À quelques jours de son ordination, Jean-François Salomon nous confie le message qu’il délivrera une fois qu’il sera ordonné prêtre dans la congrégation du Saint-Esprit. Son ordination presbytérale est prévue pour le 3 février 2013, sur la plaine de FUEL, à 15 heures. Son thème : « Misioner azordi, kouma Per Laval yer. »
Dans quelques jours, vous vous engagerez définitivement à la suite de Jésus. Quel est le message fort que vous délivrerez ?
C’est de dire au monde entier que Dieu nous aime malgré nos péchés, nos faiblesses, et qu’Il veut que nous soyons tous heureux. Pour transmettre ce message d’amour, Jésus utilise les hommes. Lui qui vient du ciel veut nous montrer le chemin vers son Père. Avant de quitter cette terre, il nous laisse des repères à travers ses apôtres qui ont aussi annoncé la Bonne Nouvelle. Aujourd’hui, les prêtres le font également. Cela démontre une marque de confiance que le Christ fait aux hommes et il agit à travers eux.
En quoi consiste justement la vie de prêtre ?
Elle doit être nourrie essentiellement et en permanence de la prière et de l’Eucharistie. Sans ce socle, le reste ne compte que pour du beurre. La prière est cette relation, ce dialogue avec le Christ. Elle peut prendre différentes formes :méditations de l’Évangile, oraison, prière de l’Église, prière personnelle, prière communautaire pour les Spiritains. Et en célébrant l’Eucharistie, le prêtre se configure au Christ lui-même, il devient un autre Jésus. De jour en jour, il s’efforce de lui ressembler. Cela se fait à travers la prière et l’Eucharistie, le ministère qui peut prendre différentes formes, permettant d’entrer en relation avec les autres. La vie de prêtre est aussi faite de détente : se retrouver avec les gens pour s’amuser et faire quelque chose que l’on aime. En résumé, tout se situe sur trois grandes axes : prière et Eucharistie pour la vie spirituelle ; ministère (vie intellectuelle) et détente (vie physique).
Quel genre de prière privilégiez-vous ?
Le cœur-à-cœur. Prendre un temps gratuit pour habiter avec le Seigneur et me laisser imprégner par Lui. Cela me donne une sérénité. Ce qui est particulier aussi chez les Spiritains, c’est l’union pratique : savoir s’arrêter pour avoir une pensée pour Dieu. On demande toujours à l’Esprit d’agir en nous.
Pouvez-vous nous dresser quelques grands traits de caractère du prêtre ?
C’est avant tout un pasteur à la tête d’un troupeau qui le suit et lui fait entièrement confiance. Le prêtre est chargé d’emmener le peuple de Dieu sur le bon chemin. Jésus est le pasteur par excellence. Ainsi, le prêtre est appelé à lui ressembler. Il est aussi amené à chercher les brebis égarées qui sont de nos jours les personnes qui courent vers les sectes ; celles qui ont perdu la foi ; les jeunes qui se recherchent et qui sont tombés dans les fléaux. En outre, le prêtre doit avant tout être un homme d’écoute. Quand on écoute, on est capable de rejoindre l’autre dans ce qu’il vit. Il doit être un homme ouvert, capable d’entrer en relation avec le plus pauvre comme le plus riche. Pas de préférence dans ses fréquentations. Le prêtre doit être attentionné, solidaire et en compassion avec les autres.
Êtes-vous prêt pour entreprendre cette mission ?
En dix ans de formation, j’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs prêtres de différentes cultures dans de nombreux pays. Chacun a sa manière de vivre son sacerdoce. Cela m’a permis de considérer plusieurs éléments et d’y réfléchir. Certains traits sont déjà en soi. D’autres non. Le prêtre n’est pas l’homme parfait, il doit rester humble pour pouvoir acquérir d’autres qualités.
Quels sont les grands traits de la spiritualité libermanienne qui vous ont touché ?
L’expérience de l’abandon à l’Esprit m’a beaucoup touché. En s’abandonnant, c’est toute l’œuvre de l’Esprit qu’on met en avant. C’est aussi tout faire sans chercher sa propre gloire. Ce qui amène le prêtre à se reconnaître petit devant l’action de Dieu. Et se laisser aller dans la confiance. En même temps, Libermann nous invite à faire des efforts pour nous configurer au Christ.
Quel est le charisme du Spiritain ?
