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Vijaya Teelock : « La contribution des Créoles a été énorme »

22/08
2012
1 commentaire »

Le point de vue de Darlmah Naeck , publié dans Le Défi Quotidien du 8 août et ayant pour titre « Pourquoi les Créoles posent problème » a suscité de nombreuses réactions de part et d’autres, principalement au sein de la communauté créole. Vijaya Teelock, historienne, membre de la Truth & Justice Commission et chargée de cours à l’université de Maurice, nous propose son regard sur cet incident et, plus largement, sur le Créole dans la société mauricienne. Pour notre interlocutrice, il est crucial que chaque Mauricien connaisse l’Histoire de son pays, pour plus de justice sociale et un meilleur vivre-ensemble. Que pensez-vous de l’article ayant pour titre « Pourquoi les Créoles posent problème » ?

Premièrement, l’auteur parle de la communauté créole en tant que groupe qui se dissocie de lui. Si on est vraiment Mauricien, on dit « nous ». Mais ici, même quand il fait usage du « nous », nous ne savons pas de manière claire de qui il parle. À qui il fait allusion. J’objecte à son langage. En deuxième lieu, Darlmah Naeck utilise beaucoup de stéréotypes, et ça aussi, je trouve que c’est dérangeant pour un rédacteur et soi-disant intellectuel. S’il avait une connaissance de l’histoire de notre peuplement, il saurait, par exemple, qu’à Maurice, beaucoup de Créoles sont de souche indienne. En effet, pendant l’immigration indienne, il y avait beaucoup de groupes qui sont venus, qui étaient animistes, et qui se sont intégrés dans la population de l’époque puisqu’il y avait convergence entre leur religion et les ex-esclaves malgaches et mozambicains. Ils sont devenus ce qu’on appelle des Créoles aujourd’hui. Cela montre que la religion est universelle, avec des valeurs qui sont communes. Par ailleurs, que l’on soit catholique ou autre aujourd’hui, ne devrait pas être une raison pour se faire insulter par qui que ce soit. Il faut aussi savoir que dans le passé, il y a eu des Indiens qui se sont convertis au christianisme pour avoir un emploi dans le secteur privé ou le service civil et qui sont aussi classifiés comme Créoles. Quand M. Naeck dit que les catholiques « ne connaissent pas la religion des autres », il faut souligner qu’il ne connaît, peut-être pas lui-même d’autres religions ! Il n’y a pas de monopole sur l’ignorance de la foi de l’autre ! C’est aussi la même chose pour les autres communautés. Nous l’avons constaté lors de nos travaux pour la Commission Vérité et Justice (CVJ). L’interculturalité fait en effet défaut. Et c’est, entre autres, dû au fait que nous n’étudions pas l’Histoire à l’école. Par ailleurs, le pire dans toute cette affaire, c’est que ces stéréotypes sont véhiculés par une personne qui se dit être rédacteur dans un journal. Il montre son niveau le plus bas et c’est aussi une honte pour le journal qui a publié cet article. Enfin, je me permets de me poser un certain nombre de questions. Est-ce une coïncidence que ce papier soit publié au moment où nous sommes en pleines tractations politiques et qu’il y a une menace de grève dans l’industrie sucrière ? Est-ce qu’au final, tout cela n’est pas quelque chose de calculé pour semer la division entre les communautés ?

Encore une fois, la communauté créole est montrée du doigt. Comme si elle était un boulet qui freinerait le développement de Maurice. Qu’avez-vous appris de cette communauté lors de vos travaux pour la CVJ ?

À la Commission, nous avons beaucoup étudié la vie dans les cités et nous avons cerné de gros problèmes, notamment par rapport à l’échec scolaire. Quand un enfant n’a pas un lieu pour étudier, peut-on s’étonner qu’il soit en échec scolaire. Pour pouvoir bien apprendre, il y a plusieurs conditions à remplir : avoir un bon logement, avoir le ventre plein… Ce sont des choses à prendre en considération.

