La Vie Catholique a rencontré le père Philippe Goupille, curé de la paroisse Saints-Anges-Gardiens et Notre-Dame-de-La-Salette à Grand-Baie, ainsi que Notre-Dame-de-Fatima à Triolet. Il précise qu’il n’est pas un théologien ni un exégète, mais partage son expérience de pasteur et de curé de paroisse sur la Fête des morts.
L’église célèbre la fête de tous les morts le 2 novembre. Pourquoi doit-on célébrer nos défunts ?
Il est très important de garder leur mémoire, car l’oubli enfonce encore plus dans la séparation et la mort. Les chrétiens ne se souviennent-ils pas du Christ, spécialement dans l’eucharistie où il nous a dit de faire mémoire de lui et de proclamer qu’il reviendra ? Nous, nous faisons mémoire de nos défunts en attendant de les rejoindre un jour.
La mort vous parle-t-elle personnellement ? A-t-elle une parole à vous dire ?
De plus en plus, les amis proches avec qui j’ai grandi meurent, comme le père Robert Jauffret récemment. Donc, de plus en plus, je pense à la mort et je pense qu’il faut se préparer à ce passage qui est pour moi l’aboutissement de ma rencontre vécue quotidiennement avec Jésus-Christ.
Vous faites allusion à un temps de passage durant cette fin de vie où on est seul face à la mort. Doit-on comprendre que cette dernière est un passage ?
Beaucoup d’études paraissent actuellement sur les expériences des personnes qui ont frôlé la mort (Near death experience). Je me réfère à des ouvrages récents, comme celui du Dr Jean-Jacques Charbonier : Les 7 bonnes raisons de croire à l’au-delà. De toutes ces recherches, je retiens une phrase d’Elizabeth Kubler-Ross : « Quand la mort est une porte ouverte sur une autre vie. » Les expériences des scientifiques rejoignent la promesse de Jésus dans l’Évangile que l’on pourrait paraphraser ainsi : « La mort est renaissance et vie. La mort est un nouveau soleil. » Mais il demeure qu’on est toujours seul face à elle et cette solitude peut nous angoisser.
Dieu est-Il présent à ce moment-là ?
Il est dit dans la Bible que Dieu nous conduit, qu’Il nous tient par la main, qu’Il connaît l’heure de notre lever et de notre coucher. Pourquoi ne viendrait-Il pas nous prendre par la main dans ce dernier passage de la vie humaine ? Dieu ne nous abandonne jamais. Toute la pédagogie de Jésus dans l’Évangile tend à amener ses disciples à vivre leur existence humaine comme une filiation réalisée sous le regard du Père. Dans la mesure où nous aurons vécu cette relation filiale et dans la mesure où nous aurons, avec Jésus, aimé notre prochain, nous pourrons entendre la phrase qui scelle notre destinée : « Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. » (Matt. 25,14.)
De quel Royaume s’agit-il ? S’agit-il du ciel ?
Contrairement à ce que pensent spontanément beaucoup de chrétiens, Jésus ne nous a jamais promis le paradis, il nous a promis le Royaume. Ce Royaume, Jésus ne le décrit jamais, mais il est évident que pour lui, il est associé à sa présence auprès du Père : « Père, ceux que tu m’as donnés je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi. » (Jn 17,24.). Ce Royaume, Jésus l’a comparé à la salle des noces, celle de Dieu et de l’humanité. Mais il nous a avertis qu’on n’y entrait pas sans avoir revêtu un habit de fête (Matt. 22,11 : la parabole du festin nuptial). Pour prendre part à la fête de l’Alliance dans le Royaume du Père, il faut un cœur pur, tenir en main la lampe de la foi et l’huile de la charité (Matt. 25, 1-13 : la parabole des 10 vierges).
Suivre Jésus, c’est aussi suivre le chemin vers la résurrection…
Suivre Jésus, c’est faire confiance à sa Parole. Le seul exemple où Jésus dans l’Évangile, s’adressant à son Père, dit : « Je veux », c’est dans Jean 17,24 : « Je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi. » « Là où je suis » évoque évidemment le séjour auprès du Père. Ainsi le retour au Père est-il bien l’horizon de notre foi et cela change notre vie ; notre vie se trouve ainsi intégrée entre une origine et une fin qui lui donne un sens.
