Fête du St Sacrement
Jn 6, 51-58
Introduction
La « Lectio Divina » est une manière de chercher à entendre la parole que Dieu nous adresse à travers un passage de la Bible, et à y répondre. Elle comprend 3 parties :
- une lecture attentive du texte dans son contexte ;
- une écoute intérieure de la Parole de Dieu, de l’appel qu’il nous fait aujourd’hui à partir de ce texte ;
- un temps de prière (personnelle ou en groupe) pour donner sa réponse à l’appel que nous fait le Seigneur.
- I. Lire un texte :
1.1. Le passage de l’Evangile de Jean qui nous est donné à lire et à méditer aujourd’hui est en fait la conclusion d’un long enseignement sur l’Eucharistie que Jésus donne dans la Synagogue du Capharnaüm (Jn 6, 26-58) après avoir multiplié les pains (Jn 6, 1-15) sur la rive opposée du lac de Galilée.
La foule qui avait bénéficié de la multiplication des pains avait voulu « s’emparer de Jésus pour le faire roi » (Jn 6, 15). Mais Jésus s’était enfui tout seul dans la montagne, tandis que les disciples avaient tenté de traverser le lac en bateau pour rentrer à Capharnaüm. Comme la mer s’était soulevée et qu’ils peinaient à ramer, Jésus alla les rejoindre en marchant sur les eaux. Ils ont peur, mais Jésus leur dit « C’est moi. N’ayez pas peur » (Jn 6, 16-20). Et voilà qu’avant même de pouvoir prendre Jésus dans la barque, ils touchent à terre à Capharnaüm.
La foule qui a bénéficié de la multiplication des pains est toujours à la recherche de Jésus. Elle finit par le trouver à Capharnaüm. D’entrée de jeu, Jésus interpelle vivement les gens qui le cherchent en leur reprochant d’être des consommateurs gourmands de pain matériel, et pas du tout attentifs au signe qu’il leur donne à travers la multiplication des pains : à l’autre nourriture qu’il veut leur donner, « une nourriture qui demeure en vie éternelle » (Jn 6, 27).
Tout l’enseignement va développer ce qu’il veut dire par cette « autre nourriture ».
1.2. Déroulement du texte
v. 51 « Je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. »
Ici, à la fin de son enseignement, Jésus nous dit clairement que « cette autre nourriture » est un « pain vivant » qui descend du ciel, et que ce pain est « sa chair pour la vie du monde ». Jésus fait allusion d’abord à l’incarnation (il « est descendu du ciel), il est la Parole faite chair. Ensuite il évoque sa mort sur la croix en parlant de « sa chair donnée pour que le monde ait la vie ». « La chair » fait référence ici à la vulnérabilité que Jésus a assumée en se faisant homme. Il s’est exposé à être incompris, rejeté, bafoué. Mais c’est au cœur de cette vulnérabilité qu’il nous révèle son amour qui nous nourrit comme un pain vivant.
Jésus ajoute que celui qui mange de ce « pain vivant » tel qu’il se donne à nous dans l’Eucharistie, vivra à jamais. Cela veut dire que si nous accueillons dans la foi en son amour manifesté dans la faiblesse de sa chair, cet amour devient pour nous une nourriture qui fait germer, développe en nous une vie, une vie de confiance qui commence dès ici bas et qui dure pour toujours.
v. 52. Les Juifs qui l’écoutent ont du mal à accepter comment Jésus peut « nous donner sa chair à manger ». Les Juifs expriment tout haut ce que beaucoup peuvent penser tout bas. C’est pourquoi Jésus va expliquer encore une fois comment sa chair peut être une nourriture et son sang une boisson.
v. 53-55. L’insistance de Jésus est double :
– d’une part sa chair est une vraie nourriture, et son sang une vraie boisson (v. 55) ;
– d’autre part, il faut se nourrir de sa chair et s’abreuver de son sang pour avoir la vie éternelle et ressusciter le dernier jour (v. 53-54).
C’est cette deuxième insistance qui nous donne la clé nécessaire pour comprendre ce que Jésus veut nous dire. Quand il dit que se nourrir de sa chair et de son sang est nécessaire pour avoir la vie, il précise qu’il s’agit d’une vie qui commence ici bas mais qui dépasse les limites de la vie terrestre matérielle, et qui débouche sur une vie de ressuscité qui dure pour toujours.
