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Mgr Piat : « Je rêve de l’émergence d’une nation mauricienne »

1/03
2012
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Interview par Jean-Marc Poché

Le Mauricien 1 mars 2012

  1. La lettre pastorale  2012 intitulée ‘Le bonheur de croire’ s’inscrit dans le cadre de  l’année de la foi promulguée par le Pape Benoit XVI. Quel lien y a-t-il entre la foi, en particulier la foi chrétienne, avec les défis  sociaux économiques et politiques  auxquels les Chrétiens sont confrontés dans la vie de tous les jours?

Je sais qu’on peut s’interroger sur la pertinence de la foi chrétienne par rapport aux difficultés économiques, politiques et sociales qui affligent notre société. Un chrétien qui croit que Jésus Christ est son sauveur s’attend quelquefois à ce que ses problèmes soient résolus immédiatement par ce sauveur. Or, comme le disait Claudel, Jésus n’est pas venu enlever nos souffrances ni même les expliquer, il est venu simplement les partager. Cela peut paraître une folie. Mais cette apparente folie de Dieu renferme une profonde sagesse car le monde change quand le cœur de l’homme change. Le cœur de l’homme change quand il découvre qu’il est aimé gratuitement, sans qu’il le mérite. Or, c’est précisément cet amour gratuit que Jésus est venu déposer au milieu de nous, en nous aimant jusqu’à mourir. L’amour gratuit conduit souvent à souffrir pour ceux qu’on aime. Et Jésus a assuré avec patience notre rejet, notre indifférence et continue de nous aimer malgré tout. Tous ceux et celles qui s’ouvrent à cet amour et lui font confiance sont touchés profondément. Ce n’est pas que leurs problèmes sont résolus mais la foi agit en eux comme un déclic. Ils découvrent le bonheur de croire. Leur façon de vivre change. Ils deviennent alors des ferments de justice et de paix dans leur famille, dans leur milieu social, dans leur pays. La foi transforme les hommes de l’intérieur et cette transformation devenant contagieuse, peut transformer tout un ensemble social.

  1. Est-ce que ces défis que vous évoquez dans votre introduction de la lettre pastorale ainsi que la recherche légitime d’un confort matériel  ont un effet négatif sur la foi?  Quelle est la situation à Maurice?

Je ne crois pas du tout que les défis sociaux auxquels nous sommes confrontés  ont un effet négatif sur la foi.  Croire au Christ c’est essentiellement se savoir aimé gratuitement par Dieu. Cette foi est un bonheur et non pas une corvée. Quand on fait confiance à l’amour fidèle de quelqu’un, cela nous donne aussi une énergie spirituelle qui nous permet de faire face aux difficultés de la vie. Donc une foi vivante ne se laisse pas étouffer par les défis d’une société ; au contraire, ces défis la stimulent et la font s’exprimer dans une attitude de service.

Quant à la recherche légitime d’un confort matériel, ceux qui découvrent le bonheur de croire se suffiront d’une vie simple et frugale car il leur suffira d’être aimés. C’est vrai qu’on voit les gens être pris dans la spirale d’une consommation effrénée. En fait, cette course à la consommation est souvent une manière de combler un vide dans nos vies. Or, ce vide ne se comble pas avec des biens de consommation parce qu’il s’agit en fait d’une soif spirituelle qui ne peut être étanché que par un amour gratuit et fidèle. La société de consommation, loin d’étouffer la foi, montre au contraire par la frustration même qu’elle engendre, que l’homme a besoin d’abord d’être aimé et d’aimer. Or, l’amour qui est la chose la plus précieuse au monde ne peut être acheté par l’argent.

  1. Quelle est la vraie définition de la foi? Les Mauriciens sont connus pour être leurs pratiques religieuses.  Les messes sont remplies pendant la période du carême, les quarante heures transcendent les religions. Sans compter que toutes les religions célèbrent à longueur d’année des fêtes religieuses: cavadee, mahashivahatree, l’assomption, Noel. Est-ce que cela à un rapport avec la foi?

C’est vrai qu’il y a une grande différence entre la foi et les pratiques religieuses. Dans la tradition chrétienne, il y a toujours eu  une mise en garde contre l’hypocrisie religieuse. Les prophètes de l’Ancien Testament, Jésus lui-même et les grands auteurs chrétiens qu’on appelle les Pères de l’Eglise, ont toujours interpellé les croyants sur le manque de cohérence qu’il peut y avoir entre une pratique religieuse abondante et ostentatoire et une foi sincère. Ce qui est fondamental, c’est la foi. Si je crois vraiment dans l’amour de Dieu, je dois d’abord témoigner ma reconnaissance en donnant gratuitement comme j’ai reçu gratuitement. Témoigner de sa reconnaissance comprend toujours deux aspects : rendre grâce à Dieu et rendre service aux hommes. Rendre grâce à Dieu dans des manifestations religieuses et rendre service aux hommes dans le concret de la vie quotidienne.