Le charisme du prêtre spiritain est surtout d’aller dans les coins les plus éloignés de la terre, là où il n’y a pas d’ouvriers pour la moisson. Ceci afin d’apporter la Bonne nouvelle de Jésus-Christ. Conscient qu’il vit dans un monde créé par Dieu, mais menacé de jour en jour par la pollution qui défigure cette création, le prêtre spiritain est appelé à faire en sorte que la nature soit respectée. Il œuvre de plus en plus pour la justice et la paix dans ce sens. Lors de sa mission, il est invité à mettre en place des projets qui peuvent sauvegarder la planète : planter plus d’arbres, mieux utiliser l’eau, ne pas employer trop d’engrais dans l’agriculture, entre autres. Le dialogue interreligieux intéresse aussi le prêtre spiritain. Se rendant compte que c’est l’ignorance qui suscite des frustrations, le Spiritain a aussi à cœur ce sujet qui aide les hommes à vivre en paix. Pas de paix sans vrai dialogue.
Le Spiritain est aussi prêtre religieux. Quelle est la différence avec un diocésain ?
Le prêtre diocésain fait la promesse d’obéissance et de célibat à l’évêque le jour de son ordination, tandis que le prêtre religieux prononce trois vœux perpétuels : pauvreté, chasteté et obéissance. Vœux qui s’adressent d’abord à Dieu et ensuite à son supérieur et qui régissent toute sa vie. Outre l’ordination, la manière dont le religieux vivra ses vœux est très importante. La pauvreté consiste à se contenter de l’essentiel et à rejeter le superflu. La chasteté n’est pas seulement sur le plan sexuel, mais d’entrer en relation saine avec l’autre dans la manière de gérer l’argent. L’obéissance, c’est reconnaitre qu’il fait partie d’une grande famille religieuse et qu’il doit conformer ses ambitions et la réalisation de sa vie par rapport à sa congrégation.
Quels sont vos sentiments à la veille de votre ordination ?
Je suis très heureux de savoir que je partirai au Tamil Nadu, dans le Sud de l’Inde, dans une culture et une langue qui me sont encore méconnues. Mon défi sera d’apprendre la langue tamoule, de m’accoutumer avec cette culture, d’être proche des gens et surtout de m’enraciner dans leur vécu. J’essaierai de donner le mieux de moi-même. Là où je serai envoyé, j’annoncerai toujours cette Parole de joie, d’amour, et d’espérance que nous apporte le Christ. L’Esprit-Saint fera le reste.
Vous avez choisi de dire « oui » dans la congrégation du Saint-Esprit. Quelle est la place de l’Esprit-Saint dans votre vie ?
L’Esprit-Saint est à la base de tout. C’est lui qui a permis à l’appel de Dieu que j’ai entendu de se concrétiser. C’est lui qui m’a orienté dans la congrégation du Saint-Esprit et qui m’envoie en Inde. L’Esprit-Saint est comme une force sur laquelle je peux et dois compter pour réaliser les œuvres de Dieu.
Votre relation avec Jésus ?
C’est une relation qui n’arrête pas de grandir. Étant petit, Jésus était un ami. Aujourd’hui, il est mon grand frère, mon confident, mon tout. Ma vie est construite sur Lui.
Et le visage de Dieu ?
C’est le visage de l’amour que je rencontre en chaque personne.
Votre Évangile préféré ?
L’Évangile de Jean qui regorge d’amour, l’amour de Dieu pour les hommes. La phrase que je privilégie : « Dieu est amour », cet amour que je puise dans l’histoire de la Samaritaine où on voit un Jésus très humain qui entre en relation avec une femme étrangère alors que c’était interdit à l’époque. Aussi dans l’histoire de la femme adultère où on voit Jésus qui pardonne, ne juge pas, n’accuse pas tandis que les autres emmenaient la femme pour qu’elle soit lapidée. Ces récits nous démontrent un Dieu humain, proche des hommes et qui les aime.
Un message pour les jeunes…
Je leur dis de ne pas hésiter à suivre leur désir, de ne pas avoir peur de parler de leurs sentiments, de parler de vocation. La vocation de prêtre apporte beaucoup de joies et d’expériences fortes. Faites toujours confiance au Seigneur. Ne l’abandonnez jamais.
Votre passion ?
Auparavant, je pratiquais l’athlétisme et le foot et j’avais une passion pour les promenades en plein air, spécialement dans les champs de canne dans mon village, à Médine/Camp-de-Masque. Aujourd’hui, je pratique plus la natation… quand je trouve le temps bien-sûr.
Propos recueillis par Sandra Potié
j’ai cottoyé Jean Francois pendant son cheminement dans la Paroisse de St Dominique Quatre Cocos et j’en suis convaincu qu’il va se mettre au service de Dieu et prendre sa mission a bras grand ouvert comme le Père Laval.
Que l’Esprit Saint l’éclaire dans sa mission en Inde.
Daniel
Membre de EAP.
Je suis heureux d’apprendre que Jean François a été ordonné Prêtre à Maurice en février de cette année 2013. Je suis très heureux pour lui, et pense aussi aux bons moments que j’ai eus avec lui, lors d’un séjour au cœur de leur congrégation à Yaoundé au Cameroun l’année dernière.