3e dimanche Ordinaire Cycle C
Introduction
La « Lectio Divina » est une manière de chercher à entendre la parole que Dieu nous adresse à travers un passage de la Bible, et à y répondre. Elle comprend 3 parties :
- une lecture attentive du texte dans son contexte ;
- une écoute intérieure de la Parole de Dieu, de l’appel qu’il nous fait aujourd’hui à partir de ce texte ;
- un temps de prière (personnelle ou en groupe) pour donner sa réponse à l’appel que nous fait le Seigneur.
- 1. Lecture d’un texte
1.1. Contexte
Le texte de ce dimanche contient en fait deux passages extraits de l’Evangile de Luc.
a) Le premier « Plusieurs ont entrepris … enseignements que tu as reçus » est en fait le prologue de l’Evangile de Luc (Lc 1, 1-4). Luc dédie son Evangile à un certain « Théophile », sans doute un haut fonctionnaire romain qui avait déjà été catéchisé et qui souhaitait approfondir l’enseignement reçu. Luc s’est donc renseigné auprès de ceux qui avaient été des témoins oculaires – les apôtres et les contemporains de Jésus – et ceux qui étaient devenus des « serviteurs de la parole », i.e., tous ceux et celles qui, avec les apôtres, annonçaient l’Evangile et enseignaient les catéchumènes.
A partir de ces sources, Luc entreprend d’écrire « un exposé suivi » des « événements qui se sont accomplis parmi nous », i.e., de composer son évangile. Sans doute Luc s’était-il rendu compte que les personnes de culture grecque et d’origine païenne avaient besoin qu’on leur explique comment Jésus, proclamé comme le Messie, attendu par le Peuple Juif, était en même temps le Sauveur envoyé par Dieu à tous les peuples.
b) La 2e partie de notre texte « Lorsque Jésus, avec la puissance de l’Esprit … aujourd’hui qu’elle s’accomplit » (Lc 4, 14-21) est situé dans l’Evangile, après le récit du baptême de Jésus et des tentations au désert, et raconte le début du ministère de Jésus en Galilée.
1.2. Déroulement du texte
a) Jésus revient en Galilée après avoir passé un long séjour au désert. Là Jésus avait été tenté par Satan. Celui-ci voulait entraîner Jésus sur un chemin différent qui l’aurait fait dévier de sa mission. Jésus est sorti victorieux de cette épreuve, il est resté fidèle à sa mission qu’il recevait du Père et qui lui demandait de rester un Messie humble, qui ne cherche pas le pouvoir, ni le succès, ni les avantages matériels.
De retour en Galilée, il commence à enseigner dans les synagogues des villages. Il semble qu’on l’apprécie, que les gens parlent beaucoup de lui.
b) Il arrive ainsi au village où il a grandi – Nazareth. Là il va à la Synagogue comme d’habitude, le jour du sabbat et se lève pour faire la lecture. Il faut se rappeler que Jésus a fréquenté cette Synagogue depuis longtemps, qu’il y est très connu, comme un jeune du village.
Cette fois, cependant, c’est la première fois qu’il y vient depuis sa longue absence. Ce qui s’est passé durant cette absence, son baptême par Jean au bord du Jourdain, et sa longue retraite au désert, a changé quelque chose de fondamental dans sa vie. Il a pris conscience que sa mission lui demande d’être désormais un genre de missionnaire itinérant qui va annoncer partout la Bonne Nouvelle que le Royaume de Dieu est arrivé et qu’il se manifeste dans sa personne et dans les signes qu’il lui est donné d’accomplir.
c) Le texte dit que Jésus « trouve » dans le livre d’Isaïe le passage où il est écrit : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur ». C’est sûr que Jésus, touché par le témoignage de Jean, a dû beaucoup prier et beaucoup méditer la Parole de Dieu au désert avant d’arriver à la décision de rompre avec sa vie de charpentier de village, et commencer la vie d’un prédicateur itinérant.
Dans sa prière et sa méditation, ce passage d’Isaïe a pu retenir particulièrement son attention et l’éclairer de manière spéciale. Serait-ce la raison pour laquelle il choisit de lire ce passage à Nazareth ? Comme pour partager avec sa famille et ses connaissances ce qui l’a inspiré pour entreprendre ce grand changement dans sa vie ? C’est ce que semble indiquer cette phrase, la seule qu’il prononce après avoir lu le texte : « Aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles, ce passage de l’Ecriture ». Il est conscient qu’il est appelé à accomplir dans sa vie d’homme, cette parole de Dieu qui annonçait le genre de mission que le Messie devrait accomplir.
d) Le texte d’Isaïe qui inspire Jésus dit que l’Esprit du Seigneur le « consacre par l’onction » en vue de « porter la Bonne Nouvelle aux pauvres ».
