Interview pour le magazine « Prions » (mars 2009)
1. Votre lettre de carême 2009 nous parle de la pastorale des parents dans la transmission de la foi dans le contexte d’aujourd’hui. Pourquoi ce thème ? Vous apparaît-il comme une priorité actuelle ?
Les parents ne sont pas un thème ; ce sont des personnes qui assument des responsabilités et qui vivent quelquefois des choses difficiles dans leur relation avec leurs enfants. J’ai adressé ma lettre aux parents, je n’ai pas parlé d’eux. Souvent j’entends, autour des écoles, des paroisses, qu’on critique les parents. Ce n’est pas juste. Il faut plutôt les soutenir et les rejoindre dans leurs préoccupations et dans tous les efforts qu’ils font pour être à la hauteur de leurs responsabilités. C’est pourquoi j’ai voulu leur adresser une parole d’encouragement et leur exprimer ma solidarité.2. Quel est le message que vous souhaitez adresser aux parents mauriciens ? Et aux catholiques ?
Etre parent, c’est avant tout une vocation, une belle vocation. Elle a ses exigences dont je parle dans la lettre. Mais comme toute vocation, elle peut aussi être vécue avec beaucoup de bonheur. C’est ce que je souhaite aux parents. Malgré les difficultés de l’heure, ils peuvent vivre des choses merveilleuses avec leurs enfants et avoir ainsi un gros impact sur la santé de la société.
3. La semaine sainte qui nous prépare à la Passion et à la résurrection du Christ est un temps fort pour les chrétiens. Pour vous, pasteur de l’Eglise catholique à Maurice, comment invitez-vous les catholiques à vivre ce temps de prière et de pénitence ?
La Semaine Sainte est un moment privilégié pour relire et méditer le récit de la Passion du Christ. Ce récit n’est pas simplement une description des souffrances physiques horribles que le Christ a endurées avant de mourir sur la croix. Derrière cette douleur qui apparaît au premier plan, il faut aussi chercher à découvrir les sentiments qui ont animé le Christ pendant cette Passion. On arrive alors à déceler l’immense amour qui se manifeste à nous tout au long de ce chemin de croix. C’est la découverte de cet amour gratuit, patient, fidèle, qui nous sauve finalement. C’est à cela que Jésus faisait référence quand il a dit au dernier repas : « Faites ceci en mémoire de moi » ; en d’autres termes : « N’oubliez pas que vous avez été aimés jusqu’au bout ».
4. Nous avons noté l’émergence soutenue de groupes et d’assemblées de prière dans les différentes paroisses à travers l’île. Ces réunions de prière qui ont lieu, pour la plupart, une fois par semaine, attirent une foule nombreuse. Et pendant le carême à Maurice il y a aussi la tradition des Quarante heures et la tournée des églises. Quel regard portez-vous sur ces pratiques religieuses très ancrées des Mauriciens ?
Beaucoup de personnes ont besoin d’un soutien fraternel simple quand elles vivent des choses difficiles, surtout des choses dont elles ne peuvent parler avec n’importe qui. Dans les assemblées de prière, ces personnes trouvent un lieu où elles peuvent implorer avec spontanéité le secours du Seigneur. Cela les soulage déjà. Mais il y a plus : la Parole de Dieu est aussi annoncée dans ces groupes et les personnes qui y participent sont souvent éclairées et encouragées par cette Parole qui leur apporte un réconfort. Ce n’est pas tout. Autour de la plupart des groupes de prière, il y a des personnes qui se rendent disponibles pour écouter leurs frères et leurs sœurs dans la discrétion. Cette écoute est sans prix et apporte un soutien inestimable à ceux et celles qui portent de lourds fardeaux. Ces assemblées de prière rejoignent ainsi les besoins profonds des pauvres devant Dieu.
5. Comment, Monseigneur, doit-on prier ?
Au chapitre 6 de l’Evangile de St Mathieu, Jésus lui-même donne une réponse à votre question. Jésus nous dit : « Quand vous priez, ne rabâchez pas comme les païens ; ils s’imaginent que c’est à force de paroles qu’ils se feront exaucer. Ne leur ressemblez donc pas, car votre Père sait ce dont vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez. Quand vous priez, dites…» (Mt 6, 7-13). Et c’est là que Jésus nous donne la prière du Notre Père.
Dans le Notre Père, qu’est-ce que Jésus nous invite à dire ? Essentiellement deux choses : « que ton nom soit sanctifié », c’est-à-dire, « fais que nous puissions reconnaître l’amour très spécial de Dieu notre Père envers nous, ses enfants ». La première chose à demander c’est que nos yeux s’ouvrent pour découvrir combien nous sommes aimés, comment, pour ainsi dire, malgré les nuages qui passent, le soleil brille toujours par-dessus tout.
La deuxième chose que Jésus nous invite à dire dans le notre Père c’est : « que ton règne vienne, que ta volonté soit faite ». En d’autres mots, « apprends-nous à vivre comme des personnes qui se savent aimées et qui veulent montrer leur reconnaissance en aimant en retour ». En pratique, comme nous savons, aimer en retour c’est partager son pain et pardonner. C’est pourquoi Jésus mentionne ces deux points pratiques dans la prière.
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