Chers compatriotes mauriciens,
Chers frères et sœurs de Rodrigues et d’Agaléga,
Je voudrais adresser à chacun de vous mes meilleurs voeux de Joyeux Noël. Mon souhait le plus cher c’est que cette grande joie de Noël rentre dans chaque maison, illumine chaque famille, qu’elle puisse aussi atteindre nos aînés qui vivent dans les hospices, ou dans les abris de nuit, réchauffer ceux et celles dont les familles sont brisées, et qui vivent seuls, consoler ceux qui sont malades et qui séjournent à l’hopital. Je prie aussi pour que la joie de Noël puisse toucher les travailleurs étrangers qui sont loin de leurs familles pendant les fêtes, encourager nos frères et sœurs qui sont en prison, accompagner ceux et celles qui dorment dans la rue, et donner une lueur d’espoir à ceux et celles qui sont esclaves de la drogue, de la prostitution.Pour que la joie de Noël se répande ainsi, chacun de nous est appelé à faire un pas vers l’une ou l’autre de ces personnes qui sont dans la peine pour la rencontrer comme Dieu lui-même est venu vers nous pour nous rencontrer.
Noël est une grande fête pour les chrétiens parce que nous croyons que ce jour là, Dieu s’est fait tellement proche de nous qu’il est devenu l’un de nous, un homme à part entière. Il est venu partager notre vie humaine, prendre part à nos joies, être exposé aux mêmes souffrances, porter nos fardeaux avec nous. Il est venu simplement pour nous dire qu’il nous aime comme nous sommes, qu’il est avec nous là où nous sommes arrivés pour nous éclairer et guider nos pas au chemin de la paix.
Si Noël est fêté aujourd’hui non seulement par les chrétiens mais par toute l’humanité, n’est-ce pas parce que Dieu s’est révélé à nous à travers un visage tellement humain. C’est pour cela sans doute que la fête de Noël résonne tellement dans le cœur de tous les hommes. C’est pour cette raison qu’à Noël, nous cherchons nous aussi à poser des gestes qui reflètent l’image de Dieu comme l’accueil de l’étranger, la solidarité et le partage avec les plus démunis, la visite aux malades et aux personnes isolées. Ces gestes pleins d’humanité font aussi partie de la fête de Noël car ils reflètent une certaine présence de Dieu parmi nous et nous apportent la paix.
Je vous souhaite vraiment, chers compatriotes, que Noël se vive chaque jour, que l’image de Dieu qui sommeille en nous, se réveille et se déploie dans notre manière de vivre tout au long de l’année. Déjà, si nous ouvrons les yeux, nous pouvons rendre grâce à Dieu pour ceux et celles qui, humblement, jour après jour, vivent leur quotidien dans la lumière de Noël.
Je pense par exemple à ces nombreux couples qui s’aiment fidèlement à longueur d’année, se disputent et se réconcilient, sont patients et acceptent de souffrir pour celui ou celle qu’ils aiment.
Je pense aussi aux enfants et aux jeunes qui, à longueur d’année, rendent volontiers service à la maison, s’entraident à l’école plutôt que de cultiver une compétition malsaine, organisent des loisirs sains avec leurs amis et se soutiennent mutuellement pour résister aux comportements à risque qui dégradent leur humanité.
Vivre ces valeurs en famille, se ressourcer dans la prière et l’écoute de la Parole, c’est vivre Noël chaque jour. C’est rendre gloire à Dieu et apporter la paix aux hommes.
Mais en ce jour de Noël, j’ai une pensée particulière pour ceux et celles d’entre vous qui vivez de grandes épreuves à cause de certaines fractures au sein de vos familles, ou à cause de certains laisser aller qui entraînent vos enfants sur des chemins glissants. L’épreuve ne doit pas nécessairement éteindre l’image de Dieu qui sommeille en vous, elle peut au contraire être l’occasion de la réveiller grâce à ce Dieu qui nous rejoint sur notre chemin aujourd’hui, là où nous sommes rendus. Il désire tant nous éclairer et nous faire retrouver la paix – la paix qui revient quand on redevient humain.
En cette fête de Noël je voudrais aussi rendre grâce pour tous les Mauriciens qui exercent leurs responsabilités de citoyen avec humanité. Eux aussi contribuent à ce que la joie de Noël éclaire notre route et guide nos pas au chemin de la paix.
Quand un enseignant par exemple, se préoccupe moins de sa réputation de “faiseur d’A+ ou de lauréats”, mais se concentre davantage sur le service désintéressé des élèves, et surtout des plus faibles, c’est Noël ce jour-là parce que c’est l’image de Dieu qui apparaît à l’école.
Quand un élu ne cherche pas à profiter de sa position pour retirer quelques avantages personnels, mais travaille sincèrement et sans relâche pour le développement humain des citoyens de sa ville, qu’il soit ou non de son bord politique, alors c’est Noël ce jour-là parce que l’image de Dieu est apparue en politique.
Quand un chef d’entreprise ne se préoccupe pas exclusivement du profit à accumuler, mais cherche en priorité la promotion humaine de ses employés à l’usine, sur le chantier, dans le bureau, alors c’est Noël ce jour-là parce que l’image de Dieu est apparue dans l’entreprise.
Quand des travailleurs ne cherchent pas seulement à tirer leur épingle du jeu, mais n’hésitent pas à être solidaires et à lutter ensemble pour le respect des droits humains de leurs camarades, alors c’est Noël ce jour-là parce que l’image de Dieu est présente dans leur lieu de travail.
Quand des citoyens mauriciens de toute communauté se mettent ensemble pour lutter contre les fléaux qui affligent notre société, pour soutenir les victimes de la drogue du VIH Sida, de la prostitution, alors c’est Noël ce jour-là, parce que l’image de Dieu est apparue dans la rue.
Mais je pense aussi à ceux et à celles d’entre vous qui, dans cette même société, êtes pris dans l’engrenage d’une compétition féroce, et qui, écrasés vous-mêmes par des rythmes de travail inhumains avez tendance à négliger votre famille, et à écraser vous aussi vos collègues. C’est dur parce que c’est à contre cœur que vous n’êtes plus en contact avec ce qu’il y a de plus noble dans votre humanité. Je pense aussi à ceux d’entre vous qui, entraînés par l’attrait d’une société de folle consommation, succombez à la tentation d’un gain facile, mal acquis, à travers les chemins détournés de la corruption. En vous aussi, il y a une image de Dieu, mais elle souffre parce qu’elle est étouffée et cherche à se réveiller, à prendre sa place au soleil et à apporter sa contribution. C’est pour vous réveiller que Dieu vient nous rejoindre à Noël. Il nous tend la main. Il nous offre sa lumière dans nos ténèbres et nous propose de guider nos pas aux chemins de la paix.
Au milieu d’un monde agité, préoccupé par les crises financière, écologique, alimentaire, énergétique, nous vivons une crise de repères, une crise du sens de la vie. A quoi sert toute notre activité fébrile ? Ce Dieu qui a choisi de naître comme un petit enfant démuni, vulnérable au milieu d’une foule pour la plupart indifférente, et quelque fois hostile, aurait-il quelque chose de vital à nous dire pour nous éclairer, nous apaiser ? Quand il vient, non pas comme un puissant avec de grands moyens, mais comme un pauvre, avec rien d’autre à offrir que son amour, nous indique-t-il justement que ce qui donne sens à la vie, ce n’est rien d’autre que son amour ?
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