Le Diocèse de Port-Louis

L'Eglise Catholique à Maurice

  • Le Diocèse
    • L’Évêque
    • L’Evêché
    • Les Prêtres
    • Les Paroisses
    • Les Congrégations
    • Les Missionnaires Mauriciens à l’Étranger
  • Éducation
    • Mission et Projet
    • Le Service Diocésain de l’Éducation Catholique (SDEC)
    • Critères d’Admission
    • Ecoles Primaires
    • Collèges Secondaires
    • Écoles Techniques
    • Education informelle
    • Le Financement
    • Histoire de l’Église dans le domaine éducatif
  • Famille
    • Formation pour couples
    • Accompagnement de couples mariés
    • Accompagnement de couples avec enfants
  • Jeunes
    • Mouvements de formation pour jeunes
    • Jeunes au service de l’eglise
    • Préparation à la vie adulte
  • Pauvres
    • Crèches et foyers
    • Caritas Ile Maurice
    • Aide au logement
    • Aide à l’éducation
    • Accueil du pauvre
  • Spiritualité
    • Unité des chrétiens
    • Dialogue entre culture et foi
    • Dialogue interreligieux
    • Prière
    • Spiritualité active
    • Apostolat des malades
  • Justice Sociale
    • Monde du travail
    • Questions sociales
    • Prisonniers
    • Drogues / prostitution / SIDA
    • Tourisme
    • Services médicaux
    • Gens de la mer
  • Formation
    • Formation des laïcs
    • Catéchèse et catéchuménat
    • Vocations sacerdotales
    • Dialogue Interreligieux
    • Formation liturgique
  • Communication
    • Publications Catholiques
    • Les Médias Diocésains
  • Historique
    • L’Église à Maurice
    • L’Église à Agaléga
    • Les Grandes Figures de l’Église
Vous êtes ici : Accueil / Lettres Pastorales / Lettre pastorale 2005 – Vivre ensemble la mission de la paroisse

Lettre pastorale 2005 – Vivre ensemble la mission de la paroisse

16/03
2005
Laisser un commentaire »

Chers frères et sœurs,

En décembre 2004, pour la première fois dans notre diocèse, j’ai nommé une équipe composée d’une religieuse et de quelques laïcs, avec un prêtre modérateur pour prendre la charge d’une de nos paroisses, celle du Sacré-Cœur, Rivière des anguilles.

Jusqu’ici les laïcs et les religieuses ont beaucoup participé à l’un ou l’autre aspect de la mission de l’Eglise dans les paroisses, par exemple : la liturgie, la catéchèse, 3e service des pauvres, la pastorale familiale, les mouvements, etc. Mais ce qui est nouveau cette fois-ci, c’est que, en nommant des laïcs et une religieuse avec un prêtre modérateur à la paroisse du Sacré-Cœur, Rivière-des-Anguilles, je leur confie la responsabilité globale de la paroisse. Cette responsabilité leur est confiée officiellement par une lettre de mission provenant de l’Evêque et pour un temps déterminé.J’ai été amené à prendre cette décision dans un contexte où le nombre de prêtres de notre diocèse a chuté de 10% en 2 ans (105 en 2003 et 94 en 2005). On remarque aussi le vieillissement du clergé. En 2003, 24% des prêtres avaient plus de 70 ans ; en 2005 ils sont 33% à avoir dépassé cet âge.

Nous avons là une difficulté réelle. Cependant, ne nous laissons pas accabler par la difficulté. Qu’elle nous réveille plutôt, et soit pour nous l’occasion de mieux comprendre et de mieux vivre la nécessaire coresponsabilité entre prêtres religieuses et laïcs dans l’accomplissement de la mission de l’Eglise. Le Concile Vatican II a jeté les bases théologiques d’une telle coresponsabilité. Et le Synode diocésain (No. 125-135) nous a rappelé son importance pour que, dans les paroisses, nous puissions vivre une communion fraternelle autour de la même mission.

Au moment où je prenais cette décision je me suis souvenu avec gratitude de la belle tradition de coresponsabilité que nous ont légué nos prédécesseurs dans le diocèse, depuis le Concile – et même avant. Je rends grâce à Dieu pour tous ces prêtres, ces laïcs et ces religieux(ses) qui ont collaboré généreusement à la mission de l’église dans les paroisses, dans les mouvements et dans les organismes diocésains. Ils nous ont montré par leur témoignage combien une telle collaboration pouvait être source de dynamisme et de joie. C’est grâce à eux qu’une culture de coresponsabilité dans la mission s’est développée progressivement dans notre diocèse, et qu’aujourd’hui nous sommes prêts à franchir une étape nouvelle.

Au moment où la charge globale d’une paroisse est ainsi confiée à une équipe composée de laïcs, d’une religieuse et d’un prêtre, j’ai pensé qu’il serait bon de nous rappeler ensemble les grands axes de la mission d’une paroisse et les fondements de la coresponsabilité entre prêtres, religieux(ses) et laïcs dans l’exercice de cette mission. C’est ce que je me propose de faire dans cette lettre pastorale de carême.

Le Concile Vatican II a présenté l’Eglise comme un peuple en marche où tous sont égaux et solidaires dans la même mission (L.G. 12). Il s’est employé à relever ce qui est commun à tous les membres de l’Eglise sur le plan de la dignité, du commandement de l’amour, de l’appel à la sainteté. Cette égalité radicale est de beaucoup plus importante que toutes les nécessaires distinctions. Comme le montre la place même du chapitre de Lumen Gentium sur le peuple de Dieu qui arrive juste avant celui de la hiérarchie, ce qui est commun est plus fondamental que les différences relevant des ministères ou de l’état de vie.

Le concile ne se contente pas d’exposer ce qui est commun, il souligne la priorité de tout ce qui touche au « sacerdoce baptismal » par rapport aux structures, fonctionnement et organisation. Ce sacerdoce baptismal est comme le déploiement de la vocation des baptisés, présentée classiquement aujourd’hui avec les trois termes : annoncer, célébrer, servir. Ces trois missions font participer tous les baptisés à la fonction prophétique, sacerdotale et royale du Christ (L.G. No. 31).

Par rapport au sacerdoce commun de tous les baptisés, le sacerdoce des prêtres, nous dit le Concile (L.G. 10) n’est pas d’un grade supérieur. Il est simplement de nature différente. Sa spécificité tient à ce qu’il est au service de ce sacerdoce fondamental de tous les baptisés. Il a pour but de donner aux baptisés les moyens qui leur permettront de participer pleinement à la triple mission qu’ils reçoivent du Christ et qu’ils sont appelés à exercer dans leur vie quotidienne.

Cette mission, que nous recevons t6us du Christ de par notre baptême, doit être notre boussole. C’est par rapport à elle que nous pourrons vivre une coresponsabilité harmonieuse et dynamisante. C’est cette mission commune qui permettra à chacun (prêtre, religieux(ses), laïcs de bien se situer, et de bien assumer son rôle. La vocation de chacun est différente mais ces différences sont celles qui existent entre les membres d’un même corps, le Corps du Christ. Et chaque membre est appelé à promouvoir d’une manière qui lui est propre l’accomplissement de la mission globale du corps.

Rappeler les grands axes de la mission de la paroisse et la nécessité d’une coresponsabilité entre prêtres, religieux(ses), laïcs dans l’exercice de cette mission me parait d’autant pl4s important aujourd’hui que des changements profonds dans la société bousculent les habitudes traditionnelles des paroissiens. Par exemple, avec les rythmes de travail plus intenses et plus irréguliers dans le tourisme, dans l’industrie et dans les services, avec l’abondance des loisirs et des possibilités de shopping les samedis et les dimanches, la réalité sociologique du dimanche, comme temps de repos stable et régulier, où tous sont disponibles en même temps pour la messe dominicale, n’est plus la même. Ou encore, avec la mobilité grandissante de la population à l’intérieur de l’Ile Maurice, la présence régulière des fidèles dans une même paroisse – et donc l’attachement et le sens d’appartenance à cette paroisse – diminue. Beaucoup de personnes passent facilement d’une paroisse à une autre, d’un week-end à l’autre. Les curés peuvent dire de moins en moins «  mes paroissiens » ; et les paroissiens disent de plus en plus « mes curés ».