La consécration par l’onction veut dire que Dieu met à part quelqu’un, l’associe de très près avec Lui pour lui confier une mission. Cette « consécration » est un signe de grand amour et de grande confiance de la part de Dieu envers Jésus. Jésus est appelé à rejoindre les hommes avec le regard de Dieu, à les aimer comme Dieu les aime, à se mettre à leur service avec la même patience et la même fidélité.
La mission qu’il reçoit est d’annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres : cette bonne nouvelle est tout simplement la Bonne Nouvelle de la venue de Dieu qui vient visiter son peuple gratuitement, malgré ses péchés et ses infidélités. C’est une bonne nouvelle inouïe, inattendue devant laquelle les hommes peuvent rester sceptiques – c’est pourquoi les aveugles que nous sommes ont besoin d’être guéris et d’ouvrir les yeux de leur cœur pour reconnaître cette présence d’amour se manifestant dans un homme au comportement si humble.
Cette venue de Dieu qui visite son peuple si simplement, apporte une grande libération si elle est accueillie avec foi. Si nous faisons confiance à cet amour à la fois si discret et si extraordinaire, alors nous sommes libérés de l’esclavage de la peur, de l’esclavage de l’égoïsme et de l’attachement inconsidéré aux biens matériels.
e) « L’année de grâce » dont parle Isaïe se réfère à une vieille institution juive qui voulait que dans une année jubilaire (chaque 50 ans) les esclaves soient libérés, les dettes effacées, les terres redistribuées équitablement. Ces gestes gratuits demandés par la loi, sont les signes annonciateurs d’une « grâce permanente » annoncée par Jésus – la grâce de sa présence avec nous, de son amour qui va jusqu’à donner sa vie. Seule cette grâce peut changer nos cœurs et nous conduire à des comportements plus justes et plus respectueux des personnes dans la vie courante.
2. Ecouter la Parole qui résonne dans ce texte
a) Comme Jésus, nous aussi nous avons été consacrés par l’Esprit lors de notre baptême, i.e., nous avons été choisis par Dieu, comblés par son Esprit qui fait de nous des fils et des filles de Dieu avec Jésus et comme lui. Dieu qui nous choisit pour être ses enfants nous envoie aussi comme Jésus porter la Bonne Nouvelle aux pauvres.
Le choix de Dieu qui nous met à part pour être ses enfants n’est jamais un choix exclusif. Au contraire, il nous aime et nous choisit pour que nous allions dire aux autres qu’ils sont aimés et choisis eux aussi. C’est cela la Bonne Nouvelle que nous sommes envoyés porter à nos frères et sœurs, y compris les plus pauvres. C’est elle qui ouvre les yeux des aveugles sur l’amour gratuit de Dieu et qui libère ceux qui l’accueillent de l’esclavage de la peur et du péché.
Le baptême nous confère ainsi la responsabilité de témoigner de cette grâce de Dieu offerte à tous.
b) Jésus découvre sa mission petit à petit en méditant la Parole de Dieu, en se laissant toucher par le témoignage de son cousin Jean, et en se retirant au désert dans le silence et l’écoute. Comme lui, nous aussi nous sommes invités à découvrir notre vocation particulière (d’époux ou d’épouse, de parent, de service social ou ecclésial) en méditant la Parole, en nous laissant toucher par le témoignage de nos frères et sœurs et en faisant silence en nous-mêmes.
c) La Parole que Dieu nous adresse à travers l’Ecriture est toujours une Parole qui cherche à « s’accomplir », i.e., à prendre vie en nous, à porter du fruit. Comme Jésus qui laissait s’accomplir en lui la Parole de Dieu exprimée dans l’Ecriture, comme Marie qui croyait dans l’accomplissement de la Parole de Dieu dans sa vie, saurons-nous écouter la Parole avec un cœur assez ouvert, pour laisser la Parole prendre racine en nous ?
- 3. Prier pour répondre à la Parole de Dieu
a) Commençons par contempler Jésus dans sa façon de se laisser instruire par la Parole de Dieu pour arriver à découvrir sa mission et à l’assumer pleinement devant sa famille et ses connaissances. Demandons lui la grâce de nous laisser instruire nous aussi par la Parole, et de nous éclairer sur la mission qu’il nous confie.
b) Demandons au Seigneur de nous faire apprécier à sa juste valeur
– l’amour gratuit qui préside au choix qu’il a fait de chacun de nous
– la confiance qu’il nous fait en nous confiant à nous aussi, la mission d’annoncer aux pauvres la Bonne Nouvelle, par notre témoignage de vie, par notre attention et notre présence auprès d’eux.
c) Demandons lui enfin le bonheur de croire comme Marie à l’accomplissement en nous de la Parole qu’il nous adresse. Demandons lui la grâce de nous abandonner à lui, de lui faire confiance, de nous laisser faire par sa Parole. Comme Marie qui disait « qu’il me soit fait selon ta Parole ».
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