« Père entre Tes mains, je remets mon esprit. » Que signifie cette phrase de Jésus ?
À travers cette phrase, je pense que Jésus nous apprend qu’au moment de la mort, il est très important de s’abandonner et de se laisser partir. J’ai eu l’occasion de suivre beaucoup de personnes sur le point de mourir, et j’ai ressenti que bien souvent, ce qui était le plus difficile, c’est que l’on reste attaché à la terre, on ne veut pas partir. Et je pense que c’est une grâce que de pouvoir tout lâcher et dire : « Père, entre Tes mains, je remets mon esprit. »
Puisqu’on parle de la mort, comment la définissez-vous ?
Le corps fait partie du monde biologique. Il a une fin biologique aussi. Quelque part, tout ce qui existe, qu’il s’agisse des animaux, des plantes ou encore de la vie humaine, est programmé pour une fin. Tout est périssable. Ce qui explique que la mort est un aboutissement naturel pour toutes les créatures. Pour nous chrétiens, c’est un passage. Ce n’est pas une annihilation, une destruction. C’est simplement un passage vers une autre vie, une transformation, une glorification.
Voulez-vous dire que la mort nous donne un état glorieux ?
C’est effectivement un passage vers un état glorieux.
Et qu’est-ce qu’un « corps glorieux » ?
Nul n’a l’expérience de ce que sera ce corps glorieux, car la seule personne qui est vraiment ressuscitée et qui est revenue parler à ses disciples, c’est bien le Christ. La Bible nous dit aussi qu’aussitôt que les disciples ont voulu le toucher, il avait disparu. D’ici-bas, on ne pourra pas comprendre la texture de ce corps glorieux.
La réponse de Paul est, à mon avis, la meilleure possible.
Quel passage de la Bible évoque cela ?
Parlant du mode de la résurrection, saint Paul nous rappelle que si Dieu peut habiller chaque jour une fleur d’une robe nouvelle et aussi belle, pourquoi n’habillerait-il pas nos corps mortels avec une belle parure ? En d’autres mots, nous revêtir d’un beau corps comme il le fait chaque jour pour la nature (1 Corinthiens 15, 25 et suivants). Je ne trouve pas de meilleure réponse que cette réflexion de saint Paul répondant précisément à la question que vous posez.
La mort crée pourtant une perturbation chez l’être humain qui ne supporte pas d’être confronté à cet état. Comment aider une personne à en comprendre le sens ?
Il est normal que la mort suscite un bouleversement, voire un désarroi chez l’être humain. Le départ d’un être cher est toujours une souffrance. Mais il faut être aidé pour pouvoir l’accepter. L’amour de nos amis et notre foi peut nous aider à le faire.
On aurait tous voulu quitter cette terre en paix… Comment se préparer à cela ?
Il y a dans la mort des souffrances qui sont liées à la maladie. Ce sont aux médecins et aux infirmiers de nous donner les soins nécessaires pour pouvoir, autant que possible, surmonter ces souffrances. On ne perd pas sa dignité humaine parce qu’on perd son autonomie. Je crois qu’il faut approfondir ce concept de la mort dans la dignité. Il faut, à ce moment-là, parler aux mourants avec respect et écouter ce qu’ils ont à dire, aider le mourant à rester en contact avec sa famille et ses amis.
En quoi les paroles échangées ou encore le sacrement des malades pourront
aider la personne à partir en paix ?
Certes, le sacrement des malades aide la personne à partir en paix. De par mon expérience de prêtre de paroisse je vois que la présence des personnes qui ont la foi autour d’un mourant aide beaucoup. Donc, la présence humaine, attraper la main de la personne qui meurt, savoir lui parler avec les bons mots, le bon ton, même
si elle semble ne pas comprendre, l’aide beaucoup à partir en paix.