Lorsque de tels changements mettent à l’épreuve de vieilles habitudes, le temps est propice pour un retour aux sources. Je souhaite que durant ce carême, nos paroisses puissent se retremper à la source de leur mission, là où elles la reçoivent du Christ, afin de pouvoir aussi « repartir du Christ », comme dit Jean-Paul II (NMI, ch. III). Cette mission nous est sans cesse confiée par le Christ, mais elle est aussi reçue par nous dans des circonstances sans cesse changeantes. Ce qui nous demande de nous adapter, de devenir créatifs pour pouvoir rester fidèles à la mission. Que l’Esprit Saint, premier acteur de la mission, nous guide dans le discernement que nous avons à faire aujourd’hui.

Dans cette lettre pastorale je voudrais offrir aux paroisses quelques éléments pour aider ce discernement. Ces éléments sont le fruit d’une réflexion déjà commencée depuis 2 ans par plusieurs prêtres, laïcs et religieux(ses) que je voudrais remercier ici. Je pense en particulier au travail accompli lors de la session « Avant-CEDOI » 2003 sur l’exercice de l’autorité ; je pense aussi aux prêtres qui ont présenté une monographie sur la façon dont ils animent leur paroisse. Ce travail a été spécialement apprécié et a beaucoup contribué à faire avancer la réflexion. Je pense enfin à la recherche menée dans les paroisses et dans les régions sur la mission de la paroisse et l’exercice de l’autorité, depuis septembre 2004, recherche dont nous avons eu un écho à l’Assemblée Diocésaine en novembre dernier.

   1ère partie

La paroisse : une cellule d’Eglise convoquée dans un lieu

            La paroisse est d’abord une famille : la famille des fidèles du Christ qui a été convoquée, réunie dans un village ou dans une ville pour vivre et témoigner ensemble de sa foi, au milieu de frères et sœurs d’autres religions ou qui n’ont plus de religion. La paroisse n’est donc pas un territoire balisé par des bornes ; elle est faite avant tout de personnes. Elle est la famille des paroissiens, cette portion du peuple de Dieu qui vit dans un lieu.

1.1.  Une double solidarité

A partir de là, la paroisse est appelée à vivre une double solidarité : la première avec les habitants du lieu où elle se trouve et, la deuxième avec la grande famille diocésaine dont elle fait partie.

La paroisse vit d’abord une solidarité avec les citoyens de la ville ou du village où elle est située. Comme eux, elle est insérée dans les mêmes réalités sociales, économiques, culturelles, politiques. Avec eux, elle partage les mêmes joies, les mêmes problèmes, elle est confrontée aux mêmes exigences d’un vivre ensemble harmonieux entre personnes de cultures et de religions différentes. Cette solidarité est un choix que la paroisse est appelée à faire en cohérence avec sa mission profonde. Le Concile Vatican II nous le rappelle avec force : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans le cœur. Leur Communauté, en effet, s’édifie avec des hommes rassemblés dans le Christ, conduits par l’Esprit Saint dans leur marche vers le Royaume du Père, et porteurs d’un message de salut qu’il leur faut proposer à tous. La communauté des chrétiens se reconnait donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire. » (G.S. I).

La paroisse vit aussi une solidarité avec le diocèse. De même que toute famille humaine (papa, maman, enfants) fait aussi partie d’une famille élargie (grand-mère, grand-père, oncle, tante, cousins, cousines), la paroisse elle aussi est une famille qui appartient à la grande famille diocésaine. Elle est donc solidaire des autres paroisses et des organismes diocésains qui font partie du diocèse. Cette solidarité est liée à la nature profonde de l’Eglise qui est communion. Chaque paroisse est une cellule vivante de l’ « Eglise particulière » qu’est le diocèse. Mais le diocèse n’est pas simplement la somme des paroisses. Il est plutôt la communion entre les paroisses qui participent ensemble à la même vie et à la même mission de l’Eglise dans le pays. De la même manière, chaque diocèse est une « Eglise particulière » qui fait partie de l’Eglise Universelle. Mais l’Eglise Universelle n’est pas simplement la somme des diocèses (ou des Eglises particulières), elle est plutôt la communion entre ces Eglises particulières.

1.2.  Témoigner du désir du Christ de rassembler les enfants de Dieu dispersés

Si la paroisse est avant tout une famille convoquée, réunie par le Christ en un lieu précis, elle est appelée à témoigner en ce lieu du désir du Christ de nous convoquer tous pour que nous nous réunissions en un seul corps.

Dans un pays pluri-ethnique et pluri-culturel où se côtoient sans toujours se rencontrer des milieux sociaux différents, la paroisse a pour mission d’inviter à la fraternité universelle.  Elle est appelée à être un lieu d’accueil et de rencontre entre personnes, qui ont soif d’une fraternité vécue en dehors de tout compartiment, une fraternité gratuite, fondée seulement sur notre humanité commune et sur le salut que nous recevons tous du Christ sans le mériter. Notre Synode a eu des paroles particulièrement fortes à ce sujet.  Par exemple, « Que la communauté paroissiale soit un espace ouvert où se vive concrètement la fraternité entre fidèles différents par la couleur de la peau, la culture, le rang social, etc. Pour cela, multiplier les occasions de rencontre. Veiller à ce qu’aucune composante ne soit écartée de la participation à la vie de la paroisse » (No. 97).

Cette mission conduit la paroisse à être particulièrement attentive a ceux et celles – et ils sont nombreux – qui, pour des raisons pas toujours liées à de la mauvaise volonté, ont pris leur distance et une fréquentent plus la famille ; à ceux et celles aussi qui se sentent en marge de l’Eglise (par exemple : les divorcé remariées, les couples qui vivent en ménage, etc.). Parmi ceux qui restent ainsi sur la touche ou qui se sont éloignés sur la pointe des pieds, beaucoup ont soif d’être accueillis et d’être invités à participer de nouveau à la vie de la famille. Ils ont souvent besoin qu’une main amicale leur soit tendue pour qu’ils puissent retrouver leur place dans la famille.

Rassembler la famille des enfants de Dieu dispersés c’est aussi accueillir les jeunes et les enfants et leur donner l’espace qu’il faut pour qu’ils apportent leur pierre à la construction de la famille. Déjà depuis quelques années une invitation spéciale a été lancée aux jeunes et je tiens à remercier tous ceux et celles qui répondent généreusement et qui s’engagent à leur tour pour aller vers les amis pour les inviter a rencontrer le Christ et a deviner ses témoins. Lors de la dernière Assemblée Diocésaine, les enfants ont, eux aussi, fait entendre leur voix avec fraicheur et pertinence. Ils apportent beaucoup à la paroisse quand on leur en donne l’occasion. Merci aussi à ceux et a celles qui les encadrent, les accompagnent et leur permettent de rencontrer le Christ à leur niveau et de donner le meilleur d’eux-mêmes.

Avec l’extension phénoménale de nouveaux quartiers en ville comme à la campagne, la mission de convocation des paroisses a été appelée à prendre une autre forme. Les chrétiens sont devenus si nombreux dans une même paroisse qu’il leur est quasiment impossible de se connaitre mutuellement et de développer entre eux un sens d’appartenance à une même famille. C’est pourquoi, dans le diocèse nous avons pris la bonne habitude de convoquer les chrétiens d’un même quartier dans de petites Communautés Ecclésiales de Base. Dans ces groupes à taille humaine, l’accueil et le soutien mutuel peuvent être mieux vécus, l’écoute de la Parole et une participation active à la vie et à la mission de l’Eglise sur le quartier prennent un ton plus familial. Les paroisses qui ont systématiquement encouragé ces communautés de base dans les quartiers se réjouissent aujourd’hui de découvrir – à partir de l’expérience – le dynamisme qui se dégage d’une paroisse qui se vit comme ‘’communion de communautés’’.

