Faut-il s’étonner qu’une « opinion » telle que « Pourquoi les Créoles posent problème », pétrie de préjugés et d’approximations, ait trouvé place dans notre presse ? Peut-être pas… si l’on garde en mémoire que, souvent, suite à des reportages de presse sur des vols, viols, crimes…, nombreux sont les internautes qui y vont au vitriol dans leurs commentaires. Assimilant tous les péchés du monde aux Créoles, véritables boucs émissaires, sempiternels « touzour bann-la », perçus comme des boulets, des entraves au développement. Certains vont même jusqu’à préconiser « exil zot Rodrig mo mama ! » Tout cela écrit sans que personne ne s’offusque le moindrement de ce communalisme puant…Faut-il donc aujourd’hui s’étonner que les préjugés fassent leur chemin tranquillement dans une société qui a peur d’affronter le dragon du communalisme (avec une fourchette en plastique ?) qu’elle nourrit
à grandes doses ? Dans une société, où plus de quarante après, les Créoles sont encore montrés du doigt pour avoir n’avoir pas soutenu les idées indépendantes de Ramgoolam et consorts. Où, bien ancrée dans la tête de certains, il revient à l’Église (elle a bon dos, n’est-ce pas ?) et non à l’État de s’occuper du welfare des Créoles.
Faut-il s’étonner que certains ont des idées tenaces pour tout ce qui touche la communauté créole, ne voulant voir et entendre que ce qu’ils veulent bien ? Faut-il s’étonner si les visières de certains les amènent perpétuellement à voir les tares de ceux qui habitent à trois jets de pierre et à être aveugles au sens de l’effort et de sacrifice, au progrès accompli par leur voisin créole d’à côté ? …
Certes l’auteur de « Pourquoi les Créoles posent problème » n’est pas un jeunot inexpérimenté, qui lance ses haut-le-cœur à travers son écran d’ordinateur. Il est un journaliste de carrière, un ancien rédacteur-en-chef, un éditorialiste averti. Un intellectuel, dirions-nous. Et c’est là tout le côté pernicieux de son papier : l’intellectuel a le devoir d’éclairer, d’élever le débat, d’unir, de ramener la cohésion… Non de stigmatiser, de jeter de l’huile sur le feu…
Mais au fond, faut-il s’en étonner quand nous avons une élite se délite petit à petit ? Et cela tient pour notre élite politique qui caresse dans le sens du poil tous ces « ismes » bien Mauriciens : communalisme, clanisme, racisme… Une élite qui remet pas du tout en cause le fonctionnement de notre société, mais qui, au contraire, ne se gêne pas de faire le vilain jeu du divide & rule, pour assurer sa suprématie… Une élite aux commandes de la finance guidée par le « toujours plus de profits »… Une élite qui écrit et réécrit l’Histoire à sa guise…
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