4e Dimanche Pâques (Année B)
Jn 10, 11-18
Introduction
La « Lectio Divina » est une manière de chercher à entendre la parole que Dieu nous adresse à travers un passage de la Bible, et à y répondre. Elle comprend 3 parties :
- une lecture attentive du texte dans son contexte ;
- une écoute intérieure de la Parole de Dieu, de l’appel qu’il nous fait aujourd’hui à partir de ce texte ;
- un temps de prière (personnelle ou en groupe) pour donner sa réponse à l’appel que nous fait le Seigneur.
- 1. Lire un texte (Jn 10,11-18)
1.1. Contexte
L’Evangile de Jean nous donne peu d’éléments pour situer cette parabole du Bon Pasteur dans son contexte.
On sait seulement qu’elle s’adresse aux Pharisiens (Jn 10, 6) et qu’ils ne la comprennent pas. Cette référence à l’aveuglement des Pharisiens est sans doute une allusion au récit de la guérison de l’aveugle-né au chapitre précédent (Jn 9) où Jésus indique que les vrais aveugles qui devraient être guéris sont précisément les Pharisiens eux-mêmes qui ne savent pas reconnaître en Jésus l’envoyé de Dieu malgré les signes forts qu’il donne.
On sait aussi que le Prophète Ezechiel, (ch 34) et le prophète Jérémie (ch 23) dans des passages célèbres avaient été très sévères sur les pasteurs d’Israël qui négligeaient les brebis et profitaient de leur situation pour se servir eux-mêmes ; les pasteurs étaient durs et violents envers les brebis en difficulté. C’est un peu le traitement que l’aveugle-né guéri par Jésus (cf. Jn, ch 9) avait reçu des Pharisiens. Ceux-ci l’avaient rejeté carrément de la communauté.
Ces mêmes prophéties annoncent que Dieu lui-même prendra soin de ses brebis et qu’il leur enverra des pasteurs selon son cœur (Jr 23, 4-5 ; Ez 34, 23).
1.2. Déroulement du texte (Jn 10, 11-18)
a) V.11-13. « Je suis le bon pasteur (le vrai berger). Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis. Le berger mercenaire, lui, n’est pas le pasteur, car les brebis ne lui appartiennent pas : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse. Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui ».
Lorsque Jésus affirme qu’il est lui « le bon Pasteur » qui donne sa vie pour ses brebis et qu’il compare ce bon pasteur aux « mercenaires » qui ne se soucient pas des brebis, beaucoup de ses auditeurs juifs comprennent tout de suite qu’il fait allusion aux prophéties d’Ezéchiel et de Jérémie et qu’il se présente comme le Pasteur que Dieu avait promis d’envoyer à son peuple.
b) V. 14-15. « Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis ».
Jésus donne ensuite les 3 traits fondamentaux du Bon Pasteur
(1) « il connaît ses brebis et ses brebis le connaissent ». Cette connaissance mutuelle équivaut en fait à une confiance mutuelle profonde qui naît au fil d’une longue fréquentation. Jésus « connaît » ses brebis dans le sens où il les aime comme elles sont, avec leurs faiblesses, et leurs qualités. Il les comprend, il connaît leurs souffrances et il les soutient. Les brebis « connaissent » Jésus comme Bon Pasteur dans le sens où elles apprécient sa façon de les aimer, de les conduire et qu’elles lui font totalement confiance.
(2) « Comme le Père me connaît et que je connais le Père ». Jésus nous indique ici la source profonde de son amour pour ses brebis. Cela vient de ce que son Père le « connaît » c’est-à-dire, qu’il l’aime, qu’il lui a confié la responsabilité des brebis, et lui demande de les aimer comme le Père lui-même les aime. Jésus « connaît » son Père dans le sens où il accueille son amour et se donne à lui et dans une grande communion avec lui se donne à fond pour ses brebis.
(3) « Il donne sa vie pour ses brebis ». Cet amour de Jésus pour ses brebis va jusqu’à donner sa vie. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie, dira Jésus (Jn 15, 13). Son amour pour les brebis tire sa force de sa communion avec son Père et va jusqu’au bout « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout » (Jn 13, 1).
c) V. 16. « J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur ».
Jésus pense ici à tous ceux et celles qui n’ont pas encore cru en lui, qui ne l’ont pas encore connu. Et il se dit prêt à les accueillir tous dans son troupeau, à les nourrir comme les autres et à les conduire sur le même chemin. C’est une manière de dire qu’il est venu pour sauver tous les hommes, qu’il donne sa vie pour rassembler tous les hommes dispersés par les péchés dans l’unité d’un seul troupeau réuni dans la confiance envers un seul pasteur.
d) V. 17-18. « Le Père m’aime parce que je donne ma vie, pour la reprendre ensuite. Personne n’a pu me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, et le pouvoir de la reprendre : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père ».