En portant témoignage au grand désir du Christ de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés, la famille paroissiale rencontrera sur son chemin des frères et sœurs appartenant à d’autres Eglises chrétiennes. La division entre les Eglises qui se réclament du Christ reste un scandale ; et tous, nous vivons cette division comme une grande souffrance. Même si nous ne sommes pas responsables de cette situation (elle a des racines profondes dans l’histoire), néanmoins nous avons une responsabilité à prendre pour la transformer et nous mettre en marche vers l’unité. Comme toute cellule vivante de l’Eglise, la famille paroissiale est appelée à participer à la prière pour l’unité des chrétiens et au travail œcuménique. Celui-ci consiste à s’appuyer davantage sur ce qui nous unit que sur ce qui nous divise, à saisir toutes les occasions possibles de rencontre ; à respecter les différences et à ne pas bruler les étapes afin de ne pas semer la confusion. Dans ce travail la règle d’or est celle proposée par le Pape Jean-Paul II dans son encyclique Ut unum sint : « tout ce que fous pouvez faire ensemble faites-le ».

La paroisse n’oublie pas non plus que sa mission d’ouverture et d’accueil s’étend aussi aux hommes et aux femmes d’autres religions, au milieu de qui elle vit. Il y a en effet beaucoup de terrains communs où chrétiens et frères et sœurs d’autres religions se rencontrent déjà et peuvent collaborer ; par exemple : la lutte contre la misère et pour de meilleures conditions de vie dans le quartier, le soutien a apporter aux couples et aux familles dans l’éducation des enfants, la lutte contre le VIH Sida, et contre le trafic de la drogue. Cette ouverture des paroisses ne provient pas d’un désir de prosélytisme – ce qui ne serait pas respectueux des personnes – mais plutôt d’un désir de vivre une fraternité universelle, un désir fondé sur la conviction que le Christ est venu sur la terre pour tous et qu’il est mort et ressuscité pour tous.

1.3.  Tous sont responsables – mais chacun avec un rôle propre

C’est l’ensemble de la famille paroissiale qui est responsable de convoquer et d’accueillir au nom du Christ. Comme dans une famille humaine, chacun est appelé à prendre les initiatives qui conviennent pour maintenir et promouvoir l’unité de la famille. Le chef de famille sera d’autant plus heureux qu’il constatera que le souci de l’unité de la famille est partagé par tous. Mais en même temps, chacun dans la famille a son rôle propre à jouer. Le rôle de la mère n’est pas le même que celui du père de famille ; ou que celui des enfants ou de la grand-mère.

De même dans une paroisse, chacun a un rôle qui lui est propre. Celui du prêtre est irremplaçable. Il représente le Christ, tête du corps, qui rassemble sans cesse ses disciples pour qu’ils forment ensemble un même corps. Mais la participation des religieux(ses) et des fideles laïcs a cette même mission est tout aussi indispensable. En effet, la meilleure façon d’inviter est souvent celle qui s’exprime dans une relation amicale et personnalisée où celui qui invite porte témoignage : ‘‘Viens, cela vaut la peine ; j’y ai trouvé soutien et lumière pour ma vie’’.

 2e partie

Les 3 piliers de la paroisse

La paroisse a pour mission d’offrir aux fidèles qu’elle convoque les moyens essentiels pour vivre comme de vrais disciples du Christ. Ces moyens sont :

  • L’annonce de la Parole de Dieu
  • La célébration ses sacrements
  • La solidarité avec les plus pauvres.

Depuis le début de l’Eglise les communautés chrétiennes se sont structurées autour de ces 3 services essentiels (cf. Actes 2, 42)

2.1. Le service de la Parole

Celui qui construit sa maison sur le roc, dit le Seigneur, ne se contente de crier : ‘‘Seigneur, Seigneur’’. Il écoute aussi la Parole de Dieu et cherche à la mettre en pratique (Mt 7, 21-27). De même pour construire la famille paroissiale sur le roc, annoncer la Parole de Dieu, apprendre à l’écouter et à la mettre en pratique ont une place fondamentale. C’est pourquoi la paroisse a comme mission de prévoir un service de la Parole de Dieu

2.1.1.  Les trois temps au service de la Parole

Ce service de la Parole peut prendre beaucoup de formes, mais il s’articule toujours autour des 3 temps fondamentaux qu’on retrouve dès le début de la prédication évangélique.

a)      Il y a d’abord le temps du « kérygme », i.e. le temps de la première annonce du Christ comme Sauveur, et une présentation du message évangélique comme bonne nouvelle pour l’homme d’aujourd’hui. Cette première annonce a pour but de toucher les cœurs et de conduire les personnes à désirer se mettre en route à la suite du Christ.

Ce « kérygme » ou première annonce prend déjà bien des formes chez nous ; par exemple : les sessions d’évangélisation dans des quartiers populaires, des retraites pour jeunes (style Youth Encounter Spirit ou autres), ou des sessions pour couples (style « Marriage Encounter » ou autres), ou encore certaines assemblées et certaines retraites de Renouveau, ou les soirées Alpha etc.  On pourrait inventer encore beaucoup d’autres formes de cette première annonce adaptée à différents publics. Et ce serait souhaitable.

b)      Le deuxième temps du service de la Parole est celui de la Catéchèse proprement dite. Pour ceux qui ont été touchés par le Christ lors d’une première annonce, c’est le temps d’apprendre à le suivre, à changer son regard et à devenir son disciple dans les différents domaines de sa vie. Ce temps est plus long, plus délicat et demande plus de patience et de persévérance.

Dans nos paroisses, ce deuxième temps du service de la Parole est assuré déjà par la Catéchèse. Celle-ci est en général bien organisée pour les enfants – malgré quelques difficultés rencontrées ici et là dans certaines écoles. Elle est très liée à la préparation aux sacrements de l’Eucharistie et de la Confirmation.  Elle est également bien soutenue par une formation offerte aux laïcs qui s’y donnent généreusement.

Mais la catéchèse des adolescents pose encore d’énormes défis. Dans ma lettre aux jeunes en 2003, je donnais les chiffres suivants : 7 000 sur 40 198 jeunes catholiques de 11 à 20 ans reçoivent une catéchèse régulièrement. Je remercie  tous ceux et celles qui se consacrent à cette mission dans la catéchèse scolaire et extra scolaire, dans des « Espaces Jeunes », dans les Ecoles de la Parole.  Mais la moisson reste abondante. Prions le Maitre de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson.

Quant aux adultes, c’est en fait une véritable initiation chrétienne dont la plupart ont besoin.  Comme le soulignait Jean Paul II, dès 1979, beaucoup de chrétiens qui ont grandi dans un cadre sociologiquement chrétien, ‘‘n’ont jamais été éduqués dans la foi et sont, comme adultes, de vrais catéchumènes’’ (Catechesi Tradendae No. 44). Cette initiation chrétienne se vit chez nous dans des parcours de formation offerts dans les Groupes 40, par exemple, ou dans certains mouvements d’adulte ou encore dans des sessions de préparation des parents au Baptême, à la Première Communion ou à la Confirmation de leur enfant. Un autre moyen qui se développe depuis quelque temps sont certains cours de formation chrétienne pour laïcs, organisés dans les régions par l’ICIM.  Un canal privilégié pour qu’une catéchèse d’adulte puisse entretenir dans la foi ceux qui ont suivi un parcours d’initiation, reste les petits groupes d’adultes où l’on peut à la fois écouter un enseignement mais aussi partager sur la façon dont nous pouvons vivre notre foi et nous soutenir mutuellement. Les Communautés Ecclésiales de Base dans les quartiers ou des équipes de mouvements jouent ce rôle actuellement. Mais il reste que, ici encore, la moisson est très abondante, et les ouvriers peu nombreux.

c)      Le troisième temps de l’annonce de la Parole de Dieu est très liée au deuxième : c’est le temps de l’accompagnement et du ressourcement de ceux et celles qui ont compris et assumé leur vocation de témoin du Christ dans le monde. Ces fidèles cherchent des temps de reprise et de ressourcement pour renouveler leur force et se laisser éclairer par la Parole de Dieu dans la mission qui est la leur. Cela se fait déjà en paroisse lors des reprises Pastorales entre le prêtre, les laïcs et religieux(ses) engagés.  Mais cela peut se faire aussi dans des équipes de mouvements, ou lors de certaines retraites, ou encore dans des services de formation qui ont pour but de soutenir l’un ou l’autre aspect de la mission de la paroisse.