Et pour ceux qui perdent un être proche, comment les aider à traverser la souffrance de la mort ?
La cérémonie des funérailles est aussi une occasion pour beaucoup de personnes de raviver leur foi ou de reprendre contact avec Jésus-Christ Sauveur. La solidarité avec les proches et amis est très importante.
D’où l’importance des condoléances…
Tout à fait. C’est très important d’être soutenu par des amis sincères quand on a perdu quelqu’un de cher. Les condoléances nous aident à faire le deuil, il ne faudrait pas perdre cette tradition alors que le rythme de vie aujourd’hui nous entraîne à négliger cette tradition.
La consolation, est-ce un premier pas dans le deuil ?
Dans la formation donnée récemment dans le diocèse pour les équipes qui vont animer les cérémonies de funérailles, il est bien souligné que les équipes doivent se préoccuper de « l’avant », du « pendant » et de « l’après ». Entourer la famille quand la mort approche, être avec elle pour la célébration et continuer l’accompagnement ensuite. Dans ce sens, nos équipes de funérailles dans les paroisses vont nous aider justement à aider à faire le deuil.
Après la mort, que reste-t-il de la relation entre les vivants et les morts ?
L’Église a toujours parlé de la communion des saints. Cela ne veut pas dire que tous les chrétiens qui sont morts sont des saints. Certains sont proclamés tels, d’autres pas forcément. À mon avis, il reste une grande communion entre les défunts et les vivants. Une communion de paix, d’espérance, une présence qui aide la personne qui vit aujourd’hui à mieux assumer sa responsabilité.
Une présence invisible ?
Peut-on dire qu’une photographie de nos parents ou d’un proche sur notre bureau ou dans notre chambre, est une présence invisible mais réelle ? C’est ce type de présence qui je pense nous accompagne.
C’est quoi la prière ou encore messe de requiem pour les morts ?
Dans le domaine de la foi, l’Église nous dit que notre manière de prier est éclairante pour notre foi (lex orandi, lex credendi). Déjà, dans les premières prières des communautés chrétiennes, nous trouvons celle pour les morts. Et encore aujourd’hui, dans le canon de la messe : « Souviens-toi Seigneur de nos frères défunts. » Puisque cette pratique date des premiers temps de l’Église, nous sommes invités à prier pour les défunts. Pour beaucoup de chrétiens, la prière par excellence reste la messe, d’où sans doute la demande de messes de requiem pour les personnes décédées.
Prie-t-on pour les morts ?
Notre prière est une forme de communion avec eux dans leur nouvelle vie. La liturgie de la messe dit : « Seigneur, souviens-Toi de ceux qui sont partis dans l’espérance de la Résurrection, reçois les dans Ta lumière auprès de Toi. » C’est la prière que l’Église nous recommande pour nos morts.
Si le grain de blé meurt, il porte beaucoup de fruits. Comment est-ce que le corps en terre peut être une semence de vie ?
Il y a plusieurs interprétations à cette phrase. Elle n’est pas forcement liée aux funérailles chrétiennes, mais plutôt à l’avènement du Royaume. Elle fait plutôt référence à la mort de Jésus qui enseigne que s’il ne passe pas par la croix et la mort, il ne portera pas de fruit. C’est une manière de dire à ses apôtres que sa mort est un passage qui débouchera sur une belle moisson.
Quels sont les fruits qui ont germé de ce grain de blé ?
Après la mort du Christ, les disciples ont reçu l’Esprit-Saint le jour de la Pentecôte et ils ont commencé à partir dans toutes les directions pour annoncer le Royaume de Dieu. Donc, la mort et la résurrection de Jésus ont porté du fruit pour toutes les nations du monde.
Le terme « âmes errantes » est souvent attribué aux accidentés, aux suicidés.
Que signifie-t-il ?
Ce terme n’existe pas dans la foi chrétienne. Dieu est amour et dans Sa miséricorde, Il accueille tous les accidentés, les suicidés. Jésus nous a annoncé l’Évangile de la miséricorde et Il nous enseigne qu’il y a une place pour tous dans son Royaume.