M. Naeck dit : « Le mode de vie de la majorité des Créoles est-il compatible avec la percée scolaire ?(…) ». Et je m’interroge : est-ce leur mode de vie qui n’est pas compatible ou le programme scolaire qui ne l’est pas par rapport à ce que vivent les gens ? Est-ce que le cursus scolaire encourage le maintien des traditions des gens ? Par exemple, un enfant qui vit sur la côte n’apprendrait-il pas mieux si on liait le cursus, par exemple de biologie, avec ce qui existe dans son environnement ? Il pourrait contribuer plus positivement en classe et ne se sentirait-il pas beaucoup plus valorisé alors ? Nous, à la CVJ, nous avons fait ce genre de recommandations. Si le ministère de l’Éducation ne les ont pas lues dans le rapport, il est temps de le faire. Le racisme existe contre tous ceux qui ont la peau noire. Beaucoup d’hindous, de musulmans ont des préjugés envers la communauté créole. Le service public ignore la culture créole, africaine ou malgache et souvent adopte des programmes inappropriés. Le résultat est l’échec du projet, malgré toutes les bonnes intentions. Les points de vue des personnes de cette communauté ne sont pas pris en considération. Or, nous, à la CVJ, avons recommandé que les membres de la communauté créole soient présents dans les instances décisionnelles…

Il y a aussi le côté psychologique. Nous voulions étudier plus dans ce sens, mais il aurait fallu avoir un race psychologist. Il est prouvé que quand une personne entend des propos racistes ou négatifs sur sa culture, comme ceux véhiculés par cet article, elle finit, au fil des années, par intérioriser tout cela. Résultat, la personne peut commencer à y croire, ce qui amène certains blocages. Il y a aussi une éducation à faire afin que tous comprennent que les choses ont changé mais aussi qu’il y a une communauté qui a été victime de discrimination dans le passé et qu’il faut rétablir les choses.

 Pourquoi le Créole est-il encore et toujours stigmatisé ?

C’est une tendance chez certaines personnes d’abaisser d’autres pour se sentir supérieures. C’est ce que nous avons constaté à la CVJ. Dans le cas de l’article paru dans le journal Le Défi Quotidien, une telle attitude venant d’un rédacteur est inacceptable. Il est censé être un intellectuel et donc, plus objectif. Ceci dit, depuis l’époque où j’avais commencé à étudier l’esclavage dans les années 90, beaucoup a été fait. Nous en parlons plus facilement. La communauté créole n’a plus peur d’évoquer l’esclavage. Mais aujourd’hui, il y a un travail à faire auprès des autres communautés afin qu’elles sachent écouter ce que les Créoles ont à dire.

Quelle a été la contribution de la communauté créole dans la construction de l’île Maurice ?

Nous parlons souvent de l’industrie sucrière. Ce sont les esclaves qui ont défriché les champs à mains nues et qui ont permis à l’industrie sucrière de décoller. Au XVIIIème siècle, ce sont eux qui ont construit Port-Louis, l’hôpital militaire, les fontaines, les rues pavées. Certains esclaves ont aussi été des militaires et marins, parfois les plus fidèles de l’armée française. D’autres ont travaillé dans le port pour le débarquement et l’embarquement des bateaux. La construction des quais, du port, etc. Jusqu’à présent, il n’y a pas d’étude d’économiste pour chiffrer l’apport des Créoles au développement de Maurice, mais nous aurions trouvé que leur contribution a été énorme. Pendant la période sucrière, les esclaves travaillaient 12 à 14 heures pour jour sans salaire. Des profits énormes ont été réalisés par les compagnies. D’autres esclaves travaillaient aussi chez les particuliers – à la cuisine, à la blanchisserie, etc.

Si les esclaves ont été de si grands travailleurs, d’où est venue cette impression que le Créole est fainéant ?

Avec l’abolition de l’esclavage, quand les esclaves n’ont plus voulu travailler dans les champs sans être payés convenablement après des années sans aucune paie. Et les propriétaires ne voulaient pas leur donner le salaire qui leur était dû. Ces esclaves ne pouvaient pas accepter cela. C’est ainsi que les employeurs ont inventé les stéréotypes. Et sont allés trouver de la main-d’oeuvre pas cher ailleurs.

Et aujourd’hui, malgré toutes les informations disponibles sur l’Histoire de Maurice, celle des esclaves et des travailleurs engagés, cette perception persiste.