2.1.2. Tous sont responsables mais chacun avec un rôle propre

Il peut arriver que la paroisse n’ait pas les ressources nécessaires pour assurer par elle-même ces 3 temps du service de la Parole. Mais elle a toujours la responsabilité de veiller à ce que, soit à travers ses propres initiatives, soit avec l’aide d’organismes ou de mouvements diocésains,

–          ceux qui sont loin ou se sont éloignés puisse entendre une première et vigoureuse annonce de la Parole et se laisser toucher par la Bonne Nouvelle du Christ ;

–          ceux qui ont été touchés ne restent pas ‘’les hommes ou les femmes d’un moment’’ (cf. Mc4, 17) mais puissent être formés dans la durée pour devenir de vrais disciples ;

–          ceux qui sont en train de découvrir leur responsabilité de témoins du Christ puissent avoir les moyens d’assumer leur mission dans le monde.

C’est la famille paroissiale qui est appelée à porter ensemble cette mission et à avoir le souci de la mettre en œuvre. Mais il est clair que chacun, selon sa vocation et selon sa formation, aura un rôle propre à jouer. Le prêtre, de par son ordination, est le premier responsable du service de la Parole sur la paroisse. Il est aussi le garant de la saine doctrine et veille à ce que la Parole de Dieu qu’on annonce soit entendue et comprise selon la tradition de l’Eglise. En cela il veille à ce que la famille paroissiale vive dans une communion de foi avec la grande famille diocésaine et plus largement aussi avec l’Eglise Universelle. Mais leur baptême donne aussi aux laïcs et aux religieux(ses) un rôle indispensable dans le service de la Parole. C’est pourquoi je suis heureux de voir tant de laïcs et de religieux(ses) collaborer activement à ce service dans la catéchèse des enfants, des jeunes et des adultes. Je rends grâce à Dieu pour ceux et celles qui ont pris du temps pour suivre une formation et qui se donnent à ce ministère avec générosité. Il reste que la moisson est toujours abondante ; c’est pourquoi, encore une fois, je vous invite à prier le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers.

2.2. Le service des sacrements

La paroisse est le lieu par excellence où sont célébrés les sacrements de la vie chrétienne. C’est à la paroisse que les enfants sont invités à recevoir le baptême, lequel sera plus tard complété par les deux autres sacrements de l’initiation chrétienne : l’Eucharistie et la Confirmation. La paroisse est aussi un lieu habituel où les chrétiens sont convoqués pour l’Eucharistie dominicale. C’est là enc6re qu’ils sont invités à célébrer le sacrement de la Réconciliation personnellement ou dans des célébrations pénitentielles. C’est encore à l’église paroissiale en présence du prêtre que les fiancés se donnent le Sacrement de Mariage. Et c’est à la paroisse qu’on vient chercher le prêtre pour donner à un parent ou à un voisin le Sacrement des Malades.

Les sacrements sont les temps les plus forts de la vie chrétienne. Ils sont porteurs de beaucoup de fruits : c’est à travers eux que nous sommes purifiés de nos péchés, que se forge notre configuration au Christ et que se construit la cohésion interne entre les membres du corps du Christ. C’est à travers eux encore que nous recevons l’énergie spirituelle et le dynamisme nécessaire à l’accomplissement de la mission.

2.2.1. Les trois temps de la préparation aux sacrements

C’est pourquoi les sacrements méritent d’être préparés avec soin et célébrés avec ferveur. Le service des sacrements que la paroisse a mission d’offrir comprend cette préparation autant que la célébration elle-même.

La préparation aux sacrements peut prendre plusieurs formes, parmi lesquelles trois sont essentielles :

a)      La première et la plus fondamentale est la prière personnelle. Malgré les vagues puissantes qui déferlent sur notre temps, on enregistre aujourd’hui ce que Jean-Paul II appelle « une exigence diffuse de spiritualité » (NMI 33) qui s’exprime avec de plus en plus de force. Cette exigence vient du plus profond du cœur de l’homme. Seule la rencontre avec le Christ peut apaiser cette soif. Si, au contraire, cette recherche de spiritualité est laissée à ses propres inspirations, elle peut facilement dériver et entrainer les fidèles vers les pires esclavages. C’est pourquoi sans doute le Pape Jean-Pau ll, dans sa lettre au terme de l’année jubilaire faisait cet appel pressant aux paroisses : « Oui, chers Frères et Sœurs, nos communautés chrétiennes doivent devenir d’authentiques écoles de prière où la rencontre avec le Christ ne s’exprime pas seulement en demande d’aide mais aussi en action de grâce, louange adoration, contemplation, écoute, affection ardente, jusqu’à  une vraie folie du cœur. Il s’agit donc d’une prière intense qui toutefois ne détourne pas de l’engagement dans l’histoire : en ouvrant le cœur à l’amour de Dieu, elle l’ouvre auss5 à l’amour des frères et rend capable de construire selon le dessein de Dieu. » (NMI 33). Un peu plus loin dans la même lettre, il suggérait que « l’éducation à la prière devienne en quelque sorte un point déterminant de tout programme pastoral » (NMI 34)

Des paroisses chez nous sont déjà commencé diverses expérience significatives en ce sens qui mériteraient d’être mieux connues et partagées.

b)      Il y a ensuite la préparation catéchétique qui est nécessaire pour une réception fructueuse des sacrements. Le synode nous recommande (No. 35). Le succès obtenu récemment dans une paroisse par une série de sermons sur les sacrements de la Réconciliation et de l’Eucharistie montre que cette préparation est souvent attendue. Le succès rencontré également dans plusieurs paroisses par les rencontres de catéchèse pour parents présentant leur enfant à la Première Communion et à la Confirmation démontre la même chose : il y a une soif réelle chez beaucoup d’adultes qui, loin d’être des « rats d’Eglise », sont néanmoins d’honnêtes chrétiens, habités par un désir sincère de comprendre leur foi et de rencontrer le Christ de manière signifiante et fructueuse pour leur vie. Ce que dit Jean-Paul II, toujours dans sa lettre à la fin du jubilé, rejoint tout à fait notre expérience à l’Ile Maurice : « On se tromperait si l’on pensait que les simples chrétiens peuvent se contenter d’une prière superficielle, qui serait incapable de remplir leur vie. Face notamment aux nombreuses épreuves que le monde d’aujourd’hui impose à la foi, ils seraient non seulement des chrétiens médiocres, mais des chrétiens en danger. Ils courraient en effet 3e risque insidieux de voir leur foi progressivement affaiblie, et ils finiraient même par céder à la fascination de succédanés, accueillant des propositions religieuses de suppléance et se prêtant même aux formes extravagantes de la superstition. » (NMI 34)

c)      Enfin il y a aussi une présentation immédiate de la célébration des sacrements : tout ce qui concerne les chants, les lectures, les intentions de prière, les commentaires, la décoration, l’homélie, etc. Cette préparation porte beaucoup de fruit quand elle est portée par un petit groupe qui, avec le prêtre, a prié, a écouté la Parole de Dieu et a cherché ensemble à être attentif à ce qui fait la vie des gens (cf. Synode No. 44-45). Dans certaines paroisses, chaque semaine, un groupe différent prépare l’Eucharistie avec le prêtre – ce qui permet de mettre davantage de personnes dans le coup, de varier le style et d’apporter à l’Eucharistie l’expérience de vie de différents milieux, et les différents groupes d’âge. Lorsque la célébration a ainsi été préparée avec soin, cela se sent immédiatement. L’ensemble des participants s’y retrouvent, ils se laissent toucher, et peuvent entrer plus profondément dans la prière commune. La liturgie devient alors « vivante et vivifiante »  (cf. Synode Diocésaine No. 45).

2.2.2. Tous sont responsables mais chacun a un rôle différent

Dans une famille humaine, lorsqu’il y a une fête – pour un anniversaire, par exemple – tous les membres de la famille mettent la main à la pâte pour préparer la fête. Même s’il est clair que chacun aura un rôle différent à jouer, tous se sentent responsables de faire de la fête un temps fort pour la famille.

De même dans la famille paroissiale, la célébration des sacrements, et en particulier la célébration de l’Eucharistie dominicale, sont des temps forts qui sont appelés à resserrer les liens des fidèles avec le Christ et entre eux comme membres d’un même corps. Tous sont responsables de faire de l’Eucharistie un vrai temps fort, qui soit, comme dit le Concile, le sommet de la vie paroissiale pendant la semaine, et aussi la source de son dynamisme pour continuer la route. Tous sont responsables, même si chacun, de par sa vocation, a un rôle bien spécifique à jouer dans la célébration.

