Interview parue dans La Vie Catholique (février 2011)
- Vous avez évoqué, lors de la fête de la Vie Consacrée, votre souffrance de voir que, ce à quoi vous avez consacré votre vie n’attire plus les jeunes. Pouvez-vous nous en
dire plus ?
Ce n’est pas seulement ma souffrance à moi mais la souffrance des prêtres, religieux qui ne peuvent s’empêcher de voir que l’idéal pour lequel ils/elles ont donné leur vie attire moins aujourd’hui. Cela ne veut pas dire nécessairement que les jeunes sont, de nos jours, moins sensibles à cet idéal. Des prêtres et des religieux témoignent qu’ils rencontrent des jeunes qui ont soif de découvrir l’Evangile et de se laisser inspirer par lui. Mais qu’est-ce qui fait qu’ils butent sur un engagement plus long terme et plus radical ? Est-ce que, pris dans le tourbillon d’une vie où ils sont sollicités de toute part – pour des études, pour un travail souvent épuisant et pour des distractions éphémères -, ils n’ont pas accès aux chemins qui les conduisent à découvrir la joie profonde qu’il y a à donner sa vie pour le service des autres ? Est-ce que nous osons suffisamment leur proposer des lieux où ils peuvent goûter cette joie ? Est-ce que nous leur disons suffisamment, comme le Christ, « Venez et voyez ? ». Il revient aux parents, éducateurs, catéchètes, prêtres, religieux(ses) de mettre les jeunes en contact avec l’Evangile, de témoigner auprès d’eux de la beauté d’annoncer l’Evangile et enfin, de leur proposer des occasions et des lieux où ils peuvent concrètement se donner, ne serait-ce que modestement, à cette mission.
2. On remarque, ces dernières années, que même si l’Église fait face à une pénurie de prêtres, de nombreux laïcs sont engagés dans les structures mises en place pour faire face à la situation. L’espérance n’est-elle pas permise de voir l’émergence de nouvelles vocations dans les années à venir ?
Oui, c’est vrai, de nombreux laïcs s’engagent généreusement pour participer à la mission de l’Eglise. Et nous leur en sommes très reconnaissants. Cette participation des laïcs entraîne une nouvelle forme de collaboration entre prêtres, religieux et laïcs qui peut être très féconde. J’en suis témoin moi-même quand je rencontre des EAP par exemple et que j’évalue avec eux leur engagement. Il y a certainement une espérance qui jaillit de cette mission portée et vécue ensemble. Il est permis de penser que cela présente aux jeunes plusieurs façons de témoigner de l’Evangile et de servir leurs frères et qu’à partir de là, chacun pourra entendre l’appel particulier qui lui est adressé.
- Les classes de catéchèse sont présentes dans toutes les institutions confessionnelles, mais qu’en est-il pour la grande majorité de nos jeunes qui se trouve dans des institutions privées ? Y a-t-il un nombre suffisant de catéchètes pour les accompagner dans leur foi ?
La mission catéchétique est la responsabilité de toute la communauté chrétienne et les parents sont évidemment les premiers et irremplaçable éducateurs de la foi de leurs enfants.
L’école est un des lieux où la catéchèse est proposée en classe. La catéchèse des jeunes, dans les écoles catholiques comme dans les autres établissements, constitue aujourd’hui un de nos défis majeurs. Je peux vous citer les chiffres que j’évoquais dans ma lettre pastorale de 2003 : « actuellement, seulement 7000 (sur 40 198) jeunes catholiques de 11 à 20 ans reçoivent une catéchèse ; et seulement 5% des jeunes Catholiques de ce groupe d’âge sont dans un mouvement de jeunes ». Comment proposer une catéchèse à l’ensemble de jeunes catholiques ?
Il y a bien sûr des outils qui sont valables, par exemple « Talita Khoum », il y a aussi un accompagnement et toute une formation qui sont proposées par la Commission Catéchétique au niveau régional en lien avec l’ICJM. Cependant, je constate qu’il y a de moins en moins de personnes disponibles aux heures d’école pour exercer ce ministère auprès des jeunes. C’est pourquoi dans certaines paroisses comme à Sainte-Hélène ou à Sainte-Ursule, Centre de Flacq, ils ont mis sur pied une catéchèse extra-scolaire pour des jeunes qui n’ont pas la catéchèse dans leur collège. Il faut surtout faire de nos paroisses, de nos communautés de quartiers, de nos mouvements de jeunes des lieux catéchétiques pour les jeunes. Répondons à la proposition de Jésus, qui nous invite à prier pour les ouvriers du Royaume. Prions pour que les parents deviennent de vrais des éducateurs de la foi, pour que nos jeunes acceptent de répondre à l’appel du Seigneur dans le sacerdoce et de religieux(ses), mais aussi pour que les laïcs s’engagent à servir nos jeunes comme catéchètes.
- Avec toutes les nouvelles structures mises en place (EAP, ADAP, équipe funéraire…), on se dirige vers une plus grande participation de laïcs dans les rôles autrefois dévolus aux prêtres. Où en est-on avec le vœu de certains de nommer des diacres permanents ?
Depuis que nous réfléchissons à la question de pénurie de prêtres, nous avons fait davantage appel aux laïcs pour prendre des responsabilités dans la mission de l’Eglise. Par exemple, les Equipes d’Animation Pastorale (EAP) sont étroitement associées aux prêtres, avec qui elles portent le souci de l’ensemble de la mission sur la paroisse. De même, quand les prêtres ne sont pas disponibles, il y a des équipes qui ont pour tâche de célébrer les funérailles ou d’assurer une célébration de la Parole, avec la communion intégrée, le dimanche (Assemblée Dominicale en l’absence d’un prêtre, ADAP).
Maintenant, il s’agit d’aller plus loin et d’appeler des laïcs à des « ministères institués ». Ce terme indique que l’on confie à des laïcs un ministère officiel à durée déterminée. Jusqu’ici ces laïcs rendaient service au coup par coup pour assurer des funérailles ou ADAP. Avec le ministère institué, ils sont habilités officiellement à exercer ce ministère pour un temps.
Effectivement, nous réfléchissons aussi à la question de diaconat permanent. D’ailleurs, le Synode nous le demande. A la différence d’autres ministères, celui-ci est permanent et est exclusivement réservé aux hommes, même mariés. Il faudra, dans un premier temps, mettre sur pied une équipe qui se penchera sur les conditions d’appel au diaconat permanent et sur les exigences de la formation.
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