Alors que certains réfléchissent à leurs résolutions pour 2013, d’autres feuillètent journaux et magazines, en quête des prévisions astrologiques. Le père Patrick Fabien nous éclaire sur cette réalité qui prend plus d’ampleur chaque année et nous invite à jeter un regard de chrétien quant à cette pratique.
Pourquoi cet engouement autour des prévisions astrologiques à chaque début d’année ?
C’est le commencement de l’année. Les gens veulent avoir l’assurance que tout se passera bien. Par exemple, s’ils ont vécu des moments durs durant l’année écoulée, ils voudront savoir s’ils vont vivre des moments plus durs en 2013. Et ça, c’est parce que l’homme a ce besoin d’être rassuré tellement il est fragile. On pense toujours dans notre imaginaire que la fin est proche. D’ailleurs, la fin est une interrogation dès le commencement quand on regarde toute l’humanité avec le millénarisme. Le monde fonctionne en cycle de 1 000 et autour de ces
dates, beaucoup de gens s’attendent à des catastrophes, etc.
Tout cela n’a rien de positif…
La chose la plus tragique qui puisse arriver à quelqu’un, c’est la mort. Mais il faudrait développer une manière très saine de vivre la mort, c’est-à-dire vivre avec sa mort, comme quelque chose qui peut se passer maintenant ou à n’importe quel moment. C’est comme cela qu’on peut vivre intensément au lieu de développer une peur de vivre. C’est à partir d’une incertitude (notre mort, par exemple) que l’humanité développe une peur. Par exemple, en l’an 2000, il y avait une psychose que ce serait la fin du monde, toujours à cause de l’effet du millénarisme. Pareil pour les dates comme 12.12.2012. Ça excite l’imagination parce que ce sont des dates spéciales, mais tout moment est spécial et unique.
Est-ce un manque de confiance en soi que de se tourner vers les astres pour nous prédire l’avenir ?
Non, pas vraiment un manque de confiance en soi. L’homme est juste un être fragile. C’est sa peur de ne pas savoir de quoi demain sera fait. Si sa condition humaine l’angoisse, il s’enferme, ne veut rien faire, rien voir, mais cherche à se protéger contre tout. C’est comme cela qu’il va à la recherche de discours qui vont le rassurer pour maîtriser son angoisse.
C’est ce qui attire les gens vers l’astrologie ?
Entre autres, oui. Mais il y a aussi le fait que c’est un monde qui nous échappe et on voudrait maîtriser cette partie-là. Certains développent alors des discours qui rassurent. D’autres utiliseront la magie pour tenter nous assurer une certaine protection.
Pourquoi les gens cherchent plutôt à se rassurer dans l’astrologie et non dans la foi en Dieu ?
La magie nous encombre d’objets et de rites qui sont censés assurer notre propre protection tandis que dans la foi, ce n’est pas nous qui nous protégeons mais c’est Dieu qui le fait. La foi, c’est avoir une confiance en Dieu et elle suppose une expérience. La protection est donnée dans les sacrements comme l’Eucharistie. Dieu nous protège comme il est dit dans le psaume 22 (23), un psaume magnifique.
Il y a quand même des chrétiens qui participent à l’Eucharistie mais qui ne manquent pas de consulter, occasionnellement, les astres…
Ceux-là n’ont pas la foi. Ils ont seulement une couleur de la foi. C’est toujours la peur qui les habite. Prenons l’exemple de porter une croix sur soi. Ce geste peut révéler deux perceptions très différentes de l’une de l’autre. Soit l’on considère que la croix est un objet magique et qu’elle agit comme protection sur nous-mêmes ou plutôt porter la croix signifie la confiance que Dieu est avec nous, nous bénit et nous protège. Tout à avoir avec ce que l’on met derrière comme croyance. Entre la magie et la foi, il n’y a qu’un fil. La magie, c’est la confiance dans les objets tandis que la foi, c’est la confiance en Dieu.
Qu’est-ce que cette confiance en Dieu vient nous dire à ce propos ?
Elle nous invite à accepter notre condition humaine, à avoir une vie sans peur car avoir foi en Dieu nous invite également à une relation profonde avec Lui. C’est cette confiance qui peut nous libérer. Cela n’a rien à voir avec les nouvelles religions qui s’installent de nos jours et qui prétendent donner des réponses à nos angoisses, par exemple l’endettement qui est un mal qui ronge de plus en plus notre société. Avoir foi en Dieu, c’est avoir une liberté humaine. Si quelqu’un estime être une marionnette entre les mains de Dieu, donc, c’est un Dieu pervers.
Si vous aviez un message pour les chrétiens qui vous lisent ?
La première chose, il faudrait avoir de la compassion pour ces personnes qui croient dans les astres et autre magie. N’ayez pas de mépris ou de sentiment de supériorité vis-à-vis d’eux. Témoignez plutôt du bonheur de croire, de vivre librement. Quand on croit, on n’a pas peur. D’ailleurs, dans le texte d’Isaïe, il est dit : « Même si ta mère t’abandonne, je ne t’abandonnerai pas. » La vie est une construction. C’est l’humain qui la fait. Ce qui n’exclut pas les ratés. Et ce, pas parce que Dieu l’a écrit mais parce que l’homme est fragile. Il (Dieu)
nous dit seulement : suis-moi.
Propos recueillis par Severine Perrine
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