Le prêtre a clairement un rôle irremplaçable. Il a été ordonné pour présider l’Eucharistie. De par sa place de vis-à-vis de la communauté rassemblée, il est le signe vivant qui rappelle à la famille paroissiale qu’elle toujours convoquée par le Christ, nourrie par sa Parole, sauvée par Lui, envoyée par Lui. Pour que ce rôle sacramentel du prêtre puisse ressortir, il est important qu’il ne soit pas seul à assurer l’animation de l’Eucharistie.

De par leur baptême, les fidèles laïcs et les religieux(ses) ont aussi un rôle à jouer. Ils sont appelés à partic5per activement, eux aussi, en tant que membres du corps du Christ. Leur participation peut prendre des formes diverses et ne consiste pas seulement à répondre aux prières. Quand elle est créative, elle peut beaucoup contribuer au caractère joyeux et festif de la célébration (cf. Synode no. 28). Les fidèles laïcs sont aussi appelés, comme le dit le Concile Vatican II, à « apporter à la communauté ecclésiale leurs propres problèmes, ceux du monde et les questions qui concernent le salut des hommes » (AA. 10). Le synode le recommande aussi explicitement (no. 44). Quand chacun remplit pleinement son rôle et respecte celui des autres, alors l’Eucharistie dominicale exprime de façon dynamique l’originalité chrétienne de la famille paroissiale et fortifie cette union avec le Christ et cette communion fraternelle qui est l’âme de la paroisse.

Ce serait en effet trop dommage que l’Eucharistie dominicale, qui est appelée à être la source et le sommet de toute la vie chrétienne, devienne quelques fois une corvée pour certains. Je suis heureux de voir que plusieurs paroisses ont pris cette question à cœur et ont lancé des initiatives intéressantes pour que la célébration de la messe soit plus « vivante et vivifiante » pour les enfants, les jeunes, les adultes. Ces initiatives mériteraient d’être mieux connues et partagées.

2.3. La solidarité avec les pauvres

Un des premiers signes de la santé spirituelle d’une paroisse c’est son attention aux plus pauvres. Ce service des pauvres a toujours été considéré comme un des piliers de toute cellule d’Eglise, avec le service de la Parole et de la célébration des sacrements. La raison est sans doute que le pauvre a été constitué dès l’origine, comme un quasi sacrement du Christ, par le Christ lui-même quand il disait : « J’avais faim et tu m’as donné à manger… » (Mt 25)

2.3.1 Différentes  expressions de la solidarité avec les pauvres

Cette solidarité avec les plus pauvres ne s’exprime pas uniquement à travers des activités caritatives de la paroisse. Elle est d’abord un état d’esprit, une attitude fondamentale de la famille paroissiale qui peut influencer la façon dont sont vécus les autres services qu’offre la paroisse. Comme dans une famille humaine on veille à ce que les plus petits et les plus faibles participent eux aussi, la famille paroissiale est appelée à avoir une attention particulière pour ses membres les plus faibles. Par exemple, dans le service de la parole elle veille à ce que la façon de présenter la Parole de Dieu soit adaptée à la culture et à l’expérience de vie des plus pauvres. Sans quoi, comment pourrait-on dure en vérité que la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres.

De même, dans la célébration des sacrements, on veille à ce que les langues utilisées, les chants que l’on choisit ainsi que les situations de vie auxquelles on se réfère soient tels que les pauvres puissent se sentir dans le coup. C’est comme dans l’Evangile, les pauvres, les malades, les pécheurs ont accès au Christ, à son pardon et à sa table.

Mais cette solidarité avec les plus pauvres s’exprime aussi dans une forme plus structurée et organisée. C’est pour cette raison que, depuis le Synode Diocésain, les services d’Ecoute et de Développement (SEED) ont été lancés et fonctionnent dans la plupart des paroisses. Je suis profondément reconnaissant envers les prêtres, les laïcs et les religieux(ses) qui ont collaboré pour que cela devienne possible. Cette petite structure, légère et vivante, est en train de jouer un rôle important pour que l’option préférentielle pour les pauvres ne se limite pas seulement à des élans de générosité épisodiques mais devienne une des dimensions fondamentales et permanentes de la vie paroissiale.

2.3.2. Tous responsables mais chacun avec un rôle différent

Dans une famille humaine, tous se sentent responsables les uns des autres. C’est pourquoi dans des moments difficiles, les membres de la famille se serrent les coudes et vivement une solidarité les uns avec les aitres. Mais, dans l’exercice de cette solidarité, chacun aura un rôle différent à jouer selon qu’il est père de famille, frère, sœur ou grand-mère.

De même dans une famille paroissiale tous sont responsables les uns des autres ; ils ont à cœur de vivre une solidarité antre eux et particulièrement avec les membres les plus faibles. Mais chacun a un rôle spécifique à jouer.

Le prêtre, en tant que premier responsable de la famille paroissiale, donne le ton : il se tient au courant et s’intéresse personnellement aux besoins et aux aspirations des plus pauvres.

Les membres des Service d’Ecoute et de Développement donnent beaucoup de leur temps pour l’accueil des pauvres, la visite à domicile et l’accompagnement des personnes dans leurs démarches et dans leur lutte. Ils sensibilisent aussi régulièrement les paroissiens sur ce qui fait la vie des plus pauvres, sur les besoins précis du moment et suggèrent les différentes façons dont la solidarité peut s’exercer au sein de la famille paroissiale.

            Tous peuvent collaborer, certains en contribuant de leurs ressources, d’autres en donnant de leur temps. Rencontrer un ou deux pauvres, faire un bout de chemin avec eux, lutter ensemble pour améliorer au moins quelque chose dans leurs conditions de vie, ouvrir son cœur à l’amitié, cheminer avec les pauvres, c’est découvrir qu’on reçoit souvent autant si ce n’est beaucoup plus qu’on ne donne. C’est comme dans une famille humaine, quand un membre est malade ou dans le besoin et que les autres membres de la faille se solidarisent avec lui, la famille sort de là plus forte, plus soudée, plus heureuse.

3e partie :

Des paroisses au service du monde

            Les services que la famille paroissiale offre à ses membres, la possibilité d’écouter la Parole de Dieu, de célébrer les sacrements et de participer à la solidarité avec les pauvres, ont pour but de ressourcer les fidèles et de les préparer à devenir des témoins de l’Evangile dans le monde où ils vivent. C’est dans leur lieu de travail, ou de loisirs, dans leur famille ou à l’école, dans la vie sociale, économique et politique que les chrétiens, membres de la famille paroissiale, sont appelés à être témoins de Jésus Christ. La famille paroissiale ne peut rester centrée sur elle-même ; elle est appelée, en tant que famille des disciples du Christ, à s’ouvrir et à s’intéresser à ce qui se vit dans le milieu humain où elle évolue ; elle est appelée à témoigner du bonheur qu’il y a à suivre le Christ et à vivre des valeurs du Royaume dans les différents domaines de la vie.

La communion fraternelle que la paroisse est appelée à vivre est une communion autour d’une même mission. En effet, on ne peut communier authentiquement avec le Christ sans s’ouvrir généreusement au monde qu’il a tant aimé et servi. Ce souci missionnaire est la marque d’une paroisse en bonne santé spirituelle.

Cette mission reçue du Christ, en un certain sens sauve l’Eglise : elle sauve la paroisse d’un renfermement stérile sur elle-même ; elle la fait descendre de sa citadelle et se retrouver dans la plaine comme un groupe de simples pèlerins cheminant avec leurs frères et sœurs comme eux sur la terre, témoignant du Christ au milieu d’eux, restant ouverts au dialogue et porteurs d’espérance.

3.1. Des paroisses « levain dans la pâte »

« La paroisse est implantée au milieu des maisons des hommes, dit Jean-Paul II, elle vit et agit insérée profondément dans la société humaine et intimement solidaire de ses aspirations et de ses drames. Biens souvent, le contexte social subit les secousses violentes des forces de désagrégation et de deshumanisation : l’homme est égaré et désorienté, mais dans son cœur subsiste toujours plus le désir de pouvoir expérimenter et cultiver des rapports plus fraternels et plus humains. La réponse à ce désir, la paroisse peut la fournir… » (CFL 27).