  1. La foi est souvent perçue comme une démarche passive et personnelle.

Implique-t-elle une responsabilité, un engagement? Comment vivre sa foi sur le plan familial, social, économique et politique? Pensez-vous que les Chrétiens, au nom de leur foi, sont suffisamment présents dans les grands débats éthiques qui nous interpellent constamment : avortement, peine capitale etc?

La foi est d’abord une démarche personnelle  puisqu’il s’agit de confiance en l’amour que Dieu nous fait. Mais la foi authentique n’est jamais passive puisque lorsqu’on est touchés par l’amour, on cherche toujours à aimer en retour. Dans le christianisme, Dieu s’est toujours identifié à ceux qui souffrent dans leur corps comme dans leur cœur et il nous dit lui-même que la meilleure manière de l’aimer est d’aimer ceux qui ont faim, sont seuls, sont malades. Une foi qui ne s’implique pas est une foi morte, comme dit Saint Jacques.

Quant aux débats éthiques qui agitent notre société, c’est vrai qu’il y a relativement peu de chrétiens qui prennent la parole au nom de leur foi. Mais le témoignage chrétien ne passe pas uniquement par les prises de parole publiques. Il est aussi une petite semence qui est déposée dans le terreau familial ou social, une semence qui est toujours fragile mais qui porte en elle un potentiel énorme de transformation. C’est pourquoi, même dans les prises de parole, le chrétien doit aussi donner son témoignage. Comme le disait Paul VI, « aujourd’hui on écoute plus volontiers les témoins que les maîtres et si on écoute les maîtres, c’est qu’ils sont aussi des témoins ».

  1. En évoquant la peur  de certains d’être représentés au Parlement par d’autres que les nôtres, vous touchez au mal profond qui affecte la nation: le communalisme. Qui sont responsables de cette situation? Les politiciens? Quid des religions et des groupes socio culturels? Et le Chrétien dans tout cela? Quel doit être son rôle  » au milieu de ce brouillard communaliste » dans lequel il doit faire son chemin très souvent péniblement ?

Le communalisme n’est pas comme un arbre endémique qui était là avant nous. C’est plutôt comme une mauvaise herbe  que nous avons semée et que nous n’arrivons plus à contrôler. Le communalisme se propage par notre mauvais exemple : ce que nous pensons, ce que nous disons sur les autres communautés. Par exemple, beaucoup d’événements sont lus avec des lunettes communalistes, ce qui enferme notre société dans ses divisions ou la déchire un peu plus.  Il faut reconnaître humblement que chacun a sa part de responsabilité dans la propagation de ce fléau. Il est vrai que certains s’en servent aussi pour atteindre des buts pas très honorables. Au milieu de ce brouillard communaliste, la foi est comme une petite lumière qui s’allume au fond de notre conscience. Elle nous remue au plus profond de nous-mêmes et nous invite à risquer chaque jour le pas de la fraternité. De fait, autant nous sommes responsables de la diffusion du communalisme dans la société autant nous avons aussi la possibilité de dissiper ce brouillard. Remarquez quelque chose : à chaque fois que des Mauriciens de communautés différentes se rejoignent pour soutenir un athlète ou défendre une cause sociale, il y a une fibre en nous qui se réveille avec bonheur. Cette fibre authentiquement mauricienne se retrouve aussi entre voisins, à l’occasion de cyclones ou de mortalités mais aussi de certaines fêtes. Ce qui montre que nous désirons tous nous débarrasser du communalisme mais que nous n’avons pas toujours le courage de nos convictions.

  1. Pouvez-vous faire un commentaire sur le rapport Vérité et Justice. La prise de conscience par rapport à l’esclavage et l’engagisme qui caractérise le rapport aide-t-elle enrichir la foi? Etes vous prets à présenter les excuses de l’Eglise aux descendants d’esclaves?

Quand des offenses graves et étendues ont été faites à des groupes humains dans le passé et que les conséquences se font encore sentir aujourd’hui, il est important de faire la vérité pour rétablir la justice. On a longtemps cru que l’oubli et le silence pouvaient guérir. Or, c’est par la parole libérée que la vérité se fait et apporte la guérison. C’est pourquoi le rapport de la Commission Vérité et Justice me paraît très important pour entrer en profondeur dans une relecture de notre histoire afin d’en assumer les ombres et les lumières. C’est en relisant l’histoire honnêtement à la lumière de la foi que nous pouvons reconnaître  les injustices du passé qu’il faut à tout prix éviter de reproduire aujourd’hui. La foi nous aide aussi à reconnaître les exemples de solidarité et de courage qui ont forgé ce qu’il y a de plus noble dans notre société et qu’il faut continuer à cultiver aujourd’hui.

Comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, c’est dans la tradition de l’Eglise de reconnaître les erreurs qu’elle a pu faire dans l’histoire, de demander pardon et de chercher un chemin de réparation. Ce chemin est long mais il vaut la peine d’être suivi.

Croyez-vous dans le réveil du mauricianisme, dans l’émergence d’une nation mauricienne?

Oui, j’y crois de tout mon cœur. J’en rêve même. Mais pour moi comme pour mes frères et sœurs mauriciens, une question se pose : sommes-nous prêts à payer le prix pour que notre rêve devienne réalité ?

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