Jésus fait ici allusion à sa mort et à sa résurrection. Il disait plus haut que c’était dans une profonde communion avec son Père qu’il aimait ses brebis et était disposé à donner sa vie pour elle. Il ajoute ici
(1) que ce don de sa vie il le fait librement « Personne ne me l’enlève, je la donne de moi-même » ; il ne fait rien par force mais tout par amour.
(2) que ce don de sa vie il le fait aussi dans la confiance envers son Père qui ne le laissera pas enfermer par la mort mais le ressuscitera. Comme sa vie est une vie en étroite communion avec son Père, il parle de « reprendre sa vie » pour dire qu’il ressuscitera, parce que rien ne le fera quitter la communion avec son Père, même pas la mort. On remarque en effet que Jésus ne parle jamais de sa mort sans parler de sa résurrection (cf Mc 8, 31 ; 9, 31 ; 10, 33-34), parce qu’il envisage toujours sa mort comme vécue dans une communion d’amour avec son Père, une communion que rien ne peut détruire.
- 2. Ecouter une Parole qui nous est adressée à travers ce texte
2.1. Par sa parabole du Bon Pasteur, Jésus nous interpelle tous sur notre façon d’aimer ceux qui nous sont confiés dans la vie :
– Il interpelle les prêtres dans leur relation avec les fidèles
– Il interpelle les parents dans leur relation avec leurs enfants
– Il interpelle les enseignants dans leur relation avec leurs élèves
– Il interpelle les médecins et les infirmiers dans leur relation avec leurs malades
– Il interpelle les catéchètes et les responsables de mouvement de jeunes dans leur relation avec les jeunes et les enfants
– Il interpelle chacun de nous dans notre relation avec les blessés de la vie.
Comment est-ce que nous les aimons ? Comme un « pasteur » qui reconnaît leur valeur, leur dignité, qui connaît leurs joies, leurs peines, leurs faiblesses, et qui établit une relation de confiance avec eux ? Ou comme un « mercenaire » qui ne cherche que son propre plaisir ou son propre avantage et puis disparaît à la moindre difficulté, à la moindre contrariété ?
Est-ce que nous nous donnons nous-mêmes dans notre manière de les traiter, ou est-ce que nous nous protégeons, et mettons des limites à notre générosité ?
Interrogeons-nous simplement sur ce point.
2.2. Si nous trouvons difficile d’aimer comme un pasteur, demandons au Seigneur de nous faire connaître et apprécier davantage sa manière de nous aimer comme le bon pasteur qu’il est pour nous. Demandons-lui de savoir apprécier sa manière de nous conduire avec patience ; soyons reconnaissants pour les témoins qu’il nous envoie pour nous éclairer et nous soutenir sur le chemin. Demandons-lui de nous attirer à lui, de nous faire désirer vivre en communion avec lui. C’est quand nous saurons nous laisser aimer par lui que nous saurons aimer comme lui, comme un bon pasteur.
2.3. Enfin, cherchons à contempler le Christ qui va jusqu’à donner sa vie pour nous ses brebis. Donner sa vie veut dire, donner de son temps, donner de son attention, se décentrer et éviter de se plaindre pour se concentrer sur ceux qu’il nous invite à aimer et à servir. Pour nous décentrer ainsi, nous avons besoin de lui faire une confiance totale, de croire que la mort à nous mêmes à laquelle il nous invite, nous ouvre en fait sur un bonheur, une joie que « nul ne pourra nous ravir » (cf Jn 16, 22).
- 3. Prier à partir de la Parole qui nous est adressée
a) Tenons-nous en silence devant Jésus qui se manifeste à nous comme le Bon Pasteur que Dieu nous avait promis. Laissons monter ver lui notre reconnaissance, contemplons son regard, son attitude. Elles nous révèlent le regard de Dieu.
b) Tenons-nous en silence et écoutons l’invitation que Jésus nous fait de le rejoindre dans sa manière d’aimer. Laissons résonner en nous son appel à lui faire confiance : son chemin est un chemin de vie, de grand bonheur.
c) Prions enfin pour que des jeunes gens et des jeunes filles de notre Eglise, de notre famille, entendent l’appel que le Bon Pasteur leur adresse : suivez-moi, consacrez votre vie à être pour vos frères et sœurs de Bons Pasteurs dans le sacerdoce ou la vie religieuse.
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