Doit-on comprendre que le paradis et l’enfer sont des états et non des lieux ?
Il est vrai que l’appel aux « bénis du Père » se situe dans une parabole sur le jugement. N’oublions pas que le jugement est cette action de Dieu qui nous rend justes, saints de la sainteté même de Dieu. On comprend alors que saint Jean ait pu écrire : « Qui croit en Lui n’est pas jugé. » (Jn. 3,18.) Je cite ici un article du théologien Michel Rondet, jésuite : « Face à la perspective difficilement supportable d’une vie pour la mort, les hommes ont inventé des mythes de survie et de rétribution. Le christianisme les a, pour une part, assumés. Il en reste quelque chose dans les représentations que nous pouvons avoir du ciel, de l’enfer et du jugement. Si ces représentations ont pu nous aider, nous aurions tort d’y accrocher notre foi. »
C’est aux paroles de Jésus et à ses promesses que nous donnons notre foi. Ces promesses ne nous orientent pas vers un paradis de rêve, mais vers le Royaume, vers la rencontre de Celui qui est notre origine et notre fin. C’est en Lui que nous trouverons notre béatitude. Il en résulte que le paradis n’est pas forcément un lieu, mais une relation nouvelle avec le Père ; si vous voulez, un « état ». Si nous serons en dehors du temps et en dehors de la création, donc c’est tout à fait logique de dire que le paradis et l’enfer sont des états et non des lieux.
C’est quoi le paradis ou l’enfer est sur terre ?
Pour vous répondre j’emprunte quelques phrases au théologien Rey-Mermet dans son livre Croire publié en 1981. Il nous dit qu’il y a contradiction entre l’amour absolu de Dieu et l’hypothèse de l’enfer. Dieu ne veut pas l’enfer. Mais Dieu est assez grand en amour pour donner aux anges et aux hommes une vraie liberté, y compris celle de Lui dire « non » en face. L’homme peut s’obstiner à ne pas aimer. C’est très exactement cette possibilité qu’énonce l’idée de l’enfer. Le dogme de l’enfer signifie ceci : la vie de l’homme est sous la menace de la possibilité réelle d’un échec éternel. Menace contenue dans le fait qu’il peut disposer librement de lui-même et qu’il peut donc se refuser à Dieu.
« L’enfer sur terre » est une manière analogique de parler. Quand on voit actuellement les combats en Syrie, les gens qui se battent et les familles qui meurent, on peut parler d’un enfer que les hommes se causent mutuellement entre eux. Ou encore en cherchant le pouvoir, ils créent un véritable enfer pour les autres.
Peut-on encore définir l’enfer comme étant l’absence de Dieu dans notre vie ?
L’enfer est séparation de Dieu, l’errance loin du Père, loin de l’Époux. Nous pouvons penser à une relation humaine où quelqu’un a claqué la porte et, dans son orgueil, s’obstine à ne pas revenir précisément parce que tous les torts sont de son côté.
Pour terminer, qu’est-ce que la vie éternelle ?
La vie éternelle n’est pas une vie biologique avec ses fonctions respiratoires, circulatoires. La vie éternelle nous dit Jésus, c’est qu’ils Te connaissent Toi le seul vrai Dieu, et celui que Tu nous as envoyé, Jésus-Christ. (Jn 17,3.)
Propos recueillis par Sandra Potié
Mo pere,apres ki mo finn lire sa l’artik (Dulthumun dan defi media)..sa fer moi pense ki nou l’eglise inn l’heure pou gette N lot direction,mo explik moi,sa banne les autres religions la na pa kapave kit politic N cote,,pou Dulthumun li li pou capave etre president MSDTF ziska li mort(NO Problem)Alors ki tou pe marche korek conseil des religion,,,Mo croir ki inn arrive l’heure pou sorti couma N dimoune inn ouvert la porte,enplis mo pa croir ki ena banne dimoune a l’interrieur conseil religion pou fer N sorti contre Dulthumun. Capave mo pena raison,,,Bonchance…pou la suite. Juneau
le 15.05.13