son baptême dans son milieu professionnel ?
En vivant les valeurs évangéliques comme la solidarité, la justice, le refus des corruptions, la fraternité, l’honnêteté. L’enseignement de l’Église nous dit que par le travail nous participons avec Dieu à Sa création. À travers nous, Dieu continue à créer, non seulement de nouveaux produits, mais aussi dans le travail se crée un homme nouveau, une femme aux visages nouveaux. Le travail construit aussi un monde nouveau qui est destinée à rendre gloire à Dieu. C’est un lieu d’épanouissement. La souffrance des chômeurs et des chômeuses le dit en contraste.
Quelle est la différence entre « vivre » son baptême, et faire de la propagande religieuse ?
Il ne s’agit pas de mettre des statues dans les lieux de travail ou de passer ses journées à parler du Bon Dieu ! NON ! Il s’agit de communier à la présence de Dieu dans la joie
du travail bien fait, de la solidarité bien réfléchie, de l’intelligence bien développée pour améliorer la rentabilité, d’une participation intelligente aux efforts de justice pour que tous aient leur place. Il s’agit de rendre grâce à Dieu par sa joie de vivre ces valeurs dans l’action. Un chrétien devrait être un bon militant syndical qui lutte avec les autres pour voir l’intérêt commun avant les intérêts individuels.
Quelles sont les « outils » dont devrait disposer chaque chrétien pour pouvoir, justement, vivre pleinement ce sacrement dans son travail ?
Dans l’idéal, pour se donner les moyens de vivre son baptême dans la durée, il faudrait qu’on soit engagé dans un mouvement où l’on reçoit un accompagnement de réflexion et de formation. D’une part pour se soutenir mutuellement dans l’effort, d’autre part pour s’éclairer par la Parole de Dieu dans la Bible. Car nos joies, nos espoirs, nos tristesses, nos angoisses peuvent être des lieux extraordinaires d’expérience de présence de Dieu si ces réalités sont confrontées à l’Évangile dans un face-à-face quotidien. Dieu n’est pas seulement présent dans les églises ou les assemblées de prière !
Que propose l’Église en termes d’accompagnement des chrétiens « qui travaillent » et qui souhaiteraient progresser dans leur foi à ce niveau ?
L’Église dispose d’un message extraordinaire dans un corpus d’enseignements qui a commencé dès la Révolution Industrielle depuis le pape Léon XIII jusqu’à Benoît XVI. Cela s’appelle la DOCTRINE SOCIALE DE L’ÉGLISE. Cet enseignement est dispensé à l’Institut Cardinal Jean-Margéot (ICJM). Combien de chrétiens acceptent de prendre du temps pour connaître cet enseignement ? (voir les présentations dans LVC nos 15-17). Par ailleurs, les mouvements d’Action catholique ont une méthode d’accompagnement dans des mouvements qui rassemblent les enfants (ACE), les jeunes (JOC) et les adultes hommes et femmes (LOAC et GFO). Mais tous les travailleurs chrétiens peuvent articuler leur foi et leur vie en prenant un passage de la Bible et en l’appliquant à ce qu’ils vivent.
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