La mission de la paroisse est donc, non seulement de faire exister une cellule d’Eglise comme lieu de ressourcement spirituel et de communion fraternelle pour les paroisses ; elle est aussi appelée à être dans le monde où elle est implantée « levain dans la pâte ».

Etre levain dans la pâte consiste essentiellement à promouvoir, dans son environnement immédiat, le Règne de Dieu annoncé et vécu par le Christ. Cela se fait avant tout par le témoignage, i.e en vivant des valeurs du Règne de Dieu dans sa famille, dans son travail, dans son quartier, dans la vie sociale, économique et politique. Mais ce témoignage de vie conduit aussi quelques fois à lutter pour que les structures de la société évoluent pour être plus respectueuses de la justice et de la dignité des personnes humaines.

Il est clair que, dans cette mission des laïcs ont un rôle prépondérant à jouer. Le Pape Paul VI l’a rappelé avec force dans sa grande exhortation « Annoncer l’Evangile » : « Les laïcs, que leur vocation spécifique place au cœur du monde et à la tête des tâches temporelles les plus variées, doivent exercer par là même une forme singulière d’évangélisation. Leur tâche première et immédiate n’est pas l’institution et le développement de la communauté ecclésiale – c’est là le rôle spécifique des pasteurs, – mais c’est la mise en œuvre de toutes les possibilités chrétiennes et évangéliques cachées, mais déjà présentes et actives dans les choses du monde. Le champ propre de leur activité évangélisatrice, c’est le monde vaste et compliqué de la politique, du social, de l’économie, mais également de la culture, des sciences et des arts, de la vie internationale, des mass media ainsi que certaines autres réalités ouvertes à l’évangélisation comme sont l’amour, la famille, l’éducation des enfants et des adolescents, le travail professionnel, la souffrance. » (cf. EN 70)

Faire avancer le Règne de Dieu en pleine pâte humaine est une entreprise qui nous fait souvent ramer à contre courant. Les fidèles ont besoin d’être soutenus sur ce chemin ardu où la croix du Christ apparait bien vite comme un passage obligé pour déboucher sur la vie nouvelle du Règne qu’on veut promouvoir. C’est pourquoi le Concile invite les fidèles laïcs à apporter les problèmes du monde à la paroisse pour qu’on y réfléchisse ensemble, qu’on prie à des sujets, qu’on se soutienne fraternellement et discerne ensemble les actions à prendre (A.A. 10)

Le Concile invite également les pasteurs à reconnaître ce rôle prépondérant que les fidèles laïcs sont appelés à jouer pour que la famille paroissiale soit vraiment levain dans la pâte. « Les pasteurs savent bien l’importance de la contribution des laïcs au bien de l’Eglise entière. Ils savent qu’ils n’ont pas été eux-mêmes institués par le Christ pour assumer à eux seuls tout l’ensemble de la mission salutaire de l’Eglise à l’égard du monde, leur tâche magnifique consistant à remplir leur mission de pasteurs à l’égard des fidèles et à reconnaitre les ministères et les grâces propres à ceux-ci d’une manière telle que tout le monde à sa façon et dans l’unité apporte son concours à l’œuvre commune » (cf. L.G. 30). Les préoccupations des fidèles laïcs a propos de leur vie familiale, ou les problèmes qu’ils rencontrent au travail ou dans la vie sociale, concernent donc au plus haut point la famille paroissiale. C’est pourquoi ces préoccupations et ces problèmes méritent d’être accueillis avec sympathie. Elles gagneraient à être mentionnées, à l’occasion, dans la messe du dimanche, à être réfléchies dans des communautés de quartier, dans les mouvements ou en conseil paroissial, à être tenues en ligne de compte dans les programmes de formation. Ils pourraient aussi, pourquoi pas, inspirer des actions ponctuelles de la paroisse.

Cependant, il faut reconnaître, comme l’a fait Jean-Paul II, dans son Exhortation sur les Fidèles Laïcs, que cet aspect de la mission de l’Eglise qui consiste à être levain dans la pâte est si vaste et si complexe, qu’il dépasse de beaucoup les possibilités concrètes des paroisses. C’est pourquoi ceux-ci sont appelées à travailler de concert avec d’autres paroisses, ou avec d’autres organismes diocésains ou avec des mouvements spécialisés.  “Il est certain, dit le Pape, que le travail de l’Eglise, à notre époque, est immense : pour l’accomplir, la paroisse ne peut évidemment pas suffire à elle seule… Beaucoup de lieux de rencontre, en effet, et divers modes de présence et d’action sont nécessaires pour porter la parole et la grâce de l’Evangile dans les conditions de vie si variées des hommes d’aujourd’hui ; beaucoup d’autres modes de rayonnement spirituel et d’apostolat au milieu, dans le domaine culturel, social, éducatif, professionnel, etc., ne peuvent avoir la paroisse pour centre ou point de départ.” (C.F.L. 26)

C’est dans cette perspective que se pose la question de la relation entre les paroisses et les mouvements. Les deux sont indispensables à l’accomplissement de la mission de l’Eglise, mais aucun des deux ne peut, à eux seuls, couvrir tous les aspects de cette mission. Il y a une recherche à faire pour voir comment concrètement mouvements et paroisses pourraient s’épauler et se compléter pour le bien de la mission. Déjà des expériences significatives ont germé ici et là. Elles mériteraient d’être mieux connues et partagées.

Même si la paroisse, par elle-même, ne peut arriver à animer et à soutenir cet immense travail missionnaire qui consiste à être levain évangélique dans la pâte des réalités familiales, sociales, économiques, culturelles, politiques, elle est appelée, en tant que cellule vivante de l’Eglise, à s’y intéresser de près. Elle peut par exemple faire prier régulièrement pour les intentions de cette mission, faire appel aux organismes diocésains qui se spécialisent dans tel ou tel domaine pour sensibiliser les paroissiens sur cet aspect important de la mission. La paroisse gagnerait surtout à favoriser et à soutenir les mouvements d’Action Catholique qui entrainent les fidèles laïcs à devenir des témoins de l’Evangile au sein de leurs responsabilités familiales, sociales économiques et politiques… Je tiens à remercier ici ceux et celles qui animent ou participent à ces mouvements. C’est un apostolat d’autant plus exigeant qu’il a peu de visibilité – comme le levain dans la pâte.

3.2. Des paroisses ouvertes au dialogue

Lorsqu’une paroisse s’ouvre ainsi aux réalités du monde où elle vit, elle rencontre sur son chemin des frères et des sœurs d’autres religions qui sont préoccupés par les grands défis que nous lance le monde moderne. Eux aussi cherchent à promouvoir les valeurs du Règne de Dieu dans les différents domaines de leur vie. La paroisse est ainsi appelée à ouvrir des espaces de dialogue et de rencontre avec ces frères et ces sœurs qui eux aussi s’intéressent à la lutte contre la misère et pour la justice, à la lutte contre la drogue et la prostitution et pour le respect de la dignité des personnes, à la lutte contre le communalisme et au travail pour la paix. Eux aussi sont des pèlerins sur la terre, en quête du salut de tous. Un respect profond pour les valeurs présentes dans les autres religions est la caractéristique fondamentale de ce dialogue ; mais il reste aussi ouvert à un partage de foi où chacun peut dire comment il croit en Dieu et cherche à lui être fidèle. Une fraternité et une collaboration très fructueuse peuvent germer de ces rencontres. Les frères et sœurs de différentes religions qui se rencontrent ainsi ont beaucoup à s’apporter mutuellement.  Ils se découvrent vraiment frères car ils ont tous la même origine – celle d’être humains créés à l’image de Dieu – et ils ont tous la même destinée, celle de se retrouver un jour ensemble dans la maison de Dieu, notre Père à tous.

Une paroisse missionnaire est une paroisse qui chemine humblement avec les autres.  Elle n’est pas une paroisse qui prétend avoir une parole pertinente sur toutes les questions, ou une solution à tous les problèmes de la société.  Une paroisse missionnaire est plutôt celle qui, humblement, ouvre l’espace de sa tente, s’ouvre au dialogue et ouvre son cœur à l’écoute des joies et des peines, des angoisses et des espoirs des personnes au milieu de qui elle vit.  Elle s’ouvre pour accueillir le souffle de l’Esprit qui veut renouveler la face de la terre.