C’est ça les préjugés. On ne veut pas voir et accepter que les autres sont égaux à soi-même. C’est aussi pourquoi je pense qu’il y a quelque chose derrière les motivations qui ont conduit Darlmah Naeck à rédiger cet article. Il me semble que tout cela est pour créer la division, pour provoquer la communauté créole. Mais il nous faut faire attention et surtout ne pas céder à la provocation.

Dans le fond, qu’est-ce que tous ces problèmes d’ordre communal et religieux traduisent de la société mauricienne ?

Qu’il y a un manque de compréhension total. Lors de nos travaux pour la Commission, nous avons noté qu’au fil des années les gens, ont de plus en plus tendance à se refermer sur leur communauté. Il faudrait d’ailleurs que la National Housing Development Corporation prenne cela en compte quand elle fait des projets résidentiels. Changer la mentalité des gens prendra des années. L’éducation et les médias ont un grand rôle à jouer. La Mauritius Broadcasting Coorporation, par exemple aurait pu faire un travail pour favoriser la compréhension de l’autre, pour permettre l’analyse des préjugés et faire ainsi que cela soit éliminé. Certes on ne pourra pas éradiquer complètement les préjugés, mais au moins … Je trouve que nous tolérons un peu trop le communalisme à Maurice et que l’on évite de faire face à ce problème. Certes, il y a des personnes qui profitent de la division entre les différents groupes qui composent la société mauricienne. Alors que d’autres ont une certaine notion de pureté culturelle et sont contre l’ouverture. Nous retrouvons cela chez certaines minorités. Elles ont peut-être peur de perdre leur culture. Mais on peut préserver sa culture sans avoir de préjugés sur les autres.

Vous aviez parlé de l’importance d’étudier l’Histoire. Expliquez-nous…

C’est alors que les gens pourront mieux comprendre la société mauricienne. En découvrant son Histoire et comment nous sommes arrivés là où nous sommes. Mes élèves de première année à l’université de Maurice me disent toujours comment ils apprécient ces cours qui leur permettent de mieux comprendre ce qui se passe autour d’eux. C’est très important que les Mauriciens aient des repères. Apprendre l’Histoire peut se faire de manière ludique et moins théorique. Par ailleurs, très peu de personnes à Maurice peuvent retracer l’histoire de leur famille. Or, l’État devrait les aider dans ce sens car c’est très important pour la famille. Nous avions fait cet exercice à la cité La Mivoie, Tamarin. Les gens étaient étonnés de savoir qu’ils avaient tous un lien de parenté. L’État doit aussi jouer un grand rôle en ce qu’il s’agit de la culture de la population. Je ne parle pas là que de bâtiment. Il faut s’attaquer aux mentalités. Que tout le monde soit reconnu et respecté. C’est important pour le pays. Si on est divisé, le pays entier perdra.

Commentaires

  1. Maria COULON dit

    29 août 2012 à 19:40

    Mme Vidaya Teeluck,
    J’admire votre franc-parler et je souligne que je suis de votre avis sur ce pointNous parlons souvent de l’industrie sucrière. Ce sont les esclaves qui ont défriché les champs à mains nues et qui ont permis à l’industrie sucrière de décoller. Au XVIIIème siècle, ce sont eux qui ont construit Port-Louis, l’hôpital militaire, les fontaines, les rues pavées. Certains esclaves ont aussi été des militaires et marins, parfois les plus fidèles de l’armée française. D’autres ont travaillé dans le port pour le débarquement et l’embarquement des bateaux. La construction des quais, du port, etc. Jusqu’à présent, il n’y a pas d’étude d’économiste pour chiffrer l’apport des Créoles au développement de Maurice, mais nous aurions trouvé que leur contribution a été énorme. Pendant la période sucrière, les esclaves travaillaient 12 à 14 heures pour jour sans salaire. Des profits énormes ont été réalisés par les compagnies. D’autres esclaves travaillaient aussi chez les particuliers – à la cuisine, à la blanchisserie, etc. Pour moi Maria Coulon seul l’histoire, la recherche et acceptation de vivre en vraie mauriciens peuvent nous rendre intelligents dans la compréhension des autres cultures.

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