La nourriture qu’il nous donne sous forme de pain et de vin est en fait son corps livré et son sang versé qui, comme une parole inscrite dans la chair, exprime pour toujours l’amour incroyable de Dieu pour nous – dans toute sa gratuité, sa patience et sa fidélité.
Se nourrir de son corps et de son sang, veut dire donc non seulement poser une geste physique de consommation, mais faire une démarche de foi, d’écoute et d’accueil de l’amour qui s’exprime dans ce corps livré et ce sang versé.
En accueillant avec confiance cet amour qui nous dépasse, nous accueillons en même temps la vie que cet amour veut faire jaillir en nous, une vie qui ne saurait mourir.
v. 56. C’est ce que Jésus veut dire par « demeurer en moi et moi en lui ». Celui qui se nourrit de son corps livrée et de son sang versé, demeure en permanence dans cette confiance et en l’amour qui donne la vie.
v. 57. En final, Jésus nous partage sa propre expérience pour nous indiquer de quel type de nourriture il s’agit et quelle est la vie que cette nourriture tend à développer en nous. Il nous dit que lui-même « vit par le Père qui est vivant et qui l’a envoyé ». Cela veut dire que ce qui le fait vivre, ce qui le nourrit (cf. Jn 4, 34) c’et sa relation de confiance absolue envers son Père qui l’a envoyé. Il l’aime de tout son cœur et partage avec Lui son amour pour les hommes vers qui il a été envoyé. Cette communion avec son Père, c’est cela qui le fait vivre. Elle lui suffit, elle le comble. Elle le rend capable de tenir seul dans la souffrance de la passion, dans le rejet dont il était l’objet (cf. Jn 16, 32 : « Voici venir l’heure – et elle est venue – où vous serez dispersés, chacun de son côté, et me laisserez seul. Mais je ne suis pas seul. Le Père est avec moi ».
Jésus nous partage sa propre expérience pour nous montrer que nous sommes appelés à nous nourrir d’une communion avec lui comme lui-même s’est nourri de sa communion avec son Père. Il nous prévient que nous aussi nous aurons tôt ou tard à affronter l’épreuve. Si nous voulons tenir debout dans la foi au creux de l’épreuve, Jésus nous invite à nous nourrir de lui : « celui qui me mange vivra par moi ». Si nous sommes fidèles à nous nourrir de la nourriture qu’il nous donne, alors nous ne serons pas accablés par l’épreuve, mais nous resterons des vivants ; nous vivrons grâce à celui qui nous a aimés. Et cette vie, même l’épreuve de la mort ne pourra nous l’enlever.
- II. Ecouter la parole de Dieu, qui nous est adressée
J’entends à travers ce texte un appel pressant à faire confiance à Jésus, de croire qu’il est pour nous personnellement et pour le monde une source de vie extraordinaire. Cette confiance s’exprime concrètement à travers la décision simple de nous nourrir de lui, et de son amour qu’il nous a exprimé sur la croix. L’insistance sur le mot « chair » dans ce texte nous renvoie à la grande vulnérabilité, la grande faiblesse au sein de laquelle il nous a manifesté son grand amour. La force de cet amour ne se manifeste pas dans des actions spectaculaires mais dans une patience au long souffle, un pardon d’une gratuité étonnante, et une fidélité à toute épreuve.
Concrètement, Jésus nous invite aussi à nous nourrir de son corps livré et de son sang versé dans l’Eucharistie. C’est là que nous accueillerons l’amour qui nous fait vivre, l’amour qui nous transforme et fait naître en nous, au sein de notre propre faiblesse, la vie du Christ, cette vie d’amour faite de patience, de pardon, de fidélité, de service et de don de sa vie.
- III. Prier pour répondre à la Parole de Dieu
Encore une fois, Jésus nous invite à faire un pas dans la confiance. « Nourris toi de mon amour manifesté dans mon corps livré ». Et il nous promet un bonheur qui ne finit pas. « Et tu aura la vie ».
Devant cette invitation et cette promesse qui nous sont faite, quelle prière faire sinon celle des apôtres qui, touchés par la beauté de l’appel du Christ et reconnaissant leur faiblesse s’écrient : Seigneur nous croyons mais fais grandir en nous la foi.
Ou encore, faisons nôtre cette merveilleuse réponse de Pierre à Jésus qui, après ce long discours sur le pain de vie, lui demanda s’il voulait partir comme les autres : « Seigneur à qui irions-nous ? Tu est les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 68).
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