3.3. L’autorité au service de la mission

La mission de la paroisse est belle mais elle est aussi d’une très grande ampleur.  C’est parce qu’elle est une cellule vivante de l’Eglise que la paroisse est appelée à participer, à sa mesure, à tous les aspects de la mission de l’Eglise : être levain dans la pâte, ouvrir des chemins de dialogue avec des frères et sœurs d’autres religions, constamment convoquer les fidèles éloignés ou blessés, accueillir les nouveaux membres qui se présentent, construire la famille sur le roc de la Parole de Dieu, la nourrir des sacrements, vivre une solidarité avec les pauvres.

Cependant, le Christ a voulu confier cette belle mission non pas à des individus pris séparément mais à un corps, à une famille, la grande famille de l’Eglise.  Ainsi, dans la paroisse également, la mission n’est pas confiée d’abord à des individus pris séparément, mais à la cellule vivante du Corps du Christ qu’est la famille paroissiale.  Dans ce corps, chaque membre a un rôle spécifique à jouer ; et il y a des services (ou ministères) particuliers que certains sont appelés à exercer pour le bien de l’ensemble.  Le soutien mutuel et la communion fraternelle entre les membres de la famille paroissiale, chacun avec son rôle propre ou son ministère particulier, sont d’une importance vitale pour que la mission reste vivante, active et pertinente dans le monde moderne.  Dans ce sens, on peut dire que la vie communautaire en paroisse est le plus grand soutien de la mission – qu’elle sauve la mission (cf. Synode No. 94-95).

C’est pourquoi je suis heureux de constater que, dans les faits, au sein des paroisses du diocèse, la mission est portée par plusieurs équipes ou petites communautés où se vit une vraie solidarité fraternelle.  Je pense par exemple aux Equipes d’Animation Pastorale, aux Conseils Paroissiaux, aux Fabriques, aux petites communautés de base dans les quartiers, aux équipes de catéchètes, aux équipes liturgiques, aux chorales, aux équipes des Services d’Ecoute et de Développement, aux équipes responsables du service des malades, aux Conseils Pastoraux des Jeunes, aux équipes responsables des différents mouvements, etc.

Pour que les membres de chacune de ces équipes ou petites communautés portent ensemble dans la joie leur part de la mission, ils ont besoin d’un leadership avisé.  Au sein des paroisses, dans chacun de ces groupes l’exercice de l’autorité, selon l’Evangile, devient la clé pour que, à tous les niveaux, les paroissiens puissent vivre une communion autour de la même mission.

L’autorité dans l’Eglise n’est pas réservée aux évêques et aux prêtres.  Elle est de fait très largement partagée par tous ceux et celles à qui est confiée une part de responsabilité dans l’accomplissement de la mission de la paroisse.  Selon l’Evangile, l’autorité est quelque chose que quelqu’un reçoit pour la mission qu’il lui est confiée.  L’autorité que chaque responsable reçoit n’est donc pas un privilège à revendiquer ou une gloire attachée à sa personne ; elle est plutôt une responsabilité que certains assument pour se mettre au service de l’accomplissement de la mission.  L’autorité est un outil dont chaque responsable se sert pour que la mission, confiée par le Christ, puisse être accomplie avec joie et dynamisme par tous les membres du groupe dont il a la charge.

Ainsi pour exercer l’autorité selon l’Evangile, la condition primordiale est une grande qualité d’écoute.  L’écoute dont il s’agit ici ne consiste pas seulement à prêter une oreille attentive au membre du groupe qui veut bien s’exprimer.  L’autorité doit avoir une écoute pro-active, c’est-à-dire chercher à entendre ce que les personnes ont à dire, distribuer systématiquement la parole, organiser la consultation.  Par cette écoute, la personne qui exerce l’autorité cherche à être attentive à l’Esprit qui est à l’œuvre dans le groupe dont elle a la charge ; elle cherche à faire émerger la sagesse et la générosité dont le groupe est porteur.

Exercer l’autorité selon l’Evangile, c’est aussi faire en sorte que le maximum de personnes puisse participer à la réflexion, à la décision et à la mise en pratique des décisions prises. Ainsi celui qui exerce l’autorité est vraiment au service de ses frères et sœurs à qui il donne la possibilité de participer à l’élan missionnaire que le Christ veut partager avec tous.

Enfin l’exercice de l’autorité, selon l’Evangile, demande que l’on soit claire sur les objectifs de la mission. Le rôle de l’autorité est de rappeler le cap qu’il nous a été demandé de suivre, afin que l’on ne dévie pas et qu’on ne s’égare pas dans les sables.  A la lumière de la mission commune, de ce cap qu’il faut tenir, les services (ou ministères) sont distribués parmi les membres du groupe et le rôle de chacun prend son sens. Il est important que tous comprennent bien la direction que la mission doit prendre et que chacun sache clairement de quoi il est responsable. Partager les responsabilités au maximum crée de la vie sur une paroisse. Mais pour favoriser la communion autour de la même mission, il importe que chaque responsabilité soit clairement définie et que chacun sache à qui il doit rendre compte.

Il reste que la mission de la paroisse est tellement vaste que souvent … et celles qui en sont responsables, les prêtres surtout mais aussi les fidèles laïcs et les religieux(ses) qui partagent la responsabilité de la mission, peuvent se sentir submergés par l’ampleur de la tâche.  Ce sentiment est tout à fait compréhensible et ne devrait pas étonner ceux qui l’éprouvent.  L’exercice de l’autorité exige une haute dose de confiance et d’espérance.  Faire confiance à Celui qui confie une telle mission à l’Eglise ; faire confiance à Celui qui confie à certains la responsabilité d’exercer l’autorité en vue du la mission.  Faire confiance à Celui qui est le premier acteur de la mission, qui nous invite en fait à participer à sa mission à Lui et qui s’engage à être avec nous tous les jours.

Dès le début de l’Eglise, les apôtres ont ressenti ce besoin de faire confiance surtout quand ils avaient à faire face à cette immense disproportion entre l’ampleur de la mission et la pauvreté des moyens dont ils disposaient.  C’est ce qui se passe par exemple lorsque, devant une foule de 5 000 personnes qui ont faim, Jésus demande aux apôtres de leur donner eux-mêmes à manger.  Quand ils découvrent qu’ils n’ont à leur disposition que 5 pains et 2 poissons, la disproportion devient écrasante. Mais Jésus n’exige pas des apôtres qu’ils trouvent les moyens techniques nécessaires pour quadriller le terrain et nourrir la foule.  Il leur demande seulement de prendre acte du peu de nourriture dont ils disposent, de rendre grâce à Dieu pour ces maigres ressources, et de les partager.  Lui se chargera du reste.  Nous avons là une des meilleures leçons que Jésus nous ait donnée sur la façon évangélique d’exercer l’autorité en vue de la mission.

Conclusion

En cette année de l’Eucharistie, il est bon de se rappeler comment dans l’Eucharistie, et en particulier dans la messe dominicale, la famille paroissiale trouvera la source du dynamisme nécessaire pour vivre une vraie coresponsabilité dans l’accomplissement de sa mission.  L’Eucharistie fait l’Eglise, nous dit Jean Paul II (Ecclesia de Eucharistia).  C’est à travers l’Eucharistie que nous recevons à la fois l’élan d’amour qui soutient la mission, et l’ouverture de cœur qui anime une vraie coresponsabilité.

En tant que sacrement, l’Eucharistie est un signe qui réalise concrètement ce qu’il signifie.  Or, si l’on reprend le déroulement même de chaque Eucharistie, nous découvrons comment, à chaque étape, nous sommes invités à vivre une des grandes dimensions de la vie et de la mission de l’Eglise, sur la paroisse.  L’Eucharistie nous fait vivre l’Eglise comme en concentré.  En ce faisant, elle nous aide à devenir davantage ce que nous sommes appelés à être : le corps du Christ.

L’Eucharistie dominicale construit la cellule vivante de l’Eglise qu’est la famille paroissiale, chaque semaine : en convoquant les fidèles pour la messe et en les accueillant, se réalise le rassemblement des enfants de Dieu dispersés ; par la proclamation et l’écoute de la parole, l’Eucharistie nourrit la foi de la famille et bâtit sa maison sur le roc ; par le partage des ressources à travers la quête à l’offertoire, elle nous fait vivre chaque semaine une solidarité avec les pauvres ; par la prière eucharistique, elle rend le Christ mort et ressuscité réellement présent au milieu de la famille paroissiale ; par la communion à son corps livré pour nous et à son sang versé elle unit profondément les membres de la famille au Christ et entre eux ; elle revigore le corps par cette communion avec le Christ, tête du corps.  Enfin par l’envoi à la fin de la messe, la paroisse reçoit chaque semaine sa mission du Christ.

Nos paroisses ainsi envoyées par le Christ sont en marche sur les chemins de la mission.  L’Eucharistie dominicale est pour la famille paroissiale comme le pain pour la route : par elle, le Christ se rend présent, se fait proche ; il nous nourrit de son amour, nous éclaire de sa Parole.

C’est cette présence qui donne à chaque étape de notre chemin toute sa valeur et toute sa fécondité.  Même si l’étape que nous vivons actuellement nous paraît petite, humble, peut-être même insignifiante, elle peut être vécue dans la joie et l’action de grâce ; car elle est un pas en avant sur la route du service des hommes et des femmes de notre temps.  L’homme, nous dit Jean-Paul II, est « la première route que l’Eglise doit parcourir en accomplissant sa mission la première route et la route fondamentale de l’Eglise, route tracée par le Christ lui-même. » (RH, 14).

Gardons la foi, n’ayons pas peur.  C’est dans l’apparente faiblesse de tels petits pas que le Seigneur aime déployer sa puissance pour le salut du monde.

Evêché de Port-Louis                                                              + Maurice E. Piat c.s.sp

9 février 2005                                                                         Evêque de Port-Louis

Annexe

L’Eucharistie fait l’Eglise

La convocation et l’accueil

            Prenons la convocation et l’accueil par exemple. Nous n’allons pas à la messe comme nous allons au restaurant ou au cinéma. Nous sommes convoqués, invités à la messe par le Christ et nous sommes accueillis en son nom par le prêtre et par d’autres fidèles. Cette convocation et cet accueil sont exprimés au début de la messe non seulement par le mot salutation du prêtre, mais aussi par l’invitation à nous reconnaitre pécheurs et à louer ensuite le Seigneur – dans le Gloria – pour le salut qu’il nous donne. A travers cette demande de pardon et cette louange, les fidèles sont aussi invités à reconnaître, en s’accueillant mutuellement, qu’ils sont membres d’une famille consciente d’avoir été sauvés par le Christ et qui vient rendre grâce ensemble.

La liturgie de la Parole

Les fidèles qui ont été ainsi accueillis sont ensuite invités à écouter la parole de Dieu qui est proclamée, puis commentée, expliquée par le prêtre dans l’homélie. L’Eglise se construit sur le roc de la Parole. C’est là qu’elle trouve son appui, sa solidité pour tenir debout dans la foi, quand elle est secouée par des vagues déferlantes. A la messe dominicale, l’Eglise reconnait en la vivant qu’elle est un peuple qui se construit non seulement en disant :  « Seigneur, Seigneur », mais en écoutant la Parole de Dieu et en cherchant sincèrement à la mettre en pratique.

L’offertoire

A l’offertoire, les fidèles sont invités à apporter une offrande qui prend le plus souvent la forme d’une contribution à la quête. La quête est en fait un partage de ressources entre les membres d’une même famille, chacun donnant selon ses moyens. Ce partage a pour but de permettre à la famille paroissiale d’offrir gratuitement ses services à tous et aussi de venir en aide aux plus pauvres. Par ce geste accompli dans chaque Eucharistie dominicale, l’Eglise se rappelle, en le vivant, qu’elle ne peut être le corps du Christ dans le monde sans vivre une vraie solidarité entre frères et sans avoir une attention privilégiée pour les plus pauvres.

La prière Eucharistique

            Dans la prière Eucharistique, le prêtre qui préside conduit les fidèles à faire mémoire, d’une part, de l’offrande que Jésus fait de lui-même à son Père lorsqu’il donne sa vie sur la croix, et d’autre part, de l’accueil que le Père fait à cette offrande en le ressuscitant des morts pour le salut du monde. Le prêtre conduit les fidèles à faire mémoire de cet événement pascal, non pas, comme de quelque chose enfermé dans  le passé, mais plutôt comme d’un événement éternellement actuel : la présence du Christ aujourd’hui, qui donne sa vie par amour, pour nous sauver du péché et nous faire participer à sa vie de ressuscité. A la messe du dimanche, l’Eglise exprime ainsi et vit intensément le salut toujours actuel qu’elle reçoit du Christ, lui qui l’a tant aimée jusqu’à se livrer pour elle. (Eph 5,2)

La communion

A la communion le Christ, par le ministère du prêtre, se donne à nous comme nourriture : « Prenez et mangez » dit le Seigneur. Lorsque les fidèles reçoivent le corps du Christ, ils se nourrissent de cet immense amour du Christ, amour qui les fortifie et les remplit de joie comme une nourriture. En communiant au corps du Christ livré pour nous, nous sommes invités par lui à communier à sa manière d’aimer, c’est-à-dire à vivre à notre tour, pour nos frères, le même amour par lequel Il nous sauvés.

A la messe du dimanche, l’Eglise exprime et revit intensément cette communion avec le Christ et cette communion entre frères qui lui ont donné naissance. Elle en reçoit une nouvelle vitalité pour la mission.

L’Envoi

            Enfin, à la fin de la messe, le prêtre qui préside l’Eucharistie envoie solennellement des fidèles en mission : «  Allez dans la paix du Christ ». Cet envoi est une manière concrète de rappeler aux fidèles que, s’ils ont été convoqués, nourris de la Parole et du pain eucharistique, c’est pour être envoyés dans le monde, porter témoignage au Christ. Ainsi chaque dimanche, la communauté paroissiale entend résonner pour elle le même envoi en mission qui résonnait au Cénacle au lendemain de la résurrection : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » (Jn 20).

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Contactez-nous

Calendrier des événements

« Avr 2021 » loading...
L M M J V S D
29
30
31
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
1
2

Abonnez-vous à notre newsletter

Parole du Jour

  • Lectures du Jour

Lectio Divina

  • Commentaire de Mgr Maurice E. Piat sur l'Evangile du dernier dimanche du mois

Sacrements: Étapes de la Vie

  • Baptême
  • Première Communion et Confirmation
  • Mariage
  • Sacrement des Malades
  • Funérailles

Articles récents

  • Ramadan – Cardinal Piat :  » Vivre ce grand mois du Ramadan avec joie et profit spirituel malgré les circonstances »
  • Message du Conseil des Religions à l’occasion du Ramadan
  • Le père Labour de retour de Rodrigues

Commentaires récents

  • GRONDIN Daniel dans Arrivée de nouveaux prêtres dans le diocèse
  • Carcany dans Le père Alexis Wiehe se met au service du diocèse de Port-Louis
  • Emmanuel dans Mgr Alain Harel nommé Evêque de Port-Victoria, Seychelles

Catégories

  • Année de la Foi (37)
  • Année de la Miséricorde (23)
  • Autres (272)
  • Carême (15)
  • Communiqués des congrégations religieuses / services / mouvements (198)
  • Conférences (48)
  • Coronavirus (58)
  • Décès (49)
  • Education (122)
  • Eglise et société (195)
  • Evénements diocésains (288)
  • Faire un don pour accueillir le pape François (2)
  • Fêtes religieuses (72)
  • Formation (63)
  • Iles (45)
  • Interreligieux (88)
  • Interviews (100)
  • Jeunes (104)
  • Kleopas (68)
  • Lectio Divina (48)
  • Lettres Pastorales (65)
  • Média (470)
  • Méditation du Cardinal Piat (4)
  • Messe de funérailles (34)
  • Mgr Piat (404)
  • Nominations dans le clergé (75)
  • Oeucuménisme (15)
  • Paroisse (67)
  • Publications (62)
  • Sujets de réflexion (136)
  • Synode (23)
  • Vatican (151)
  • Visite Papale (63)
© par le Diocèse de Port-Louis à Maurice. Liens externes. Charte d'utilisation du site. Ce site a été conçu par Knowledge Seven.